Je vous plains de fervir fous ce maître farouche, Que le mérite aigrit, qu'aucun bienfait ne touche; Qui, né pour obéïr, fe fait un lâche honneur D'appéfantir sa main fur fon libérateur ; Lui, qui s'il n'ufurpait les droits de la couronne, Je rens grace à vos foins, feigneur, & mes foupçons Pense armer mes chagrins contre ma république, Je le hais; mais mon bras eft prêt à le servir. J'aime encor mieux, feigneur, ce fénat rigoureux, ARONS. Ne vous flatez-vous point d'un charme imaginaire? Que l'efprit d'un état qui Devient le prix du fang qu'on a versé pour eux. Je fais bien, que la cour, feigneur, a fes naufrages; Mais fes jours font plus beaux, fon ciel a moins d'orages. Souvent la liberté, dont on fe vante ailleurs, Etale auprès d'un roi fes dons les plus flateurs. la cour, ainfi que pour les armes, Des Des faveurs de Tarquin vous goûteriez les charmes! Du fénat à vos pieds la fierté profternée TITUS. J'ai vû fa cour, & je l'ai dédaignée. Je pourais, il eft vrai, mendier fon appur, Et fon premier esclave être tyran sous lui. Grace au ciel! je n'ai point cette indigne faibleffe; Je veux de la grandeur, & la veux fans baffeffe. Je fens que mon deftin n'était point d'obéir: Je combattrai vos rois, retournez les fervir. ARONS. Je ne puis qu'approuver cet excès de conftance; ARONS en regardant Titus. Je la ramène au roi, que vous abandonnez : Du fénat & du peuple éclairant les tombeaux, A cet hymen heureux vont fervir de flambeaux. SCENE III. TITUS, MESSA LA. TITUS. AH! mon cher Meffala, dans quel trouble il me laiffe! Tarquin me l'eût donnée ! ô douleur qui me preffe ! Moi, j'aurais pû!... mais non, miniftre dangereux, Tu venais épier le fecret de mes feux. Hélas! en me voyant se peut-il qu'on l'ignore! Il a lu dans mes yeux l'ardeur qui me dévore. Malheureux que je fuis! MESSA L A. Vous pouriez être heureux; Arons pourrait fervir vos légitimes feux. Croyez-moi. TITUS. Banniffons un espoir fi frivole; Rome entière m'appelle aux murs du Capitole. De De notre liberté garants inviolables. MESSA LA. Allez fervir ces rois. TITUS. Oui, je les veux fervir; Oui, tel eft mon devoir, & je le veux remplir. MESSA L A. Vous gémiffez pourtant? TITUS. Ma victoire eft cruelle. MESSA LA. Vous l'achetez trop cher. TITUS. Elle en fera plus belle. Ne m'abandonne point dans l'état où je fuis. MESSA LA. Allons, fuivons fes pas, aigriffons fes ennuis. Enfonçons dans fon cœur le trait qui le déchire. SCENE IV. BRUTUS, MESSA LA. BRUTU s. Arrêtez, Meffala, j'ai deux mots à vous dire. A moi, seigneur? MESSA L A. BRUTU s. A vous. Un funefte poison |