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Faye a raffemblé en vers harmonieux & pleins d'imagination, prefque toutes les raifons que j'ai alléguées.

De la contrainte rigoureuse,
Où l'efprit femble refferré,
Il reçoit cette force heureuse,
Qui l'élève au plus haut degré.
Telle dans des canaux preffée,
Avec plus de force élancée,
L'onde s'élève dans les airs;
Et la régle qui femble auftère,
N'eft qu'un art plus certain de plaire
Inféparable des beaux vers.

Je n'ai jamais vû de comparaifon plus jufte plus gracieuse, ni mieux exprimée. Mr. de la Motte, qui n'eût dû y répondre qu'en l'imitant feulement, examine, fi ce font les canaux qui font que l'eau s'élève, ou fi c'eft la hauteur dont elle tombe qui fait la mesure de fon élévation. Or où trouvera-t-on, continue-t-il, dans les vers plutôt que dans la profe cette première hauteur des penfées, c.

Je crois que Mr. de la Motte fe trompe comme phyficien, puifqu'il eft certain, que fans la gène de ces canaux dont il s'agit, l'eau ne s'éleverait point du tout, de quelque hauteur qu'elle tombât mais ne fe trompe-t-il pas encor plus comme poëte? comment n'a-t-il pas fenti, que comme la gène de la mesure des vers produit une harmonie agréable à l'oreille,

ainfi cette prifon où l'eau coule renfermée, produit un jet-d'eau qui plait à la vue? La comparaifon n'eft-elle pas auffi jufte que riante? Mr. de la Faye a pris fans doute un meilleur parti que moi. Il s'eft conduit comme ce philofophe, qui pour toute réponse à un fophifte qui niait le mouvement, fe contenta de marcher en fa présence. Mr. de la Morte nie l'harmonie des vers: Mr. de la Faye lui envoye des vers harmonieux; cela feul doit m'avertir de finir ma profe

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ACTEURS.

DIPE, roi de Thèbes.

JO-CASTE, reine de Thèbes.

PHILOC TETE, prince d'Eubée.

Le grand prêtre.

ARASPE, confident d'Oedipe.

EGINE, confidente de Jocafte.

DIMAS, ami de Philoftète.

PHORBA S, vieillard Thébain.

ICARE, vieillard de Corinthe.

Choeur de Thébains.

La feène eft à Thèbes.

Φ DIP E,

TRAGÉD I E.

ACTE PREMIER.

SCENE

PREMIER E

PHILOCTETE, DIMAS.

DIM
IMA S.

Philoctète, eft-ce vous ? quel coup affreux du fort

Dans ces lieux empeftés vous fait chercher la mort? |
Venez-vous de nos dieux affronter la colère ?
Nul mortel n'ofe ici mettre un pied téméraire ;
Ces climats font remplis du célefte courroux,
Et la mort dévorante habite parmi nous.
Thèbe depuis longtems aux horreurs confacrée,
Du refte des vivans femble être féparée :
Retournez...

...

PHILOC TETE.

Ce féjour convient aux malheureux.

Va, laiffe-moi le foin de mes deftins affreux,
Et di-moi fi des dieux la colère inhumaine,
En accablant ce peuple, a respecté la reine?
DIMAS.

Oui, feigneur, elle vit; mais la contagion
Jufqu'au pied de fon trône apporte fon poifon.
Chaque inftant lui dérobe un ferviteur fidelle,
Et la mort par degrés femble s'approcher d'elle.
On dit, qu'enfin le ciel, après tant de courroux,
Va retirer fon bras appefanti fur nous.
Tant de fang, tant de morts ont dû le fatisfaire.
PHILOC TETE.

Eh! quel crime a produit un courroux fi févère?
DIMAS.

Depuis la mort du roi...

PHILO CTETE.

Qu'entens - je? quoi Laïus...

DIMAS.

Seigneur, depuis quatre ans ce héros ne vit plus.

PHILOC TETE.

Il ne vit plus! Quel mot a frapé mon oreille!
Quel efpoir féduifant dans mon cœur fe réveille?
Quoi, Jocafte! les dieux me feraient-ils plus doux ?
Quoi! Philoctère enfin pourrait-il être à vous?
Il ne vit plus!.. quel fort a terminé fa vie?
DIMAS.

Quatre ans font écoulés depuis qu'en Béotie,
Pour la dernière fois le fort guida vos pas.

A

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