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Ne l'empoifonnez plus de vos lâches maximes :
Songez, que les Romains font les vengeurs des crimes,
Que Varus vous connait, qu'il commande en ces lieux,
Et que fur vos complots il ouvrira les yeux.
Allez, que Mariamne en reine foit fervie,
Et refpectez fes loix, fi vous aimez la vie.

Seigneur...

MAZA E L.

VA RUS.

Vous entendez mes ordres abfolus; Obéiffez, vous dis-je, & ne repliquez plus.

SCENE III.

VARUS, ALBI N.

VARUS.

A Infi donc fans tes foins, fans ron avis fidelle,

Mariamne expirait fous cette main cruelle?

ALBIN.

Le retour de Zarès n'était que trop fufpect;
Le foin mystérieux d'éviter votre afpect
Son trouble, fon effroi, fut mon premier indice.

VAR US.

Que ne te dois-je point pour un fi grand fervice!
C'est par toi qu'elle vit: c'est par toi que mon cœur
A goûté, cher Albin, te folide bonheur,
Ce bien fi précieux pour un cœur magnanime,
D'avoir pu fecourir la vertu qu'on opprime.

ALBIN.

Je reconnais Varus à ces foins généreux.

Votre

P 4

Votre bras fut toujours l'appui des malheureux.
Quand de Rome en vos mains vous portiez le tonnerre;
Vous étiez occupé du bonheur de la terre.
Puiffiez-vous feulement écouter en ce jour &c.

ALBIN.

Ainfi l'amour trompeur, dont vous fentez la flâme,
Se déguife en vertu, pour mieux vaincre votre ame;
Et ce feu malheureux...

VARUS.

Je ne m'en défens pas.

L'infortuné Varus adore fes appas.

Je l'aime, il eft trop vrai, mon ame toute nuë
Ne craint point, cher Albin, de paraitre à ta vuë:
Juge fi fon péril a dû troubler mon cœur ;

Moi, qui borne à jamais mes vœux à fon bonheur ;
Moi, qui rechercherais la mort la plus affreuse,

Si ma mort un moment pouvait la rendre heureuse.
ALBIN.

Seigneur, que dans ces lieux ce grand cœur eft changé !
Qu'il venge bien l'amour qu'il avait outragé !
Je ne reconnais plus ce Romain fi févère,
Qui parmi tant d'objets empresses à lui plaire,
N'a jamais abaiffe fes fuperbes regards

Sur ces beautés que Rome enferme en fes remparts.
VARU S.

r

Ne t'en étonne point; tu fais, que mon courage
A la feule vertu réferva fon hommage.

Dans nos murs corrompus ces coupables beautés
Offraient de vains attraits à mes yeux revoltés.

Je

Je fuyais leurs complots, leurs brigues éternelles,
Leurs amours paffagers, leurs vengeances cruelles.
Je voyais leur orgueil, accru du deshonneur,
Se montrer triomphant fur leur front fans pudeur;
L'altière ambition, l'intérêt, l'artifice,

La folle vanité, le frivole caprice

و

Chez les Romains féduits prenant le nom d'amour,
Gouverner Rome entière, & régner tour-à-tour.
J'abhorrais, il eft vrai, leur indigne conquête;
A leur joug odieux je dérobais ma tête ;
L'amour dans l'Orient fut enfin mon vainqueur.
De la trifte Syrie établi gouverneur,

J'arrivai dans ces lieux, quand le droit de la guerre
Eut au pouvoir d'Auguste abandonné la terre;
Et qu'Hérode à fes pieds, au milieu de cent rois,
De fon fort incertain vint attendre des loix..
Lieu funefte à mon cœur ! malheureufe contrée !
C'est là que Mariamne à mes yeux s'eft montrée.
L'univers était plein du bruit de fes malheurs;
Son parricide époux faifait couler fes pleurs.
Ce roi fi redoutable au refte de l'Afie,
Fameux par fes exploits & par fa jalousie ;
Prudent, mais foupçonneux; vaillant, mais inhumain,
Au fang de fon beau-père avait trempé fa main.
Sur ce trône fanglant il laissait en partage
A la fille des rois la honte & l'esclavage.
Du fort qui la pourfuit tu connais la rigueur :
Sa vertu, cher Albin, furpaffe fon malheur.
Loin de la cour des rois la vérité profcrite,
L'aimable vérité fur fes lèvres habite.

Son

Son unique artifice eft le foin généreux
D'affurer des fecours aux jours des malheureux.
Son devoir eft fa loi, fa tranquille innocence
Pardonne à fon tyran, méprise sa vengeance,
Et près d'Augufte encor implore mon appui,
Pour ce barbare époux qui l'immole aujourd'hui.

Tant de vertus enfin, de malheurs & de charmes
Contre ma liberté font de trop fortes armes.
Je l'aime, cher Albin, mais non d'un fol amour,
Que le caprice enfante & détruife en un jour;
Non d'une paffion, que mon ame troublée
Reçoive avidement, par les fens aveuglée.
Ce cœur qu'elle a vaincu, fans l'avoir amolli,
Par un amour honteux ne s'eft point avili;
Et plein du noble feu, que fa vertu m'inspire,
Je prétens la venger, & non pas la féduire.

ALBIN.

Mais fi le roi, feigneur, a fléchi les Romains,
S'il rentre en fes états?...

VARU S.

Et c'est ce que je crains.

Hélas! près du fénat je l'ai fervi moi-même.

Sans doute il a déja reçu fon diadême ;

Et cet indigne arrêt, que fa bouche a difté,

Eft le premier effai de fon autorité.

Ah! fon retour ici lui peut

être funefte.

Mon pouvoir va finir, mais mon amour me refte.
Reine,
, pour vous défendre on me verra périr.
L'univers doit vous plaindre, & je dois vous fervir.

ACTE

ACTE II.

SCENE PREMIER E.

SALOME, MAZA EL.

SALOM E.

ENfin vous le voyez, ma haine eft confondue.

Mariamne triomphe, & Salome eft perduë.
Zarès fut fur les eaux trop longtems arrêté;
La mer alors tranquille à regret la porté.
Mais Hérode en partant pour fon nouvel empire
Revole avec les vents vers l'objet qui l'attire ;
Et les mers, & l'amour, & Varus, & le roi,
Le ciel, les élémens, font armés contre moi.
Fatale ambition, que j'ai trop écoutée,
Dans quel abime affreux m'as-tu précipitée !
Je vous l'avais bien dit, que dans le fond du cœur
Le roi fe repentait de fa jufte rigueur.

De fon fatal penchant l'afcendant ordinaire
A revoqué l'arrêt dicté dans fa colère.

J'en ai déja reçu les funeftes avis ;

Et Zarès à fon roi renvoyé par mépris,

Ne me laiffe en ces lieux qu'une douleur ftérile,
Et le danger qui fuit un éclat inutile.

MAZA E L.

Contre elle encor, madame, il vous refte des armes.

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