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SALOM E.

Peut-être en ce moment notre ennemie expire.

MAZAE L.

D'un coup fi dangereux ofez-vous vous charger,

Sans que le roi....

SALOM E.

Le roi confent à me venger.

lui.

Zarès eft arrivé, Zarès eft dans Solime;
Miniftre de ma haine, il attend sa viêtime;
Le lieu, le tems, le bras, tout eft choifi par
Il vint hier de Rome, & nous venge aujourd'hui.
MAZA EL.

Quoi! vous avez enfin gagné cette victoire ?
Quoi ! malgré fon amour, Hérode a pû vous croire?
Il vous la facrifie ! Il prend de vous des loix !
SALOM E.

Je puis encor fur lui bien moins que tu ne crois..
Pour arracher de lui cette lente vengeance,

Il m'a falu choisir le tems de fon abfence.
Tant qu'Hérode en ces lieux demeurait expofe
Aux charmes dangereux qui l'ont tyrannifé,
Mazaël, tu m'as vûë avec inquiétude,
Trainer de mon deftin la triste incertitude.
Quand par mille détours affûrant mes fuceès,
De fon cœur foupçonneux j'avais trouvé l'accès,
Quand je croyais fon ame à moi feule renduë
Il voyait Mariamne, & j'étais confonduë.
Un coup d'œil renverfait ma brigue & mes deffeins.
La reine a vû cent fois mon fort entre fes mains;
Et fi fa politique avait avec adresse

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D'un

D'un époux amoureux ménagé la tendreffe,
Cet ordre, cet arrêt prononcé par fon roi,

Ce coup que je lui porte aurait tombé fur moi.
Mais fon farouche orgueil a fervi ma vengeance :
J'ai fu mettre à profit fa fatale imprudence.
Elle a voulu fe perdre, & je n'ai fait enfin\..
Que lui lancer les traits qu'a préparés fa main.

Tu te fouviens affez de ce tems plein d'allarmes, 'Lorfqu'un bruit fi funefte à l'espoir de nos armes, Apprit à l'orient étonné de fon fort,

Qu'Auguste était vainqueur, & qu'Antoine était mort.
Tu fais, comme à ce bruit nos peuples fe troublèrent.
De l'Orient vaincu les monarques tremblèrent.
Mon frère envelopé dans ce commun malheur,
Crut perdre fa couronne avec fon protecteur.
Il falut, fans s'armer d'une inuțile audace,
Au vainqueur de la terre aller demander grace.
Rappelle en ton efprit ce jour infortuné ;
Songe à quel defefpoir Hérode abandonné,
Vit fon épouse altière, abhorrant fes approches,
Déteftant fes adieux, l'accablant de reproches,
Redemander encor en ce moment cruel,

,

Et le fang de fon frère, & le fang paternel.
Hérode auprès de moi vint déplorer fa peine.
Je faifis cet inftant précieux à ma haine :
Dans fon caur déchiré je repris mon pouvoir;
J'enflammai fon courroux, j'aigris fon defespoir;
J'empoifonnai le trait dont il fentait l'atteinte.
Tu le vis plein de trouble & d'horreur & de crainte,
Jurer d'exterminer les reftes dangereux

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D'un fang toujours trop cher aux perfides Hébreux; Et dès ce même inftant fa facile colére

Deshérita les fils, & condamna la mère.

Mais fa fureur encor flatait peu mes fouhaits:
L'amour qui la caufait en repoussait les traits.
De ce fatal objet telle était la puissance ;
Un regard de l'ingrate arrêtait fa vengeance.
Je preffai fon départ ; il partit, & depuis
Mes lettres chaque jour ont nourri fes ennuis.
Ne voyant plus la reine, il vit mieux fon outrage:
Il eut honte en fecret de fon peu de courage:
De moment en moment fes yeux fe font ouverts
J'ai levé le bandeau qui les avait couverts.
Zarès, étudiant le moment favorable,

A peint à fon efprit cette reine implacable,
Son crédit, fes amis, ces juifs féditieux,
Du fang Afmonéen partisans factieux.

,

J'ai fait plus; j'ai moi – même armé sa jaloufie.
Il a craint pour fa gloire, il a craint pour fa vie.
Tu fais que dès longtems en bute aux trahisons,
Son cœur de toutes parts eft ouvert aux foupçons.
Il croit ce qu'il redoute ; & dans fa défiance,
Il confond quelquefois le crime & l'innocence.
Enfin j'ai fû fixer fon courroux incertain;
Il a figné l'arrêt, & j'ai conduit fa main.
MAZA E L.

Il n'en faut point douter, ce coup est nécessaire:
Mais avez-vous prévu, fi ce préteur auftère,
Qui fous les loix d'Augufte a remis cet état,
Verrait d'un œil tranquille un pareil attentat?

Varus, vous le favez, eft ici votre maître.

En vain le peuple Hébreu, prompt à vous reconnaître,
Tremble encor fous le poids de ce throne ébranlé :
Votre pouvoir n'est rien, fi Rome n'a parlé.
Avant qu'en ce palais, des mains de Varus même,
Votre frère ait repris l'autorité fuprême,

Il ne peut fans blesser l'orgueil du nom romain,
Dans fes états encor agir en fouverain.
Varus fouffrira-t-il, que l'on ofe à fa vûë
Immoler une reine en fa garde reçuë ?
Je connais les Romains; leur efprit irrité
Vengera le mépris de leur autorité.

Vous allez fur Hérode attirer la tempête;

Dans leurs fuperbes mains la foudre est toujours prête. Ces vainqueurs foupçonneux font jaloux de leurs droits, Et furtout leur orgueil aime à punir les rois.

SALOM E.

Non, non, l'heureux Hérode à Céfar a fû plaire;
Varus en eft inftruit, Varus le confidère.
Croyez-moi, ce Romain voudra le ménager;

Mais, quoi qu'il faffe enfin, fongeons à nous venger.
Je touche à ma grandeur, & je crains ma difgrace;
Demain, dès aujourd'hui, tout peut changer de face.
Qui fait même, qui fait, fi paffé ce moment
Je pourrai fatisfaire à mon ressentiment ?
Qui nous a répondu, qu'Hérode en fa colère
D'un efprit fi constant jusqu'au bout persévère?
Je connais fa tendresse; il la faut prévenir,
Et ne lui point laiffer le tems du repentir.
Qu'après Rome menace, & que Varus foudroye,

P 3

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Leur

Leur couroux paffager troublera peu ma joye.
Mes plus grands ennemis ne font pas les Romains;
Mariamne en ces lieux est tout ce que je crains.
Il faut que je périffe, ou que je la prévienne ;
Et fi je n'ai fa tête, elle obtiendra la mienne.
Mais Varus vient à nous : il le faut éviter.
Zarès à mes regards devait fe présenter.

Je vai l'attendre ; allez, & qu'aux moindres allarmes
Mes foldats en fecret puissent prendre les armes.

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VAR US, ALBIN, MAZAEL, fuite de Varus.

VARU S.

S Alome & Mazaël femblent fuir devant moi;

Dans leurs yeux étonnés je lis leur juste effroi :
Le crime à mes regards doit eraindre de paraître.
Mazaël, demeurez, mandez à votre maître,
Que fes cruels defsseins font déja découverts,
Que fon miniftre infame eft ici dans les fers,
Et que Varus peut-être, au milieu des fupplices,
Eût dû faire expirer ce monftre... & fes complices.
Mais je refpete Hérode affez pour me flater,
Qu'il connaîtra le piége, où l'on veut l'arrêter;
Qu'un jour il punira les traîtres qui l'abusent,
Et vengera fur eux la vertu qu'ils accufent.
Vous fi vous m'en croyez, pour lui, pour son honneur,
Calmez de fes chagrins la honteuse fureur:

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Ne

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