On difait hautement, qu'un arrêt fi cruel Grand Dieu! que chaque mot me porte un coup terrible! NARBA S. Aux larmes des Hébreux Mariamne fenfible, Confolait tout ce peuple, en marchant au trépas. Enfin vers l'échafaut on a conduit fes pas. C'est là qu'en foulevant fes mains appesanties, Du poids affreux des fers indignement flétries, » Cruel, a-t-elle dit, & malheureux époux ! » Mariamne en mourant ne pleure que fur vous. » Puiffiez-vous par ma mort finir vos injuftices ! » Vivez, régnez heureux fous de meilleurs aufpices; » Voyez d'un œil plus doux mes peuples & mes fils; » Aimez-les ; je mourrai trop contente à ce prix. En achevant ces mots, votre épouse innocente Tend au fer des bourreaux cette tête charmante, Dont la terre admirait les modeftes appas. Seigneur, j'ai vû lever le parricide bras; J'ai vû tomber... HEROD e. Tu meurs & je refpire encore Mânes facrés, chère ombre, épouse que j'adore, 2: Je Je me meurs. Il tombe dans un fauteuil. NARBA S. De fes fens il a perdu l'usage; Il fuccombe à fes maux. HEROD e. Quel funefte nuage S'eft répandu foudain fur mes efprits troublés ! Qu'ai-je donc fait? Pourquoi fuis-je en horreur au monde? NARBA S. Mariamne, feigneur ! HEROD E. Oui je fens que fa vuë Va rendre un calme heureux à mon ame éperduë; Toujours devant fes yeux, que j'aime & que je crains, Mon cœur eft moins troublé, mes jours font plus fereins. Déja même à fon nom mes douleurs s'affaibliffent; Déja de mon chagrin les ombres s'éclairciffent. NARBA S. Qu'elle vienne. Seigneur... HERO HEROD e. Je veux la voir. NARBA S. Hélas! Avez-vous pû, feigneur, oublier fon trépas ? HEROD E. Cruel! que dites-vous ? NARBA S. Il ne fe connait plus. La douleur le transporte; HERODE. Quoi, Mariamne eft morte? Ah! funefte raison, pourquoi m'éclaires-tu ? Jour trifte, jour affreux, pourquoi m'es-tu rendu ? La place où Mariamne a vû trancher fes jours. Fin du cinquiéme & dernier alte. On On a beaucoup regretté de très beaux vers que Mr. de Voltaire a fuprimés dans les changemens qu'il a faits en dernier lieu à fa tragédie de MARIAMNE; on a crû devoir les reftituer ici, en y joignant les principales variantes, &c. ACTE . ACTE PREMIER. SCENE PREMIER E. SALOME, MAZA E L. Vous SALOM E. Ous ne vous trompiez point; Hérode va paraître; L'indocile Sion va trembler fous fon maître. Il enchaine à jamais la fortune à fon char; Mais c'en est fait, madame, il rentre en fes états. Ces yeux toujours puiffans, toujours fürs de lui plaire Et tous fes ennemis bientôt humiliés A fes moindres regards feront facrifiés. Otons - lui, croyez - moi, l'intérêt de nous nuire ; Il est d'autres moyens de ne la craindre plus. MAZA E L. Quel est donc ce deffein ? Que prétendez - vous dire? Théâtre. Tom. I. P SA |