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Ofez paraître, ofez vous fecourir vous-même.

Jettez vous dans les bras d'un peuple qui vous aime.
Faites voir Mariamne à ce peuple abattu;

Vos regards lui rendront fon antique vertu..
Appellons à grands cris nos Hébreux & nos prêtres;
Tout Juda défendra le pur fang de ses maîtres.
Madame, avec courage il faut vaincre ou périr.
Daignez...

MARIA M N E.

Le vrai courage eft de favoir foufrir,

Non d'aller exciter une foule rebelle

A lever fur fon prince une main criminelle.
Je rougirais de moi, fi craignant mon malheur,
Quelques vœux pour fa mort avaient furpris mon cœur,
Si j'avais un moment souhaité ma vengeance,
Et fondé fur fa perte un refte d'efpérance.
Narbas, en ce moment le ciel met dans mon fein
Un desespoir plus noble, un plus digne dessein.
Le roi, qui me foupçonne, enfin va me connaître.
Au milieu du combat on me verra paraître.
De Sohême & du roi j'arrêterai les coups;
Je remettrai ma tête aux mains de mon époux.
Je fuyais ce matin fa vengeance cruelle;
Ses crimes m'exilaient, fon danger me rapelle.
Ma gloire me l'ordonne, & promte à l'écouter
Je vais fauver au roi le jour qu'il veut m'ôter.
NARBA S.

Hélas! où courez-vous? dans quel défordre extrême?..

MARIAM NE.

Je fuis perduë, hélas! c'eft Hérode lui-même.

SCENE

SCENE V.

HERODE, MARIAMNE, ELISE, NARBAS, IDAMAS, gardes.

HEROD E.

ILs fe font vus! Ah Dieu!... Perfide, tu mourras.

MARIA M N E.

Pour la dernière fois, Seigneur, ne soufrez pas...

HEROD E.

Sortez... Vous, qu'on la fuive.

NARBA S.

O juftice éternelle !

SCENE VI.

HERODE, IDAMAS, gardes.

HEROD E.

Que je n'entende plus le nom de l'infidelle.

Eh bien! braves foldats, n'ai-je plus d'ennemis ?
I DAMA S.

Seigneur, ils font défaits; les Hébreux font foumis.
Sohème tout fanglant vous laiffe la victoire.
Ce jour vous a comblé d'une nouvelle gloire.

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Elle eft trifte; & tant de fang versé,

Seigneur, doit fatisfaire à votre honneur bleffé.
Sohême a de la reine attefté l'innocence.

HEROD E.

De la coupable, enfin, je vais prendre vengeance.
Je pers l'indigne objet que je n'ai pû gagner,
Et de ce feul moment je commence à régner.
J'étais trop aveuglé, ma fatale tendreffe
Etait ma feule tache, & ma feule faibleffe.
Laiffons mourir l'ingrate: oublions fes attraits;
Que fon nom dans ces lieux s'efface pour jamais;
Que dans mon cœur furtout fa mémoire périsse.
Enfin tout eft-il prêt pour ce jufte fupplice?

Oui, feigneur.

I DÁ MA S.

HEROD E.

Quoi! fi-tôt on a pû m'obéïr?

Infortuné monarque! elle va donc périr ?

Tout eft prêt, Idamas?

I DA M A S.

Vos gardes l'ont faifie;

Votre vengeance, hélas! fera trop bien fervie.

HEROD E.

Elle a voulu fa perte, elle a fû m'y forcer.

Que l'on me venge. Allons, il n'y faut plus penser.
Hélas! j'aurais voulu vivre & mourir pour elle.
A quoi m'as-tu réduit, épouse criminelle ?

SCENE

SCENE DERNIERE.

HERODE, IDAMAS, NARBAS.

HERODE.

NArbas, ou courez-vous? Jufte ciel! vous pleurez!

De crainte, en le voyant, mes fens font pénétrés.

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Ah! malheureux,
, que venez-vous me dire?

NARBA S.

Ma voix, en vous parlant, fur mes lèvres expire.

Mariamne...

HEROD E.

NARBA S.

O douleur! ô regrets fuperflus!

HEROD E.

Quoi? c'en eft fait ?

NARBA S.

Seigneur, Mariamne n'est plus.

HEROD E.

Elle n'eft plus grand Dieu!

NARBA S.

Je dois à fa mémoire,

A fa vertu trahie, à vous, à votre gloire,
De vous montrer le bien que vous avez perdu,
Et le prix de ce fang par vos mains répandu.
Non, feigneur, non, fon cœur n'était point infidelle.

Hélas!

Helas! lorfque Sohême a combattu pour elle,
Votre époufe à mes yeux détestant son secours
Volait pour vous défendre au péril de fes jours.
HEROD E.

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Qu'entens-je? ah malheureux! ah désespoir extrême! Narbas, que m'as-tu dit?

NARBA S.

C'est dans ce moment même ›

Où fon cœur se faisait ce généreux effort,
Que vos ordres cruels l'ont conduite à la mort.
Salome avait preffè l'inftant de fon fupplice.
HEROD E.

O monftre, qu'à regret épargna ma justice!
Monftre, quels châtimens font pour toi refervés?
Que ton fang, que le mien... Ah! Narbas, achevez,
Achevez mon trépas par ce récit funeste.

NARBA S.

Comment pourai-je hélas ! vous apprendre le refte?
Vos gardes de ces lieux ont ofé l'arracher.
Elle a fuivi leurs pas fans vous rien reprocher',
Sans affecter d'orgueil, & fans montrer de crainte.
La douce majefté fur fon front était peinte.
La modefte innocence, & l'aimable pudeur,
Régnaient dans fes beaux yeux, ainfi que dans fon cœur.
Son malheur ajoûtait à l'éclat de fes charmes.
Nos prêtres, nos Hébreux, dans les cris, dans les larmes,
Conjuraient vos foldats, levaient les mains vers eux,
Et demandaient la mort avec des cris affreux.
Hélas! de tous côtés, dans ce défordre extrême,
En pleurant Mariamne, on vous plaignait vous-même.

On

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