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Quel retour, juftes dieux! Que je crains fa préfence! Le cruel peut d'un affurer fa vengeance.

coup

Plût au ciel que la reine eût déja pour jamais
Abandonné ces lieux confacrés aux forfaits!
Oferai-je moi-même acompagner fa fuite?
Peut-être en la fervant il faut que je l'évite.
Eft-ce un crime, après tout, de fauver tant d'appas ?
De venger fa vertu ?.... mais je vois Idamas.

SCENE

1 I I.

SOHÊME, IDAMAS, AMMON, fuite.

SOHEME.

AMi, j'épargne au roi de frivoles hommages,

De l'amitié des grands importuns témoignages
D'un peuple curieux trompeur amusement,

Qu'on étale avec pompe, & que le cœur dément.

Mais parlez; Rome enfin vient de vous rendre un maître:
Hérode eft fouverain, eft-il digne de l'être ?

Vient-il dans un efprit de fureur ou de paix?
Craint-on des cruautés ? attend-on des bienfaits?

IDA MA S.

Veuille le jufte ciel, formidable au parjure,

Ecarter loin de lui l'erreur & l'impofture!
Salome & Mazael s'empreffent d'écarter
Quiconque a le cœur jufte & ne fait point flatter.
Ils révèlent, dit-on, des fecrets redoutables;
Hérode en a pâli: des cris épouvantables

Sont

Sont fortis de fa bouche; & fes yeux en fureur
A tout ce qui l'entoure inspirent la terreur.
Vous le favez affez, leur cabale attentive
Tint toujours près de lui la vérité captive.
Ainfi ce conquérant, qui fit trembler les rois,
Ce roi dont Rome même admira les exploits,
De qui la renommée allarme encor l'Afie,
Dans fa propre maison voit fa gloire avilie.
Haï de fon épouse, abufé par fa fœur,
Déchiré de foupçons, accablé de douleur,
J'ignore en ce moment le deffein qui l'entraîne.
On le plaint, on murmure, on craint tout pour la reine.
On ne peut pénétrer fes fecrets fentimens

Et de fon cœur troublé les foudains mouvemens.
Il obferve avec nous un filence farouche;
Le nom de Mariamne échape de fa bouche.
Il menace, il foupire, il donne en frémiffant
Quelques ordres fecrets, qu'il révoque à l'inftant.
D'un fang qu'il déteftait Mariamne eft formée;
Il voulut la punir de l'avoir trop aimée.
Je tremble encor pour elle.

SOHÈME.

Il fuffit, Idamas.

La reine eft en danger; Ammon, fuivez mes pas; Venez, c'est à moi feul de fauver l'innocence.

IDAMA S.

Seigneur, ainfi du roi yous fuirez la présence
Vous de qui la vertu, le rang, l'autorité,
Imposeraient filence à la perverfité ?

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SOHÊME.

SOHÊME.

Un intérêt plus grand, un autre foin m'anime;
Et mon premier devoir eft d'empêcher le crime.
Il fort.

I DAMA S.

Quels orages nouveaux ! quel trouble je prévoi! Puiffant Dieu des Hébreux, changez le cœur du roi.

SCENE

IV.

HERODE, MAZAEL, IDAMAS, fuite d'Hérode.

HEROD E.

EH quoi Sohème auffi semble éviter ma vuë!

Quelle horreur devant moi s'eft partout répanduë! Ciel! ne puis-je infpirer que la haine ou l'effroi ? Tous les cœurs des humains font-ils fermés

pour

moi ?

En horreur à la reine, à mon peuple, à moi-même,

A regret fur mon front je vois le diadême.
Hérode en arrivant, recueille avec terreur
Les chagrins dévorans qu'a femés fa fureur.
Ah Dieu !

MAZA E L.

Daignez calmer ces injuftes allarmes.

HEROD E.

Malheureux, qu'ai-je fait ?

MAZA E L.

Quoi! vous verfez des larmes ?

Vous, ce roi fortuné, fi fage en fes deffeins

Vous, la terreur du Parthe, & l'ami des Romains?

Songez,

Songez, feigneur, fongez à ces noms pleins de gloire
Que vous donnaient jadis Antoine & la victoire.
Songez, que près d'Augufte appellé par fon choix,
Vous marchiez diftingué de la foule des rois...
Revoyez à vos loix Jérufalem renduë,

Jadis par vous conquife, & par vous défenduë,
Reprenant aujourd'hui fa première splendeur,
En contemplant fon prince au faîte du bonheur.
Jamais roi plus heureux dans la paix, dans la guerre.
HERODE.

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Non, il n'eft plus pour moi de bonheur fur la terre: Le deftin m'a frapé de fes plus rudes coups;

Et

pour comble d'horreur je les mérite tous.

I DAMA S.

Seigneur, m'eft-il permis de parler fans contrainte?
Ce trône augufte & faint, qu'environne la crainte,
Serait mieux affermi, s'il l'était par l'amour.
En faifant des heureux, un roi l'eft à fon tour.
A d'éternels chagrins votre ame abandonnée,
Pourait tarir d'un mot leur fource empoisonnée.
Seigneur, ne foufrez plus que d'indignes difcours
Ofent troubler la paix & l'honneur de vos jours:
Ni que de vils flateurs écartent de leur maître ja
Des cœurs infortunés, qui vous cherchaient peut-être.
Bientôt de vos vertus tout Ifraël charmé ....
HEROD E.

Eh! croyez-vous encor, que je puiffe être aimé ?
Qu'Hérode eft aujourd'hui différent de lui-même !
MAZA EL.

Tout adore à l'envi votre grandeur fuprême.m

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Un feul cœur vous réfifte, & l'on peut le gagner.

HERODE.

Non je fuis un barbare, indigne de régner.

I DAMA S.

Votre douleur eft jufte, & fi pour Mariamne...
HEROD E.

Et c'eft ce nom fatal, hélas ! qui me condamne;
C'est ce nom qui reproche à mon cœur agité
L'excès de ma faibleffé & de ma cruauté.

MAZA E L.

Elle fera toujours inflexible en fa haine.

Elle fuit votre vuë.

HEROD E.

Ah! j'ai cherché la fienne.
MAZA EL.

Qui vous, feigneur?

HEROD E.

Eh! quoi! mes tranfports furieux, Ces pleurs que mes remords arrachent de mes yeux, Ce changement foudain, cette douleur mortelle, Tout ne te dit-il pas que je viens d'auprès d'elle? Toujours troublé, toujours plein de haine & d'amour, J'ai trompé, pour la voir, une importune cour. Quelle entrevue, ô cieux! quels combats ! quel fupplice! Dans fes yeux indignés j'ai lu mon injustice. Ses regards inquiets n'ofaient tomber fur mei, Et tout, jufqu'à mes pleurs, augmentait fon effroi.

MAZA E L.

Seigneur, vous le voyez; fa haine envenimée

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