Quel retour, juftes dieux! Que je crains fa préfence! Le cruel peut d'un affurer fa vengeance. coup Plût au ciel que la reine eût déja pour jamais SCENE 1 I I. SOHÊME, IDAMAS, AMMON, fuite. SOHEME. AMi, j'épargne au roi de frivoles hommages, De l'amitié des grands importuns témoignages Qu'on étale avec pompe, & que le cœur dément. Mais parlez; Rome enfin vient de vous rendre un maître: Vient-il dans un efprit de fureur ou de paix? IDA MA S. Veuille le jufte ciel, formidable au parjure, Ecarter loin de lui l'erreur & l'impofture! Sont Sont fortis de fa bouche; & fes yeux en fureur Et de fon cœur troublé les foudains mouvemens. SOHÈME. Il fuffit, Idamas. La reine eft en danger; Ammon, fuivez mes pas; Venez, c'est à moi feul de fauver l'innocence. IDAMA S. Seigneur, ainfi du roi yous fuirez la présence SOHÊME. SOHÊME. Un intérêt plus grand, un autre foin m'anime; I DAMA S. Quels orages nouveaux ! quel trouble je prévoi! Puiffant Dieu des Hébreux, changez le cœur du roi. SCENE IV. HERODE, MAZAEL, IDAMAS, fuite d'Hérode. HEROD E. EH quoi Sohème auffi semble éviter ma vuë! Quelle horreur devant moi s'eft partout répanduë! Ciel! ne puis-je infpirer que la haine ou l'effroi ? Tous les cœurs des humains font-ils fermés pour moi ? En horreur à la reine, à mon peuple, à moi-même, A regret fur mon front je vois le diadême. MAZA E L. Daignez calmer ces injuftes allarmes. HEROD E. Malheureux, qu'ai-je fait ? MAZA E L. Quoi! vous verfez des larmes ? Vous, ce roi fortuné, fi fage en fes deffeins Vous, la terreur du Parthe, & l'ami des Romains? Songez, Songez, feigneur, fongez à ces noms pleins de gloire Jadis par vous conquife, & par vous défenduë, Non, il n'eft plus pour moi de bonheur fur la terre: Le deftin m'a frapé de fes plus rudes coups; Et pour comble d'horreur je les mérite tous. I DAMA S. Seigneur, m'eft-il permis de parler fans contrainte? Eh! croyez-vous encor, que je puiffe être aimé ? Tout adore à l'envi votre grandeur fuprême.m Un feul cœur vous réfifte, & l'on peut le gagner. HERODE. Non je fuis un barbare, indigne de régner. I DAMA S. Votre douleur eft jufte, & fi pour Mariamne... Et c'eft ce nom fatal, hélas ! qui me condamne; MAZA E L. Elle fera toujours inflexible en fa haine. Elle fuit votre vuë. HEROD E. Ah! j'ai cherché la fienne. Qui vous, feigneur? HEROD E. Eh! quoi! mes tranfports furieux, Ces pleurs que mes remords arrachent de mes yeux, Ce changement foudain, cette douleur mortelle, Tout ne te dit-il pas que je viens d'auprès d'elle? Toujours troublé, toujours plein de haine & d'amour, J'ai trompé, pour la voir, une importune cour. Quelle entrevue, ô cieux! quels combats ! quel fupplice! Dans fes yeux indignés j'ai lu mon injustice. Ses regards inquiets n'ofaient tomber fur mei, Et tout, jufqu'à mes pleurs, augmentait fon effroi. MAZA E L. Seigneur, vous le voyez; fa haine envenimée |