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ACTE II.

SCENE

CE

PREMIERE.

SALOME, MAZA EL.

MAZA E L.

E nouveau coup porté, ce terrible mystère, Dont vous faites inftruire & la fille, & la mère, Ce fecret revélé, cet ordre fi cruel,

Eft déformais le fceau d'un divorce éternel.

Le roi ne croira point que pour votre ennemie,
Sa confiance en vous foit en effet trahie;
Il n'aura plus que vous dans fes perplexités,
Pour adoucir les traits par vous-même portés ;
Vous feule aurez fait naître & le calme & l'orage.
Divifez pour régner; c'est là votre partage.
SALOM E.

Que fert la politique au défaut du pouvoir ?
Tous mes foins m'ont trahi, tout fait mon désespoir.
Le roi m'écrit: il veut, par fa lettre fatale,
Que fa four fe rabaiffe aux pieds de fa rivale.
J'espérais de Sohême un noble & fûr appui,
Hérode était le mien; tout me manque aujourd'hui.
Je vois crouler fur moi le fatal édifice,
Que mes mains élevaient avec tant d'artifice.
Je vois qu'il eft des tems où tout l'effort humain
Tombe fous la fortune, & fe débat en vain,

Où la prudence échouë, où l'art nuit à foi-même ;
Et je fens ce pouvoir invincible & fuprême,
Qui fe joue à fon gré, dans nos climats voifins,
De leurs fables mouvans comme de nos destins.
MAZA E L.

Obéïffez au roi, cédez à la tempête ;

Sous fes coups paffagers il faut courber la tête.
Le tems peut tout changer.

SALOM E.

Trop vains foulagemens !

Malheureux qui n'attend fon bonheur que du tems!
Sur l'avenir trompeur tu veux que je m'appuye,
Et tu vois cependant les affronts que j'effuye.
MAZA E L.

Sohéme part au moins; votre jufte courroux
Ne craint plus Mariamne, & n'en eft plus jaloux.
SALOM E.

Sa conduite, il eft vrai, parait inconcevable;
Mais m'en trahit-il moins? en eft-il moins coupable?
Suis-je moins outragée ? ai-je moins d'ennemis,
Et d'envieux fecrets, & de lâches amis?

Il faut que je combatte, & ma chute prochaine,
Et cet affront fecret, & la publique haine.
Déja de Mariamne adorant la faveur,
Le peuple à ma difgrace infulte avec fureur.
Je verrai tout plier fous fa grandeur nouvelle,
Et mes faibles honneurs éclipfés devant elle.
Mais c'est peu que fa gloire irrite mon dépit;
Ma mort va fignaler ma chute & fon crédit.
Je ne me flate point : je fais comme en fa place,

De

De tous mes ennemis je confondrais l'audace:
Ce n'eft qu'en me perdant qu'elle pourra régner;
Et fon jufte courroux ne doit point m'épargner.
Cependant, ô contrainte! ô comble d'infamie!
Il faut donc qu'à fes yeux ma fierté s'humilie!
Je viens avec respect effuyer ses hauteurs,
Et la féliciter fur mes propres malheurs.

MAZA E L.

Elle vient en ces lieux.

SALOME.

Faut-il que je la voïe?

SCENE I I.

MARIAMNE, ELISE, SALOME,

MAZAEL, NARBAS.

SALOM E.

JE viens auprès de vous partager votre joye.

Rome me rend un frère, & vous rend un époux,
Couronné, tout-puiffant, & digne enfin de vous.
Ses triomphes paffés, ceux qu'il prépare encore,
Ce titre heureux de grand, dont l'univers l'honore,
Les droits du fénat même à fes foins confiés,
Sont autant de préfens qu'il va mettre à vos pieds.
Poffédez déformais fon ame & son empire:
C'est ce qu'à vos vertus mon amitié défire;
Et je vais par mes foins ferrer l'heureux lien
Qui doit joindre à jamais votre cœur & le fien.

MA

MARIAM NE.

Je ne prétens de vous, ni n'attens ce fervice.
Je vous connais, madame, & je vous rens justice.
Je fais par quels complots, je fais par quels détours,
Votre haine impuiffante a poursuivi mes jours.
Jugeant de moi par vous, vous me craignez peut-être:
Mais vous deviez du moins apprendre à me connaître.
Ne me redoutez point; je fais également

Dédaigner votre crime & votre châtiment.

J'ai vû tous vos deffeins, & je vous les pardonne;
C'est à vos feuls remords que je vous abandonne;
Si toutefois après de fi lâches efforts,

Un cœur comme le votre écoute des remords.

SALOME.

C'est porter un peu loin votre injufte colère.
Ma conduite, mes foins, & l'aveu de mon frère,
Peut-être fuffiront pour me juftifier.

MARIA M N E.

Je vous l'ai déja dit, je veux tout oublier;
Dans l'état où je fuis, c'eft affez pour ma gloire;
Je puis vous pardonner, mais je ne puis vous croire.
MAZA E L.

J'ofe ici, grande reine, attefter l'Eternel,

Que mes foins à regret..

...

MARIA M N E.

Arrêtez, Mazaël.

Vos excufes pour moi font un nouvel outrage.
Obéïffez au roi, voilà votre partage.

A mes tyrans vendu servez bien leur couroux;
Je ne m'abaiffe pas à me plaindre de vous.

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(à Salome.)

Je ne vous retiens point, & vous pouvez, madame,
Aller aprendre au roi les fecrets de mon ame;
Dans fon cœur aifément vous pouvez ranimer
Un couroux que mes yeux dédaignent de calmer.
De tous vos délateurs armez la calomnie.
J'ai laiffé jufqu'ici leur audace impunie,
Et je n'opose encor à mes vils ennemis,
Qu'une vertu fans tache, & qu'un jufte mépris.
SALOM E.

Ah! c'en est trop, enfin : vous auriez dû peut-être
Ménager un peu plus la foeur de votre maître.
L'orgueil de vos attraits penfe tout affervir :
Vous me voyez tout perdre, & croyez tout ravir.
Votre victoire un jour peut vous être fatale.
Vous triomphez, tremblez, imprudente rivale.

SCEN E III.

MARIAMNE, ELISE, NARBAS.

ELISE.

AH ! madame, à ce point pouvez-vous irriter

Des ennemis ardens à vous perfécuter?

La
vengeance d'Hérode un moment fufpendue,
Sur votre tête encor eft peut-être étendue;
Et loin d'en détourner les redoutables coups,
Vous appellez la mort qui s'éloignait de vous.
Vous n'avez plus ici de bras qui vous appuie.

Ce

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