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Je ne l'ignore pas.

SALOM E.

SO HÊME.

Aprenez encor plus :

J'ai craint longtems pour elle, & je ne tremble plus. Hérode chérira le fang qui la fit naître,

Il l'a promis, du moins, à l'empereur fon maître.
Pour moi, loin d'une cour, objet de mon couroux,
J'abandonne Solime, & votre frère & vous;

Je pars
ne pensez pas qu'une nouvelle chaîne
Me dérobe à la vôtre, & loin de vous m'entraîne.
Je renonce à la fois à ce prince, à fa cour
A tout engagement, & furtout à l'amour.
Epargnez le reproche à mon efprit fincère,

Quand je ne m'en fais point, nul n'a droit de m'en faire.
SALOM E.

Non, n'attendez de moi ni couroux, ni dépit ;
J'en favais beaucoup plus que vous n'en avez dit.
Cette cour, il est vrai, seigneur, a vu des crimes;
Il en eft quelquefois où des cœurs magnanimes
Par le malheur des tems fe laiffent emporter,
Que la vertu répare, & qu'il faut respecter.
Il en eft de plus bas, & de qui la faiblesse
Se pare arrogamment du nom de la fageffe.
Vous m'entendez peut-être ? En vain vous déguisez,
Pour qui je fuis trahie, & qui vous sėduisez.
Votre fauffe vertu ne m'a jamais trompée ;
De votre changement mon ame eft peu frapée;
Mais fi de ce palais, qui vous semble odieux,
Les orages paffés ont indigné vos yeux,

Craignez d'en exciter qui vous fuivraient peut-être Jufqu'aux faibles états dont vous êtes le maître.

(elle fort.)

SCENE

1 I I.

SOHEME, AM MO N.

SOHÊM E.

OU tendait ce difcours ? que veut-elle ? & pourquoi

Pense-t-elle en mon cœur pénétrer mieux que moi ?
Qui? moi, que je foupire! & que pour Mariamne
Mon auftère amitié ne foit qu'un feu profane!
Aux faibleffes d'amour moi j'irais me livrer,
Lorsque de tant d'attraits je cours me féparer !
Α Μ Μ Ο Ν.

Salome eft outragée, il faut tout craindre d'elle.
La jaloufie éclaire, & l'amour fe décelle.

SOHÊM E.

Non, d'un coupable amour je n'ai point les erreurs; La fece dont je fuis forme en nous d'autres mœurs. Ces durs Efféniens, ftoïques de Judée,

Ont eu de la morale une plus noble idée.

Nos maîtres, les Romains, vainqueurs des nations,
Commandent à la terre, & nous aux paffions.
Je n'ai point, grace au ciel, à rougir de moi-même.
Le fang unit de près Mariamne & Sohême.
Je la voyais gémir fous un affreux pouvoir;
J'ai voulu la fervir; j'ai rempli mon devoir..
L 4

A M

AM MO N.

Je connais votre cœur & jufte, & magnanime;
Il fe plait à venger la vertu qu'on opprime.
Puiffiez-vous écouter, dans cette affreufe cour,
Votre noble pitié, plutôt que votre amour!
SOHÊM E.

Ah! faut-il donc l'aimer pour prendre fa défense?
Qui n'aurait comme moi chéri fon innocence ?
Quel cœur indifférent n'irait à son secours?
Et qui pour la fauver n'eût prodigué fes jours?
Ami, mon cœur eft pur, & tu connais mon zèle.
Je n'habitais ces lieux que pour veiller fur elle,
Quand Hérode partit, incertain de fon fort,
Quand il chercha dans Rome ou le fceptre ou la mort.
Plein de fa paffion, forcenée & jalouse,

Il tremblait qu'après lui fa malheureuse épouse,
Du trône defcendue, efclave des Romains,
Ne fût abandonnée à de moins dignes mains.
Il voulut qu'une tombe à tous deux préparée
Enfermât avec lui cette époufe adorée.
Phérore fut chargé du ministère affreux
D'immoler cet objet de fes horribles feux.
Phérore m'inftruifit de ces ordres coupables.
J'ai veillé fur des jours fi chers, fi déplorables,
Toujours armé, toujours promt à la protéger,
Et furtout à fes yeux dérobant fon danger;
J'ai voulu la fervir fans lui caufer d'allarmes ;
Ses malheurs me touchaient encor plus que fes charmes.
L'amour ne règne point fur mon cœur agité;

Il ne m'a point vaincu, c'eft moi qui l'ai domté;

Et

Et plein du noble feu que fa vertu m'inspire,
J'ai voulu la venger, & non pas la féduire.
Enfin l'heureux Hérode a fléchi les Romains:
Le fceptre de Judée eft remis en fes mains.
Il revient triomphant fur ce fanglant théâtre;
Il revole à l'objet dont il eft idolâtre,

Qu'il opprima fouvent, qu'il adora toujours.
Leurs défaftres communs ont terminé leur cours;
Un nouveau jour va luire à cette cour affreuse ;
Je n'ai plus qu'à partir
Mariamne eft heureuse.

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Je ne la verrai plus mais à d'autres attraits,
Mon cœur mon trifte cœur eft fermé pour jamais.
Tout hymen à mes yeux eft horrible & funefte;
Qui connait Mariamne, abhorre tout le refte.
La retraite a pour moi des charmes affez grands;
J'y vivrai vertueux, loin des yeux des tyrans :
Préférant mon partage au plus beau diadême,
Maître de ma fortune, & maître de moi-même.

SCENE

IV.

SOHÊME, ELISE, AM MON.

ELISE.

LA mère de la reine en proie à fes douleurs,

Vous conjure, Sohême, au nom de tant de pleurs, De vous rendre près d'elle, & d'y calmer la crainte, Dont pour fa fille encor elle a reçu l'atteinte.

SOHÊME.

Quelle horreur jettez-vous dans mon cœur étonné ?

ELISE.

Elle a fû l'ordre affreux qu'Hérode avait donné.
Par les foins de Salome elle en eft informée.
SOHÊME.

'Ainfi cette ennemie au trouble acoutumée,
Par des troubles nouveaux pense encor maintenir
Le pouvoir emprunté qu'elle veut retenir !
Quelle odieufe cour! & combien d'artifices!
On ne marche en ces lieux que fur des précipices.
Hélas! Alexandra, par des coups inouïs,

Vit périr autrefois fon époux & son fils.
Mariamne lui refte, elle tremble pour elle;
La crainte eft bien permise à l'amour maternelle.
Elife, je vous fuis, je marche fur vos pas.

Grand Dieu, qui prenez foin de ces triftes climats,

De Mariamne encor écartez cet orage,

Confervez, protégez votre plus digne ouvrage !

Fin du premier alte.

ACTE

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