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gazettes, ou fols de Venife, à chaque papas; un écu & demi à l'évêque qui avoit accompagné le corps.... Après cette diftribution, un des papas mit fur l'eftomac de la morte un morceau de pot caffé fur lequel on avoit gravé avec la pointe d'un couteau une croix & les caracteres ordinaires I. N. R. I. (lettres initiales de quatre mots grecs, qui fignifient Jefus Nazaréen, Roi des Juifs.) Enfuite l'on fit les adieux à la morte. Les parents, & fur-tout le mari, la baiferent à la bouche: c'eft un devoir indifpenfable, & même fûton mort de pefte. Les amis l'embrafferent : les voifins la faluërent; mais on ne jetta point d'eau bénite. Après l'enterrement, on conduifit le mari jufqu'en fa maison. Au départ du convoi, les ...cufes recommencerent leur exercice; &, fur le foir, les parents envoyerent de quoi fouper au mari, & allerent le confoler, en faifant la débauche avec lui. "

9. En Ruffie 29 dès que le malade et décédé, dit Oléarius, on envoie chercher les parents & les amis du mort. Ceux-cy fe rangent autour du corps, & pleurent, s'ils peuvent. Des femmes demandent à ce mort les raifons qu'il a eues de mourir ? Si fes affaires n'étoient pas en bon état ? s'il n'avoit pas de quoi vivre ? &c. L'on commence par faire un préfent de biere, d'eau-de-vie & d'hydromel au prêtre, afin qu'il faffe des prieres pour l'ame du défunt. On lave bien le corps ; &, après l'avoir revêtu d'une chemife blanche, ou envelopé d'un fuaire, on lui chauffe des fouliers de cuir de Ruffie, & on le met dans le cercueil, les bras pofés fur l'eftomac, en forme de croix, Les Mofcovites font les cercueils du tronc d'un arbre creufé. On couvre ce cercueil d'un drap, ou bien de la cafaque du défunt. Le prêtre donne de l'encens & de l'eau bénite au mort jufqu'au jour de l'enterrement ( qui n'arrive fouvent que huit ou dix jours après le décès. ) L'ordre du convoi se fait de la maniere fuivante. A la tête, marche un prêtre qui porte l'image du faint que le mort a reçu pour fon patron au baptême. Il eft fuivi de quatre filles, proches parentes du défunt, qui fervent de pleureufes. Après cela, fuit le corps, que fix hommes portent fur les

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épaules. Si c'est un religieux ou une religieufe, fes confreres ou fes compagnes lui rendent ce dernier devoir. D'autres prêtres marchent aux deux côtés du corps, & l'encenfent, en chantant, pour éloigner les mauvais efprits. La marche eft terminée par les parents & les amis du défunt, qui tiennent chacun un cierge à la main. Lorfqu'on eft arrivé à la foffe, continue Oléarius, on découvre le cercueil, & l'on tient l'image du faint fur le mort tandis que le prêtre fait les prieres, : on récite quelques paffages de la Liturgie. Après cela, les parents & les amis difent adieu au défunt, en le baifant, ou en baifant fon cercueil. Le prêtre s'approche, & lui met le paffe-port dans la main. Ce paffe-port eft figné du métropolitain & du confeffeur, qui le vendent felon la qualité des perfonnes qui l'achetent.

10. Les funérailles des Georgiens, Chrétiens fchif matiques du Levant, n'offrent rien de remarquable, fi ce n'eft une Lettre écrite par le patriarche, dans laquelle S. Pierre eft très-inftamment prié d'introduire dans le ciel le porteur. Le prélat met fur la poitrine de chaque dé fünt cette miffive qui lui eft toujours bien payée.

11. Les Abyffins témoignent la plus vive douleur à la mort de leurs parents, de leurs amis, ou de leurs fouverains. Dès qu'ils en reçoivent la nouvelle, ils fe jettent le vifage contre terre avec violence s'embarraffant peu de fe fracaffer les os, ou de fe difloquer les membres. On commence par laver foigneufement le corps; on l'arrofe d'eau bénite; on l'envelope dans un drap, & on l'enferme dans la biere, après l'avoir couvert d'une efpece de cuir de bufle. Ceux qui le portent au lieu de la fépulture, marchent avec une telle viteffe, que le clergé & toutes les perfonnes, qui forment le convoi, ont bien de la peine à les fuivre. Le corps étant placé fur le bord de la foffe, le prêtre lit les quatorze premiers verfets de l'Evangile de S. Jean, après quoi, les mêmes hommes, qui l'ont apporté, le jettent rudement dans la foffe. Tandis qu'on le couvre de terre, les prêrtes récitent quelques pfeaumes. Pendant plufieurs jours de fuite, ils fe rendent, dès le matin, fur la foffe du défunt, & y restent à pleurer jufqu'au foir. Toute la fa

mille y vient en cérémonie, accompagnée de pleureu fes gagées pour faire retentir l'églife de leurs vaines lamentations. Le bruit des tambours fe joint à leurs accents plaintifs. Si le mort eft d'un rang diftingué, fon cheval eft de la cérémonie : fon écu, fa lance & fes armes contribuent à orner la pompe funebre. On distribue aux pauvres des aumônes confidérables. On fait des offrandes à l'églife, & des préfents aux prêtres. Cette fête lugubre continue pendant plufieurs jours, felon la qualité du défunt: elle eft quelquefois prolongée jufqu'à quarante jours.

Les obféques des fouverains fe font avec beaucoup de pompe & de magnificence. Voici la defcription des cérémonies qui furent pratiquées aux funérailles de l'empereur Ségued. Un Egyptien avoit conftruit la biere fur laquelle le corps étoit placé : la forme en étoit quarrée; & il y avoit des degrés pour y monter. Le corps étoit paré des habits impériaux: un poile de taffetas de diverfes couleurs, le couvroit. Il fut apporté de Dancanz où la cour campoit alors, dans un bourg du royaume de Goiam, & dépofé dans la grande églife. Les étendards impériaux déployés & tous droits, mais fans armes ni devifes, précédoient la marche. Des deux côtés, on entendoit le fon des grandes tymbales. Les valets de chambre de l'empereur conduifoient ensuite les chevaux que ce prince montoit ordinairement, couverts de riches harnois. Ils étoient fuivis des pages & des autres domestiques qui portoient les habits & les armes du prince. L'un tenoit fa vefte, l'autre fon épée; celui-là fa couronne; celui-cy fon bouclier. Des officiers montroient de temps en temps au peuple ces triftes dépouilles, & renouvelloient fes regrets. On voyoit enfuite venir de loin l'impératrice, montée fur une mule, la couronne fur la tête, accompagnée de fes filles, des princeffes du fang, & de toutes les dames de fa fuite, montées comme elle fur des mules. Elles avoient la tête rafée & entourée d'un ruban ou d'une bande de toile blanche, dont les bouts retomboient fur leur dos. La marche étoit fermée par une troupe de feigneurs vêtus de noir, dont les cheveux courts & les habits déchirés

témoignoient l'exceffive douleur. Le corps fut reçu la porte de l'églife par fix ou fept religieux, qui chanterent des pleaumes & des alleluia, jufqu'à ce qu'il fût mis en terre. Toute cette pompe funebre étoit accompagnée de cris & de hurlements; mais on n'y vit aucuns cierges allumés. Le lendemain, ceux qu! avoient accompagné le corps de l'empereur reprirent le chemin de Dancanz, rapportant le cercueil vuide. Lorsqu'ils furent arrivés à quelque diftance du camp impérial, ils commencerent à marcher dans le même ordre que la veille. Un officier, revêtu des habits de l'empereur, ayant fa couronne fur la tête, & représentant dans toute fa perfonne le prince mort, s'avançoit monté fur une mule à côté du cercueil. On portoit un dais fur fa tête. Il étoit précédé d'un autre officier qui portoit le cafque & la javeline de l'empereur, & qui montoit fon plus beau cheval magnifiquement enharnaché. Lorfque le cortége approcha de Dancanz, quelques feigneurs de la cour, avec plufieurs corps de troupes, s'avancerent à fa rencontre en pouffant de grands cris, & le conduifirent au pavillon du nouvel empereur, où l'on mit pied à terre. Les principaux miniftres entrerent dans le pavillon où étoit le nouvel empereur. Là, deux heures fe pafferent encore en regrets & en démonftrations de douleur. La trifteffe fit enfuite place à la joie: on oublia le prince mort pour ne fonger qu'à fon fucceffeur, pour lequel on forma mille vœux.

Les obféques les plus pompeufes & les plus magnifiques font celles des religieux qui fe font diftingués par des auftérités extraordinaires, & qui font morts en réputation de fainteté. Le peuple, dans ces occafions, ne met point de bornes à fon zéle, & rend à ces fameux folitaires les honneurs qui ne font dûs qu'aux faints. Il regarde comme des reliques tout ce qui leur a touché ou appartenu. Il va prier fur leurs tombeaux, & entreprend des pélerinages en leur honneur. Il fe fait même des tranflations de leurs reliques, qu'on s'efforce de fauver du pillage des Galles & des autres Barbares; &, les jours auxquels les tranflations ont été faites, font enfuite folemnifés comme des fêtes.

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12. En Turquie, & dans tous les pays Mufulmans, on obferve les cérémonies des funérailles avec la plus fcrupuleuse exactitude.,,, Auffi-tôt qu'un Turc a rendu l'efprit, on met fon corps au milieu de la chambre, & l'on répete triftement ces mots à l'entour: Subanna Allab! c'est-à-dire : O Dieu miféricordieux! ayez pitié de nous. "On le lave enfuite avec de l'eau chaude & du favon; &, après avoir brûlé affez d'encens pour chaffer le diable & les autres efprits malins, qui rodent autour de lui, on l'envelope d'un fuaire fans coûture, afin que, dans l'autre monde, il puiffe fe mettre à genoux, lorfqu'il fubira fon jugement. L'ufage de pleurer les morts, en fe roulant dans la pouffiere, & fe couvrant de cendres, eft fort ancien dans l'Orient... Les lamentations des femmes Turques s'entendent de fi loin, qu'elles fuffifent pour annoncer une mort aux voisins les plus éloignés.... Autrefois on expofoit le mort fur une table, comme dans un lit de parade, orné de fes plus beaux habits, & de diverfes fleurs de la faifon; après quoi, on le portoit fur des brancards hors de la ville, dans un lieu destiné à la fépulture des morts. Aujourd'hui, l'on fe contente de le mettre dans une biere, couverte d'un poile convenable à fa profeffion, fur lequel on répand des fleurs pour marquer fon innocence. La loi défend à qui que ce foit de garder un corps mort au-delà d'un jour, & de le porter plus loin d'une lieue. Le Grand-Vifir, s'il meurt en voyage, doit être enterré à la place même, ou dans la ville la plus voifine, pourvu qu'elle foit à la diftance requife. A l'égard du Grand-Seigneur, mourût-il aux extrémités de l'Inde fon fucceffeur le fait embaumer, & un fuperbe convoi le conduit à fa mofquée, s'il en a fait bâtir, ou dans le tombeau de quelqu'un de fes ancêtres.

Les Turcs font follement perfuadés qu'au moment que l'ame quitte le corps, les anges la conduifent au lieu où il doit être inhumé, & l'y retiennent, pendant quarante jours, dans l'attente de ce corps; c'eft ce qui les engage à le transporter au plus vite au lieu de fa fépulture, afin de ne pas faire languir l'ame. Quelquesuns prétendent que les femmes & les filles n'affiftent

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