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tours d'opales et ses portes de vivans saphirs, se dé

couvre à sa vue.

Enfin, il apperçoit au loin une haute structure, dont les marches magnifiques s'élèvent jusqu'aux remparts du ciel...... Perpendiculairement au pied des degrés mystiques, s'ouvre un passage vers la terre.... Satan s'élance sur la dernière marche, et plongeant tout-à-coup ses regards dans les profondeurs au-dessous de lui, il découvre, avec un immense étonnement, tout ce monde à-la-fois.

Voilà donc cette religion barbare, niaise, monacale, ennemie du beau et du génie? Qu'est-ce que Junon allant aux bornes de la terre, en Ethiopie, auprès de Satan remontant du fond du chaos jusqu'aux frontières de la nature? C'est dans ce morceau qu'il faut reconnoître que le merveilleux chrétien n'a d'autre espace que l'immensité.

Sans doute il existe des ouvrages où les mêmes sujets sont présentés sous un autre point de vue; mais le Virgile Travesti, et la caricature d'un tableau de Raphaël, n'ont jamais rien prouvé ni contre l'Enéïde, ni contre la Transfiguration. L'homme est d'ailleurs un être grave par essence; il rit un moment, et pleure des années. Voilà pourquoi il y a des règles pour toutes les sortes d'éloquence et pour tous les genres d'esprit, hors pour la plaisanterie, parce que c'est quelque chose d'étranger à notre nature. C'est donc un

mauvais calcul pour un écrivain, que de ne saisir dans un grand objet que le côté ridicule; c'est renoncer à un moyen presque sûr de réussite, pour tenter le plus difficile des succès.

Le haut genre des beautés répandues dans le voyage de Satan, tranche la question en faveur du merveilleux du christianisme. II y a même dans l'original un effet singulier que nous n'avons pu rendre, et qui tient, pour ainsi dire, au défaut général du morceau : des longueurs que nous avons retranchées, semblent alonger la course de Satan, et donner au lecteur une idée de cet infini, au travers duquel il a passé.

Pour tout homme impartial, une religion qui a fourni tout-à-la-fois un tel merveil leux, et l'idée des amours d'Adam et d'Eve, n'est pas une religion anti-poétique. << Dans tous les autres poëmes, dit M. de » Voltaire, l'amour est regardé comme une » foiblesse; dans Milton seul, il est une » vertu. Le poëte a su lever d'une main » chaste le voile qui couvre ailleurs les plai»sirs de cette passion; il transporte le lec

teur dans le jardin des délices; il semble lui faire goûter les voluptés pures dont » Adam et Eve sont remplis : il ne s'élève " pas au-dessus de la nature humaine, mais

» au-dessus de la nature humaine corrom» pue; et comme il n'y a point d'exemple » d'un pareil amour, il n'y en a point d'une » pareille poésie (1) »

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CHAPITRE X II I.

L'ENFER CHRÉTIEN.

ENTRE plusieurs différences qui distinguent

l'enfer chrétien du tartare antique, une surtout est très-remarquable : ce sont les tourmens qu'éprouvent eux-mêmes les démons. Pluton, les juges, les parques et les furies, ne souffroient point avec les coupables. Les douleurs de nos puissances infernales sont donc un moyen de plus pour l'imagination, et conséquemment un avantage poétique de notre enfer sur l'enfer des anciens.

Dans les champs Cimmériens de l'Odyssée, le vague de la position géographique, les ténèbres, l'incohérence des objets, la fosse où les ombres viennent boire le sang, donnent au tableau quelque chose de formidable, et qui ressemble plus à l'enfer chrétien, que le Ténare de Virgile. Dans celui-ci, l'on peut remarquer les progrès de

(1) Essai sur la poésie épique, ch. 9. Milton.

la morale, et sur tout ceux des dogmes philosophiques de la Grèce. Les Parques, le Cocyte, le Styx se retrouvent avec tous leurs détails dans les ouvrages de Platon. Là commence une distribution de châtimens et de récompenses inconnue à Homère. Nous avons déjà fait remarquer (1) que le malheur, l'indigence et la foiblesse étoient, après le trépas, relégués par les payens dans un monde aussi pénible que celui-ci. O religion de Jésus-Christ, vous n'avez point ainsi sevré nos ames! Nous savons qu'au sortir de ce monde de tribulations, nous autres misérables, nous trouverons un lieu de repos; et si nous avons eu soif de la justice dans le temps, nous en serons rassasiés dans l'éternité. Sitiunt justitiam.... ipsi saturabuntur (2).

Si la philosophie est satisfaite, il ne nous sera pas très-difficile de convaincre les Muses. A la vérité, nous n'avons point d'enfer chrétien traité d'une manière irréprochable. Ni le Dante, ni le Tassé, ni Milton n'est parfait dans la peinture des lieux de douleur.

(1) Première part. sixième liv.

(2) L'injustice des dogmes infernaux, étoit si manifeste chez les Anciens, que Virgile même n'a pu s'empêcher de la remarquer.

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Cependant le grand nombre de morceaux achevés qu'on y trouve, démontre que toutes les parties en avoient été revues avec autant de soin par ces premiers maîtres nous posséderions des enfers aussi poétiques que ceux d'Homère et de Virgile.

CHAPITRE XI V.

PARALLELE DE L'ENFER ET DU TARTARE.

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Entrée de l'Averne. Porte de l'Enfer du Dante. Didon. Françoise d'Arimino. Tourmens des coupables.

L'ENTRÉE de l'Averne dans le sixième livre de l'Eneïde, a des vers d'un fort beau travail.

Ibant obscuri sola sub nocte per umbram
Perque domos ditis vacuas et inania regna.

Palientesque habitant morbi, tristisque senectus,
Et metus, et malesuada fames, ac turpis egestas,
Terribiles visu formæ; letumque laborque,
Tum consanguineus leti sopor, et mala mentis
Gaudia.

Il suffit de lire le latin, pour être frappé de l'harmonie lugubre de ces vers. Vous entendez mugir la caverne où marchent la Sibylle et Enée: Ibant obscuri solâ sub

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