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PROPRE DU TEMPS

A saison liturgique à laquelle préside l'Esprit de sanctification s'est ouverte dans la splendeur d'une lumière toute

nouvelle pour l'Eglise et pour l'àme chrétienne. Sous le bandeau protecteur de la foi, l'œil débile de notre intelligence a pénétré les profondeurs de Dieu 1; au sein des éternelles relations qui constituent la Trinité sainte, il a su distinguer les rapports sublimes qui rattachent l'homme, sorti du néant, à chacune des augustes personnes. L'homme a connu au saint banquet la Sagesse éternelle; le mystère du monde s'est dénoué pour lui dans l'ineffable secret de l'amour et des noces divines. Source de vie, organe de la louange, lieu de rencontre merveilleux des deux amours de Dieu pour l'homme et de l'homme pour Dieu, le Cœur sacré du Sauveur est apparu pour redire à son tour et parfaire dans son unité ces féconds enseignements. L'ordre surnaturel dans sa plénitude rayonne maintenant de tout son éclat sur le monde.

Tels sont les débuts du divin Paraclet. L’Emmanuel lui-même, dans les années de son radieux passage, avait moins profondément illuminé la

1. I Cor, II, 10.

terre. Et pourtant l'Emmanuel était la lumière 1; et l'Esprit, loin de promulguer des dogmes nouveaux, ne fait ici que rappeler au monde 2 les enseignements de celui qui reste à jamais le vrai Maître et docteur de son Eglise 3. Comment donc la lumière est-elle devenue soudain plus brillante au lendemain du départ de notre Emmanuel ? Comment l'Esprit, qui ne devait pas parler de luimême, élargit-il ainsi dès sa venue les horizons célestes? Entendons le mystère.

Sans parler de lui-même, l'Esprit enseigne divinement. C'est du Verbe qu'il reçoit ce qu'il dit à la terre ; il l'écoute, et il parle des mêmes choses à son tour, mais d'une manière qui n'appartient qu'à lui.

Le Verbe éternel est la parole unique dont les multiples échos remplissent dès le commencement l'univers, l'enseignement divin que le jour transmet au jour et que la nuit raconte à la nuit 8; mais trop souvent cette voix puissante de la Sagesse, qui se joue au fond des abîmes comme dans les cieux 10, retentit incomprise. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres n'en sont point dissipées" témoin l'ombre toujours croissante de ces jours de l'attente que l'Eglise. au temps de l'Avent, remettait sous nos yeux, et ce long égarement où l'homme déchu, faussant sa raison même, tournait contre Dieu la lumière de son Verbe 12. Bientôt nous le vîmes ce Verbe divin, après avoir ainsi marqué vainement de son empreinte resplendissante la série des siècles 13, converser sur terre

1. JOHAN. VIII, 12. — 2. Ibid. XIV, 26.

3. Ibid. xIII, 13;

MATTH. XXIII, 8-10; XXVIII, 19-20. 4. JOHAN. XVI, 13.

5. Ibid. 6. Ibid. 14.

9. Sap. XVIII, 15.

5.

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7. Ibid. 13.
10. Eccli. XXIV, 8.

8. Psalm. XVIII, 3.

II. JOHAN. I,

12. Rom. 1, 18-23. 13. Heb. 1, 2; x1, 3.

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avec les hommes comme l'un d'entre eux 1, et traduire en son entier sous des mots humains 2 le céleste message de lumière et de vérité qu'il apportait au monde. L'oreille de chair des fils d'Adam a entendu, leurs yeux ont vu, leurs mains ont touché la parole de vie 3, le Verbe fait chair. Et néanmoins ceux-là même qui l'ont approché de plus près, les ministres prédestinés de la parole ", ses messagers et ses témoins pour les nations n'ont alors rien pénétré de la lumière du royaume de Dieu qui brillait si directement sur eux 7; pour ces futurs semeurs du Verbe dans les âmes 8 l'Emmanuel était toujours le Dieu caché le Verbe incompris 10. Aussi s'en plaignait-il amoureusement dans les touchants adieux du soir de la Cène ! Mais sa plainte était moins encore un reproche aux siens, qu'une prière instante à son Père 12 sollicitant l'envoi de l'Esprit créateur 13 qui pouvait seul transformer leur faiblesse native, et remplir, comme le chante l'Eglise 1, les entrailles mêmes des croyants de la chaleur du Verbe.

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Car c'est là le secret victorieux, l'incomparable mode d'enseignement de l'Esprit d'amour. Si universel et si éclatant que se fût manifesté dans tous les âges le rayonnement du Verbe sur les intelligences 15, si intimes et si familières qu'eussent été avec ceux qu'il appelait ses amis les conférences de l'Emmanuel 16, la vérité toutefois, dans l'un et l'autre cas, ne rayonnait que du dehors, l'enseignement demeurait extérieur; comme le soleil

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1. BARUCH. III, 38.

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2. JOHAN. XV, 15. 3. I JOHAN. I, I. 4. JOHAN. I, 14. 5. Luc. I, 2. 6. Act. 1, 8. -7. Luc.

VIII, 10. 8. Ibid. 11. —

9. ISAI. XLV, 15.

34. 11. JOHAN. XIV, 9. 12. Ibid. 16. 30. 14. Hymn. Pentecost. ad Matut.

10. LUC. XVIII, 13. Psalm. CIII, 15. JOHAN. I, 9.

16. Ibid. xv, 15.

dans la nature, le reflet de la lumière éternelle frappait les surfaces, sans pénétrer au fond des âmes. Comme un torrent impétueux 1, l'EspritSaint au contraire fait irruption dans l'homme même, et entraîne avec lui au plus intime de cet être de néant la vérité substantielle et vivante. Ainsi l'avait annoncé l'Homme-Dieu : « Ces cho<< ses que je vous ai dites en demeurant avec « vous, proclamait le Sauveur, le Paraclet les << dira mieux encore; car il sera non plus seule<< ment avec vous, mais en vous 3. Cette vérité << que vous ne pouvez porter maintenant tout « entière, il vous conduira dans sa plénitude 1. »

C'est qu'en effet son rôle à lui est moins encore de parler que d'agir, d'exposer la doctrine que de la réaliser, par la sanctification, dans l'Eglise et dans l'âme. « L'Esprit tient dans les saints une école merveilleuse, dit saint Cyrille d'Alexandrie: sans s'arrêter aux discours, il produit la science par une démonstration effective, en passant à la créature ce qui est de Dieu, et nous rendant participants de la nature divine 6. » Non seulement donc il purifie les sens, et dégage l'œil intérieur de ses souillures; mais encore, par la vertu de cette action sanctificatrice qui lui est propre, il établit au centre même de la créature divinisée ce royaume de Dieu dont le Sauveur racontait aux pêcheurs de Galilée les grandeurs incomprises. Désormais plus d'incertitude, d'ignorance charnelle ou de grossières méprises; plus d'autre obscurité que celle de la foi, qui ne voit pas encore, mais sait ' et possède 1o par l'Esprit les dons de Dieu. Avec

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1. Psalm. XLV, 5. 2. JOHAN. XIV, 25. 3. Ibid. 17. 4. Ibid. xvi, 12-13 juxta græc. - 5. In Johan. Lib. x et XI, passim.-6. II Petr. 1, 4. — 7. Luc. xvII, 21. — 8. JOHAN. I, 18. 9. I Cor. 11, 12. — 10. II PETR. I, 4.

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