UOIQUE le choix de cet Evangile pour aujourQd'hui ne remonte pas partout à la plus haute antiquité, il entre bien dans l'économie générale de la sainte Liturgie, et confirme ce que nous avons dit du caractère de cette partie de l'année. Saint Jérôme nous apprend, dans l'Homélie du jour, que l'hémorroïsse guérie par le Sauveur figure la gentilité, tandis que la nation juive est représentée par la fille du prince de la synago. gue'. Celle-ci ne devait retrouver la vie qu'après le rétablissement de la première; et tel est précisément le mystère que nous célébrons en ces jours, où, la plénitude des nations ayant reconnu le médecin céleste, l'aveuglement dont Israël avait été frappé cesse enfin lui-même 2. De cette hauteur où nous sommes parvenus, de ce point où le monde, ayant achevé ses destinées, ne va sembler sombrer un instant que pour se dégager des impies et s'épanouir de nouveau, transformé dans la lumière et l'amour: combien mystérieuses et à la fois fortes et suaves nous apparaissent les voies de l'éternelle Sagesse Le péché, dès le début, avait rompu l'harmonie du monde, en jetant l'homme hors de sa voie. Si, entre toutes, une famille avait attiré sur elle la miséricorde, la lumière, en se levant sur cette privilégiée, n'avait fait que manifester plus profonde la nuit où végétait le genre humain. Les nations, abandonnées à leur misère épuisante, voyaient les attentions divines aller à Israël, et l'oubli s'appesantir sur elles au contraire. Lors même que les temps où la faute première devait 1. HIER. in Matth. cap. Ix. - 2. Rom. x1, 25. — 3. Sap. VIII, I. être réparée se trouvèrent accomplis, il sembla que la réprobation des gentils dût être consommée du même coup; car on vit le salut, venu du ciel en la personne de l'Homme-Dieu, se diriger exclusivement vers les Juifs et les brebis perdues de la maison d'Israël 1. Cependant la race gratuitement fortunée, dont les pères et les premiers princes avaient si ardemment sollicité l'arrivée du Messie, ne se trouvait plus à la hauteur où l'avaient placée les patriarches et les saints prophètes. Sa religion si belle, fondée sur le désir et l'espérance, n'était plus qu'une attente stérile qui la tenait dans l'impuissance de faire un pas au-devant du Sauveur; sa loi incomprise, après l'avoir immobilisée, achevait de l'étouffer dans les liens d'un formalisme sectaire. Or, pendant qu'en dépit de ce coupable engourdissement, elle comptait, dans son orgueil jaloux, garder l'apanage exclusif des faveurs d'en haut, la gentilité que son mal, toujours grandissant lui aussi, portait au-devant d'un libérateur, la gentilité reconnaissait en Jésus le Sauveur du monde, et sa confiante initiative lui méritait d'être guérie la première. Le dédain apparent du Seigneur n'avait servi qu'à l'affermir dans l'humilité, dont la puissance pénètre les cieux 2. Israël devait donc attendre à son tour. Selon qu'il le chantait dans le psaume, l'Ethiopie l'avait prévenu en tendant ses mains vers Dieu la première 3. Désormais ce fut à lui de retrouver, dans les souffrances d'un long abandon, l'humilité qui avait valu à ses pères les promesses divines et pouvait seule lui en mériter l'accomplissement. Mais aujourd'hui la parole de salut a retenti dans toutes les nations, sauvant tous ceux qui devaient l'être. Jésus, retardé sur sa route, arrive enfin à la maison vers laquelle se dirigeaient ses pas dès l'abord, à cette maison de Juda où dure toujours l'assoupissement de la fille de Sion. Sa toute-puissance compatissante écarte de la pauvre abandonnée la foule confuse des faux docteurs, et ces prophètes de mensonge qui l'avaient endormie aux accents de leurs paroles vaines; il chasse loin d'elle pour jamais ces insulteurs du Christ, qui prétendaient la garder dans la mort. Prenant la main de la malade, il la rend à la vie dans tout l'éclat de sa première jeunesse; prouvant bien que sa mort apparente n'était qu'un sommeil, et que l'accumulation des siècles ne pouvait prévaloir contre la parole donnée par Dieu à Abraham son serviteur 1. Au monde maintenant de se tenir prêt pour la transformation dernière. Car la nouvelle du rétablissement de la fille de Sion met le dernier sceau à l'accomplissement des prophéties. Il ne reste plus aux tombeaux qu'à rendre leurs morts 2. La vallée de Josaphat se prépare pour le grand rassemblement des nations; le mont des Oliviers va de nouveau porter l'Homme-Dieu, mais cette fois comme Seigneur et comme juge 5. OFFERTOIRE. u fond de l'abîme j'ai crie Dad te, Domine : DoDivers vous, E profundis clamavi Seigneur, exaucez ma prière; mine, exaudi orationem Seigneur ; 1. Luc. 1, 54-55. 2. DAN. XII, I-2. 3. JOEL. III, 2. — 4. Act. I, II. 5 ZACH. XIV, 4. meam de profundis cla- du fond de l'abîme j'ai crié L'acquittement du service que nous devons à Dieu est, de soi, bien au-dessous de la Majesté souveraine; mais le Sacrifice, qui en fait partie chaque jour, l'ennoblit jusqu'à l'infini et supplée aux mérites qui nous font défaut, ainsi que l'exprime la Secrète de ce Dimanche. SECRÈTE RO nostræ servitutis augmento sacrificium tibi, Domine, laudis offerimus ut, quod immeritis contulisti, propitius exsequaris. Per Dominum. yous vous offrons, Sei- Les autres Secrètes comme ci-dessus, page 109. COMMUNION. MEN dico vobis, quidA quid orantes petitis, credite quia accipietis, et fiet vobis. EN 'N vérité, je vous le dis, tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera accordé Entrés, dans les Mystères sacrés, en participation de la vie divine, demandons au Seigneur que nous ne soyons plus accessibles aux dangers d'ici bas Disons avec l'Eglise : Q POSTCOMMUNION. UESUMUS, omnipo tens Deus: ut, quos OUS VOUs Dieu tout-puissant. ne divina tribuis participa- laissez point en butte aux tione gaudere, humanis dangers humains ceux que non sinas subjacere pe- vous avez admis à l'heureuse participation de votre divi- riculis. Per Dominum. nité. Par Jésus-Christ. L Les autres Postcommunions ci-dessus page 110. A VÊPRES. Es Psaumes, les Antiennes, le Capitule, l'Hymne et le Verset, ci-dessus, pages 49-57. JÉSUS ANTIENNE DE Magnificat. ÉSUS se retournant et la voyant, lui dit : Aie confiance, ma fille; ta foi t'a sauvée. Alleluia. T Jesus conversus et A videns eam, dixit: Confide, filia, fides tua te salvam fecit. Alleluia. |