Obrazy na stronie
PDF
ePub

jusqu'à la porte: elles frappent même, et disent: Seigneur, Seigneur! Mais tous ceux qui m'appellent, Seigneur, Seigneur! n'entreront point pour cela dans le royaume des cieux (1). Je n'ai pas trouvé tes œuvres pleines devant mon Dieu (2).

La pénitence tardive frappe vainement, parce qu'elle n'est pas pleine, ni sincère. Viendra le temps qu'encore qu'on frappe, on n'entrera point. C'est ce que disoit saint Jacques: Vous demandez, et vous n'obtenez pas, parce que vous demandez mal (3). Ce qui arrive à ceux qui demandent la prolongation de leurs jours, non pour faire pénitence, mais pour les employer à leurs convoitises. Vient enfin le dernier moment, et les hommes croient qu'on demande bien; mais celui qui sonde les cœurs, sait le contraire, et il nous renvoie, avec les hypocrites et les infidèles, où il y aura des pleurs, et un éternel grincement de dents (4).

En vérité, je vous le dis: Je ne vous connois pas (5). C'est la vérité éternelle qui vous parle, et qui se prend elle-même à témoin. Vos flatteurs vous promettent tout; mais moi je vous tiens un autre langage. Et quel langage? Je ne vous connois pas. Malgré vos bons désirs, vos volontés imparfaites, vos commencemens de vertu, je ne connois en vous ni mon image que j'y avois formée, ni le caractère de chrétien, ni celui d'homme raisonnable, ni rien enfin de solide ni de véritable. Allez, je ne vous connois point: vous n'êtes donc pas de mes brebis; car je connois mes brebis, et je leur donne la vie éter

(1) Matth. vII. 21.— · (2) Apoc. 111. 2. — (3) Jac. iv. 3.- (4) Matth. (5) Ibid. xxv. 12,

XXIV. 51.

nelle (1). Vous n'avez donc rien à prétendre, vous que je ne connois pas. O que me serviront tant d'amis, tant de connoissances! tout le monde, toutes les cours vous louent, vous connoissent; de grandes entrées partout; mais que vous sert tout cela, si Jésus-Christ ne vous connoît pas ?

Cherchez pourquoi Jésus-Christ ne connoît pas ceux qui semblent le connoître si bien, et qui l'appellent deux fois, Seigneur, Seigneur. C'est que celui qui dit, qu'il le connoit, et ne garde pas ses commandemens, est un menteur (2). Mais il en garde une partie : Je ne vous connois pas. Soyez parfait, comme votre Père céleste est parfait (3): autrement il ne vous connoît pas.

XC. JOUR.

Parabole des dix talens, et des dix mines. Matth. xxv. 14-30. Luc. XIX. 12—27.

La parabole des talens, et celle des mines, semble avoir été prononcée en confirmation des dernières paroles que nous avons lues de saint Luc: Celui à qui on donne beaucoup, on lui redemande beaucoup.

A chacun selon sa vertu (4): il parle ici des grâces qui sont données en récompense, ou du moins en conséquence d'autres grâces mais il faut toujours se souvenir qu'il y a les premières grâces qui ne sont pas données de cette sorte, et qui sont absolument (3) Matth. v. 48.

(1) Joan. x. 14, 18. (4) Ibid. xxv. 25.

(2) I. Joan. 11. 4.

gratuites,

gratuites, ce qui paroît en d'autres lieux de l'Evangile. Ici nous avons à considérer la distribution des grâces qui sont les suites des autres, et l'ordre des récompenses. Et ce qu'il y a premièrement à observer, c'est la proportion et les convenances. On donne à chacun selon sa vertu : chacun travaille et profite à proportion de ses talens; chacun est récompensé selon son travail. Celui qui a cinq talens, gagne cing talens. Celui qui en reçoit deux en gagne deux (1). Celui dont la mine en a produit dix, reçoit dix villes : et celui dont la mine en a produit cinq, reçoit eing villes (2) : et il ne reste qu'à admirer l'exactitude de la divine justice, par rapport à l'exactitude et à la fidélité d'un chacun.

Celui qui enfouit son talent et sa mine, est jeté lui-même dans le cachot, et dans les ténèbres : et non-seulement il ne reçoit rien, ce qui lui étoit dû trop visiblement; mais encore il est puni de sa négligence.

Outre la récompense particulière que chacun reçoit à proportion de son travail, tous reçoivent la commune récompense; d'entrer dans la joie de leur Seigneur (3), et d'être rendus participans de sa fidélité.

Tout est donc ici dans une entière proportion; la peine, la récompense. Il y en a une commune à tous pour la fidélité qui l'est aussi : il y en a de particulières selon la diversité du travail : et tout l'ordre de la justice est accompli. O Dieu ! je chanterai vos louanges sur votre justice, et sur votre vérité.

Il paroît par la même raison de proportion et

(1) Matth. xxv. 20, 22.

XXV. 21,
23.

BOSSUET. 1x.

(2) Luc. xix. 16, 17, 19. — (3) Matth.

25

d'égalité, que si celui qui avoit reçu cinq talens ou deux talens, avoit été paresseux, il auroit été plus puni que celui qui n'en avoit reçu qu'un; et il n'y a plus à chacun qu'à examiner ce qu'il a reçu, pour voir ce qu'il a à craindre. O mon Dieu! que vous ai-je rendu pour la foi que vous m'avez donnée; pour tant de saintes instructions; pour tant de lumières; pour tant de crimes pardonnés; pour tant de temps, et pour votre longue patience! O Dieu! que vous ai-je rendu? et ne vous ayant rien rendu, que dois-je craindre ?

[ocr errors]

Entrez dans la joie de votre Seigneur : jetez ce mauvais serviteur dans les ténèbres extérieures (1). L'un est mis dedans, l'autre dehors: l'un dans la joie, et dans la lumière, l'autre dans le désespoir et dans les ténèbres. O heureux sort de l'un! O cruel partage de l'autre !

Entrez dans la joie de votre Seigneur. « La joie >> entre en nous, lorsqu'elle est médiocre : mais nous >> entrons dans la joie, dit saint Augustin, quand elle >> surmonte la capacité de notre ame, qu'elle nous » inonde, qu'elle regorge, et que nous en sommes >> absorbés; qui est la parfaite félicité des saints ».

Ce qui fait le malheur de ces ténèbres, c'est qu'elles sont extérieures. La seule séparation rend le malheur des réprouvés extrême et insupportable: de là ce pleur éternel, de là ce grincement de dents. Si vous n'êtes mis dedans; si vous n'entrez dans la joie; toutes sortes de maux tombent sur vous, et la seule séparation vous les attire.

Chassez le serviteur inutile, et mettez-le où règne (1) Matth. xxv. 22, 30.

le désespoir. S'il n'avoit rien reçu, il n'auroit pas tant à s'affliger; mais il a eu le talent; il l'a négligé : c'est pourquoi son déplaisir n'a point de mesure.

Pleur, et grincement de dents (1). Profonde tristesse dans l'un, et rage dans l'autre. Il est en fureur contre lui-même, parce qu'il n'a à imputer qu'à lui-même, le malheur dont il est accablé.

Je sais que vous êtes un homme difficile: vous moissonnez où vous n'avez point semé : vous ramassez où vous n'avez point répandu (2). A Dieu ne plaise, que Dieu soit ainsi : car, où n'a-t-il pas semé, et quels dons n'a-t-il pas répandus? Mais Jésus-Christ nous veut faire entendre par cette espèce d'excès, combien est grande la rigueur de Dieu dans le compte qu'il redemande. Car il n'y a rien qu'il n'ait droit d'exiger de sa créature infidèle et désobéissante, dont le fonds étant à lui tout entier, il a droit de punir son ingratitude des plus extrêmes rigueurs. Serviteur mauvais et paresseux (3) : Mauvais, parce qu'il est paresseux qui doit tout à la divine justice, seulement pour n'avoir rien mis à profit pour elle.

:

Tu seras jugé par ta bouche (4). La lumière de la vérité qui parle en nous, prononcera notre sentence chacun avouera son crime, et ordonnera son supplice. On aura d'autant moins de consolation, qu'il ne restera aucune excuse, ni par conséquent aucune espérance, aucun adoucissement : car on prononcera cela même contre soi, qu'il n'y en doit avoir aucun. De là cette profondeur et cet abîme

(1) Matth. xxv. 30. (2) Ibid. 24.

XIX. 22.

(3) Ibid. 26..

(4) Luc.

« PoprzedniaDalej »