Obrazy na stronie
PDF
ePub

ABE

parut avoir oublié que le zéle qui n'est pas réglé par la charité, deshonore Dieu & la Religion. Abélard s'acquit plus d'honneur que fon adverfaire dans cette dispute. Il protefta que fon intention n'étoit pas de foutenir les erreurs qui pouvoient lui être échapées. Il fe condamna lui-même, & publia une profeffion de foi entierement conforme à celle de l'Eglife Romaine.

ABEL, fecond fils d'Adam, & le cadet de Caïn. L'Ecriture nous apprend que l'union ne regna pas longtemps entre ces deux freres. Abel, qui étoit pasteur, ayant offert à Dieu les prémices de fon troupeau, & Caïn, cultivateur, ayant préfenté des fruits de la terre, Dieu, dont les fecrets font impénétrables, agréa l'offrande d'Abel, & ne regarda point celle de fon frere. Caïn en conçut une horrible jaloufie contre Abel, & le tua. Moyfe ne nous dit rien de plus, quànt aux motifs & aux circonftances de ce meurtre. Tout ce qu'on en peut dire fe réduit à des conjectures,

ABELIENS, ou ABÉLOITES, ou ABÉLONITES, ou ABÉLONIENS: nom d'une fecte d'hérétiques, qui s'établirent près d'Hippone en Affrique, fous l'Empire d'Arcadius. Ils prétendoient que le mariage étoit une union purement fpirituelle; & conféquemment ils vouloient que l'homme vécût dans la continence avec fa femme. Ils rendoient cette pratique bien difficile en ce qu'ils pofoient pour principe, qu'il ne falloit pas que l'homme fût feul, mais qu'il devoit fe choisir une compagne, & paffer fes jours avec elle. Ils s'appuyoient de l'exemple d'Abel, qui, difoient-ils, n'avoit jamais connu fa femme, quoiqu'il eût été marié. C'étoit de ce patriarche qu'ils avoient pris leur nom. Comme les époux qui embraffoient cette fecte, s'engageoient à ne point avoir d'enfants, ils y fuppléoient par l'adoption d'un garçon & d'une fille, qui fuccédoient à leurs biens, & qui contractoient les mêmes engagements.

ABELLION, divinité Gauloife, qui ne nous eff connuë que par quelques infcriptions trouvées dans F'Aquitaine. Elles ont donné lieu, comme on peut croire, à bien des conjectures, dont aucune n'est fatiffaifante.

ABEONE & ADEONE, divinités que les Payens invoquoient, lorfqu'ils entreprenoient quelque voyage. Adéone peut venir du mot latin Adeo, je vais, j'entre.

ABIATHAR, nom d'un grand-prêtre du peuple Hébreu, que Salomon priva de fa dignité, parce qu'il s'étoit déclaré pour Adonias, frere de ce Prince, après la mort de David. Abiathar étoit de la race d'Héli; & ce fut dans fa perfonne que s'accomplit la prédiction que Dieu avoit faite autrefois à ce grand - prêtre, qu'il détruiroit fa poftérité, à cause des crimes de fes deux fils.

ABJURATION : on appelle ainfi une déclaration publique & folemnelle, par laquelle un hérétique ou un homme engagé dans une profeffion infame, renonce à fon erreur, ou à fa profeffion.

1. Lorfqu'un Juif veut quitter le Judaïfine pour embraffer la Religion Chrétienne, on le fait jurer fur les Livres de Moyfe & de l'ancien Teftament, que c'est du fond du cœur & fincerement, qu'il renonce à fa religion. On prend, fur-tout dans l'Eglife gréque, les plus grandes précautions pour s'affurer de la folidité de la converfion d'un Juif. Il faut qu'il protefte, en préfence du prêtre, qu'il n'eft engagé par aucune vue hnmaine à quitter le Judaïfine. Il faut qu'il prononce anathême 'contre le culte Judaïque, contre les différentes fectes qui en dérivent, & même contre le Meffie que les Juifs attendent. Puis, on lui fait réciter fa confeffion de foi," après laquelle il jure de n'avoir plus aucun commerce avec les Juifs, & fe dévoue à toutes les malédictions de la loi, s'il retourne jamais à la religion qu'il a quittée. Malgré toutes ces précautions, il n'est pas rare de voir des Juifs convertis rentrer dans la fynagogue.

2. En Espagne ou en Portugal, lorfqu'un hérétique, retenu dans les prifons de l'Inquifition, fe détermine, par la crainte du fupplice, à faire abjuration de l'hérésie dont on l'accuse, les inquifiteurs font annoncer au peuple, qu'un tel jour, à telle heure, dans une telle Eglise, un hérétique pénitent abjurera fes erreurs; que cette abjuration fera précédée d'un fermon fur la foi, & que ceux qui s'y trouveront préfents, gagneront des indul

[ocr errors]
[ocr errors]

gences. Au jour marqué, il fe fait ordinairement un grand concours de peuple dans l'églife indiquée. Le coupable y paroît, placé fur une eftrade élevée. On commence par célébrer une meffe. Après l'évangile, Pinquifiteur, ou quelqu'autre, fait un fermon contre l'héréfie en général, & particulierement contre celle que le coupable doit abjurer. Le fermon fini, le prédicateur dit au peuple:,, Mes freres, celui que vous voyez-là est tombé dans l'héréfie, contre laquelle je viens de vous ,, prêcher, comme vous le verrez par la lecture qu'on va faire." Alors un religieux, ou un clerc, fait, à haute voix, la lecture d'une lifte où font contenues les erreurs dans lesquelles eft tombé l'hérétique pénitent. L'inquifiteur, après cette lecture, demande au coupable s'il avoue qu'il a foutenu une pareille héréfie, & s'il eft difpofé à y renoncer? Sur fa réponse affirmative, on lui fait faire une abjuration générale de toute héréfie, & une particuliere de celle dont il a été convaincu. On exige auffi de lui une promeffe de déférer tous les hérétiques qu'il connoîtra, & de fe foumettre humblement à la pénitence que l'inquifiteur jugera à propos de lui impofer. Il y a toujours un greffier qui dreffe un procès-verbal très-exact de l'abjuration de l'hérétique; & il a grand grand foin d'y inférer que l'hérétique abjure, comme convaincu d'héréfie par fa propre confeffion, afin que, s'il retombe, il foit puni comme relaps; c'est-à-dire brûlé fans miféricorde. L'inquifiteur fait enfuite à l'ab jurant une exhortation charitable, & vraiment paternelle, par laquelle il le conjure d'éviter à l'avenir la moindre fufpicion d'héréfie, faute de quoi il ne pourroit fe difpenfer, en confcience, quoiqu'à fon grand regret, de te faire brûler tout vif; après quoi, il l'abfout de l'excommunication majeure qu'il avoit engouruë; &, pour réparation de la faute qu'il a commife, il lui impofe une pénitence; & quelle pénitence! d'être expofé, pendant une demi-journée, aux regards du peuple, fur la porte d'une églife, révêtu d'un fcapulaire brun avec des croix jaunes devant & derriere, puis d'être enfermé pour toute la vie dans une affreufe prifon, & nourri au pain & à l'eau. Il n'eft pas étonnant que plufieurs héré

tiques préférent le fupplice du feu à une pareille péni

tence.

Les inquifiteurs ne fe contentent pas d'exiger une abjuration formelle de ceux qui, de leur propre aveu, fe reconnoiffent hérétiques : ils l'ordonnent aussi à ceux qui font fimplement foupçonnés d'héréfie, avec cette différence que la pénitence, qui fuit l'abjuration, est moins grave. Ceux contre lefquels on n'a qu'un foupçon léger, en font quittes pour une punition peu confidérable, au choix de l'inquifiteur. Ceux qui font fortement foupçonnés, font condamnés à la prison, pour un certain temps, ou bien à faire quelque pélerinage. Si le foupçon eft violent, la perfonne est condamnée à porter le fcapulaire brun avec les croix jaunes, qu'on nomme San-benito; à fe tenir avec cet habit à la porte de telle églife, aux grandes fêtes de l'année, & à refter, un certain temps, en prison.

ABLUTION: cérémonie préparatoire, commune à plufieurs religions, laquelle confifte à laver ou nettoyer quelque chofe. 1. Dans le paganifme, l'ablution confiftoit à fe laver le corps avant de faire quelque facrifice. Il y avoit, pour cet effet, de grandes cuves placées à la porte des temples. Cet ufage étoit le même chez les Juifs. Les Mahométans, qui l'ont emprunté du Judaïfie, font très-fcrupuleux fur l'ablution, qu'ils pratiquent de plufieurs manieres différentes. Voyez ABDEST, GOUL, TAHARET. Dans la Religion Chrétienne, on entend par ablution, le peu d'eau & de vin qu'on prenoit autrefois, après avoir communié, pour faciliter lá confommation de l'Hoftie. Cette pratique eft encore ufitée aux ordinations, & quelquefois aux premieres Communions. Enfin, en liturgie, ablution fignifie l'eau qui fert à laver les doigts du prêtre & le calice après qu'il a communie.

2. Les Juifs modernes commencent par fe laver le vifage & les mains, auflì-tôt qu'ils font levés. Avant cette ablution, ils n'oferoient toucher à quoi que ce foit. Certains Rabbins, qui raffinent fur le pratiques extérieures du culte, prétendent qu'on ne doit point jetter à terre l'eau dont on s'eft fervi pour fe laver, de peur.

que, fi quelqu'un marchoit fur cette eau impure & fouillée, il ne contractât par la même quelque fouillure.

Quelques Rabbins fcrupuleux ont étendu fi loin la néceffité des ablutions, qu'ils ont décidé que c'étoit un auffi grand crime de manger fon pain, fans s'être lavé les mains, que d'avoir commerce avec une femme débauchée.

3. Sur la côte de Malabar, on voit, à l'entrée des temples des idoles, un baffin où fe lavent ceux qui viennent adorer la divinité.

4. Les Négres de la côte de 'Guinée ont coûtume de fe laver, tous les matins, en l'honneur de leurs Fétiches. Les jours de fêtes, ils emploient plus de foin & plus de temps à ces ablutions. Après s'être lavés, ils fe font, dans la même intention, des raies blanches fur le vifage, avec une terre affez femblable à la chaux.

5. Le dernier jour de l'année, le roi de Tonquin va fe baigner dans la riviere avec tous fes courtifans.

6. Le premier jour de la pleine lune du cinquieme mois de l'année eft folemnifé, dans le royaume de Siam, par une ablution générale. Les Talapoins lavent les idoles avec des eaux parfumées; mais ils ne leur lavent point la tête; ils croiroient en cela manquer de refpect à la divinité, Après avoir lavé les idoles, ils rendent le même office à leur fupérieur : les Talapoins font lavés à leur tour par les féculiers; & le fupérieur reçoit auffi de leurs mains une feconde ablution. Chacun fe lave auffi, dans les familles; de maniere que le plus jeune rend toujours ce devoir aux plus anciens. L'exacte modeftie eft quelquefois bleffée dans cette cérémonie; car, fans aucune diftinction de fexe, les enfants lavent leurs parents, & fe lavent entr'eux,

7 Les Indiens ont une vénération finguliere pour le fleuve du Gange. Ils regardent fes eaux comme facrées, & très-propres à purifier ceux qui s'y baignent, de toutes les fouillures qu'ils peuvent avoir contractées : peut-être que les qualités de l'eau de ce fleuve, qui eft extrêmement claire & tranfparente, &, en même temps, trèsfalutaire pour ceux qui en boivent, ont engagé les Indiens fuperftitieux à lui attribuer une vertu fanctifiante.

« PoprzedniaDalej »