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dans la vie d'Aaron, c'est d'avoir confenti que les Juifs élevaffent le veau d'or, pendant que Moyfe étoit fur la montagne. La violence que lui fit ce peuple superstitieux, ne peut excufer une telle condefcendance. II douta auffi, comme fon frere, de l'effet des promeffes que Dieu faifoit à fon peuple, de lui donner la terre de Canaan; c'eft pourquoi il fut privé, comme Moyfe, du plaifir d'entrer dans cette terre de bénédiction, & mourut à l'âge de cent vingt-trois ans, l'an du monde 2552, avant l'ére chrétienne 1452. Le nom d'Aaron fignifie en hébreu montagne forte.

Aaron eft encore le nom dont les Juifs modernes appellent une arche ou armoire qui eft dans leur fynagogue, du côté de l'orient, & où ils enferment le livre de la loi; & c'eft, difent-ils, en mémoire de l'arche d'alliance, qui étoit dans le temple.

AB, Abba, Abbas, ABBÉ : ces mots, qui différent de terminaifon, fuivant les différentes langues auxquelles ils appartiennent, fignifient la même chofe, c'est-à-dire pere, Voyez ABBÉ.

ABADIR ou AB-ADDIR, eft, fuivant la fable, le nom de la pierre envelopée de langes, que Rhéa, femme de Saturne, fit donner à fon époux, au lieu du petit Jupiter qu'elle venoit de mettre au monde, & que ce Dieu gourmand dévora. Plufieurs raifons avoient déterminé Saturne à faire de ces fortes de repas; premierement fa gloutonnerie insatiable, ce qui fit, fans doute, qu'on l'honora comme le Dieu du temps, qui dévore & confume tout; en fecond lieu, la crainte qu'avoit ce Dieu que fes fils ne le déthrônaffent. Les oracles, ou plutôt le deftin, fupérieur à tous les Dieux, avoit prédit à Saturne que fes enfants le chafferoient du ciel. Voyez RHEA, SATURNE, JUPITER, DESTIN. ABBA plufieurs infulaires, voifins des ifles Philippines, donnent ce nom à la Divinité.

ABBASSIDES. Voyez CALIFE.

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ABBAYE on appelle ainfi les monafteres d'hommes & de femmes, dont les fupérieurs portent le titre d'Abbé ou d'Abbeffe. L'origine des abbayes de femmes en France, eft attribuée à la reine Radegonde, quatrieme

femme de Clotaire I, qui fonda, vers l'an 567, le monaftere de Sainte Croix à Poitiers, & dont l'exemple fut fuivi de plufieurs autres princeffes ou dames de qualité. On compte en France plus de dix-fept cent abbayes. Le nombre des fimples couvents eft encore plus confidérable.

ABBÉ : ce nom est dérivé du mot hébreu Ab, ou du fyriaque Abba, qui tous deux fignifient pere. On le donnoit autrefois aux fupérieurs des monafteres qui étoient en effet les peres fpirituels de leurs moines. Les abbés ont quelquefois été indépendants de la jurisdiction des ordinaires des lieux. Quelques-uns ont été décorés de la mitre & de la croffe, & ont obtenu de conférer la tonfure & les ordres mineurs. On prétend même que l'abbé de Citeaux obtint du pape Innocent VIII le pouvoir d'ordonner des diacres & des fous-diacres. Les abbayes étant devenues puiffamment riches par les libéralités des dévots, les princes féculiers s'en emparerent, & joignirent le titre d'Abbé à ceux de Duc, Comte, &c. On en trouve des exemples fréquents dans l'Hiftoire. Divers conciles s'efforcerent de réprimer cet abus, qui ne put cependant jamais être entiérement aboli, & dont on trouve encore des reftes dans l'ufage de donner des abbayes en commende à des clercs féculiers, qu'on nomme abbés commendataires. Ils jouiffent des deux tiers du revenu de l'abbaye, fans avoir fur les moines aucune jurisdiction, & fans exercer aucune des fonctions qui puiffent leur mériter le titre de pere. Ces commendes n'étoient d'abord confiées que pour un temps. I falloit une dispense du pape pour les obtenir; preuve que « cela étoit contre les régles. Mais, dans la fuite, les commendes font devenues perpétuelles, & fe font tellement multipliées, que la plupart des abbayes ont des abbés commendataires nommés par le roi, & munis d'une bulle du fouverain pontife.

La véritable origine du nom d'abbé fe conserve cependant encore aujourd'hui dans plufieurs abbés réguliers, fupérieurs de leurs monafteres : ce font les feuls abbés véritables. Ils jouiffent auffi de tous les priviléges de la dignité abbatiale. Quoique fouvent le

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abbés commendataires faffent un plus grand rôle dans le monde, l'Eglife met les reguliers au-deffus d'eux puifque ceux-ci prennent féance dans les conciles, non pas les autres. Quelques abbés ont porté le titre d'Abbé-Cardinal, entr'autres, l'abbé de Cluny, qui fe faifoit auffi nommer l'Abbé des abbés, & l'abbé de la Trinité de Vendôme. Dans l'Eglife gréque, il s'eft trouvé des abbés qui prenoient la qualité d'Univerfels. Les curés de l'Eglife primitive ont été quelquefois nommés abbés. Dans le XIV fiécle, le chef de la répu blique de Génes fut appellé l'Abbé du peuple. Ce titre eft aujourd'hui fi commun, qu'on le donne gratuitement au moindre clerc; &, loin d'honorer la perfonne, c'est prefque toujours la perfonne qui l'honore.

ABBESSES: fupérieures de religieufes & de chanoineffes. On remarque qu'on a donné autrefois des abbayes de filles à des princeffes qui étoient' mariées, & qui, vivant avec leurs époux, portoient le titre d'Abbeffes. Il s'eft auffi trouvé quelques abbeffes qui ont prétendu que leur dignité leur donnoit le droit de confeffer leurs religieufes, & qui ont voulu foumettre des clercs à leur jurisdiction.

ABBUTO: nom d'un Dieu du Japon, invoqué particuliérement dans les maladies chroniques, & dans les voyages fur mer.

ABDEST, eft la premiere ablution des Turcs. Leur législateur n'a fait que remettre en vigueur cette cérémonie qui étoit en ufage long-temps avant lui chez les descendants d'Ifmaël. Comme l'eau, difent les Mahométans, purifie de toutes les fouillures & du corps & de l'ame, ils font auffi d'une exactitude fcrupuleuse fur cet article.

L'Abdest se fait avant d'entrer dans la mosquée, pour fe prépaper à la priere & à la lecture de l'Alcoran. On fe lave d'abord les mains & les bras, enfuite le front, Te haut de la tête, les oreilles, après les avoir nettoyées foigneufement, le vifage, les dents, le deffous du nez, & les pieds. Mais, en hyver & dans certains temps pour les femmes, on fe contente de défigner par quelques marques extérieures les endroits ci-deffus nommés.

Mahomet, qui a tout prévu, régle auffi pour cette premier ablution la quantité d'eau qu'on doit y employer. Un des auteurs, qui ont traité fort au long cette pratique religieufe, dit qu'il faut un demi-batman, ou une pinte d'eau environ, pour fe laver par-devant & par derriere, un autre demi-batman pour les mains & le vifage, & autant pour les pieds. Si pourtant l'on étoit fur le bord d'un fleuve, ou près de la iner le légiflateur permet de n'être pas fi exact fur cet objet. Voyez GOUL ou GUSUL & TAHARET.

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ABDIAS: nom d'un prophete Hébreu, dont l'ou vrage est au nombre de nos Livres faints, & l'un de ceux qu'on appelle petits propbetes.

ABECEDAIRES ou ABÉCÉDARIENS, hérétiques du feizieme fiécle, ainfi nommés, parce qu'ils prétendoient que, pour être fauvé, il falloit ignorer jufqu'à fon ABC, c'est-à-dire, ne pas même connoître les premieres lettres de l'alphabet. Quelque temps après que Luther eut infecté l'Allemagne de fa doctrine pernicieuse, un certain Storck, fon difciple, enfeigna que chaque fidele pouvoit connoître le fens de l'Ecriture auffi bien que le docteurs, & que c'étoit Dieu feul qui en donnoit l'intelligence à tout homme, fans le fecours des livres & des fciences. L'étude même, felon eux, n'étoit capable que de donner des distractions, & d'empêcher d'être attentif à la voix de Dieu. On rapporte à ce fujet un trait plaifant. Carloftad, célébre profeffeur de théologie à Wittemberg, & fectateur de Luther, voulant accréditer la fecte des Abécédaires, ou peut-être s'en moquer, renonça publiquement à sa qualité de Docteur; foula aux pieds robe, bonnet & calotte, & fe fit porte-faix.

ABELARD. (Pierre) L'hiftoire des amours & des malheurs d'Abélard n'eft point du reffort de cet ouvrage : nous ne parlons ici que des erreurs qui lui font échapées dans fes ouvrages théologiques. La matiere, que ce fçavant homme entreprit de traiter, étoit trop délicate pour que fes ennemis, qui étoient en grand nombre n'y trouvaffent pas un prétexte de l'accufer d'héréfie. Abétard, en dévelopant le myftere impénétrable de la Trinité, s'étoit fervi de certaines expreffions hardies,

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qui pouvoient recevoir un fens peu orthodoxe. Il s'étoit engagé trop avant dans cet abyfime que l'homme ne peut fonder. Des théologiens, jaloux de fa réputation, rele, verent, dans fon ouvrage, plufieurs fentiments erronés, & le déférerent comme hérétique au concile de Soiffons, Abélard, ayant comparu dans cette affemblée, protesta qu'il fe foumettoit à la croyance de l'Eglife, rétracta fes erreurs, & brûla lui-même fon livre, Sa foumiffion & fa modeftie n'empêcherent pas que, vingt ans après, Guillaume, abbé de S. Thierri, ne s'élevât contre Abélard, & ne tirât de fes ouvrages quatorze propofitions contraires à la faine doctrine. Ces propofitions étoient, 1° qu'il y a des degrés dans la Trinité; 2 que le Saint-Esprit n'eft pas de la fubftance du Pere, ni de celle du Fils; 3 que l'homme n'a jamais été foumis au pouvoirdu Diable, & que J.C.s'eft incarné pour inftruire les hommes, & non pas pour les délivrer; 4 que le Saint-Esprit eft l'ame du monde; 5 que J. C. Dieu & Homme, n'eft pas la troifieme perfonne de la Trinité; 6o que nous pouvons faire le bien de nous-mêmes, fans le fecours de la grace; 7 que, dans le Sacrement de l'autel, la forme de la premiere fubftance demeure en l'air; 8° qu'on ne tire pas d'Adam la coulpe du péché oiiginel, mais la peine; 9 qu'il n'y a point de péché, fans que le pécheur y confente, & fans qu'il méprife Dieu; 10. O que la concupifcence, la délectation & l'ignorance ne produifent aucun péché, 11 que le Diable tente les hommes d'une maniere phyfique ; c'eft-à-dire, par l'attouchement de certaines pierres, herbes, ou autre chofe, dont il conconnoît la vertu ; 12° que la foi eft le jugement ou l'eftimation qu'on fait des chofes qu'on ne voit pas; 13 que Dieu ne peut faire que ce qu'il a fait & que ce qu'il fera; 14 que J..C. n'eft point defcendu aux enfers. Parmi ces propofitions, il y en a quelques-unes qui n'attaquent point la foi; les autres, ou furent retractées par Abélard, ou ne fe trouvent point dans fes ouvrages. Cependant, le zélé Guillaume fit grand bruit. Il envoya les propofitions à St. Bernard, qui, par un zèle encore plus amer que celui de l'abbé de St. Thierri, s'emporta en invectives & en injures atroces contre Abelard, &

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