Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Bafus foixante & fetze propofitions, qui ne faifoient que déveloper le fyftême que nous venons d'expofers on les envoya au tribunal du pape Pie V, qui les condamna par une bulle dans laquelle il s'exprime ainfi : Lefquelles propofitions mûrement examinées, en notre préfence, quoiqu'à la vérité il y en ait quelquesunes qu'on puiffe foutenir en quelque forte, prises néanmoins dans la rigueur & dans le fens propre des termes de leurs auteurs, nous les condamnons, &c.” Ce jugement confirmé depuis par Grégoire XIII & par Urbain VIII, n'eut pas l'effet qu'on avoit droit d'attendre en ce cas. Il ne fervit qu'à envenimer la querelle & à augmenter l'animofité entre les deux partis. Sur des matieres auffi délicates & auffi épineufes que le font celles de la Grace & de lá Liberté, on pouvoit combatre éternellement, fans qu'on fçût à la fin lequel avoit raifon. Le grand point de la queftion étoit de fçavoir quel avoit été fur ces matieres le véritable fen timent de S. Auguftin; car les deux partis prétendoient ne parler que d'après ce faint docteur. C'eft du milieu de ces difputes qu'on vit éclorre le célébre fyftême connu fous le nom de JANSEN IS ME. Voyez cet article.

BATANISTES. On donne ce nom aux fectateurs des opinions de Baïus.

BAIRAM. C'eft le nom des deux feules fêtes que les Mufulmans aient dans leur religion; je dis des deux feules fêtes, parce qu'elles font les feules prescrites par l'Alcoran les autres paffent moins pour des devoirs d'obligation, que pour des pratiques pieufes ; & ne font, felon eux, que pour éprouver l'obéiffance & la fidélité des croyants dans des points plus effentiels. Tel eft le Meuloud, ou la naiffance de Mahomet. Tel eft encore le vendredi, que nous regardons comme le dimanche des Mufulmans, dont toute la folemnité confifte à aller faire, fi on le peut, une courte priere, le matin, à la mosquée; ce qui n'empêche pas de travailler le reste du jour, ou de vaquer à fes affaires. Il n'en eft pas ainfi des deux bairam.

Ce font des fêtes mobiles qui, dans l'efpace de tren

te-trois ans ; tombent dans toutes les faifons & dans tous les mois de l'année, parce que l'année Musulmane est lunaire, & avance, tous les ans, d'onze jours. La premiere de ces fêtes arrive le premier de la lune, qui fuit celle de Ramadan, pendant laquelle eft leur carême. Qu'il me foit permis de reprendre la defe iption que j'en ai faite ailleurs. Auffi-tôt que les perfonnes chargées d'obferver la nouvelle lune ont apporté qu'elles ont vu le croiffant, tous les canons du ferrail & de l'arfenal se font entendre. A ce fignal, les travaux ou le fommeil font interrompus. Il n'eft plus queftion de jeûne, & l'on ne fonge par-tout qu'à fe réjouir. Le Grand-Seigneur lui-même prend part à l'allégreffe pu blique. Ses appartements font alors magnifiquement ornés. Affis fur fon thrône, il reçoit les vœux & les préfents des grands de fa cour & c'est ordinairement ce jourlà qu'il diftribue fes graces & fes bienfaits.... Cette fête du Bairam, qui dure trois jours, tient tout-à-la-fois de la pâque des Juifs, de notre carnaval & de notre premier jour de l'an. Les dévots d'entre les Turcs s'affemblent, le matin, dans les mosquées où l'on fait les prieres publiques plus longues qu'à l'ordinaire. Les Imans y lifent plufieurs chapitres de l'Alcoran, fur-tout ceux qui traitent de la paix & de l'union. Ils accompagnent ces lectures de fermons, dont le fujet, dans ce temps, eft toujours l'amitié fraternelle & le pardon des injures. Touchés de ces exhortations, on voit les auditeurs s'embraffer les uns les autres, fe fouhaiter réciproquement toutes fortes de biens; & s'inviter à feréjouir au fortir de la mofquée; ce qu'ils ne manquent jamais de faire. La même chofe fe pratique dans les rues & dans les maifons, où chacun fe fait & s'envoie des présents. A l'exemple des Juifs, ils tuent, dans chaque famille, un mouton qu'ils appellent l'agneau pafeal, & qu'ils mangent avec beaucoup de folemnité. Les excès de débauche fuivent ce feftin , qui fe renouvelle les deux jours fuivants,

Le fecond Bairam arrive foixante & dix jours après le premier. C'eft le plus folemnel, fuivant l'auteur des Rits & Cérémonies de la Mèque, quoique la plûpart

des auteurs Européens prétendent le contraire & donnent, en conféquence, à cette fête, le nom de petit Bairam. Au refte, les folemnités font, à peu de chofe près, les mêmes pour ces deux fêtes.

BAISE-MAIN: on appelle ainfi l'offrande que l'on fait à un curé, lorsqu'on va baiser l'inftrument de la paix. BAITOSITE fecte des Juifs, qui eut pour chefs Sadoc & Baitos. Ce dernier lui donna fon nom. Cette fecte eft la même que celle des Saducéens.

BAIUS. Voyez BAÏANISME.

BAIVE: c'est le nom d'un dieu prétendu, que les Lapons idolâtres adorent comme l'auteur de la lumiere & de la chaleur. Quelques-uns prétendent que c'eft le foleil; d'autres, que c'eft le feu. Le plus grand nombre penfe que Baive n'eft qu'un furnom du dieu Thor, qui défigne le pouvoir qu'il a de produire la lumiere & la chaleur.

[ocr errors]

BALAAM. Voici l'histoire de ce prophéte, telle qu'elle est décrite au livre xxij des nombres. Balac roi des Moabites, voyant que les peuples voifins avoient été défaits & taillés en piéces par les Ifraëlites, craignit le même fort pour fes fujets, & pour lui-même ; &, croyant détourner un pareil malheur, il envoya des députés à un fameux devin, nommé Balaam, en qui il avoit une grande confiance, pour lui apprendre le fujet de fes craintes, & l'inviter à venir auprès de lui, pour maudire fes ennemis; car il étoit perfuadé que tous ceux que Balaam béniffoit, étoient bénis, & que tous ceux qu'il maudiffoit, étoient maudits. Les députés étant arrivés devant Balaam, & lui ayant expofé leur commiffion, avec une fomme d'argent confidérable, Balaam ne leur fit pour lors aucune réponse, & les retint à loger chez lui. Pendant la nuit, il confulta le Seigneur qui lui défendit de faire ce voyage. Ainfi, dès le lendemain, il renvoya les députés Moabites, leur difant que Dieu ne lui permettoit pas de fatisfaire le roi de Moab. Ce prince s'imagina que la fomme, envoyée au prophéte, n'étoit pas affez confidérable, & que les députés n'étoient pas d'une affez grande qualité. Il dépêcha vers Balaam une ambaffade beau

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

coup plus brillante, & lui fit dire qu'il étoit prêt à lui accorder tous les biens & tous les honneurs qu' demanderoit, pourvu qu'il voulût venir le trouver ,, Quand le roi de Moab, répondit Balaam, me don neroit de l'or & de l'argent plein fon palais, je ne » pourrois pas changer la parole du Seigneur, ni dire autre chofe que ce qu'il me fuggérera. Il confulta encore une feconde fois la volonté de Dieu, qui lui permit d'aller trouver Balac. Auffi-tôt il équipa fon âneffe, & partit de grand matin. Dans la route, l'ange du Seigneur, l'épée nue à la main, se présenta devant l'âneffe, & lui infpira une telle frayeur, qu'elle fe détourna de la grande route pour fe jetter à travers les champs, quoique Balaam n'épargnât pas les coups pour la faire fuivre le droit chemin. L'ange du Seigneur fe fit encore voir à l'âneffe dans un fentier étroit, entre deux murailles qui fervoient à enclorre des vignes. L'âneffe épouvantée fe colla contre une des murailles, & écrafa le pied du pauvre Balaam, qui crioit en vain & faifoit pleuvoir des coups fur l'animal rétif. L'ange s'offrit, une troifieme fois, aux regards de l'àneffe, dans un chemin fi étroit, qu'il n'y avoit pas moyen de fe détourner ni à droite ni à gauche. L'animal, faifi de frayeur, fe coucha par terre. Balaam irrité commença à battre cruellement fon àneffe, qui, ne pouvant plus fouffrir un fi dur traitement, ouvrit la bouche par la permiffion de Dieu, & dit à fon maître ? ,, Que t'ai-je fait? Pourquoi me frapes-tu? Voici déja la troifieme fois que tu me maltraites fans raifon.... Tu n'as que trop mérité les coups que je te donne, répondit Balaam; & tes caprices ont affez fatigué ma patience. Que n'ai-je un glaive pour t'oter la vie?... Balaam, reprit l'âneffe, fouviens-toi de mes bons fervices, Ne fuis-je pas depuis long-temps ta monture ordinaire? Dis-moi : ai-je jamais bronché? me fuis-je jamais écartée de la route? Au même inftant, Dieu ouvrit les yeux de Balaam : il vit l'ange au milieu du chemin, armé de l'épée nue; &, prof terné contre terre, il l'adora.,, Pourquoi, lui dit » l'ange, as-tu frapé ainfi trois fois ton âneffe? Je fuis

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

وو

[ocr errors]

୬୨

[ocr errors]
[ocr errors]

99

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

venu pour m'oppofer à ton voyage criminel; & k ton âneffe prudente ne fe fût detournée, fi elle eût voulu avancer malgré moi, je ne lui aurois fait ,, aucun mal; mais je t'aurois tué. Balaam s'excufa fur ce qu'il n'avoit pas vu l'ange, & déclara qu'il étoit prêt à s'en retourner, fi c'étoit la volonté du Seigneur. Mais l'ange lui dit de poursuivre fa route. Balac, joyeux de l'arrivée de Balaam, le conduifit dans une ville frontiere de fon royaume, & le fit monter fur une tour élevée, d'où l'on découvroit une partie de l'armée des Ifraëlites. Là, après avoir élevé fept autels, par l'ordre de Balaam, & avoir mis fur chacun de ces autels un veau & un bélier, il attendit que l'Efprit de Dieu s'emparât de Balaam. Tous les feigneurs de Moab, rangés autour de lui, étoient en fufpens fur ce que le prophéte alloit dire, lorfqu'à leur grand étonnement, Balaam s'écria Comment , pourrois-je maudire ceux que le Seigneur n'a pas maudits? Heureux enfants de Jacob! vous êtes auffi nombreux que les grains de pouffiere que le vent fait voler dans les campagnes. Qui pourroit fçavoir le nombre des guerriers d'Ifraël ? Que mon ame meure de la mort des juftes! & que ma fin reffemble à la vôtre ! Balac irrité lui dit : Que faitesvous, Balaain? Je vous ai fait venir pour maudire mes ennemis, & voilà que vous les béniffez... Je ne puis dire autre chofe que ce que le Seigneur 2, m'infpire, lui répondit Balaam. Balac le mena dans un autre endroit, où il espéroit qu'il maudiroit les Ifraëlites; mais il fut trompé une feconde fois dans fon efpérance. Balaam n'ouvrit la bouche que pour chanter les louanges & célébrer la gloire du peuple d'Ifraël. Balac chagrin fit au prophéte les mêmes reproches' que la premierę fois, & en reçut la même réponse. Il ne fe rebuta cependant point, & voulut faire une troifieme tentative. Il conduifit Balaam fur le fommet de la montagne de Phogor; prépara les autels & les victimes, & n'oublia rien de toutes les cérémonies néceffaires, fe flattant que, peut-être à cette fois, la malédiction auroit lieu; mais il penfa

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »