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CHAPITRE IV.

CONCILE D'ÉPHÈSE, TROISIÈME GÉNÉRAL.

SOMMAIRE. saint Célestin.

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I. Nestorius et sa doctrine. II. Jugement du pape III. Nécessité et convocation du concile général. Etat de la question en ce moment. - IV. Ouverture et procédure du concile contre la doctrine et la personne de Nestorius. - V. Arrivée des légats pontificaux à Éphèse, et leurs démarches dans le concile. VI. Conclusion de cet exposé.

Avec le cinquième siècle commence l'époque de ces grands conciles dont nous avons les actes trèscomplets. L'étude de ces documents vénérables doit mettre dans tout son jour la vraie nature de la constitution de l'Église.

Au moment de commencer ces recherches décisives, nous prions l'Esprit de vérité d'être notre guide! Qu'il nous dévoile le jeu, la vie intime de cette divine constitution! Qu'il nous découvre les rapports essentiels que ses éléments divers soutiennent entre eux, leur coordination nécessaire et l'harmonie qui résulte de leur ensemble! Qu'il rende visible à tous les yeux le sceau de la sagesse divine imprimé par Jésus-Christ sur son Église!

L'étude de l'institution évangélique dans l'Évangile lui-même, et dans les premiers siècles de son développement, nous a appris que la monarchie de l'Église est une monarchie tempérée, c'est-à-dire que la souveraineté spirituelle est possédée par le Pape et le corps épiscopal, sans que cette participa

tion de l'épiscopat à la souveraineté porte aucun détriment à la primauté pontificale. Ce grand caractère de la constitution de l'Église va se montrer avec éclat dans les conciles généraux du cinquième siècle.

Écoutant les répugnances d'une raison qui ne voulait pas s'élever à la hauteur des mystères chrétiens, Nestorius, patriarche de Constantinople, enseigna une doctrine nouvelle sur le dogme fondamental du Christianisme, l'Incarnation du Verbe. Le superbe patriarche ne pouvait admettre que Dieu se fût abaissé jusqu'à une naissance humaine et à une mort sur la croix. Pour concilier les répugnances de sa raison avec les données de la foi, il conçut une théorie qui divisait Jésus-Christ, en n'admettant entre le Verbe Éternel et l'humanité sainte du Sauveur qu'une union morale. Il résultait nécessairement de cette conception, qu'il y avait véritablement en JésusChrist deux personnes, une personne divine et une personne humaine. Le grand objet de la foi chrétienne n'était plus l'Homme-Dieu, mais l'homme et le Dieu; et il n'était plus permis de dire que Dieu fût né et fût mort pour nous, et que la très-sainte Vierge Marie fût mère de Dieu.

Cette doctrine heurtait de front le sentiment catholique. Elle excita d'abord une vive opposition parmi le clergé et les fidèles de Constantinople; et le courage d'Eusèbe, simple avocat de Constantinople, se levant au milieu de l'assemblée des fidèles pour protester contre l'enseignement de son patriarche, est célèbre dans les annales de l'Église.

1. Nestorius et sa doctrine.

Cependant Nestorius ne prétendait pas innover dans la doctrine. Il voulait, disait-il, au contraire, rester fidèle à la foi de Nicée. Il l'invoquait sans cesse, et il prétendait en donner une interprétation rationnelle '.

Ces assurances d'orthodoxie, la réputation de piété du patriarche de Constantinople, son éloquence, la grandeur de sa position, la difficulté, la subtilité même d'une question qui roulait sur la différence entre l'union morale et l'union personnelle dans l'économie du divin mystère; toutes ces causes réunies ne tardèrent pas à faire naître de grandes divisions dans l'Église, et à créer de nombreux partisans à Nestorius. « Cette question est agitée au près et au loin, écrivait peu de temps après le commencement de la dispute, l'évêque Jean d'Antioche à Nestorius lui-même; toute l'Église en est émue, et partout les fidèles en viennent tous les jours à des conflits et à des divisions funestes 2. » Au milieu de ces troubles, il s'éleva un digne champion de la foi catholique. Le patriarche d'Alexandrie, saint Cyrille, était doué de toutes les qualités nécessaires pour combattre un adversaire aussi redoutable que Nestorius. L'évêque

1 LABBE, Conc., t. III; Conc., Eph., 4a pars, Epist. Nestorii ad Cœlestinum papam, p. 349, 354.

2 Eas namque cum apud finitimos, tum apud longe quoque positos turbas concitasti, quæ ingentem ex insperato ecclesiis tempestatem peperere. Constat enim fideles circumquaque degentes, hujus quæstionis et controversiæ inter se conflictari, quotidieque a se invicem divelli. Conc. Eph., 1a pars, Epist. Johannis episcopi Antiocheni ad Nestorium, p. 389.

d'Alexandrie voulut d'abord ramener par la persuasion dans les sentiers de la foi antique son collègue de Constantinople. Une correspondance s'établit entre les deux patriarches '; mais la science et la logique de Cyrille n'obtinrent rien de Nestorius.

Cependant la foi était de plus en plus en péril, et un des plus grands évêques de l'Asie, à cette époque, Acace de Bérée, écrivait à Cyrille « qu'il lui arrivait des personnes de Constantinople, tant clercs que laïques, qui voulaient défendre les propositions de Nestorius, en soutenant qu'elles n'avaient rien au fond de contraire au Symbole des apôtres ni à celui de Nicée 2. >>

du Pape.

Dans ce péril des âmes, et lorsque les moyens de II. Jugement persuasion avaient échoué, il était nécessaire de recourir au remède efficace. L'évêque qui altérait le dépôt de la foi ne pouvait rester dans la communion ecclésiastique. Cyrille crut de son devoir d'écrire au pape saint Célestin. Après avoir exposé l'affaire, il demandait au pontife de vouloir bien « déclarer son sentiment, et décider s'il fallait encore communiquer avec Nestorius, ou lui dénoncer expres

1 Conc. Eph., 1a pars, cap. VII, VIII, IX.

2 Multi tum clero adscripti, tum plebei quoque ex urbe Constantinopolitana Antiochiam et ad nos usque venientes, defendere videntur quod dictum est. Aiunt enim, in sensu nihil continere, quod vel apostolicæ doctrinæ adversetur, vel fidei a sanctis Patribus in Nicæa, ad Homousion constituendum congregatis definitæ, et universæ Ecclesiæ traditæ repugnet. Conc. Eph., 4a pars, Epist. Acacii Berea episcopi ad Cyrillum, p. 384.

sément que tout le monde l'abandonnerait dans le cas où il persisterait dans ses opinions'.

A sa lettre, Cyrille joignit tous les documents qui pouvaient éclairer le Pape dans le jugement qu'il allait prononcer; et il l'avertit en même temps que tous les évêques d'Orient sont d'accord avec lui pour blâmer Nestorius. Celui-ci, de son côté, avait écrit deux fois au Pape pour le prévenir en sa faveur. Il lui envoyait ses ouvrages et lui exposait sa doctrine 3.

Le Pape, qui dès l'origine avait demandé à saint Cyrille des informations exactes sur les sentiments de Nestorius, se trouvait donc très-canoniquement saisi de la question par les deux plus grands patriarches de l'Orient. Il entendait les deux parties, et pouvait et devait prononcer une sentence juridique.

1 Digneris proinde quid hic sentias præscribere; quo liquido nobis constet, communicare ne nos cum illo oporteat, an vero libere eidem denuntiare, neminem cum eo communicare, qui ejusmodi doctrinam fovet ac prædicat. Porro tuæ integritatis mens et super hac re sententia piissimis Deoque devotissimis Macedoniæ episcopis, necnon totius Orientis antistitibus perspicue per litteras exponi debet. Conc. Eph., 4a pars, Epist. Cyrill. ad Cœlestinum, p. 344.

2 Sciat nihilominus et hoc quoque pietas tua, idem sentire cunctos etiam orientales episcopos, et offendi omnes et dolere... Et quia hoc Nestorius non ignorat, se omnibus sapientiorem existimat. Ibidem.

3 Conc. Eph., 4a pars, c. XVI, XVII.

4 Cœlestino religiosissimo romanæ Ecclesiæ episcopo, cæterisque piissimis episcopis qui ipsi adfuere, inquirentibus, chartulanææ illæ et exegeses, quæ illuc ad se nescio quomodo perlatæ sunt, a tua pietate, an vero ab alio quopiam profecta sint. Scribunt enim ut qui gravissime sint offensi. Conc. Eph., 4a pars, Epist. Cyrilli ad Nestorium, p. 313.

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