Obrazy na stronie
PDF
ePub

terre s'eft détachée du soleil, ou qui font de nous une comète dénaturée; car fi le globe a été dans un état de molleffe ou de fufion, l'humide a dû former fa couche extérieure & concentrique.

Tu ponis nubem afcenfum tuum, tu ambulas fuper pennas ventorum.

« Vous marchez fur les nuages, & vous » vous promenez fur l'aile des vents.">

La terre à peine lancée fur la tangente de fon orbite voilà l'action des vents produits par les rayons folaires qui raréfient l'atmosphere; voilà les nuées qui fe ramaffent & qui cheminent; voilà les météores & les orages qui fe préparent. C'eft apparemment dans le même fens que la Genèfe a dit :

Et Spiritus Dei ferebatur fuper aquas. « L'Esprit de Dieu étoit porté für les eaux. » Tu fundafli terram fuper ftabilitatem fuam; non inclinabitur in faculum faculi.

...

« C'est vous, Seigneur, qui avez affis la » terre fur des fondemens inébranlables. »

La terre prend une affiette déterminée : fes parties gravitent vers le centre de leur fyftème, & s'appuient par une réaction mutuelle. On ne peut entendre ici que la gravitation centrale; & cette opinion eft d'autant plus furprenante, que les Hébreux étoient beaucoup trop groffiers

pour l'imaginer, & leurs voifins beaucoup trop ignorans pour la leur apprendre.

Abyffus ficut veftimentum ami&tus ejus; fuper monies ftabunt aquæ.

« Les eaux de l'abyme l'environnoient comme » un vêtement, les flots couvroient le front des » montagnes. ››

Ici le futur ne fait point d'équivoque, parce qu'en langue hébraïque il s'emploie fouvent pour le paffé. David déclare que la terre étoit renfermée dans l'eau, & que les flots couvroient les montagnes : il y avoit donc des éminences, des anfractuofités; & cela devoit être ainfi, puisque les marées & les vents agitoient la maffe des mers, & fillonnoient néceffairement une terre encore molle & limoneuse.

Ab increpatione tuâ fugient; à voce tonitrui tui formidabunt.

Aux accens de votre voix, les vagues » émues ont pris la fuite, & les éclats de votre » tonnerre les ont fait trembler. »

Voici l'inftant où la terre acheve de prendre fa confiftance: les parties trop molles fe refferrent; la voûte furchargée des cavernes fe creve, & les eaux s'y précipitent en mugiffant. Quelqu'ouragant a pu détérminer la révolution en bouleverfant les mers; & c'eft au bruit des

tonnerres que s'eft creufé le lit de l'Océan. Pofuifti terminum quem non tranfgredientur, neque convertentur operire terram.

"Votre bras a pofé le terme où leur colere » viendra se brifer, & elles ne couvriront plus » la face de la terre. »

Maintenant les eaux font emprifonnées dans l'abyme, parce que la terre, confolidée par une gravitation perpétuelle, ne rifque plus d'éprouver de grands affaif

femens.

Tu emiuis fontes in convallibus... expectabunt onagri in fiti fuâ.

« C'est vous qui faites jaillir les fontaines du » fein humide des vallées... les animaux les » åttendent pour appaiser leur foif. »

Les fontaines font entendre leurs murmures dans les vallées; car auffitôt que les monts eurent dégagé leur tête, ils purent arrêter les brouillards. Mais il fallut du tems pour remplir les réfervoirs cachés, & les eaux ne coulerent pas tout de fuite en corps de ruiffeaux. Les bêtes altérées attendoient que le fein des rochers s'ouvrît. David nous peint ensuite les forêts déployant leur verdure; ensuite les oifeaux qui l'égayent, puis les quadrupedes qui s'en nourriffent; & l'homme, fait pour régner fur la nature, fort le dernier des mains du Créateur.

.

S. IV.

Eloge de l'Evangile.

* L'Evangile, ce divin livre, le feul néceffaire à un Chrétien, & le plus utile de tous à quiconque même ne le feroit pas, n'a befoin que d'être médité pour porter dans l'ame l'amour de fon Auteur, & la volonté d'accomplir fes préceptes: jamais. la vertu n'a parlé un fi doux langage; jamais la plus profonde fageffe ne s'eft exprimée avec tant d'énergie & de fimplicité; on n'en quitte point la lecture fans fe fentir meilleur qu'auparavant.

La majefté des Ecritures m'étonne, la fainteté de l'Evangile parle à mon cœur. Voyez les livres des philofophes avec toute leur pompe; qu'ils font petits près de celui-là! Se peut-il qu'un livre à-la-fois fi fublime & fi fage foit l'ouvrage des hommes ? fe peut-il que celui dont il fait l'hiftoire, ne foit qu'un homme lui-même ? Eft-ce là le ton d'un enthousiaste, ou d'um ambitieux fectaire ? Quelle douceur, quelle pureté dans fes mœurs ! quelle grace touchante dans fes inftructions! quelle élévation dans fes maximes ! quelle profonde fageffe dans fes difcours ! quelle

* Emile de J. J. Rousseau.

8

préfence d'efprit, quelle fineffe & quelle jufteffe dans fes réponfes! quel empire fur fes paffions! Où eft l'homme, où eft le fage qui fçait agir, fouffrir & mourir fans foibleffe & fans oftentation? Quand Platon peint fon jufte imaginaire, couvert de tout l'opprobre du crime, & digne de tous les prix de la vertu, il peint trait pour trait Jefus-Chrift: la reffemblance eft fi frappante, que tous les Peres l'ont fentie & qu'il n'eft pas poffible de s'y tromper. Quels préjugés, quel aveuglement ne faut-il pas avoir pour ofer comparer le fils de Sophronifque au Fils de Marie? Quelle distance de l'un à l'autre ! Socrate mourant fans douleur, fans ignominie, foutint aifément jufqu'au bout fon perfonnage; & fi cette facile mort n'eût honoré fa vie, on douteroit fi Socrate, avec tout fon efprit, fut autre chose qu'un fophifte. Il inventa, dit-on, la morale: d'autres avant lui l'avoient mife en pratique; il ne fit que dire ce qu'ils avoient fait, il ne fit que mettre en leçons leurs exemples. Ariftide avoit été jufte avant que Socrate eût dit ce que c'étoit que juf tice; Léonidas étoit mort pour fon pays avant que Socrate eût fait un devoir d'aimer la patrie. Sparte étoit fobre avant que Socrate eût loué la fobriété ; avant

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »