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& cette imagination vive que la nature vous a donnés; que votre ame fenfible s'échauffe pour des vertus néceffaires à votre félicité durable; rendez-vous eftimables par votre fageffe & vos mœurs, autant que vous nous attirez par vos charmes; que vos regards confondent l'impudence & la fatuité, que vos mépris puniffent la présomption, l'ignorance & le vice, que votre accueil diftingue & récompense le mérite modeste & la probité; contribuez par votre exemple à la réforme de ces êtres futiles & déshonorés qui infestent la fociété, rendez-les à la patrie, ramenez-les à la vertu : c'eft alors que vous régnerez bien plus sûrement, que par de vains ornemens, des. galanteries, des intrigues, qui vous rendroient méprisables aux yeux même de ceux qui fe difent vos efclaves : c'eft alors que vous cefferez d'être les dupes & les victimes de ces perfides qui ne fe mettent à vos genoux que pour vous donner des fers , pour immoler votre bonheur & votre réputation à leur vanité, qu'ils ofent vous offrir pour un amour véritable vous n'écouterez plus ces vils féducteurs, qui ne veulent trop fouvent acquérir que le droit de vous tyrannifer & de vous: avilir: honorées & chéries, vous jouirez

dans la fociété d'une confidération bien plus flatteufe que celle que vous procureroient les conquêtes de tant d'hommes légers, fur la conftance defquels tout vous défend de compter; enfin vous pofféderez au dedans de vous-même un bonheur inaltérable, que la feule vertu procure, & que ni les plaifirs bruyans, ni la diffipation, ni le fafte, ni le vice, ne peuvent jamais remplacer.

CHAPITRE

X.

Devoirs des Peres & Meres.

S. I.

Inconvéniens qui résultent de la négligence d'une mere qui ne daigne pas nourrir fon enfant, ou de celle qui l'éleve dans la molleffe.

*LE

E devoir des femmes de nourrit leurs enfans n'eft pas douteux ; mais on difpute fi, dans le mépris qu'elles en font, il eft égal pour leurs enfans d'être nourris de leur lait ou d'un autre Je tiens cette question, dont les médecins font les juges, pour décidée au fou

*J. J. Rouffeau.

hait des femmes ; & pour moi, je penferois bien auffi qu'il vaut mieux que l'enfant fuce le lait d'une nourrice en fanté, que d'une mere gâtée, s'il avoit quelque nouveau mal à craindre du même fang dont il eft formé: Mais la queftion doit-elle s'envifager feulement par le côté phyfique? & l'enfant a-t-il moins befoin des foins d'une mere que de fa mamelle ? D'autres femmes, des bêtes mêmes pourront lui donner le lait qu'elle lui refuse: la follicitude maternelle ne fe fupplée point. Celle qui nourrit l'enfant d'un autre au lieu du fien, eft une mauvaise mere, comment fera-t-elle une bonne nourrice? Elle pourra le devenir, mais lentement; il faudra que l'habitude change la nature; & l'enfant mal foigné aura le tems de périr cent fois, avant que fa nourrice ait pour lui une tendreffe de mere.

De cet ufage même réfulte un inconvénient qui feul devroit ôter à toute femme fenfible le courage de faire nourrir fon enfant par un autre : c'eft celui de partager le droit de mere ou plutôt de l'aliéner, de voir fon enfant aimer une autre femme autant & plus qu'elle, de fentir que la tendreffe qu'il conferve pour fa propre mere eft une grace, & que celle qu'il a pour fa mere adoptive eft

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un devoir car où j'ai trouvé les foins d'une mere, ne dois-je pas l'attachement d'un fils?

La maniere dont on remédie à cet inconvénient, c'est d'infpirer aux enfans du mépris pour leur nourrice, en les traitant en véritables fervantes. Quand leur fervice est achevé, on retire l'enfant, ou l'on congédie la nourrice; à force de la mal recevoir, on la rebute de venir voir fon nourriçon: au bout de quelques années, il ne la voit plus, il ne la connoît plus. La mere qui croit fe fubftituer à elle, & réparer fa négligence par la cruauté, fe trompe : au lieu de faire un tendre fils d'un nourriçon dénaturé, elle l'exerce à l'ingratitude; elle lui apprend à méprifer un jour celle qui lui donna la vie, comme celle qui l'a nourri de fon lait. Point de mere, point d'enfans; entr'eux les devoirs font réciproques, & s'ils font mal remplis d'un côté, ils seront négligés de l'autre. L'enfant doit aimer fa mere avant de fçavoir qu'il le doit. Si la voix du fang n'eft fortifiée par nabitude. & les foins, elle s'éteint dans les premieres années, & le coeur meurt, pour ainfi dire, avant que de naître; nous voilà dès le premier pas hors de la nature.

On en fort encore par une autre route

oppofée, lorsqu'au lieu de négliger les. foins de mere, une femme les porte à l'excès; lorfqu'elle fait de fon enfant fon idole, qu'elle augmente & nourrit fa foibleffe pour l'empêcher de la fentir, & qu'efpérant le fouftraire aux lois de la nature, elle écarte de lui des atteintes pénibles, fans fonger combien, pour quelques incommodités dont elle le préserve un moment, elle accumule au loin d'accidens & de périls fur fa tête, & com.. bien c'eft une précaution barbare de pro longer la foibleffe de l'enfance fous lesfatigues des hommes faits. Thétis, pour rendre fon fils invulnérable, le plongea, dit la fable, dans l'eau du Styx: cette allégorie eft belle & claire. Les meres cruel les dont je parle font autrement; à force deplonger leurs enfans dans la molleffe, elles les préparent à la fouffrance, elles ouvrent leurs pores aux maux de toute efpece dont ils ne manqueront pas d'être la proie étant grands.

S. IL..

Avantages qui réfulteroient dans l'ordre moral, fi les meres rempliffoient exactement leurs obligations.

Du devoir des meres de nourrir leurs enfans, dépend tout l'ordre moral. Vou

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