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motifs de confolation, mais elles n'empêchent point la nature de pâtir.

Ce qui fait craindre la mort aux méchans, ce n'eft pas tant le bien-être & les plaifirs dont ils peuvent jouir dans cette vie, que l'incertitude du fort qui les attend, & que la crainte des jugemens de Dieu.

Quand les hommes ne font point féduits par les raifonnemens d'une philofophie libertine, ou entraînés par des paffions tumultueufes, l'idée de la mort ne les empêche pas de bien employer le tems qu'ils ont à vivre; ils travaillent à se rendre heureux, & ils s'apperçoivent aifément qu'ils ne peuvent le devenir qu'en faifant le bien, & en travaillant au bonheur de leurs femblables.

La mort n'eft pas un mal; c'eft la fin de nos peines & le commencement de la félicité, quand on a bien employé fa vie. Le fage ne doit ni la defirer ni la craindre, mais attendre avec réfigna tion le moment de fon arrivée.

S. III.

Les méchans ne peuvent participer à ces confolations.

En combattant les craintes de la mort

notre intention n'eft point de raffurer ou de confoler les fcélérats, ni ceux qui, pour l'intérêt de leurs ames corrompues, oublient les préceptes de la raifon, de la vertu, de l'équité, de l'humanité, & voudroient anéantir dans leur esprit l'idée d'un Dieu vengeur du crime ou rémunérateur de la vertu qu'ils méprisent. De tels hommes font faits pour redouter la mort, & pour trembler à la vue des jugemens de Dieu. Bien loin de calmer leurs inquiétudes paffageres qui font fouvent inefficaces, il faudroit redoubler leurs craintes pour les rendre plus fortes & pour contenir, s'il étoit poffible, des êtres fi nuifibles à la fociété. On n'a donc ici en vue que les perfonnes honnêtes, que les gens de bien & qui ne fe rendent coupables que des écarts attachés à la fragilité humaine.

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L'Etre fouverainement parfait ne nous punira point des fautes dont nous nous ferons repentis, & que nous aurons réparées par de bonnes actions; la mort qu'il nous fait fubir, ainfi qu'à tout ce qui exifte, n'eft point toujours un châtiment; elle eft même fouvent le plus grand des biens pour les hommes vertueux, qui font fréquemment expofés en cette vie aux injustices des méchans, & qui trou

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veront dans la mort un afile contre les afflictions dont la conduite la plus fage ne met point à couvert. Mourir eft une loi néceffaire, impofée par un Etre rempli de bonté les fuites du trépas ne peuvent alarmer que ceux qui méconnoiffent la Providence, ou ceux qui ont vécu dans la diffipation & le crime.

S. IV.

Exhortation à la pratique de la Vertu.

Rendons nous donc heureux ici-bas dans la fociété où nous vivons, par la pratique du bien, par les fervices que nous fommes obligés de rendre à des êtres néceffaires à notre propre félicité: convainquons-nous de plus en plus que, fans vertu, il ne peut y avoir de bonheur réel pour nous. Montrons en changeant de conduite & en faifant de bonnes actions, que nous nous repentons de nos foibleffes & de nos fautes; laiffons les craintes & les remords aux méchans, & ne craignons point un Dieu. plein de bonté, & dont la juftice doit raffurer tous ceux qui auront fait un bon ufage de cette vie courte & paffagere. *Tout nous dit non-feulement qu'il

Le Militaire philof.

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y a un Dieu; mais tout nous montre ce Dieu comme parfait, comme infiniment bon, infiniment fage, infiniment puiffant, infiniment jufte. Ce Dieu créateur de toutes chofes, eft l'auteur de la nature, à laquelle il commande, dont il a fait les lois, dont il a réglé l'ordre. Par conféquent il eft l'auteur de la fociété ; il aime fon bonheur; il l'attache à l'ordre, à la pratique de la vertu ; & cet ordre & cette vertu dépendent de la fidélité avec laquelle chacun des membres de la fociété remplit fes devoirs dans la fphere qu'il occupe.

Le Tout-Puiffant qui regle nos deftinées nous punit & nous récompense dès ce monde; nous fommes malheureux quand nous faifons le mal, nous fommes heureux quand nous faifons le bien; la fociété fe détruit par l'excès de nos vices, la fociété profpere quand fes membres font vertueux. Chaque homme ne péche jamais impunément; il eft forcé par fes remords au repentir; il eft forcé par fes befoins, de mériter l'affection des autres; il eft forcé de rougir, quand, au fond de fon cœur, il fe rend le témoi gnage qu'il ne mérite que leur mépris ou leur haine; il s'applaudit lui-même, 'quand il fçait qu'il a mérité leur amour;

il eft applaudi des autres, il en est chéri & refpecté, quand ils éprouvent le bien qu'il leur fait.

La nature parle le même langage à tous les hommes; elle feroit mieux écoutée & plus connue, files paffions des hommes ne les empêchoient fouvent de l'entendre. Ils font toujours punis de leur furdité opiniâtre; ils ne font récompensés ou heureux que lorfqu'ils font dociles.

Cette voix de la nature & de la raifon parle fur le même ton à tous les habitans de la terre: elle dit aux fouverains d'être juftes, de régner par l'équité, de faire du bien aux peuples, s'ils veulent mériter leur amour & fe couvrir de gloire : elle dit aux fujets d'obéir à des lois qui tendent au maintien de la fociété, qui les protegent & qui font leur fûreté. Elle dit aux époux de s'aimer, & de fuir, pour leur intérêt mutuel, ces querelles, ces difcordes, ces adulteres ces adulteres qui pourroient les défunir. Elle dit au pere de famille de chérir fes enfans, de les élever avec foin, de leur infpirer de bonne heure les fentimens que dans la vieilleffe il fera bien aife de retrouver en eux. Elle dit aux amis d'entretenir avec foin le feu facré de leur amitié ; aux affociés, d'être fideles à leurs engagemens; à tous les hommes,

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