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Différents devoirs du capital-argent.

« L'homme se doit à l'homme, en tout rang, à tout âge; Sur le riche orgueilleux l'indigent a des droits,

Le faible sur le fort, l'imprudent sur le sage. »

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Au droit de propriété correspondent des devoirs qui varient suivant les formes que revêt la propriété.

Le devoir de tout capital est de ne prélever son revenu qu'après avoir satisfait aux justes droits du travail, qui sont les droits fondamentaux d'un ordre social régi par l'équité (voir p. 44,45); car c'est au travail que le capital emprunte sa valeur productive : sans le travail il ne serait rien !... Ainsi l'intérêt de l'argent ou le bénéfice dans toute entreprise et toute industrie, le prix des loyers de toute terre, habitation ou magasin, n'est équitable, que lorsqu'il laisse au travail la part qui lui est légitimement due : hors de là, le capital exerce une oppression; il ne satisfait complétement à ses devoirs que lorsqu'il répartit équitablement les bénéfices de toute industrie entre le travail et le capital : c'est l'acte de justice que l'association est appelée à déterminer.

Le capital employé à spéculer par des industries parasites qui, au lieu de venir en aide à la production ou à la consommation, ne font que nuire à l'une et à l'autre, abuse de la liberté du capital; il devient un instrument de subversion: ses bénéfices sont le produit d'un délit social. Toute spéculation faite sur les denrées alimentaires et sur les matières premières de l'industrie, en vue d'en retirer un bénéfice considérable dans le moment des besoins, est un vol des plus coupables pratiqué au préjudice du producteur et du consommateur. L'agiotage, les jeux de Bourse sur des valeurs fictives, sont des spéculations démoralisatrices et subversives des intérêts publics; leur prospérité n'est le plus souvent que le thermomètre de la corruption générale. (Voyez p. 77 à 80).

Devoirs de la propriété immobilière.

« Dieu a chargé chaque homme d'avoir soin de son prochain. S'ils ne le font pas de bonne foi, Dieu en sera le vengeur. »

(BOSSUET).

Un des abus les plus iniques des droits de la propriété consiste à

spéculer sur la position d'un fermier ou d'un industriel qui a fait des frais considérables pour améliorer son fonds ou accréditer son industrie. Lorsqu'il arrive au moment de retirer le fruit de ses labeurs, le propriétaire exige pour renouveler le bail une augmentation considérable du prix de la ferme ou du loyer, souvent lorsque le fermier ou locataire est encore loin d'avoir retiré le fruit de ses peines, quelquefois même lorsqu'il n'est pas rentré dans tous ses débours!.. et ainsi le bénéfice qui devait être la juste rémunération des labeurs et des risques de l'industriel, se trouve prélevé par le propriétaire; les propriétés se vendent ensuite sur le prix des baux augmentés par de tels moyens. Le nouvel acquéreur devient d'autant plus exigeant qu'il a plus de peine à retirer l'intérêt du prix qu'il a payé sur ces estimations trompeuses. Car souvent cette spéculation se renouvelle deux et trois fois sur la même propriété !... Lorsque la répartition des fruits entre le travail et le capital ne sera pas réglée par une association, l'équité sociale dicte les règles suivantes comme loi : A moins de griefs réels, le propriétaire ne peut donner congé au fermier ou locataire que pour exploiter ou occuper réellement lui-même. En tout temps le fermier ou locataire a le droit de donner congé. Pour être valable tout congé doit être donné dans les délais et dans les formes prescrites ou d'usage. En cas de contestation entre le bailleur et le preneur sur le prix ou le paiement de tout fermage ou loyer, les parties ne doivent recourir qu'à une décision arbitrale. Les propriétaires qui ne veulent exercer que des droits dictés par la justice, s'empresseront de renoncer ainsi aux priviléges institués par la législation en faveur du droit de propriété jusque par les lois de procédure. (Voyez p. 85, 173).

Le capital employé en bâtiments destinés à des habitations, a pour devoir de ne pas spéculer sur l'espace en multipliant les logements aux dépens de la salubrité. L'égalité devant l'air salubre et devant les rayons du soleil sera reconnue sans conteste le droit de chacun. Conséquemment, les cours peu spacieuses, l'étroitesse des chambres et des rues, l'augmentation des étages par la réduction de la hauteur de chacun, la construction des combles en cloisons qui ne garantissent pas suffisamment du froid ni de la chaleur, là où l'on en souffre le plus, tout ceci est un abus très-coupable des droits du capital employé aux constructions: exercer cet abus c'est attenter indirectement à la vie d'autrui par la privation de la quantité d'air salubre nécessaire à l'existence. (Voyez p. 80 à 85).

L'abus des droits du capital employé aux constructions se révèle surtout dans les combles et les rez-de-chaussée, parties consacrées spécialement aux simples travailleurs. C'est là que l'on trouve ces logements insalubres qui sont la cause permanente des maladies et de la misère. Dans les rez-de-chaussée tant de familles sont réduites à vivre dans des lieux où l'air et le jour arrivent à peine! Dans les combles où l'on est exposé à toutes les rigueurs du froid et de la chaleur, les logements sont construits avec un dédain complet des besoins du locataire. Souvent même les cloisons y sont faites en matériaux qui engendrent les insectes de la nature la plus infecte. Là, les chambres et les cabinets, tracés par le génie de la spéculation, forment des réduits étroits contenant à peine l'air suffisant pour faire vivre une seule personne, et généralement ces réduits sont occupés par des familles ou par plusieurs individus.

L'hygiène exige que toute chambre destinée à être louée isölément ait un cabinet prenant air à l'extérieur afin que nul ne soit condamné à coucher dans un lieu étroit dont l'air a été vicié par la cuisine, les eaux de ménage et autres causes plus infectantes encore. Les personnes réduites à vivre en de tels lieux, les femmes surtout qui sont plus sédentaires et plus faibles, y ont leur santé en péril c'est à cette insalubrité que l'on peut attribuer l'état valétudinaire d'un si grand nombre de femmes et de filles des simples travailleurs.

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Celui qui fait construire une maison du genre anarchique; au lieu de s'associer avec d'autres capitalistes pour construire une cité domestique qui offrirait à ses habitants les moyens d'utiliser toutes les forces productives et de s'assurer un bien-être relatif plus considérable, en satisfaisant plus facilement aux devoirs sociaux, celui-là méconnaît les devoirs qui correspondent à ses droits. Il contribue à maintenir la société dans l'état d'anarchie où elle se démoralise, tandis que, tout en employant ses capitaux d'une manière utile pour lui-même il pourrait servir l'intérêt général. Et, que les constructeurs y songent: le moment est peut-être proche où les maisons du régime anarchique perdront considérablement de leur valeur en présence des cités domestiques qui commenceront à s'établir en différents lieux. (Voir p. 158).

Aux droits de la propriété ou du capital-argent correspondent encore les devoirs exposés page 160 au chapitre des Devoirs du Ci

toyen. Les droits de la propriété sont en outre éxposés au chapitre intitulé Formation des Capitaux.

DEVOIRS DES SIMPLES TRAVAILLEURS

Envers les adversaires de leurs droits; envers l'industrie et en vue de leur régénération.Tendances qui y font obstacle.

Vous n'êtes point à vous: le temps, les biens, la vie,
Rien ne vous appartient, tout est à la patrie.

Les jours de l'honnête homme au travail, au combat,
Sont le vrai patrimoine et le bien de l'État. »

(GRESSET).

Pour conquérir tous les droits qui correspondent à ses devoirs il importe de bien connaître ce que prescrivent ces derniers, et de le pratiquer rigoureusement. L'affranchissemeut du travail en dépend à tous égards. —Les doctrines de privilége ont refusé les droits du simple travailleur en prétendant qu'il était incapable de les exercer. Partout où cette incapacité a pu être signalée, elle résultait d'un délit social, du défaut d'enseignement; elle n'était point le fait de celui à qui on l'imputait: néanmoins il a dû en subir la peine. Les lois organiques appelées à réaliser les réformes sociales qui sont une partie intégrale de la réforme politique de 1848 n'étant point encore rendues, c'est de ses propres efforts que le simple travailleur doit attendre l'action qui achèvera son affranchissement. Il ne lui suffit pas en cette époque, unique dans l'histoire, de se montrer irréprochable. Par suite de la situation qui lui a été faite, la condition de son affranchissement est d'un ordre bien plus élevé.

Les doctrines subversives qui ont été enseignées l'ont réduit à nier un grand nombre des devoirs qu'elles prescrivent. La transformation sociale de ce temps s'opère par la recherche des vrais devoirs, méconnus depuis si longtemps; elle se réalisera par la substitution de la doctrine qui expose les vrais devoirs à celle qui n'a pu produire que l'anarchie et l'iniquité sociale. Il faut donc que le simple travailleur possède complétement cette doctrine; il faut qu'il l'explique et la pratique en tous lieux. Déjà nombre des siens la propagent. Toutefois cela ne suffit point; il faut encore que cette doctrine

rallie tous ceux qui restent à affranchir de l'oppression des priviléges de l'argent. Du jour où leur majorité se montrera réellement dirigée par la doctrine des devoirs qui correspondent aux droits, ce jour-là, les vieilles doctrines inspireront partout la même répulsion que l'anarchie qu'elles ont engendrée en tous lieux !

Mais si le simple travailleur se bornait à dire au vieux monde: Nous nions votre ordre mensonger et le grand nombre de faux devoirs que vous enseignez, nous voulons nos droits parce que vous jouissez des vôtres. S'il se bornait à ce langage, le vieux monde pourrait lui répondre :

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« Dans l'humanité le monde moral gouverne le monde matériel; sans doctrine d'ordre moral il n'y a pas de société possible. Si notre doctrine est dégénérée, si elle ne répond plus aux besoins du temps, si elle réalise souvent l'injustice, elle est encore préférable au chaos qui suivrait infailliblement l'absence de toute loi de cette nature.

»Apportez une doctrine complète qui réalise l'ordre par la justice, et vous aurez acquis le droit de gouverner le monde ; la seule force naturelle des choses substituera votre puissance à la nôtre : c'est en vain que nous tenterions d'y faire obstacle. »>

Telle est l'objection sérieuse que le vieux monde oppose encore au nouveau qui est en travail pour s'organiser. Il n'y a plus qu'un dernier effort à faire pour réduire cette objection au néant! Simples travailleurs, là est le noeud gordien de la question sociale. Le moment de votre règne approche, c'est-à-dire celui du règne de la justice pour tous; mais où en est la doctrine; où est la loi sociale qui inspire une foi véritable à la grande majorité d'entre vous. Hors de cette loi et de cette foi le triomphe définitif ne peut être obtenu. Vous n'avez encore qu'un dogme sacré, c'est L'ASSOCIATION! c'est beaucoup car ce dogme renferme toute régénération. Mais il faut s'accorder sur les moyens de le mettre en pratique. Il ne suffit pas non plus d'organiser l'industrie et le travail. La vie sociale a son principe dans la puissance morale: cette dernière est la vie même de l'être humain : c'est de la doctrine qui la constitue que doit découler l'organisation industrielle réclamée par l'accroissement progressif des populations. C'est pour la formation de cette doctrine que nous faisons appel, à la fin de ce livre, à toutes les écoles sociales afin que par les efforts réunis de chacune d'elles une telle doctrine puisse être réalisée. Dès qu'elle le sera, il n'est aucune force matérielle qui pourra imposer une oppression quelconque. Pour le sim

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