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fens; l'odorat

II. L'Odorat. On comprend aifément Suite des qu'il s'agit de la recherche des odeurs qui voluptés des font agréables, pour jouir du plaifir qu'on & le gout. y trouve ». Quelque févere, dit S. Augu- L. 4. con. ftin, « qu'on fuppofe un Chrétien à ré- Jul. n. 66. primer la convoitise de la chair, il ne lui

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»fera pas poffible de ne pas fleurer & fen>> tir bon s'il fe trouve au milieu des » odeurs, à moins qu'il ne fe bouche le nez. Mais croit - on que ce Chrétien » tempérant, lorfqu'il ne fera plus dans l'occafion, défirera de retrouver ces odeurs, ou que fi ce défir s'éleve en lui, » il devra fatisfaire cette paffion, & qu'il ne fera pas obligé plutôt de lui réfifter, » & d'oppofer le combat de l'efprit à la » convoitife de la chair, jufqu'à ce qu'il· "foit parvenu à un état de santé assez par»faite, pour ne plus convoiter rien de fem» blable? Je conviens que ceci eft peu de » chofe : mais il eft écrit, que celui qui » méprife les petites chofes, tombe peu à "peu: Quis enim quantufcumque fit carnalis concupifcentia caftigator, fi locum thymiamate intraverit odoratum, poffit efficere ut ei non fuaviter oleat, nifi nares claudat?... Sed numquid cùm inde fuerit egreffus, id ... defiderabit? Aut fi defideravetit, fatiare debet iftam libidinem, non franare, & contra concupifcentem carnem fpiritu concupifcere, donec ad illam redeat fanitatem, quâ nihil tale defideret? Minimum hoc quidem; fed qui minima fpernit, ficut fcriptum eft, paulatim decidit.

Le goût. Il s'agit du panchant que nous fentons pour la volupté du boire & du manger; tel que l'a éprouvé Efaü, lorsqu'il

a cédé fon droit d'aîneffe pour fe procurer un vil mets: tel que l'ont eu les Ifraélites dans le défert, forsqu'ils ont fouhaité ardemment de manger des cailles : tel que le Démon auroit bien voulu l'exciter dans J. C. en lui propofant dans une des trois tentations, de changer des pierres en pain.

Je dois avertir, avant que d'aller plus loin, que par ces attraits des fens, que nous condamnons fous le nom de concupifcence, nous n'entendons pas la fenfibi lité naturelle de l'homme à l'impreffion des plaifirs innocens de la vue, du goût & des autres fens; telle que le Créateur l'avoit mife dans l'homme en le formant, laquelle n'avoit aucun de ces mouvemens indélibérés, prévenans, follicitans, rebelles à l'empire de la raifon. Ce que nous entendons, ce font ces mêmes attraits tels qu'ils font, depuis que par le péché ils ont dégénéré en ces fortes de mouvemens paffionnés : c'eft-là ce que nous traitons ici de convoitife vicieufe de la chair.

Pour la prendre dans toute fon étendue, il faut fçavoir qu'elle n'agit pas feulement dans l'ufage actuel des fens, & qu'elle fe fait fentir même hors de l'ufage; parce que fouvent l'imagination toute feule fe repaît de ces plaifirs. Cela arrive 1°. dans les fonges & dans les phantômes qui accompagnent le fommeil, où l'homme éprouve cette mifere d'être par l'imagination tout plongé dans les différens plaifirs Strom. L. 7. des fens. C'eft ce qui a fait dire à S. Clément d'Alexandrie: c Que le Chrétien parfait, homme qui eft vraiment Ro & Prêtre, ne goûte point même dans

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fes rêves & dans fes fonges, tout ce qui appartient à la volupté, foit dans les fpectacles, foit dans les chofes, foit dans les difcours : Ne in fomnis quidem admittit. Je crois que cet ancien Pere doit être ici entendu de l'horreur que les Saints ont pour ces miferes involontaires, quand il dit qu'ils ne les admettent point & ne les goûtent point, même dans leurs rêves :: car l'expérience montre que les plus faints: ne font pas toujours exemts d'éprouver malgré eux ces fâcheufes impreffions de la nuit. La convoitife des fens agit 20. hors de l'ufage, lorfque dans la veilleffe,on s'occupe du fouvenir des plaifirs qu'on aura goûtés, ou de l'efpérance de ceux qu'on goûtera, ou enfin de la jaloufie qu'on porte à ceux qui en jouiffent, comme du jeu,, de la bonne chere, des fpectacles amufans, ou de quelque autre volupté encore plus criminelle.

partiennent à

des fens.

III. Paffons de la nature de la convoitife Détail a des fens, à fes malheureufes fuites, qui brégé des pé font les péchés auxquels elle donne naif- chés qui ap fance. Car, comme dit encore admirable- la conveitife. ment S. Clement d'Alexandrie: La vo- de la chair lupté eft comme la métropole des vices: à la volupté Voluptas vitit metropolis. 1o. Tous les péchés propres à chacun Strom. L.-7. des fens la gourmandife, l'intempérance, le violement des jeûnes commandés, les difcours libres, les regards lafcifs tous les péchés contraires à la pureté, là fureur des fpectacles, &c.

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2o. Tous les péchés qui viennent de l'a volupté des fens, finon directement, du moins par occafion, c'est-à-dire, les péchés

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qui font occafionnés par quelque volupté propre à chacun des fens. Par exemple, le péché d'Achab qui défire injuftement la vigne de Naboth & l'envahit très-inhumainement, parce qu'il a aimé paffionnément le luxe, le faste, la magnificence, la régularité des bâtimens, & qu'il n'a pu fe paffer d'un morceau de terre que poffédoit Naboth, apparemment pour ajouter à fes jardins ou à fon Palais. Le péché de David, lorfqu'il fe rend coupable envers le fidéle Urie du plus noir de tous les homicides, parce qu'il s'eft livré au plaifir criminel des fens dans le fait de Berfabée. Le péché du mauvais Riche qui laisse périr le pauvre à fa porte, parce que l'enyvrement de la volupté l'a rendu diftrait & infenfible à toute autre chofe, qu'à fon propre plaifir.

3. Tous les péchés qui ont leur principe dans l'amour des voluptés fenfuelles en général. La pareffe, la fuite du travaif, l'amour du jeu, l'oifiveté, le dégoût des chofes faintes ; le violement des maximes de la pénitence Evangélique; la dureté, l'infenfibilité pour le prochain, &c.

4°. Beaucoup de péchés qui partent tantôt d'une convoitise & tantôt d'une autre, & qui par conféquent viennent quelquefois de la convoitife de la chair. L'avarice & l'amour de l'argent, dans le voluptueux qui fouhaite avoir abondamment de quoi contenter fes paffions. L'envie & la jaloufie, dans celui qui voit les autres jouir de plaifirs qu'il ne peut point fe procurer. La colere, l'inimitié, les querelles, dans ce même voluptueux qui fouffre impatiem

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mment qu'on le trouble dans fes plaifirs ou qu'on les lui enleve, ou qu'on lui caufe quelque incommodité.

Qu'on juge de l'arbre par les fruits, fuivant la regle que J. C. nous a donnée dans l'Evangile on conviendra facilement que la fource de tant de péchés, ne peut être pure; & que la convoitife de la chair, c'eftà-dire, l'attrait & le panchant pour les plaifirs des fens eft une chofe défectueufe & vicieufe, qu'elle eft du moins un mal & une mifere, puifque lorfqu'elle n'eft pas foigneufement réprimée, elle enfante tous ces excès: Nullumne malum eft, cui confentiendo peccatur? dit S. Auguftin rapporté Jul. c. 14. plus haut. « Ne doit-on pas regarder comme un mal, une chose à laquelle il suffit » de confentir pour pécher?

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Ceci demande une explication un peu étendue, pour faire entendre nettement en quoi confifte le mal de la première convoitife, qui eft celle des fens. Cartout n'eft pas mauvais abfolument dans les fenfations telles que nous les éprouvons. Il y a du bien; il y a du mal : le mal qui s'y trouve n'eft pas toujours péché; il l'eft quelquefois : lorfqu'il y a du péché, tantôt c'est péché mortel, tantôt ce n'eft que péché véniel.

CHAPITRE I X.

En quoi confifte précisément le mal de la Convoitife des fens,

Ly du bien, &

L. 3. Cont

On diftin

I.1°.I mauvais dans ce qui conftitue pri- gue ce qu'il y

mordialement la convoitife des fens, qui a de bon dans

font les fenfations.

lesfenfations, de ce qu'il y

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