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IPHIGÉNIE,

TRAGÉDIE

DE RACINE;

Représentée, pour la premiere fois, devant le Roi, à Versailles, le 18 Août 1674, et à Paris, au Théatre de l'Hôtel de Bourgogne, le 31 Décembre suivant.

A

AGAMEMNON.

ACHILLE.

ULYSSE.

CLYTEMNESTRE.

IPHIGÉNIE, fille d'Agamemnon.

ERIPHILE, fille d'Hélene et de Thésée.

EURYBATE,

ARCAS,

domestiques d'Agamemnon.

GINE, femme de la suite de Clytemnes:re.

DORIS, confidente d'Eriphile.

GARDES..

Le Scene est en Aulide, dans la tente d'Aga

memnon.

TRAGÉDIE.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE.

AGAMEMNON, ARCAS.

AGAMEMNON, tenant une lettre à la main.

UI, c'est Agamemnon, c'est ton Roi qui t'éveille. Viens, reconnois la voix qui frappe ton oreille.

ARCAS.

C'est vous-même, Seigneur? Quel important besoin
Vous a fait devancer l'aurore de si loin?

A peine un foible jour vous éclaire et me guide.
Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide.
Avez-vous, dans les airs, entendu quelque bruit?
Les vents nous auroient-ils exaucés cette nuit?....
Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Neptune.
AGAMEMNON.

Heureux qui, satisfait de son humble fortune,

Libre du joug superbe où je suis attaché,

Vit dans l'état obscur où les Dieux l'ont caché!

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ARCAS.

Eh! depuis quand, Seigneur, tenez-vous ce langage?
Comblé de tant d'honneurs, par quel secret outrage
Les Dieux, à vos desirs toujours si complaisans,
Vous font-ils méconnoître et haïr leurs présens?
Roi, pere, époux heureux, fils du puissant Atrée,
Vous possédez des Grecs la plus riche contrée.
Du sang de Jupiter issu de tous côtés,

L'hymen vous lie encore aux Dieux dont vous sortez.
Le jeune Achille, enfin, vanté par tant d'oracles,
Achille, à qui le Ciel promet tant de miracles,
Recherche votre fille, et d'un hymen si beaut
Veut, dans Troie embrasée, allumer le flambeau.
Quelle gloire, Seigneur, quels triomphes égalent
Les spectacles pompeux que ces bords vous étalent?
Tous ces mille vaisseaux, qui, chargés de vingt Rois,
N'attendent que les vents pour partir sous vos loix?
Ce long calme, il est vrai, retarde vos conquêtes.
Ces vents, depuis trois mois, enchaînés sur nos têtes,
D'Ilion, trop long-tems, vous ferment le chemin;
Mais, parmi tant d'honneurs, vous êtes homme, enfin.
Tandis que vous vivrez, le sort, qui toujours change,
Ne vous a point promis un bonheur sans mélange.

(Voyant Agamemnon lire sa lettre, bas. )
Bientôt.... Mais quels malheurs, dans ce billet tracés,
Vous arrachent, Seigneur, les pleurs que vous versez?
Votre Oreste, au berceau, va-t-il finir sa vie?
Pleurez-vous Clytemnestre, ou bien Iphigénie?
Qu'est-ce qu'on vous écrit? Daignez m'en avertir.

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Non, tu ne mourras point; je n'y puis consentir !

Seigneur....

ARCAS.

AGAMEMNON.

Tu vois mon trouble? Apprends ce qui le cause,

Et juge s'il est tems, ami, que je repose!

Tu te souviens du jour qu'en Aulide assemblés,

Nos vaisscaux, par les vents, sembloient être appelés ?
Nous partions, et déja, par mille cris de joie,
Nous menacions de loin les rivages de Troie.
Un prodige étonnant fit taire ce transport.
Le vent qui nous flattoit, nous laissa dans le port.
Il fallut s'arrêter, et la rame inutile
Fatigua vainement une mer immobile.
Ce miracle inoui me fit tourner les yeux
Vers la Divinité qu'on adore en ces lieux.
Suivi de Ménélas, de Nestor et d'Ulysse,
J'offris sur ces Autels un secret sacrifice.
Quelle fut sa réponse, et que devins-je, Arcas,
Quand j'entendis ces mots, prononcés par Calchas!

« Vous armez contre Troie une puissance vaine,
>> Si dans un sacrifice auguste et solemnel,
» Une fille du sang d'Hélene,

De Diane, en ces lieux, n'ensanglante l'Autel. >> Pour obtenir les vents que le Ciel vous dénic » Sacrifiez Iphigénie. »

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