ACTE V. SCENE PREMIERE. MONIME, PHŒDIME. PHDIME. MADAME, où courez-vous? Quels aveugles trans ports Vous font tenter sur vous de criminels efforts? Eh! quoi, vous avez pu, trop cruelle à vous-même, Faire un affreux lien d'un sacré diadême? Ah! ne voyez-vous pas que les Dieux, plus humains, Ont eux-mêmes rompa ce bandeau dans vos mains? MONIME. Eh! par quelle fureur, obstinée à me suivre, PHŒDIME. Ah! du moins, attendez qu'un fidele rapport Dans Dans la confusion que nous venons d'entendre, Xipharès ne vit plus; il n'en faut point douter. Quel ennemi son bras leur alloit opposer!... (A part.) Mais sur qui, malheureuse! oses-tu t'excuser? Quoi! tu ne veux pas voir que c'est toi qui l'opprimes, Ne le livrois-je pas aux fureurs de son pere? Tisons de la discorde, et fatale furie, Que le démon de Rome a formée et nourrie!... Qu'il étale à mes yeux sa parricide joie.... La mort au désespoir ouvre plus d'une voie.... Me ferment du tombeau les chemins les plus courts! PHDIM E. On vient, Madame, on vient; et j'espere qu'Arcas, Pour bannir vos frayeurs porte vers vous ses pas. SCENE I I. ARCAS, MONIME, PHDIME. EN MONIME, à Arcas. est-ce fait, Arcas, et le cruel Pharnace.... ARCAS, l'interrompant. Ne me demandez rien de tout ce qui se passe, Madame. On m'a chargé d'un plus funeste emploi, (Lui présentant une coupe, qui contient du poison. ) Et ce poison vous dit les volontés du Roi. PHDIME, à Monime. Malheureuse Princesse ! MONIM E. Ah! quel comble de joie !... (A Arcas, en prenant la coupe. ) Donnez. Dites, Arcas, au Roi, qui me l'envoie, Hélas! PHDIM E. MONIM E. Retiens tes cris, et, par d'indignes larmes, De cet heureux moment ne trouble point les charmes. Si tu m'aimois, Phœdime, il falloit me pleurer Quand d'un titre funeste,on me vint honorer; Et lorsque, m'arrachant du doux sein de la Grece, Dans ce climat barbare on traîna ta maîtresse !... Retourne maintenant chez ces Peuples heureux 3. Et, si mon nom encor s'est conservé chez eux, Dis-leur ce que tu vois, et de toute ma gloire, Phoedime, conte-leur la malheureuse histoire... (A part. ) Et toi, qui de ce cœur, dont tu fus adoré, Par un jaloux destin, fus toujours séparé, SCENE I I I. ARBATE, MONIME, PHŒDIME, ARCAS, ARBATE, à Monime, prête à avaler le poison. ARRÊTEZ, arrêtez! ARCAS Que faites-vous, Arbate? ARBATE, à Monime. Arrêtez!... J'accomplis l'ordre de Mithridate. Ah! laissez-moi.... MONIM E. ARBATE, lui arrachant la coupe des mains, et jettans le poison. Cessez, vous dis-je, et laissez-moi, Madame, exécuter les volontés du Roi. (A Arcas.) Vivez.... Et vous, Arcas, du succès de mon zele Courez à Mithridate apprendre la nouvelle. (Arcas sort. |