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Il m'a facrifié fes transports amoureux.

FATIME.

Ce malheureux amour dont votre ame eft bleffée,

Peut-il en ce moment remplir votre pensée ?

ZAYRE.

Ah! Fatime, tout fert à me défefpérer.
Je fçai que du Sérail rien ne peut me tirer.
Je voudrois des Chrétiens voir l'heureufe con

trée,

Quitter ce lieu funeste à mon ame égarée,
Et je fens qu'à l'instant, prompte à me démentir,
Je fais des vœux fecrets pour n'en jamais fortir.
Quel état! quel tourment! non, mon ame
inquiéte

Ne fçait ce qu'elle doit, ni ce qu'elle fouhaite;
Une terreur affreufe eft tout ce que je fens.
Dieu, détourne de moi ces noirs preffentimens,
Prends foin de nos Chrétiens, & veille für mon
frere,

Prends foin du haut des Cieux d'une tête &

chere :

Oui, je le vais trouver, je lui vais obeïr.
Mais dès que de Solyme il aura pu partir,
Par fon abfence alors à parler enhardie,
J'apprends à mon amant le fecret de ma vie :
Je lui dirai le culte où mon cœur eft lié,
Il lira dans ce coeur, il en aura pitié ;
Mais duffai-je au fupplice être ici condamnée,
Je ne trahirai point le fang dont je fuis née.
Va, tu peux amener mon cher frere en ces lieux,
Rappelle cet Efclave.

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pere,

Que ta main me conduife, & que ton œil m'éclaire.

ooooooooo.......00000000

AL

SCENE V.

ZAYRE, l'Esclave.

ZAYRE.

LLEZ dire au Chrétien, qui marche fur vos

pas,

Que mon cœur aujourd'hui ne le trahira pas, Que Fatime en ces lieux va bientôt l'introduire.

A part.

Allons, raffure-toi, malheureuse Zaïre. 000000000000000000000000

SCENE

VI.

UROSMANE, CORASMIN, l'Esclave

Q

OROSMANE.

UE ces momens, grand Dieu, font lents pour ma fureur !

A l'Esclave.

Eh bien, que t'a-t-on dit? Réponds. Parle.

L'ESCLAVE.

Seigneur.'

On n'a jamais fenti de fi vives alarmes. Elle a pâli, tremble, fes yeux verfoient des larmes;

Elle m'a fait fortir, elle m'a rappellé,

Et d'une voix tremblante, & d'un cœur tout troublé,

Près de ces lieux, Seigneur, elle a promis d'attendre

Celui qui cette nuit à ses yeux doit se rendre.

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Allez, il me fuffit. Otes-toi de mes yeux. Laiffez-moi. Tout mortel me devient odieux. Laiffe-moi feul, te dis-je, à ma fureur extrême, Je hais le monde entier, je m'abhorre moimême.

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OROSMAN E feul.

Ou fuis-je ? O Ciel ! Où fuis-je ? Où portai-je

U

mes vœux ?

Zaïre, Néreftan... couple ingrat, couple

affreux,

Traîtres, arrachez-moi ce jour que je refpire, Ce jour fouillé par vous... miférable Zaïre, Tu ne jouïras pas. . . Corasmin, revenez.

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Ан!

OROSMANE.

H! trop cruel ami, quoi! vous m'abandonnez ?

Venez, a-t-il paru, ce rival, ce coupable?

CORAS MIN.

Rien ne paraît encor.

OROSMAN E.

O nuit ! nuit effroyable! Peux-tu prêter ton voile à de pareils forfaits? Zaïre!... l'infidelle . . . après tant de bien

faits.

J'aurais d'un œil ferein, d'un front inaltérable Contemplé de mon rang la chûte épouvantable; J'aurais fçu dans l'horreur de la captivité, Conferver mon courage & ma tranquillité; Mais me voir à ce point trompé par ce que j'aime ?...

CORASMIN

Eh! que prétendez-vous dans cette horreur

extrême ?

Quel est votre dessein ?

OROSMANE.

N'entends-tu pas des cris

CORAS MIN.

Seigneur...

OROS MANE.

On vient.

Un bruit affreux a frapé mes efprits.

CORASMIN.

Non, jufqu'ici nul mortel ne s'avance, Le Sérail eft plongé dans un profond filence; Tout dort; tout eft tranquille, & l'ombre de la nuit. . .

OROSMAN E.

Hélas ! le crime veille, & fon horreur me fuit.
A ce coupable excès porter fa hardieffe!
Tu ne connaiffois pas mon cœur & ma tendreffe,
Combien je t'adorois! quels feux! ah, Coraf-

min!.

Un feul de fes regards auroit fait mon deftin. Je ne puis être heureux, ni fouffrir que par elle. - Prends pitié de ma rage. Oui, cours... la cruelle !

CORASMIN.

Ah

Eft-ce vous qui pleurez? Vous, Orofmane? ô Cieux !

OROSMAN E.

Voilà les premiers pleurs qui coulent de mes

yeux.

Tu vois mon fort, tu vois la honte où je me livre, Mais ces pleurs font cruels, & la mort va les fuivre.

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