C'en eft affez. CORAS MIN. Je crains d'irriter vos alarmes. Il eft vrai que fes yeux ont verfé quelques lar mes; Mais, Seigneur, après tout je n'ai rien obfervé, Qui doive. OROSMAN E. A cet affront je ferois réservé ?....... Non, fi Zaïre, ami, m'avoit fait cette offense, Elle eût avec plus d'art trompé ma confiance; Le déplaifir fecret de fon cœur agité, Si ce cœur eft perfide, auroit-il éclaté ? - Que m'importe après tout le fujet de fes pleurs? Qui fçait fi l'amour même entre dans fes dou leurs ? Et qu'ai-je à redouter d'un efclave infidele, Qui demain pour jamais se va féparer d'elle? CORASMIN. N'avez-vous pas, Seigneur, permis, malgré nos loix, Qu'il jouît de fa vue une feconde fois ? OROSMAN E. Qu'il revînt? lui, ce traître, Qu'aux yeux de ma maîtreffe il ofât reparaître ? Oui, je le lui rendrois; mais mourant, mais puni Mais verfant à fes yeux le fang qui m'a trahi Déchiré devant elle, & ma main dégoutante Confondroit dans fon fang, le fang de fon aman te. .. Excufe les tranfports de ce cœur offenfé ; Il vaut mieux oublier jufqu'au nom de Zaïre. Aux mœurs de l'Occident laiffons cette baffeffe. Fin du troifiéme Alte. Q ACTE IV. SCENE I. ZAYRE, FATIME. FATIME. UE je vous plains, Madame, & que je vous admire ! C'eft le Dieu des Chrétiens, c'est Dieu qui vous inspire. Il donnera la force à vos bras languiffans ZAYRE. Eh! pourrai-je achever ce fatal facrifice? FATIME. Vous demandez fa grace, il vous doit fa juftice; De votre cœur docile il doit prendre le soin. ZAYRE. Jamais de fon appui jé n'eus tant de befoin. FATIME. Si vous ne voyez plus votre augufte famille, Le Dieu que vous fervez vous adopte pour fille: Vous êtes dans les bras, il parle à votre cœur ; Et quand ce Saint Pontife, organe du Seigneur Ne pourroit aborder dans ce Palais profane... ZAYR E. Ah! j'ai porté la mort dans le fein d'Orofmane; J'ai pu désespérer le cœur de mon amant ! Quel outrage, Fatime, & quel affreux moment! Mon Dieu, vous l'ordonnez; j'euffe été trop heureuse. FATIME. Quoi! vous regretteriez cette chaîne honteufe? Hazarder la victoire, ayant tant combattu! ZAYRE. , Victoire infortunée! inhumaine vertu ! Mais, Fatime, à l'inftant les traits de ce que j'aime, Ces traits chers & charmans que toujours je revoi, Se montrent dans mon ame entre Dieu même & moi. Eh bien, race des Rois, dont le Ciel me fit naî tre, Pere, mere, Chrétiens; vous, mon Dieu; vous, mon maître, Vous qui de mon amant me privez aujourd'hui, Terminez donc mes jours qui ne font plus pour lui. Que j'expire innocente, & qu'une main fi chere, Ah! que fait Orofmane? Il ne s'informe pas Quoi, vous! fille des Rois, que vous prétendez Vous dans les bras d'un Dieu, votre éternel appui ? ... ZAYRE. Eh! pourquoi mon amant n'eft-il pas né pour Orofmane eft-il fait pour être fa victime? Ne reprouveroit point une telle alliance. Il pardonne aux combats de ce cœur déchiré; t |