ACTE III. SCENE I OROSMANE, CO RASMIN OROSMAN E. Vous étiez, Corafmin, trompé par vos' a larmes ; Non, Louis, contre moi ne tourne point ses ar- mes, Les Français font laffés de chercher désormais Des climats que pour eux le destin n'a point faits; Ils n'abandonnent point leur fertile patrie, Ils couvrent de vaiffeaux la mer de la Syrie- De la féconde Egypte il menace les bords; 350 Prennent, en s'immolant, le foin de me venger. Je veux que fur la mer on les mene à leur Roi, COR ASMIN. Son nom cher aux Chrétiens. OROSMANE. Son nom n'est point à craindre, Mais, Seigneur, fi Louis. .. OROSMAN E. Il n'eft plus temps defeindrer Zaïre l'a voulu, c'eft affez, & mon cœur queur. Louis eft peu pour moi, je fais tout pour Zaïre; Ont de ce grand hymen fufpendu l'appareil; Mais j'emploirai du moins ce temps à lui com plaire; Zaïre ici demande un fecret entretien Avec ce Néreftan, ce généreux Chrétien. . . CORAS MIN. Et vous avez, Seigneur, encor cette indulgence? Ils ont été tous deux efclaves dans l'enfance ; elle Des rigueurs du Sérail la contrainte cruelle Après ce peu d'inftans volés à mon amour SCENE II. CORASMIN, NERESTAN. CORASMIN. EN ces lieux, un moment, tu peux encor refter, Zaïre à tes regards viendra fe présenter, NÉRESTAN seul. EN quel état, ô Ciel! en quels lieux je la laiffe! Oma Religion! ô mon pere! ô tendreffe!* MA fœur, je puis donc vous parler? Ah! dans quel temps le Ciel nous voulut ralfembler; Vous ne reverrez plus un trop malheureux pere. Dieu, Lufignan! ZAYRE. NÉRESTA N. Il touche à fon heure derniere Sa joie en nous voyant, par de trop grands efforts De fes fens affaiblis a rompu les refforts; Mais pour comble d'horreurs à ces derniers mo¬ mens ? Il doute de fa fille & de fes fentimens ; Il meurt dans l'amertume, & fon ame incertaine Demande en foupirant fi vous êtes Chrétienne. ZAYRE. Quoi! je fuis votre four, & vous pouvez penfer Ah, ma fœur! cette Loi n'eft pas la vôtre encore Oui, je jure en vos mains par ce Dieu que j'a dore, Par la Loi que je cherche & que mon cœur ig nore, De vivre déformais fous cette fainte Loi... Mais, mon cher frere... Hélas! que veut-elle de moi ? Que faut-il ?... NÉRESTA N. Détefter l'Empire de vos maîtres, Servir, aimer ce Dieu qu'ont aimé nos ancêtres; Qui né dans ces remparts eft mort ici pour nous Qui nous a raffemblés, qui m'a conduit vers vous. Eft-ce à moi d'en parler? Moins inftruit que ftdéle, |