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TITUS.

Meffala, fongez-vous que vous parlez à moi Que déformais en vous je ne vois plus qu'un traître,

Et qu'en vous épargnant je commence de l'être?

MESSAL A.

Eh bien, apprenez donc, que l'on vous va ravir
L'ineftimable honneur dont vous n'ofez jouïr;
Qu'un autre accomplira ce que vous pouviez
faire.

TITUS.

Un autre! arrête; Dieux! parle. . . . qui ?

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Il fert Rome & fon Rol Et Tarquin, malgré vous, n'acceptera pour

gendre

Que celui des Romains qui l'aura pu défendre

TITUS.

Ciel ! perfide! ... écoutez; mon cœur longtemps féduit

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A méconnu l'abysme où vous m'avez conduit. Vous penfez me réduire au malheur néceffaire D'être ou le délateur, ou complice d'un frere; Mais plutôt votre fang.

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MESSAL A.

Vous pouvez m'en punir; Frapez, je le mérite, en voulant vous fervir. Du fang de votre ami, que cette main fumante Y joigne encor le fang d'un frere & d'une

amante;

Et, leur tête à la main, demandez au Sénat Pour prix de vos vertus l'honneur du Confular, Ou moi-même à l'inftant déclarant les complices,

Je m'en vais commencer ces affreux facrifices, TITUS.

Demeure, malheureux, ou crains mon dé fespoir.

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Oui, je vais chez Tullie

J'y cours. O Dieux de Rome ! O Dieux de ma

Patrie !

Frapez, percez ce cœur de fa honte alarmé, Qui feroit vertueux, s'il n'avoit point aimé. C'est donc à vous, Sénat, que tant d'amour s'immole ?

A vous, ingrats!. allons

...

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Je le fçai. Mais... du Ciel qui tonne fur ma tête, J'entends la voix qui crie: arrête, ingrat, afrête!

Tu trahis ton Pays... non, Rome! non
Brutus !

Dieux qui me fecourez, je fuis encor Titus.
La gloire a de mes jours accompagné la course;
Je n'ai point de mon fang deshonoré la fource;
Votre victime eft pure, & s'il faut qu'aujour¬
d'hui

Titus foit aux forfaits entraîné malgré lui;
S'il faut que je fuccombe au deftin qui m'op-
prime,

Dieux! fauvez les Romains, frapez avant le crime!

Fin du troifiéme Ade

ACTE IV.

SCENE I.

TITUS, ARONS, MESSALA.

TITUS.

OUI
Ui j'y fuis réfolu, partez, c'est trop at-

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tendre.

Honteux, défespéré, je ne veux rien entendre. Laiffez-moi ma vertu, laiffez-moi mes malheurs. Fort contre vos raifons, faible contre fes pleurs, Je ne la verrai plus. Ma fermeté trahie,

Craint moins tous vos tyrans, qu'un regard de Tullie.

Je ne la verrai plus ! oui, qu'elle parte ... ab

Dieux !

ARONS.

Pour vos intérêts feuls, arrêté dans ces lieux; J'ai bientôt paffé l'heure avec peine accordée, Que vous-même, Seigneur, vous m'aviez de mandée.

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Hélas! que pour vous deux

J'attendois en fecret un deftin plus heureux !

J'efpérois couronner des ardeurs fi parfaites. Il n'y faut plus penser.

TITUS.

Ah! cruel que vous êtes; Vous avez vu ma honte, & mon abaissement Vous avez vu Titus balancer un moment. Allez, adroit témoin de mes lâches tendreffes, Allez à vos deux Rois annoncer mes faibleffes. Contez à ces tyrans, terraffés par mes coups, Que le fils de Brutus a pleuré devant vous. Mais ajoutez au moins, que parmi tant de lar

mes,

Malgré vous & Tullie, & fes pleurs & fes charmes,

Vainqueur encor de moi, libre, & toujours Romain,

Je ne fuis point foumis par le fang de Tarquin; Que rien ne me furmonte, & que je jure encore Une guerre éternelle à ce fang que j'adore.

ARONS.

J'excufe la douleur où vos fens font plongés ; Je refpecte en partant vos triftes préjugés. Loin de vous accabler, avec vous je foupire. Elle en mourra, c'est tout ce que je peux vous dire.

Adieu, Seigneur.

MESSALA.

O Ciel !

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