Je rougirois de moi, fi craignant mon malheur, Quelques vœux pour fa mort avoient furpris mon cœur, Si j'avois un moment fouhaité ma vengeance, Au milieu du Combat on me verra paraître. Ses crimes m'exiloient, fon danger me rappelle. NABAL. Hélas! où courez-vous? dans quel defordre extrême ? ... MARIAM NE. Je fuis perduë, hélas ! c'est Hérode lui-même, HERODE, MARIAMNE, ELISE, NABAL, IDAMAS, Gardes. HEROD E. ILs fe font vus! ah Dieu...perfide, tu mourras. MARIAM NE. Pour la derniere fois,Seigneur,ne fouffrez pas... HEROD E. Sortez... Vous, qu'on la fuive NABAL. O justice éternelle ! Q SCENE VI. HERODE, IDAMAS, Gardes. HEROD E. UE je n'entende plus le nom de l'infidelle. Eh bien! braves Soldats, n'ai - je plus d'ennemis ? IDAMA S. Les Romains font défaits, les Hébreux font foumis : Varus, percé de coups vous céde la Victoire. Ce jour vous a comblé d'une éternelle gloire. Mais le fang de Varus, répandu par vos mains, Peut attirer fur vous le courroux des Romains. Songez-y bien,Seigneur,& qu'une telle offenfe.. HEROD E. De la coupable enfin, je vais prendre vengeance. Je perds l'indigne objet que je n'ai pu gagner, Et de ce feul moment je commence à regner. J'étois trop aveuglé ; ma fatale tendreffe Etoit ma feule tache, & ma feule faibleffe. Laiflons mourir l'ingrate : oublions ses attraits : Que fon nom dans ces lieux s'efface pour jamais; Que dans mon cœur fur tout fa mémoire périffe; Enfin tout eft-il prêt pour ce jufte fupplice? IDAMAS. Oui: Seigneur. HERODE. Quoi! fitôt on a pu m'obéir? Infortuné Monarque ! elle va donc périr ? I DAMAS, Vos gardes l'ont faifie, Votre vengeance, hélas! sera trop bien fervie HEROD E. Elle a voulu fa perte, elle a fçû m'y forcer. Que l'on me venge. Allons, il n'y faut plus penser. Hélas! j'aurois voulu vivre & mourir pour elle. A quoi m'as-tu réduit, épouse criminelle ? SCENE DERNIERE. HERODE, IDAMAS, NABAL. HERODE. NABAL, Où courez-vous? Jufte Ciel ! vous pleurez ! De crainte, en le voyant,mes fens font pénétrés. Seigneur... NABAL. HERODE. Ah! malheureux, que venez-vous me dire? NABAL. Ma voix en vous parlant, fur mes lévres expire. Mariamne... HERODE. NABAL. O douleur! ô regrets superflus ! HERODE. Quoi! c'en eft fait ? NABAL. Seigneur, Mariamne n'est plus. HEROD E. Elle n'eft plus grand Dieu ! NABAL. Je dois à fa mémoire, A fa vertu trahie, à vous, à votre gloire, De vous montrer le bien que vous avez perdu, Et le prix de ce fang par vos mains répandu. Non, Seigneur, non, fon cœur n'étoit point infidelle. Hélas! lorfque Varus a combattu pour elle Votre épouse à mes yeux déteftant fon fecours Voloit pour vous défendre au péril de ses jours. HEROD E. Qu'entends-je ah malheureux! ah défespoir extrême ! Nabal, que m'as-tu dit ? NABAL. C'est dans ce moment même; Où fon cœur fe faifoit ce généreux effort, HEROD E. O monftre, qu'à regret épargna ma juftice! Monftre, quels châtimens font pour toi réfervés? Que ton fang, que le mien ... Ah! Nabal achevez; Achevez mon trépas par ce récit funeste. NABAL. Comment pourrai-je, hélas! vous apprendre le refte? Vos Gardes de ces lieux ont ofé l'arracher. Elle a fuivi leurs pas fans vous rien reprocher, Sans affecter d'orgueil, & fans montrer de crainte. La douce Majefté fur fon front étoit peinte. La modefte innocence & l'aimable pudeur Regnoient dans ses beaux yeux, ainsi que dans fon cœur. Son malheur ajoûtoit à l'éclat de fes charmes. Nos Prêtres, nos Hébreux dans les cris, dans les larmes Conjuroient vos Soldats, levoient les maing vers eux, |