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Sion va refpirer fous un Regne plus doux ;
Mariamne a changé le cœur de fon époux.
Mes mains loin de mon Thrône écartant les
alarmes,

Des Peuples opprimés vont effuyer les larmes.
Je veux fur mes fujets regner en Citoyen,
Et gagner tous les cœurs, pour mériter le fien.
Va la trouver, te dis-je, & fur tout à sa vûë
Peins bien le repentir de mon ame éperduë.
Dis-lui que mes remords égalent ma fureur.
Va, cours, vole, & reviens. Que vois-je !
c'eft ma fœur.

A Mazaël.

Sortez.. ... Termine, ô Ciel ! les chagrins de ma vie.

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SCENE VI

HERODE, SALOME.

SALOMÉ.

HE bien, vous avez vû votre chere ennemie ;

Avez-vous effuyé des outrages nouveaux ?

HERODE..

Madame, il n'eft plus temps d'appesantir mes

maux.

Je cherche à les finir. Ma rigueur implacable, En me rendant plus craint, m'a fait plus miférable.

Affez & trop long-temps fur ma triste maison,

La vengeance & la haine ont verfé leur poifon. De la Reine & de vous les difcordes cruelles Seroient de mes tourmens les fources éternelles. Ma fœur, pour mon repos, pour vous, pour toutes deux,

Eloignez-vous, partez, fuyez ces triftes lieux; Il le faut.

SALOMÉ.

Ciel, qu'entends-je! ah fatale ennemie !
HÉRODE.

Un Roi vous le commande; un frere vous en prie.

Que puiffe déformais ce frere malheureux N'avoir point à donner d'ordre plus rigoureux, N'avoir plus fur les miens de vengeances à prendre,

De foupçons à former, ni de fang à répandre. Ne perfécutez plus mes jours trop agités. Murmurez : plaignez-vous, plaignez – moi ; mais partez.

SALOME.

Moi, Seigneur, je n'ai point de plaintes à vous faire ;

A

Vous croyez mon exil & jufte & néceffaire;
VOS
moindres defirs inftruite à confentir,
Lorfque vous commandez je ne fçai qu'obéir.
Vous ne me verrez point, fenfible à mon injure,
Attefter devant vous le fang & la nature;
Sa voix trop rarement fe fait entendre aux Rois,
Et près des paffions le fang n'a point de droits.
Je ne vous vante plus cette amitié fincere,
Dont le zéle aujourd'hui commence à vous dé-
plaire.

Je rappelle encor moins mes fervices paffés, Je vois trop qu'un regard les a tous effacés. Mais avez-vous penfé, que Mariamne oublie, Qu'Hérode en ce jour même attenta fur la vie? Vous, qu'elle craint toujours, ne la craignezvous plus ?

Ses vœux, fes fentimens, vous font-ils inconnus ?

Qui préviendra jamais, par des avis utiles, De fon cœur outragé les vengeances faciles? Quels yeux intéreffés à veiller fur vos jours, Pourront de ses complots démêler les détours? Son courroux aura-t-il quelque frein qui l'arrête?

Er penfez-vous enfin, que lorfque votre tête Sera par vos foins même expofée à ses coups, L'amour qui vous féduit lui parlera pour vous? Quoi donc tant de mépris, cette horreur inhumaine...

HÉRODE.

Ah! laiffez-moi douter un moment de fa haine, Laiffez-moi me flater de regagner fon cœur, Ne me détrompez point, refpectez mon erreur. Je veux croire, & je crois, que votre haine altiere

Entre la Reine & moi mettoit une barriere; Que par vos cruautés fon cœur s'eft endurci, Et que fans vous enfin j'euffe été moins haï. SALOMÉ.

Si vous pouviez fçavoir, fi vous pouviez com prendre

A quel point...

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HERODĚ.

Non, ma fœur, je ne veux rien entendre;

Mariamne à fon gré peut menacer mes jours; Ils me font odieux, qu'elle en tranche le cours. Je périrai du moins d'une main qui m'est chere.

SALOMÉ.

Ah! c'eft trop l'épargner, vous tromper & me taire.

Je m'expose à me perdre, & cherche à vous fervir,

Et je vais vous parler, duffiez-vous m'en punir.
Epoux infortuné! qu'un vil amour furmonte,
Connaiffez Mariamne, & voyez votre honte.
C'eft peu des fiers dédains dont fon cœur eft
armé ;
C'eft peu de vous haïr;

..un autre en est aimé. HÉRODE.

Un autre en eft aimé! Pouvez-vous bien, barbare,

Soupçonner devant moi la vertu la plus rare? Ma foeur, c'eft donc ainfi que vous m'affaffinez? Laiffez-vous pour adieux ces traits empoifonnés ?

Ces flambeaux de difcorde, & la honte & la rage,

Qui de mon cœur jaloux font l'horrible partage? Mariamne.mais non, je ne veux rien fçavoir Vos confeils fur mon ame ont eu trop de pou

voir;

Je vous ai long-temps cruë, & les Cieux m'en puniffent;

Mon fort étoit d'aimer des cœurs qui mehaïf

fent;

Oui, c'eft moi feul ici que vous perfécutez.

SALOMÉ.

Hé bien donc, loin de vous. ..

HÉRODE.

Non, Madame, arrêtez ... Un autre en eft aimé ! nommez-moi donc, cruelle,

Le fang que doit verfer ma vengeance nouvelle; Pourfuivez votre ouvrage ; achevez mon malheur.

SALOMÉ.

Puifque vous le voulez...

HÉRODE.

Frape, voilà mon cœur,

Dis-moi qui m'a trahi; mais quoiqu'il en puiffe

être,

Songe que cette main t'en punira peut-être ; Oui, je te punirai de m'ôter mon erreur.

Parle, à ce prix . .

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SALOMÉ.

N'importe.
HERODE.

Eh bien..

SALOMÉ.

C'est...

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