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HÉRODE.

Eh! croyez-vous encor, que je puiffe être aimé

MAZAE L.

Seigneur, à vos defseins Zarès toujours fidele, Renvoyé près de vous, & plein d'un même zéle, De la part de Salome attend pour vous parler. HÉRODE.

Quoi! tous deux fans relâche ils veulent m'accabler!

Que jamais devant moi ce monftre ne paraiffe. Je l'ai trop écouté. Sortez tous, qu'on me laiffe.

Ciel, qui pourra calmer un trouble fi cruel?. Demeurez, Idamas; demeurez, Mazaël.

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E

HÉRODE.

H bien, voilà ce Roi fi fier & fi terrible! Ce Roi dont on craignoit le courage infléxible, Qui fçut vaincre & regner, qui fçut briser ses fers,

Et dont la politique étonna l'Univers. Qu'Hérode eft aujourd'hui différent de luimême!

MAZA EL.

Tout adore à l'envi votre grandeur fuprême.

IDA MA S.

Un feul cœur vous réfifte, & l'on peut le gagner. HERODE.

Non: je fuis un barbare, indigne de regner. IDAMA S.

Votre douleur est juste, & fi pour Mariamne... HERODE.

Et c'eft ce nom fatal, hélas ! qui me comdamne; C'eft ce nom qui reproche à mon cœur agité L'excès de ma faiblesse & de ma cruauté.

MAZAEL.

Seigneur, votre clémence augmente encor fa

haine.

Elle fuit votre vûë.

HERODE.

Ah! j'ai cherché la fienne.

MAZAEL,

Qui? vous, Seigneur ?

HERODE.

Hh quoi! mes transports furieux,

Ces pleurs que mes remords arrachent de mes

yeux,

Ce changement foudain, cette douleur mor

relle a

Tout ne te dit-il pas, que je viens d'auprès

d'elle ?

Toujours troublé, toujours plein de haine & d'amour,

J'ai trompé, pour la voir, une importune Cour Quelle entrevue, ô Cieux! quels combats! quel fupplice!

Dans fes yeux indignés j'ai lu mon injuftice. Ses regards inquiets n'ofoient tomber fur moi; Et tout, jufqu'à mes pleurs, augmentoit fon effroi.

MAZA.EL.

Seigneur, vous le voyez, fa haine envenimée
Jamais par vos bontés ne fera défarmée.
Vos refpects dangereux nourriffent fa fierté.
HÉRODE.

Elle me hait! ah Dieu ! je l'ai trop mérité.
Je lui pardonne, hélas! dans le fort qui l'acca

ble,

De haïr à ce point un époux fi coupable.

MAZAE L.

Vous coupable? Eh! Seigneur, pouvez-vous oublier

Ce que la Reine a fait pour vous justifier?
Ses mépris outrageans, fa fuperbe colere,
Ses deffeins contre vous, les complots de fon
pere ?

Le fang, qui la forma, fut un fang ennemi :
Le dangereux Hircan vous eut toujours trahi;
Et des Afmonéens la brigue étoit fi forte,
Que fans un coup d'Etat vous n'auriez pu.

HÉRODE.

N'importe.

Hircan étoit fon pere, il falloit l'épargner;
Mais je n'écoutai rien que la foif de regner.
Ma politique affreufe a perdu fa famille,
J'ai fait périr le pere, & j'ai profcrit la fille :
J'ai voulu la hair, j'ai trop fçu l'opprimer ;
Le Ciel pour m'en punir me condamne à l'aimer.
IDAMA S.

Seigneur, daignez m'en croire, une jufte ten

dreffe

Devient une vertu loin d'être une faibleffe : Digne de tant de biens que le Ciel vous a faits, Mettez votre amour même au rang de fes bienfaits.

HÉRODE.

Hircan, mânes facrés, fureurs que je déteste! I DAMA S.

Perdez-en pour jamais le fouvenir funeste.

MAZAE L.

Puiffe la Reine auffi l'oublier comme vous.

HERODE.

O pere infortuné ! plus malheureux époux ! Tant d'horreurs, tant de fang, le meurtre de fon pere,

Les maux que je lui fais me larendent plus chere. Si fon cœur, . . . fi fa foi, . . . mais c'est trop différer,

Idamas, en un mot, je veux tout réparer.

Va la trouver; dis-lui que mon ame affervie, Met à fes pieds mon Thrône, & ma gloire &

ma vie.

Je veux dans fes enfans choifir un fucceffeur. Des maux qu'elle a foufferts elle accufe ma fœur. C'en eft affez; ma fœur aujourd'hui renvoyée, A ce cher intérêt fera facrifiée.

Je laiffe à Mariamne un pouvoir absolu.

MAZAEL.

Quoi! Seigneur, vous voulez...

HERODE.

Oui, je l'ai réfolu.

Oui, mon cœur déformais la voit, la confidere, Comme un préfent des Cieux qu'il faut que je

révere.

Que ne peut point fur moi l'amour qui m'a

vaincu !

A Mariamne enfin je devrai ma vertu.
Il le faut avouer; on m'a vu dans l'Afie
Regner avec éclat, mais avec barbarie.
Craint, refpecté du Peuple, admiré, mais haï,
J'ai des adorateurs, & n'ai pas un ami.
Ma fœur, que trop long-temps mon cœur a
daigné croire,

Ma fœur n'aima jamais ma véritable gloire.
Plus cruelle que moi dans fes fanglans projets,
Sa main faifoit couler le fang de mes fujets,
Les accabloit du poids de mon Sceptre terrible:
Tandis qu'à leurs douleurs Mariamne fenfible,
S'occupant de leur peine, & s'oubliant pour eux,
Portoit à fon époux les pleurs des malheureux.
C'en eft fait. Je prétends, plus jufte & moins
févere,

Par le bonheur public effayer de lui plaire

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