ACTE II. SCENE I. SALOME, MAZAEL. ENFIN SALOMÉ. NFIN vous le voyez, ma haine eft con- Mariamne triomphe, & Salome eft perdue. pire, Revole avec les vents vers l'objet qui l'attire; cœur Le Roi fe repentoit de fa jufte rigueur. Et Zarés à fon Roi renvoyé par m pris, G iij Et mes faibles honneurs éclipfés devant elle : MAZAE L. Contre elle encor, Madame, il vous reste des armes. J'ai toujours redouté le pouvoir de fes charmes : Vous verrez Mariamne à foi même inhumaine, Forcer le cœur d'Hérode à ranimer sa haine Irriter fon époux par de nouveaux dédains, Et vous rendre les traits qui tombent de vos mains : De fa perte en un mot, repolez-vous sur elle, SALOMĖ. Non, cette incertitude eft pour moi trop cruelle. Non, c'est par d'autres coups que je veux la fraper: Dans un piége plus für il faut l'envelopper. mes. Qu'elle goûte à loifir ce dangereux bonheur. Moi, je veux de mon Roi partager la grandeur; Je veux qu'à mon parti la Cour fe réuniffe, Que fous mes volontés tout tremble, tout flé chiffe. Voilà mes intérêts & mes vœux affidus. Vous, obfervez la Reine, examinez Varus; Faites veiller fur eux les regards mercenaires De tous ces délateurs aujourd'hui nécessaires, Qui vendent les fecrets de leurs concitoyens Et dont cent fois les yeux ont éclairé les miens. Mais, la voici. Pourquoi faut-il que je la voie? க J MAZAEL, NABAL. SALOME. E viens auprès de vous partager votre joie ; Rome me rend un frere, & vous rend un époux, Couronné, tout-puiffant, & digne enfin de vous. Son amour méprifé, fon trop de défiance, Avoit contre vos jours allumé fa vengeance: Mais ce feu violent s'eft bientôt confumé L'amour arma fon bras, l'amour l'a defarmé. Ses triomphes paffés, ceux qu'il prépare encore, Ce titre heureux de Grand, dont l'Univers l'honore, Les droits du Sénat même à fes foins confiés, Sont autant de préfens qu'il va mettre à vos pieds. Poffédez déformais fun ame & fon Empire: Je ne prétends de vous, ni n'attends ce fervice: Je vous connais, Madame, & je vous rends justice. Je fçai par quels complots, je sçai par quels détours, Votre haine impuiffante a poursuivi mes jours. Jugeant de moi par vous, vous me craignea peut-être : .Mais vous deviez du moins apprendre à me connaître. Ne me redoutez point; je sçais également Dédaigner votre crime & votre châtiment. J'ai vu tous vos deffeins, & je vous les par donne. C'est à vos feuls remords que je vous abandonne; Si toutefois après de fi lâches efforts, Un cœur comme le vôtre écoute des remords. SALOMÉ. Je n'ai point mérité cette injufte colere. frere, Contre tous vos foupçons vont me juftifier. MARIAM NE. Je vous l'ai déjà dit; je veux tout oublier. Dans l'état où je fuis, c'est assez pour ma gloire : Je puis vous pardonner; mais je ne puis vous croire. MAZAE L. J'ose ici, grande Reine, attester l'Eternel, MARIAM NE. Arrêtez, Mazaël, Vos excuses pour moi font un nouvel outrage. Obéïffez au Roi, voilà votre partage. A mes tyrans vendu, fervez bien leur courroux: Je ne m'abaisse pas à me plaindre de vous. A Salomé. Je ne vous retiens point, & vous pouvez, Ma dame, Gv |