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VARUS.

Vous entendez mes ordres abfolus ; Obéïffez, vous dis-je, & ne repliquez plus.

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AINSID

VARUS.

si donc fans tes foins, fans ton avis fidelle

Mariamne expiroit fous cette main cruelle ?

ALBIN.

Le retour de Zarès n'étoit que trop fufpect,
Le foin mystérieux d'éviter votre afpect,
Son trouble, fon effroi fut mon prémier indice.
VARUS.

Que ne te dois-je point pour un fi grand service!
C'est par toi qu'elle vit : c'est par toi que mon

cœur

A goûté, cher Albin, ce folide bonheur,
Ce bien fi précieux pour un cœur magnanime、
D'avoir pu fecourir la vertu qu'on opprime.

ALBIN.

Je reconnais Varus à ces foins généreux. Votre bras fut toujours l'appui des malheureux. Quand de Rome en yos mains vous portiez lę tonnerre,

Yous

Vous étiez occupé du bonheur de la terre.
Puiffiez-vous feulement écouter en ce jour
Votre noble pitié plutôt que votre amour!
VARUS.

Ah! faut-il donc l'aimer pour prendre fa défense?

Qui n'auroit, comme moi, chéri son innocence?
Quel cœur indifférent n'iroit à son secours ?
Et qui pour la fauver n'eût prodigué fes jours?
ALBIN.

Ainfi l'amour trompeur, dont vous fentez la flamme,

Se déguise en vertu pour mieux vaincre votre

ame;

Et ce feu malheureux...

VARUS.

Je ne m'en défends pas, L'infortuné Varus adore fes appas.

Je l'aime; il eft trop vrai: mon ame toute nue Ne craint point, cher Albin, de paraître à ta

vûë:

Juge fi fon péril a dû troubler mon cœur ! Moi, qui borne à jamais mes vœux à fon bonheur;

Moi, qui rechercherois la mort la plus affreuse, Si ma mort un moment pouvoit la rendre heu

reuse,

ALBIN,

Seigneur, , que dans ces lieux ce grand cœur eft changé !

Qu'il venge bien l'amour qu'il avoit outragé !

Tom. II.

G

Je ne reconnais plus ce Romain fi févere,
Qui parmi tant d'objets empreffés à lui plaire,
N'a jamais abaiffé fes fuperbes regards

Sur ces beautés que Rome enferme en fes remparts.

VARUS.

Ne t'en étonne point; tu fçais que mon cou rage

A la feule vertu réserva fon hommage.

Dans nos murs corrompus ces coupables beautés Offroient de vains attraits à mes yeux révoltés. Je fuyois leurs complots, leurs brigues éternelles,

Leurs amours paffagers, leurs vengeances cruelles.

Je voyois leur orgueil, accru du deshonneur, Se montrer triomphant fur leur front fans pudeur;

L'altiére ambition, l'intérêt, l'artifice,
La folle vanité, le frivole caprice,

Chez les Romains féduits prenans le nom d'a

mour,

Gouverner Rome entiere & regner tour-à

tour.

J'abhorrois, il eft vrai, leur indigne conquête; A leur joug odieux je dérobois ma tête ! L'amour dans l'Orient fut enfin mon vainqueur. De la trifte Syrie établi Gouverneur,

J'arrivai dans ces lieux, quand le droit de la guerre

Eut au pouvoir d'Augufte abandonné la terre, Et qu'Hérode à fes pieds au milieu de cent Rois, De fon fort incertain vint attendre des loix. Lieu funefte à mon coeur ! malheureufe contrée! C'est là que Mariamne à mes yeux s'eft montrée. L'Univers étoit plein du bruit de ses malheurs,

Son parricide époux faifoit couler fes pleurs.
Ce Roi fi redoutable au refte de l'Afie,
Fameux par les exploits & par la jalousie,
Prudent, mais foupçonneux; vaillant, mais
inhumain >

Au fang de fon beau-pere avoit trempé fa main.
Sur ce Throne fanglant il laiffoit en partage
A la fille des Rois la honte & l'esclavage.
Du fort qui la pourfuit tu connais la rigueur :
Sa vertu, cher Albin, furpaffe fon malheur.
Loin de la Cour des Rois la vérité profcrite,
L'aimable vérité fur fes lévres habite.
Son unique artifice eft le foin généreux
D'affurer des fecours aux jours des malheureux.
Son devoir eft fa loi; fa tranquille innocence
Pardonne à fon tyran, méprise sa vengeance,
Et près d'Augufte encore implore mon appui,
Pour ce barbare époux qui l'immole aujour
d'hui.

Tant de vertus enfin, de malheurs & de charmes,

Contre ma liberté font de trop fortes armes.
Je l'aime, cher Albin; mais non d'un fol amour
Que le caprice enfante & détruit en un jour;
Non d'une paffion que mon ame troublée
Reçoive avidement par les fens aveuglée;
Ce cœur qu'elle a vaincu fans l'avoir amoli,
Par un amour honteux ne s'eft point avili;
Et plein du noble feu, que fa vertu m'infpire,
Je prétends la venger, & non pas la féduire.

ALBIN.

Mais fi le Roi, Seigneur, a fléchi les Romains, S'il rentre en fes Etats...

VARUS.

Et c'eft ce que je crains. Hélas! près du Sénat je l'ai fervi moi-même. Sans doute il a déjà reçu fon Diadême! Et cet indigne Arrêt, que fa bouche a dicté Eft le prémier effai de fon autorité.

Ah! fon retour ici lui peut être funefte. Mon pouvoir va finir, mais mon amour me reste.

Reine, pour vous défendre on me verra périr ; L'Univers doit vous plaindre, & je dois vous fervir,

Fin du prémier Ade,

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