VARUS. Vous entendez mes ordres abfolus ; Obéïffez, vous dis-je, & ne repliquez plus. AINSID VARUS. si donc fans tes foins, fans ton avis fidelle Mariamne expiroit fous cette main cruelle ? ALBIN. Le retour de Zarès n'étoit que trop fufpect, Que ne te dois-je point pour un fi grand service! cœur A goûté, cher Albin, ce folide bonheur, ALBIN. Je reconnais Varus à ces foins généreux. Votre bras fut toujours l'appui des malheureux. Quand de Rome en yos mains vous portiez lę tonnerre, Yous Vous étiez occupé du bonheur de la terre. Ah! faut-il donc l'aimer pour prendre fa défense? Qui n'auroit, comme moi, chéri son innocence? Ainfi l'amour trompeur, dont vous fentez la flamme, Se déguise en vertu pour mieux vaincre votre ame; Et ce feu malheureux... VARUS. Je ne m'en défends pas, L'infortuné Varus adore fes appas. Je l'aime; il eft trop vrai: mon ame toute nue Ne craint point, cher Albin, de paraître à ta vûë: Juge fi fon péril a dû troubler mon cœur ! Moi, qui borne à jamais mes vœux à fon bonheur; Moi, qui rechercherois la mort la plus affreuse, Si ma mort un moment pouvoit la rendre heu reuse, ALBIN, Seigneur, , que dans ces lieux ce grand cœur eft changé ! Qu'il venge bien l'amour qu'il avoit outragé ! Tom. II. G Je ne reconnais plus ce Romain fi févere, Sur ces beautés que Rome enferme en fes remparts. VARUS. Ne t'en étonne point; tu fçais que mon cou rage A la feule vertu réserva fon hommage. Dans nos murs corrompus ces coupables beautés Offroient de vains attraits à mes yeux révoltés. Je fuyois leurs complots, leurs brigues éternelles, Leurs amours paffagers, leurs vengeances cruelles. Je voyois leur orgueil, accru du deshonneur, Se montrer triomphant fur leur front fans pudeur; L'altiére ambition, l'intérêt, l'artifice, Chez les Romains féduits prenans le nom d'a mour, Gouverner Rome entiere & regner tour-à tour. J'abhorrois, il eft vrai, leur indigne conquête; A leur joug odieux je dérobois ma tête ! L'amour dans l'Orient fut enfin mon vainqueur. De la trifte Syrie établi Gouverneur, J'arrivai dans ces lieux, quand le droit de la guerre Eut au pouvoir d'Augufte abandonné la terre, Et qu'Hérode à fes pieds au milieu de cent Rois, De fon fort incertain vint attendre des loix. Lieu funefte à mon coeur ! malheureufe contrée! C'est là que Mariamne à mes yeux s'eft montrée. L'Univers étoit plein du bruit de ses malheurs, Son parricide époux faifoit couler fes pleurs. Au fang de fon beau-pere avoit trempé fa main. Tant de vertus enfin, de malheurs & de charmes, Contre ma liberté font de trop fortes armes. ALBIN. Mais fi le Roi, Seigneur, a fléchi les Romains, S'il rentre en fes Etats... VARUS. Et c'eft ce que je crains. Hélas! près du Sénat je l'ai fervi moi-même. Sans doute il a déjà reçu fon Diadême! Et cet indigne Arrêt, que fa bouche a dicté Eft le prémier effai de fon autorité. Ah! fon retour ici lui peut être funefte. Mon pouvoir va finir, mais mon amour me reste. Reine, pour vous défendre on me verra périr ; L'Univers doit vous plaindre, & je dois vous fervir, Fin du prémier Ade, |