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HÉRODE

ET

MARIAMNE,

TRAGÉDI E.

Représentée pour la prémiere fois le 6

Mars 1723.

Tom. II.

AVERTISSEMENT.

LAMARIAMNE fut jouée én 1723 pour la prémiere fois, Baron, qu'on a furnommé l'Elopus des Français, joua le rolle d'Hérode; mais il étoit trop vieux pour foûtenir ce caractere violent. Adrienne le Couvreur, la meilleure Comédienne qui ait jamais été, repréfenta Mariamne. L'Auteur faifoit mourir cette Princesse par le poison,

on le lui donnoit fur le Théatre. C'étoit vers le temps des Rois que la Piéce fut jouée. Un Petit-Maître dans le Parterre, voyant donner la coupe empoisonnée à Mariamne, s'avifa de crier. la Reine boit. Tous les Français fe mirent à rire, la Piéce ne fut point achevée. On la redonna l'année suivante. On fit mourir Mariamnę d'un autre genre de mort. La Piéce eut quarante Représentations.

Le Sr. Rouleau, qui commençoit à être un peu jaloux de l'Auteur, fit alors une Mariamne d'après l'ancienne Piéce de Triftan; il l'envoya aux Comédiens, qui n'ont jamais pu la jouer, & au Libraire Didot, qui n'a jamais pu la vendre. Ce fut là l'origine de la longue querelle enz tre notre Auteur Rousseau,

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JE

PRÉFAC E.

E ne donne cette Edition qu'en tremblant. Tant d'ouvrages que j'ai vâs applaudis au Théatre & méprifés à la lecture, me font craindre pour le mien le même fort. Une ou deux fituations, l'art des Acteurs, la docilité que j'ai fait paraître, ont pû m'attirer des fuffrages aux Représentations; mais il faut un autre mé rite pour foûtenir le grand jour de l'Impreffion. C'eft peu d'une conduite réguliere. Ĉe feroit peu même d'intéreffer. Tout ouvrage en vers, quelque beau qu'il foit d'ailleurs, fera néceffairement ennuyeux, fi tous les vers ne font pas pleins de force & d'harmonie, fi on n'y trouve pas une élégance continue, fi la Piéce n'a point ce charme inexprimable de la Poëfie que le génie feul peut donner, où l'efprit ne fçauroit jamais atteindre, & fur lequel on raisonne fi mal & fi inutilement depuis la mort de Monfieur Defpreaux.

C'eft une erreur bien groffiere de s'imaginer, que les vers foient la derniere partie d'une Piéce de Théatre, & celle qui doit le moins coûter. Mr. Racine, c'est-à-dire, l'homme de la terre, qui après Virgile a le mieux connu l'art des vers, ne penfoit pas ainfi. Deux années entieres lui fuffirent à peine pour écrire la PHEDRE. Pradon fe vante d'avoir compofé la fienne en moins de trois mois, Comme le fuccès

paffager des Représentations d'une Tragédie ne dépend point du ftile, mais des Acteurs & des fituations, il arriva que les deux Phédres femblerent d'abord avoir une égale destinée ; mais l'impreffion régla bientôt le rang de l'une & de l'autre. Pradon, felon la coûtume des mauvais Auteurs, eut beau faire une Préface infolente, dans laquelle il traitoit fes Critiques de malhonnêtes gens; fa Piéce tant vantée par fa cabale & par lui, tomba dans le mépris qu'elle mérite, & fans la Phédre de Monfieur Racine, on ignoreroit aujourd'hui que Pradon en a compofé une.

Mais d'où vient enfin cette distance fi prodigieufe entre ces deux ouvrages? La conduite en eft à peu près la même : Phédre eft mourante dans l'une & dans l'autre. Théfée eft abfent dans les prémiers Actes: il paffe pour avoir été aux Enfers avec Pirithous: Hippolite fon fils veut quitter Trezéne ; il veut fuir Aricie qu'il aime. Il déclare fa paffion à Aricie, & reçoit avec horreur celle de Phédre; il meurt du même genre de mort, & fon Gouverneur fait le récit de fa mort.

Il y a plus. Les perfonnages des deux Piéces fe trouvant dans les mêmes fituations, difent prefque les mêmes chofes ; mais c'est là qu'on diftingue le grand homme, & le mauvais Poëte. C'eft lorfque Racine & Pradon pensent de mê me, qu'ils font les plus différens. En voici un exemple bien fenfible, dans la déclaration 'Hippolite à Aricie, Monfieur Racine fait ainfi parler Hippolite.

Moi qui contre l'amour fiérement révolté,

Aux fers de fes captifs ai long-temps infulté,

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