Obrazy na stronie
PDF
ePub

de l'autre. Et comme dans tout mélange peut dominer plus ou moins l'un des éléments, dans ce genre de vie moyen prédomine aussi tantôt la vie active et tantôt la vie contemplative (1).

3° Toutes les occupations humaines, si elles ont pour objet de pourvoir, dans l'ordre établi par la raison, aux nécessités de la vie présente, rentrent par là même dans la vie active, qui doit en effet pourvoir selon l'ordre à de semblables nécessités; si elles ont pour objet de servir à une concupiscence quelconque, elles rentrent dans la vie voluptueuse; et celle-ci n'est pas comprise, comme nous venons de le voir, dans la vie active. Tous les efforts de l'homme qui ont pour but la contemplation de la vérité, font évidemment partie de la vie contemplative.

QUESTION CLXXX.

De la vie contemplative.

Considérons en particulier la vie contemplative.

Ce sujet donne lieu à huit questions: 1o La vie contemplative n'appartient-elle qu'à l'intellect, et ne consiste-t-elle pas aussi dans l'affection? 2o Les vertus morales rentrent-elles dans la vie contemplative? 3° La vie contemplative consiste-t-elle dans un seul acte, ou en comprend-elle plusieurs? 4° La considération d'une vérité quelconque rentre-t-elle dans la vie contemplative? 5° La vie contemplative, dans l'état actuel de l'homme,

(1) Un passage de saint Augustin a été cité, comme on l'a vu, à l'appui de l'objection que l'auteur vient de résoudre. Il n'est pas inutile d'ajouter que ce Père de l'Eglise avoit puisé dans un auteur païen, le philosophe Varron, l'idée de ces trois sortes de vie qu'il semble, en effet, admettre dans le passage indiqué. Il le déclare formellement, à la suite de l'explication

activo et contemplativo comprehenditur id quod | tem præsentis vitæ, secundum rationem recest ex utroque compositum. Et tamen, sicut tam, pertinent ad vitam activam, quæ per in quolibet mixto prædominatur aliquod sim- ordinatas actiones consulit necessitati vitæ præplex, ita etiam in medio genere vitæ supera-sentis; si autem deserviant concupiscentiæ cubundat quandoque quidem contemplativum, | juscumque, pertinent ad vitam voluptuosam, quandoque vero activum. quæ non continetur sub vita activa. Humana

Ad tertium dicendum, quòd omnia studia hu- | verò studia quæ ordinantur ad considerationem manarum actionum, si ordinentur ad necessita- veritatis, pertinent ad vitam contemplativam.

QUESTIO CLXXX.

De vita contemplativa, in octo articulos divisa.

Deinde considerandum est de vita contem- | tam contemplativam pertineant virtutes moraplativa. les. 3o Utrùm vita contemplativa consistat soEt circa hoc quæruntur octo. 1o Utrům vita lum in uno actu, aut in pluribus. 4° Utrùm ad contemplativa pertineat tantum ad intellectum, vitam contemplativam pertineat co sideratio an consistat etiam in affectu. 2o Utrùm ad vi- | cujuscumque veritatis. 5o Utrùm vita contem

peut-elle s'élever jusqu'à la vision de Dieu ? 6° Que faut-il penser des mouvements de la contemplation, tels que saint Denis les détermine dans son Traité des noms divins ? 7° La contemplation produit-elle une délectation? 8° La vie contemplative est-elle durable?

ARTICLE I.

La vie contemplative est-elle renfermée dans l'intellect, ou ne s'étend-elle pas aussi aux affections?

Il paroît que la vie contemplative ne s'étend pas dans le domaine des affections et qu'elle est tout entière dans l'intellect. 1° « La fin de la contemplation, c'est la vérité, » dit le Philosophe, Metaph., II, 3. Or la vérité appartient totalement à l'intellect. Donc c'est dans l'intellect aussi que la vie contemplative doit entièrement consister.

2o D'après saint Grégoire, comme nous venons de le voir dans le dernier article, Rachel symbolise la vie contemplative, et ce nom de Rachel veut dire, « principe vu ou découvert. » Or la vue du principe appartient évidemment à l'intellect. Donc c'est à l'intellect aussi qu'appartient proprement la vie contemplative.

3° Voici une parole que nous avons également lue dans saint Grégoire, Super Ezech., homil. XIV: « La vie contemplative implique la cessation des actions extérieures. » Or la puissance affective ou appétitive incline l'homme vers ces mêmes actions. Donc il paroît que la vie contemplative ne rentre en aucune façon dans la puissance appétitive.

qu'il en donne. « Voilà ce que j'ai trouvé, dit-il, dans le livre de Varron, et j'ai tâché de rendre sa pensée avec toute la lucidité qui m'a été possible. » Ce qu'il dit ensuite lui-même sur ce sujet, dans le même livre dix-neuvième de la Cité de Dieu, chap. 19, peut aisément s'accorder avec la doctrine exposée ici par le docteur angélique. Au fond, il n'existe donc que deux sortes de vie, en prenant ce dernier mot dans le sens qu'il doit nécessairement avoir quand il s'agit des diverses applications de la vertu chrétienne.

plativa hominis in hoc statu possit elevari us- | tellectum totaliter. Ergo videtur quòd vita conquæ ad Dei visionem. 6° De motibus conter-templativa totaliter in intellectu consistat plationis, quos Dionysius assignat IV. cap. De div. Nomin. 70 De delectatione contemplationis. 8° De duratione contemplationis.

ARTICULUS I.

Utrùm vita contemplativa nihil habeat in

affectu, sed totum in intellectu.

2. Præterea, Gregorius dicit in VI. Moral. (ut sup.) quòd Rachel, quæ interpretatur « visum principium, » vitam contemplativam significat. Sed visio principii pertinet propriè ad intellectum. Ergo vita contemplativa propriè ad intellectum pertinet.

3. Præterea, Gregorius dicit super Ezech. (homil. 14.) quòd « ad vitam contemplati Ad primum sic proceditur. Videtur quòd vita vam pertinet ab exteriori actione quiescere. » contemplativa nihil habeat in affectu, sed totum Sed vis affectiva sive appetitiva inclinat ad exin intellectu. Dicit enim Philosophus in II. teriores actiones. Ergo videtur quòd vita con Metaph. (text. 3.) quòd « finis contemplatio-templativa non pertineat aliquo modo ad vim nis est veritas. » Veritas autem pertinet ad in-appetitivam.

(1) De his etiam infrà, art. 2, ad 1, et art 7, ad 1; et III, Sent., d'si. 35, qu. 1, art. 21 et qu. 12, de verit., art. 11, ad 11.

Mais le contraire est ainsi formulé par saint Grégoire lui-même, ibid.: «La vie contemplative consiste à garder de toutes les forces de son ame l'amour de Dieu et du prochain, et à s'attacher uniquement au désir de posséder le Créateur. » Or le désir et l'amour appartiennent à la puissance affective ou appétitive, comme il a été démontré, I, II, quest. XXII, art. 3. Donc la vie contemplative s'étend aussi dans le domaine des affections ou des appétits.

(CONCLUSION. Il est vrai que la vie contemplative consiste essentiellement dans l'œuvre de l'intellect; mais, comme chacun éprouve du bonheur à posséder ce qu'il aime, il faut nécessairement que la vie contemplative éprouve cette sorte de bonheur, qui n'est qu'une modification de l'appétit.)

La vie contemplative, avons-nous dit plus haut, est celle des hommes qui ont pour soin principal de s'appliquer à la contemplation de la vérité. Or cette application, qui n'est que la force même de l'intention, est un acte de la volonté, comme nous l'avons établi, I, II, quest. XII, art. 1; car l'intention a pour objet la fin, qui est aussi l'objet de la volonté. Ainsi donc la vie contemplative, quant à ce qui regarde l'essence même de son activité, dépend de l'intellect; et quant à ce qui regarde telle ou telle opération, elle dépend de la volonté, puisque celle-ci meut toutes les autres puissances vers leurs actes respectifs, et l'intellect lui-même, comme nous l'avons dit, I, II, quest. IX, art. 1 (1). Or la force appétitive

(1) L'intelligence et la volonté, comme l'observation nous le montre et d'après ce qu'a dit ailleurs saint Thomas, agissent réciproquement l'une sur l'autre. Sous différents rapports, ces deux facultés commandent ou obéissent. L'intelligence en percevant le vrai le propose ou même l'impose à la volonté, qui l'embrasse en l'envisageant comme len. Celle-ci, à son tour, entraînée par ce bien, réel ou imaginaire, qu'elle a une fois goûté, commande à l'intelligence de considérer ce même objet, pour y découvrir de nouveaux attraits et enflammer ainsi de plus en plus l'ardeur de l'appétit. Mais il est une antériorité qui demeure toujours à l'intelligence; son exercice est nécessairement préalable à celui de la volonté, conformément à cet

Sed contra est, quod Gregorius ibidem dicit, quòd contemplativa vita est charitatem Dei et proximi tota mente retinere, et soli desiderio conditoris inhærere. » Sed desiderium et amor ad vim affectivam sive appetitivam pertinent, ut suprà habitum est (1, 2, qu. 22, art. 3). Ergo etiam vita contemplativa habet aliquid in vi affectiva sive appetitiva.

(CONCLUSIO. — Quanquam essentialiter vita contemplativa in opere intellectus consistat, quia tamen unusquisque delectatur quum est adeptus id quod amat, hinc est quòd vita contemplativa ad delectationem, quæ ad affectum pertinet, terminetur.)

Respondeo dicendum, quòd sicut dictum est (qu. 179, art. 2), vita contemplativa illorum esse dicitur qui principaliter intendunt contemplationi veritatis. Intentio autem est actus voluntatis, ut supra habitum est (1, 2, qu. 12, art. 1); quia intentio est de fine, qui est voluntatis objectum. Et ideo vita contemplativa, quantum ad ipsam essentiam actionis (1), pertinet ad intellectum; quantum autem ad id quod movet ad exercendam talem operationem, pertinet ad voluntatem, quæ movet omnes alias potentias, et etiam intellectum ad suum actum, ut supra dictum est (1, 2, qu. 9, art. 1). Movet autem vis appetitiva ad aliquid inspi

(1) Vel operationis illius, quæ dicitur ontemplatio; nam contemplari est videre cum quada speciali attentione, unde ad intelligibilem visionem refertur, quæ maximè affixum tenet intel

ectum.

a pour objet de son impulsion une connoissance ou sensible ou intelligible. Tantôt elle obéit à l'amour immédiat de la chose vue ou connue, conformément à cette parole, Matth., VI, 21: « Où est votre trésor, là est votre cœur; » et tantôt à l'amour de la connoissance qu'on obtient. Voilà pourquoi saint Grégoire, dans le passage cité plus haut, fait consister la vie contemplative dans l'amour de Dieu; car cet amour a pour effet d'allumer dans notre cœur le désir de contempler la beauté suprême. Et comme chacun trouve sa délectation dans la possession de ce qu'il aime, c'est à la délectation, qui réside dans l'appétit, qu'aboutit la vie contemplative; et c'est de là aussi que l'amour tire son origine et sa force (1).

Je réponds aux arguments: 1° Par là même qu'elle est la fin de la contemplation, la vérité présente tous les caractères d'un bien qui excite notre appétit, mérite notre amour et cause notre joie sous ce rapport la vérité est l'objet de la puissance appétitive.

2o La vision du premier principe, c'est-à-dire de Dieu, est un objet vers lequel nous porte l'amour que nous avons pour lui. C'est ce qui fait dire à saint Grégoire, dans le livre déjà indiqué: « La vie contemplative foule aux pieds toutes les sollicitudes de la terre, brùlant de contempler la face du Créateur. »

3o La puissance appétitive meut non-seulement nos membres vers l'accomplissement des actes extérieurs, mais encore notre intellect dans l'œuvre de la contemplation, comme nous l'avons dit dans le corps de l'article.

adage de l'Ecole : « Nihil volitum quin præcognitum. » De cette anteriorité résulte une véritable supériorité en faveur de l'intelligence; et cette supériorité se maintient toujours, alors même que l'intelligence a reçu l'impulsion de la volonté; car en définitive l'acte de la seconde est forcément mesuré sur celui de la première.

(1) On peut, à une légère modification près, appliquer à la contemplation et à l'amour ce qui vient d'être dit de l'intelligence et de la volonté. Il existe encore là une action réciproque: De la contemplation naît l'amour, et les ardeurs de l'amour croissent avec les lumières de la contemplation; quand l'amour, de son côté, agit avec force dans une ame, il la fixe dans la contemplation, il lui sert d'aiguillon pour la faire avancer de plus en plus dans cette vue

ipso quòd veritas est finis contemplationis, habet rationem boni appetibilis et amabilis et delectantis: et secundum hoc pertinet ad vim appetitivam.

Ad secundum dicendum, quòd ad ipsam visionem primi principii, scilicet Dei, incitat amor ipsius. Unde Gregorius dicit super Ezech., quòd « vita contemplativa, calcatis curis omnibus, ad videndam faciem sui creatoris inardescit. »

ciendum vel sensibiliter, vel intelligibiliter; quandoque quidem propter amorem rei visa, quia, ut dicitur Math., VI: « Ubi est thesaurus tuus, ibi est cor tuum; » quandoque autem propter amorem ipsius cognitionis, quam quis ex inspectione consequitur. Et propter hoc Gregorius (ut sup.) constituit vitam contemplativam in charitate Dei, in quantum scilicet aliquis ex dilectione Dei inardescit ad ejus pulchritudinem conspiciendam. Et quia unusquisque deJectatur cùm adeptus fuerit id quod amat, ideo Ad tertium dicendum, quôd vis appetitiva vita contemplativa terminatur ad delectationem movet non solum membra corporalia ad exteque est in affectu; ex quo etiam amor inten- riores actiones exercendas, sed etiam intelditur. lectum ad exercendam operationem contempla-, Ad primum ergo dicendum, quòd ex hoc tionis, ut dictum est.

ARTICLE II.

Les vertus morales sont-elles du ressort de la vie contemplative?

Il paroît que les vertus morales sont du ressort de la vie contemplative. 1o Saint Grégoire dit, comme on l'a déjà vu : « La vie contemplative consiste à garder de toute son ame l'amour de Dieu et du prochain. » Or toutes les vertus morales, dont les actes nous sont commandés par les préceptes de la loi, se réduisent à l'amour de Dieu et du prochain, puisque c'est là, comme le dit saint Paul, Rom., XIII, 10, « la plénitude de la loi. » Donc il paroît que les vertus morales sont du ressort de la vie contemplative.

2o La vie contemplative a pour objet principal, comme les mots même le disent, la contemplation de Dieu, puisque, selon l'expression de saint Grégoire, « elle foule aux pieds toutes les sollicitudes de la terre, brùlant de contempler la face du Créateur. » Or, nul ne peut s'élever jusque-là si ce n'est par la pureté, qui est l'effet d'une vertu morale, selon ce qui est dit, Matth., V, 8: « Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu; » et Hebr., XII, 14: « Pratiquez la paix envers tout le monde et vivez dans la sainteté, sans laquelle nul ne verra Dieu.» Donc il paroît que les vertus morales sont du ressort de la vie contemplative.

3o Saint Grégoire dit encore au même endroit : « La vie contempla. tive est belle aux yeux de notre ame; » et c'est pour cela qu'elle est représentée par Rachel, dont il est dit, Genes., XXIX: « Elle étoit d'une grande beauté. » Mais la beauté morale dépend des vertus de même nasublime. L'amour est tour à tour le fruit et le principe de la contemplation. Il y a, comme l'on dit à notre époque, action et réaction.

ARTICULUS II.

Utrùm virtutes morales pertineant ad vitam contemplativam.

Ad secundum sic proceditur (1). Videtur quòd virtutes morales pertineant ad vitam contemplativam. Dicit enim Gregorius super Ezech., (homil. 14. ut jam suprà), quòd « contemplativa vita est charitatem Dei et proximi tota mente retinere. » Sed omnes virtutes morales, de quarum actibus dantur præcepta legis, reAucuntur ad dilectionem Dei et proximi; quia « plenitudo legis dilectio est,» ut dicitur ad Rom., XIII. Ergo videtur quòd virtutes morales pertineant ad vitam contemplativam.

2. Præterea, vita contemplativa præcipuè

[ocr errors]

ordinatur ad Dei contemplationem; dicit enim Gregorius super Ezech. (ut jam suprà ), quòd « caleatis curis omnibus, ad videndam faciem sui creatoris inardescit. » Sed ad hoc nullus potest pervenire nisi per munditiam quam causat virtus moralis; dicitur enim Math., V : « Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt; » et ad Hebr., X: « Pacem sequimini cum omnibus et sanctimoniam sine qua nemo videbit Deum. » Ergo videtur quòd virtutes morales pertineant ad vitam contemplativam.

3. Præterea, Gregorius dicit super Ezech. (ut jam suprà), quòd « contemplativa vita speciosa est in animo,» unde significatur per Rachelem, de qua dicitur Genes., XXIX, quòd « erat pulchra facie (2). » Sed pulchritudo ani

(1) De his etiam infrà, qu. 181, art. 1, ad 3, et art. 2, in corp., et art. 4, ad 1; et qu. 182, art. 3; et Opusc., XVII, cap. 7, ad 7; et Contra Gent., lib. III, cap. 37; et in VII. Physic., lect. 6, col. 5.

(2) Seu decora facie ac venusto affectu, vers. 17.

« PoprzedniaDalej »