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nous énonçons du Christ des choses opposées, ce n'est pas en le considérant sous le même rapport, mais bien sous des rapports divers.

2o Il est encore vrai que si les choses qui impliquent un défaut étoient attribuées à Dieu à raison de la nature divine, il y auroit là un blasphème, parce qu'il y auroit une atteinte portée à l'honneur divin; mais rien de tout cela n'existe quand on lui attribue ces choses à raison de la nature qu'il a prise. De là ce qui est dit dans un sermon prononcé au concile d'Ephèse (1) : « Dieu ne regarde pas comme une atteinte faite à sa grandeur ce qui devient une cause de salut pour les hommes; car dans cet état d'abjection qu'il a choisi par amour pour nous, rien ne déprime cette nature qui est placée au-dessus de toute atteinte; et s'il s'approprie une nature inférieure, la nature humaine, c'est pour la sauver. Ce qui est vil et abject n'ôte rien à la grandeur de la nature divine, et concourt cependant à l'accomplissement de notre salut. N'allez donc pas dire que ce qui est une cause de salut pour nous, soit un sujet de honte pour Dieu. »

3° S'il convient à la nature humaine d'être prise, ce n'est pas à raison du suppôt, c'est à raison de la nature elle-même : il n'est donc pas étonnant qu'on ne puisse dire cela de Dieu.

ARTICLE V.

Les choses qui conviennent au Fils de l'homme peuvent-elles étre affirmées de la nature divine; et de la nature humaine, celles qui conviennent au Fils de Dieu?

Il paroît que les propriétés de la nature humaine peuvent être affirmées de la nature divine. 1° Ces propriétés sont affirmées du Fils de Dieu et de manière indirecte et éloignée; in recto et in obliquo, comme s'expriment les théologiens, et spécialement les disciples de saint Thomas. Quand nous disons, en effet, Jésus, le Christ, ou bien encore, le Fils de Dieu, le Fils de Marie, c'est la seconde personne de la Trinité que nous désignons avant tout; puis viennent dans notre pensée les deux natures qu'elle possède.

(1) Par Théodore, évêque d'Ancyre, et dont le sujet étoit la Nativité du Sauveur. On comprend à quel point un semblable sujet répondoit à la pensée des Pères de ce concile, puisqu'ils

Et hoc modo opposita prædicantur de Christo, | turam non injuriantur, sed salutem hominibus non secundùm idem, sed secundùm diversas operantur. Quomodo dicis ea quæ causa nosnaturas. træ salutis sunt, injuriæ occasionem Deo fuisse? »>

Ad secundum dicendum, quòd si ea quæ ad defectum pertinent, Deo attribuerentur secundùm divinam naturam, esset blasphemia, quası pertinens ad diminutionem honoris ipsius; non autem pertinet ad Dei injuriam, si attri– buantur ei secundum naturam assumptam. Unde in quodam sermone Ephesini Concilii dicitur: << Nihil putat Deus injuriam quod est occasio salutis hominibus; nihil enim abjectorum quæ elegit propter nos, injuriam facit illi naturæ quæ non potest esse subjecta injuriis; propria verò facit inferiora, ut salvet naturam nostram. Quando ergo abjecta et vilia sunt, divinam na

Ad tertium dicendum, quòd assumi convenit humanæ naturæ, non ratione suppositi, sed ratione sui ipsius: et ideo non convenit Deo.

ARTICULUS V.

Utrùm ea quæ conveniunt Filio hominis, pos sint prædicari de divina natura; et de hu mana ea quæ conveniunt Filio Dei.

Ad quintum sic proceditur. Videtur quòd quæ sunt humanæ naturæ possint dici de natura divina. Ea enim quæ sunt humanæ naturæ, prædicantur de Filio Dei et de Deo. Sed

Dieu même. Or Dieu est sa propre nature. Donc les propriétés de la nature humaine peuvent servir de prédicats à la nature divine.

2o La chair appartient à la nature humaine. Or, comme s'exprime saint Jean Damascène, «nous disons que la nature du Verbe s'est incarnée, et nous le disons à la suite des bienheureux Athanase et Cyrille. » Done il paroît que pour la même raison les autres propriétés de la nature humaine peuvent être affirmées de la nature divine.

3o Les propriétés de la nature divine conviennent dans le Christ à la nature humaine; ainsi, la propriété de connoître l'avenir, et celle de travailler efficacement à notre salut. Donc il paroît également que les propriétés de la nature humaine peuvent être affirmées de la nature divine. Mais saint Jean Damascène dit ainsi le contraire: «Quand nous parlons de la divinité, nous ne lui attribuons pas les idiomes (c'est-à-dire les propriétés) de l'humanité; nous ne disons pas, par exemple, que la divinité est passible ou soumise à l'action créatrice.» Mais la divinité n'est autre chose que la nature divine. Donc les propriétés de la nature humaine ne peuvent pas être affirmées de la nature divine.

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(CONCLUSION. La nature divine et la nature humaine n'étant pas la même nature, il est évident que les propriétés de celle-ci ne peuvent être affirmées de celle-là dans le sens abstrait.)

Les propriétés d'une chose ne peuvent être avec vérité affirmées d'une autre, si ce n'est en tant que celle-ci est la même chose que celle-là; ainsi, le rire ne convient qu'à l'homme considéré comme tel. Or dans le mystère de l'Incarnation, la nature divine et la nature humaine ne sont pas la même chose; leur hypostase seule est la même : les propriétés de l'une ne s'étoient principalement réunis pour venger l'honneur de Marie, Mère de Dieu, récemment attaquée par l'impie Nestorius, patriarche de Constantinople.

Deus est sua natura. Ergo ea quæ sunt naturæ humanæ, possunt prædicari de divina natura.

2. Præterea, caro pertinet ad naturam humanam. Sed, sicut dicit Damascenus in III. lib., «dicimus naturam Verbi incarnatam esse, secundùm beatos Athanasium et Cyrillum. »> Ergo videtur quòd pari ratione, ea quæ sunt i:umanæ naturæ possint dici de divina natura. 3. Præterea, ea quæ sunt divinæ naturæ, conveniunt humanæ naturæ in Christo; sicut cognoscere futura, et habere salutiferam virtutem. Ergo videtur quòd pari ratione ea quæ *nt humanæ naturæ possint dici de divina na

minamus (1) de ea quæ humanitatis idiomata sunt, » id est, proprietates; « non enim dicimus deitatem passibilem vel creabilem. »> Deitas autem est divina natura. Ergo ea quæ sunt humanæ naturæ propria, non possunt dici de divina natura.

(CONCLUSIO. Cùm non eadem sit natura divina et humana, perspicuum est ea quæ humanæ naturæ sunt, non posse de divina natura in abstracto prædicari.)

Respondeo dicendum, quòd ea quæ sunt propria unius, non possunt verè de alio prædicari, nisi de eo quod est idem illi; sicut risibile non convenit nisi ei quod est homo. In mysterio autem Incarnationis non est eadem Sed contra est, quod Damascenus dicit in natura divina et humana; sed eadem est hyII. lib.: «Deitatem quidem dicentes, non no-postasis utriusque naturæ : et ideo ea quæ sunt

tura.

(1) Vel non enuntiamus, ut et græcum xxτovou.άuev reddi potest, seu non attribuimus el nomen idiomatum, id est proprietatum quæ ad humanitatem spectant.

peuvent donc pas être affirmées de l'autre, si l'on prend ces natures dans le sens abstrait (1). Les noms concrets désignent la nature terminée par l'hypostase: les propriétés de l'une et l'autre natures peuvent donc indif féremment servir de prédicat aux noms concrets, soit que le nom auquel on les unit désigne les deux natures, comme celui de Christ, qui exprime en même temps, et la divinité qui répand l'onction, et l'humanité qui la reçoit; soit que ce nom désigne seulement la nature divine, comme celui de Dieu ou de Fils de Dieu; soit enfin que ce nom désigne la nature 'humaine toute seule, comme celui d'homme ou de Jésus. De là ce que dit St. Léon pape dans sa lettre aux évêques de la Palestine, Epist. LXXXIII, 7: « Peu importe dans laquelle des deux substances le nom du Christ sera puisé, puisque l'indestructible unité de la personne fait que le même être est tout entier le Fils de l'homme, à raison de la chair, et tout entier le Fils de Dieu, à raison de la divinité, qui lui est commune avec le Père.» Je réponds aux arguments: 1o Dans l'Etre divin la personne est réellement la même chose que la nature; et c'est à raison de cette identité que la nature divine est affirmée du Fils de Dieu. Mais le mode de signification n'est pas le même; aussi est-il des choses qu'on dit du Fils de Dieu et qu'on ne sauroit dire de la nature divine; nous disons par exemple, que le Fils de Dieu est engendré, ce qui ne seroit pas vrai de la nature divine, comme nous l'avons établi dans la première partie, quest XXXIX, art. 5. Pareillement, dans le mystère de l'Incarnation, nous disons que le Fils de Dieu a souffert, et nous ne disons pas cela de la nature divine.

(1) Ce seroit là prétendre que l'abstrait peut être affirmé de l'abstrait, ou du moins l'abstrait du concret, et réciproquement; ce qui implique la confusion des deux natures, c'est-àdire l'hérésie d'Eutychès. « Du désordre ou de l'inexactitude du langage résulte l'hérésie, » a dit un saint docteur. Et rien n'est plus vrai; l'expérience de tous les siècles sert de confirmation à cette vérité. Il ne suffit donc pas toujours d'exposer le dogme catholique, pour en sauvegarder l'intégrité; il faut encore pour cela fixer irrévocablement la langue théologique. Cette nécessité est d'autant plus grande qu'on est partout en présence du mystère, spécialement qund il s'agit de l'Incarnation du Verbe. En parler avec exactitude n'est pas le moindre mérite du théologien. Ceux qui parlent de la Religion sans en posséder la science sacrée, s'exposent à lui nuire, au lieu de la servir, malgré les intentions les plus droites et les plus généreuses.

unius naturæ non possunt de alia prædicari, secundùm quod in abstracto significantur. Nomina verò concreta supponunt hypostasim naturæ et ideo indifferenter prædicari possunt ea quæ ad utramque naturam pertinent, de nominibus concretis, sive illud nomen de quo dicuntur, det intelligere utramque naturam, sicut hoc nomen, Christus, in quo intelligitur et divinitas ungens, et humanitas uncta, sive solùm divinam naturam, sicut hoc nomen Deus vel Filius Dei, sive solùm naturam humanam, sicut hoc nomen homo, vel Jesus. Unde Leo Papa dicit in Epist. ad Palestinos: « Non interest ex qua Christus substantia nominetur, cùm inseparabiliter manente untate personæ,

¡idem sit et totus hominis Filius, propter carnem, et totus Dei Filius, propter unam cum patre deitatem. »

Ad primum ergo dicendum, quòd in divinis realiter est idem persona cum natura; et ratione hujus identitatis divina natura prædicatur de Filio Dei. Non tamen est idem modus significandi; et ideo quædam dicuntur de Filio Dei, quæ non dicuntur de divina natura; sicut dicimus quòd Filius Dei est genitus, non tamen dicimus quòd natura divina sit genita, ut in 1. parte habitum est (qu. 39, art. 5). Et similiter in mysterio Incarnationis dicimus quòd Filius Dei passus est, non autem dicimus quod divina natura sit passa.

20 Incarnation dit plutôt union avec la chair que propriété de la chair. Or chaque nature dans le Christ se trouve unie à l'autre par l'unité de personne; et c'est à raison de cette union que nous disons de la nature divine qu'elle s'est incarnée, et de la nature humaine qu'elle a été déifiée, comme nous l'avons dit plus haut, quest. III, art. 2.

3o Les propriétés de la nature divine sont affirmées de la nature humaine, non en tant qu'elles conviennent essentiellement à la première, mais en tant qu'elles sont communiquées à la seconde par voie de partici pation. Et dès lors les propriétés auxquelles la nature humaine ne sauroit participer, comme l'éternité, la toute-puissance, on ne doit les lui attribuer en aucune façon (1). Quant à la nature divine, elle n'a rien reçu de la nature humaine par voie de participation. Et voilà pourquoi les propriétés de cette dernière nature ne peuvent nullement être affirmées de la nature divine.

ARTICLE VI.

Cette proposition est-elle vraie, Dieu s'est fait homme?

Il paroît que cette proposition est fausse. 1o Le mot homme exprimant la substance même de l'être, être fait homme, c'est être fait purement et simplement. Mais il est faux de dire que Dieu est fait dans ce dernier sens. Donc il l'est également de dire, Dieu s'est fait homme ?

2o Etre fait homme, c'est changer. Or Dieu ne peut pas être sujet au changement, comme il le dit par la bouche de son Prophète Malach., III, 6: « Je suis le Seigneur, et je ne change pas. » Donc il paroît qu'on ne sauroit dire, Dieu s'est fait homme.

(1) Non, sans doute, on ne sauroit attribuer de telles propriétés à la nature humaine prise dans un sens abstrait; ce seroit là méconnoître toutes les lois du langage, fouler aux pieds les plus simples notions du bon sens, comme cela résulte de ce que nous avons déjà dit. Mais,

ARTICULUS VI.

Ad secundum dicendum, quòd Incarnatio | natura. Et ideo ea quæ sunt humanæ naturæ, magis importat unionem ad carnem, quàm car-nullo modo possunt dici de divina natura. nis proprietatem. Utraque autem natura in Christo, est unita alteri in persona; ratione cujus unionis et divina natura dicitur incarnata, et humana natura deificata, ut supra dictum est (qu. 3, art. 2).

Utrùm hæc sit vera, Deus factus est homo.

Ad sextum sic proceditur (1). Videtur quòd hæc sit falsa, Deus factus est homo. Cùm enim homo significet substantiam, fieri hominem, est fieri simpliciter. Sed hæc est falsa, Deus factus est simpliciter. Ergo hæc falsa, Deus factus est homo.

Ad tertium dicendum, quòd ea quæ sunt divinæ naturæ, dicuntur de humana natura, non secundum quòd essentialiter competunt divinæ naturæ, sed secundùm quòd participativè derivantur ad humanam naturam. Unde ea quæ 2. Præterea, fieri hominem, est mutari. Sed participari non possunt à natura humana (sicut | Deus non potest esse subjectum mutationi, seesse increatum, aut omnipotentem) nullo modocundùm illud Malach., III : « Ego Dominus, de humana natura dicuntur. Divina autem non mutor. » Ergo videtur quòd hæc sit falsa, natura nihil participativè accipit ab humana Deus factus est homo.

(1) De his etiam infrà, qu. 33, art. 3, corp.; et III, Sent., dist. 3, qu. 5, art. 3; et dist. 7, qu. 2, art.; et Opusc., I, cap. 18; et Opusc., II, cap. 6; et ad Rom., I, lect. 2.

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3o Le mot homme en s'appliquant au Christ, porte sur la personne même du Fils de Dieu. Or il seroit faux de dire, Dieu s'est fait la personne du Fils de Dieu. Donc il l'est également de dire, Dieu s'est fait homme.

Mais le contraire résulte clairement de cette parole, Joan., I, 13: « Le Verbe s'est fait chair. » Sur quoi saint Athanase observe dans sa lettre à Epictète, évêque de Corinthe : « Quand l'Evangile dit, le Verbe s'est fait chair, c'est comme s'il disoit, Dieu s'est fait homme. »

(CONCLUSION. Comme ce n'est pas de toute éternité, mais seulement dans le temps que la qualification d'homme a pu être affirmée de Dieu, il faut reconnoître la vérité de cette proposition, Dieu s'est fait homme.)

Quand on peut attribuer à un être une qualification nouvelle, c'est qu'on peut dire aussi que cet être est devenu ou a été fait quelque chose. Or la qualification d'homme est véritablement donnée à Dieu, comme nous l'avons dit dans le premier article; de telle sorte néanmoins que cette qualification ne convient pas à Dieu de toute éternité, et qu'il n'a pu la recevoir que dans le temps après avoir pris la nature humaine. Cette proposition est donc vraie, Dieu s'est fait homme. Seulement elle est diversement comprise, comme nous l'avons remarqué de celle-ci, Dieu est homme (1).

Je réponds aux arguments: 1° Etre fait homme, c'est à la vérité être fait purement et simplement toutes les fois qu'il s'agit d'un être où la nature humaine commence à exister en un suppôt nouvellement créé; mais quand nous disons, Dieu s'est fait homme, nous entendons seulement que la nature humaine a commencé d'être en un suppôt divin, préexistant ces mêmes propriétés, on peut les attribuer à cet homme qui est Jésus-Christ, par la raison qu'alors on considère la nature humaine dans un suppôt divin, dans une individualité concrète. '1) En effet, ces deux propositions sont implicitement renfermées l'une dans l'autre ; la démonstration dont la première a été l'objet, peut donc entièrement s'appliquer à la seconde. Mais, comme celle-ci reproduit, avec une légère modification, un texte de l'Evangile, l'auteur, en lui consacrant une thèse à part, saisit l'occasion, sans abandonner ni ralentir sa marche théologique, d'exposer le vrai sens du Livre saint.

3. Præterea, Homo secundùm quod de Christo dicitur, supponit personam Filii Dei. Sed hæc est falsa, Deus factus est persona Filii Dei. Ergo hæc est falsa, Deus factus est homo.

Sed contra est, quod dicitur Joan., I: « Verbum caro factum est. » Et sicut Athanasius dicit in Epistola ad Epictetum, quòd « dixi, Verbum caro factum est, simile est ac si diceretur quòd Deus homo factus est. >>

(CONCLUSIO. Cùm non ab æterno, sed in tempore, esse hominem de Deo prædicetur, propositionem hanc, Deus factus est homo, veram esse fatendum est.)

Respondeo dicendum, quòd unumquodque

dicitur esse factum illud quod de novo incipit prædicari de ipso. Esse autem hominem, verè prædicatur de Deo, sicut dictum est (art. 1 ); ita tamen quòd non convenit Deo esse hominem ab æterno, sed ex tempore per assumptionem humanæ naturæ. Et ideo hæc est vera, Deus factus est homo; diversimodè tamen intelligitur à diversis, sicut et hæc, Deus est homo, ut suprà dictum est.

Ad primum ergo dicendum, quòd fieri hominem, est fieri simpliciter, in omnibus his in quibus humana natura incipit esse in supposito de novo creato; Deus autem dicitur factus homo, eo quòd humana natura incipit esse in supposito divinæ naturæ, ab æterno præ

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