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puisque le Christ est vrai Dieu et vrai homme, soit dans l'essence même et la valeur de l'affirmation émise. En effet, un nom qui exprime une nature commune, mais prise dans une individualité concrète, peut exprimer le suppôt de tout individu qui rentre dans cette nature commune; ainsi le mot homme exprime le suppôt dans tout individu de l'espèce humaine. Pareillement donc, le nom de Dieu, en vertu de sa signification naturelle, peut être employé pour la personne du Fils de Dieu, comme cela résulte de ce qui a été dit dans la première partie, quest. XXXIX, art. 4. Et du reste, de tout suppôt dans une nature quelconque, peut proprement et véritablement être affirmé le nom qui exprime cette même nature prise dans une individualité concrète; ainsi nous disons dans le sens le plus propre et le plus vrai, Socrate, Platon est un homme. Puis donc que la personne du Fils de Dieu, dont ce dernier nom exprime le suppôt, ou, en d'autres termes que nous appelons légitimement Dieu, est elle-même le suppôt de la nature humaine, il s'ensuit que le mot homme peut, dans son sens propre et vrai, servir de prédicat au nom de Dieu, en tant que ce dernier nom s'applique à la personne du Verbe.

Je réponds aux arguments: 1° Quand il s'agit de formes diverses et qui ne sauroient se réunir dans un même suppôt, il faut bien que la proposition qui les embrasse porte sur une matière éloignée, l'une de ces formes étant exprimée par le sujet et l'autre par le prédicat. Mais quand les deux formes peuvent se trouver dans le même suppôt, la matière de la proposition n'est plus éloignée, mais elle est nécessaire ou contingente; comme si je disois : « L'homme blanc est musicien. » Or la nature divine et la nature humaine, bien que placées à la plus grande distance possible, ont été par le mystère de l'Incarnation réunies dans le même suppôt, auquel l'une et l'autre sont attachées par essence et non par accident. Ainsi donc, cette proposition, Dieu est homme, ne porte ni sur une ma

tatem prædicationis; nomen enim significans | de hoc nomine Deus, secundùm quòd supponit naturam communem in concreto, potest suppo- pro persona Filii Dei. nere pro quolibet contentorum sub natura com- Ad primum ergo dicendum, quòd quando muni; sicut hoc nomen homo potest supponere formæ diversæ non possunt convenire in unum pro quolibet homine singulari. Et ita hoc nomen suppositum, tunc oportet quòd propositio sit in Deus ex ipso modo suæ significationis potest materia remota, cujus subjectum significat unam supponere pro persona Filii Dei, ut etiam in illarum formarum, et prædicatum aliam. Sed I. part. habitum est (1). De quolibet autem quando duæ formæ possunt convenire in unum supposito alicujus naturæ, potest verè et pro- suppositum, non est materia remota, sed natupriè prædicari no nen significans illam naturam ralis vel contingens; sicut cùm dico: Album in concreto, sicut de Socrate et Platone pro- est musicum. Natura autem divina et humana, priè et verè prædicatur homo. Quia ergo per- quamvis sint maximè distantes, tamen convesona Filii Dei (pro qua supponit hoc nomen niunt per Incarnationis mysterium in uno supDeus), est suppositum naturæ humanæ, verè posito, cui neutra illarum inest per accidens, et propriè hoc nomen homo potest prædicari | sed per se. Et ideo hæc propositio: Deus est

(1) Nimirum qu. 39, jam superiùs indicatâ, art. 4, ubi non hoc præcisè indicatur habere ut supponere possit pro persona Filii Dei, sed absoluté pro persona qualibet, quia essentiam diviuam significat ut in habente ipsam.

tière éloignée, ni sur une matière contingente, mais bien sur une matière naturelle; et le prédicat homme s'applique dès lors à Dieu, non par accident, mais de so1, comme l'espèce s'affirme de l'hypostase; ce qui n'a pas lieu néanmoins à raison de la forme exprimée par le nom de Dieu, mais à raison du suppôt divin, qui est aussi celui de la nature humaine. 2° Si les trois personnes divines se réunissent dans une même nature, elles se distinguent comme suppôt, et voilà pourquoi l'une ne sauroit être le prédicament de l'autre. Mais dans le mystère de l'Incarnation, comme les deux natures sont distinctes, on ne les affirme pas non plus l'une de l'autre, en les prenant dans le sens abstrait, car la nature divine n'est pas évidemment la nature humaine; comme elles sont néanmoins réunies dans le même suppôt, on peut également dans le sens concret les réunir dans la même proposition.

3o L'ame et la chair expriment des entités abstraites, comme la divinité et l'humanité. Dans l'individualité concrète, il faudroit dire, l'être animé, l'être corporel, comme d'autre part on dit, Dieu, homme. Ainsi donc, de part et d'autre, c'est le concret qui s'affirme du concret, et non l'abstrait de l'abstrait (1).

4o Le mot homme devient le prédicat de Dieu à raison de l'union qui s'est faite dans la personne, union qui implique une relation. Et de là vient qu'elle n'est pas soumise à la même règle que les noms qui conviennent à Dieu d'une manière absolue et de toute éternité.

)1) Dans ces derniers mots se trouve résumée et formulée, non-seulement la raison de tout ce que l'auteur vient de dire dans cet article, mais encore la règle fondamentale de la communication des idiomes. C'est le concret qui s'affirme du concret; et cela parce que les deux natures qu'on affirme ainsi l'une de l'autre, ou bien leurs propriétés respectives, sont réunies dans un seul et même suppôt, c'est-à-dire dans un seul être concret. Une telle communication est donc rationnellement basée sur l'unité de la personne, telle qu'elle a été démontrée contre les erreurs d'Arius et de Nestorius. Si l'on considère les natures ou leurs propriétés, abstraction faite de l'hypostase qui les réunit, il n'y aura plus de communication possible; leur point de jonction a disparu; avec des mots abstraits on tombe dans des absurdités évidentes, puisqu'on diroit : « La divinité est l'humanité, ou réciproquement; l'éternité est morte.... D Ce à quoi néanmoins conduiroit d'une manière logique la doctrine d'Eutychés en confondant

homo, non est neque in materia remota, neque in materia contingenti, sed in materia naturali. Et prædicatur homo de Deo, non per accidens, sed per se, sicut species de sua hypostasi, non quidem ratione formæ significatæ per hoc nomen Deus, sed ratione suppositi, quod est hypostasis humanæ naturæ.

Ad secundum dicendum, quòd tres personæ divinæ conveniunt in natura, distinguuntur tamen in supposito; et ideo non prædicantur de invicem. In mysterio autem Incarnationis, naturæ quidem, quia distinctæ sunt, de invicem non prædicantur, secundùm quòd significantur in abstracto (non enim natura divina est hu

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mana); sed quia conveniunt in supposito, prædicantur de se invicem in concreto.

Ad tertium dicendum, quòd anima et caro significantur ut in abstracto, sicut divinitas et humanitas. In concreto verò dicuntur animatum et carneum sive corporeum, sicut et ex alia parte Deus et homo. Unde utrobique abstractum non prædicatur de abstracto, sed solùm concretum de concreto.

Ad quartum dicendum, quòd hoc nomen homo prædicatur de Deo ratione unionis in persona; quæ quidem unio relationem importat (1). Et ideo non sequitur regulam eorum nominum quæ absolutè prædicantur de Deo ab æterno.

(1) Etsi substantialis alioqui, non relativa merė.

ARTICLE II.

Cette proposition est-elle vraie, l'homme est Dieu?

П paroît que cette proposition est fausse. 1o Le nom de Dieu est incommunicable; et de là les reproches faits aux idolâtres, Sap., XIV, de ce qu'ils ont transporté ce nom incommunicable de Dieu au bois et à la pierre. Donc c'est également une chose désordonnée d'appliquer le nom de Dieu à l'homme.

2o Tout ce qui est dit du prédicat, l'est également du sujet. Or voici des propositions vraies, Dieu est Père, Dieu est Trinité. Si donc celle-ci est vraie, l'homme est Dieu, il paroît que celles-ci le seront également, l'homme est Père, l'homme est Trinité. Mais ces dernières sont évidemment fausses. Donc la précédente l'est aussi.

3o Il est écrit, Ps. LXXX, 9: «Il n'y aura pas en vous de dieu nouveau. » Or l'homme est quelque chose de nouveau, puisque le Verbe divin n'a pas toujours été homme. Donc on ne sauroit dire, l'homme est Dieu.

Mais le contraire nous est enseigné par l'Apôtre, Rom., IX, 5 : « C'est d'eux que le Christ est descendu selon la chair, lui qui est par-dessus tout, Dieu béni dans tous les siècles. » Or le Christ selon la chair est homme. Donc cette proposition est vraie, l'homme est Dieu.

(CONCLUSION. La vérité des deux natures une fois établie, aussi bien que leur union en une personne ou hypostase, cette proposition est vraie, l'homme est Dieu, tout comme celle-ci, Dieu est homme.)

les deux natures en une seule. Ainsi donc, l'abstrait ne s'affirme pas de l'abstrait; et, pour compléter cette règle, l'abstrait ne s'affirme pas même du concret, ni le concret de l'abstrait. C'est toujours le sujet commun qui manque de part ou d'autre, quand il ne manque pas de part et d'autre.

ARTICULUS II.

Utrùm hæc sit vera: Homo est Deus.

Ad secundum sic proceditur (1). Videtur quòd hæc sit falsa: Homo est Deus. Deus enim est nomen incommunicabile, secundùm quòd Sap., XIV (2), reprehenduntur idololatræ de hoc quòd hoc nomen Deus, quod est incommunicabile, lignis et lapidibus imposuerunt. Ergo pari ratione videtur esse inconveniens quòd hoc nomen Deus prædicetur de homine.

2. Præterea, quidquid prædicatur de prædicato, prædicatur de subjecto. Sed hæc est vera: Deus est Puter, vel: Deus est Trinitas. Si ergo hæc sit vera: Homo est Deus, videtur

(1) De his etiam locis suprà art. 1 inductis.

quòd hæc etiam sit vera: Homo est Pater, vel: Homo est Trinitas; quas quidem patet esse falsas. Ergo et primam.

3. Præterea, in Psalm. LXXX dicitur: « Non erit in te Deus recens. » Sed homo est quiddam recens; non enim Christus semper fuit homo. Ergo hæc est falsa: Homo est Deus.

Sed contra est, quod dicitur Rom., IX : « Ex quibus est Christus secundùm carnem, qui est super omnia Deus benedictus in sæcula. » Sed Christus secundùm carnem est homo. Ergo hæc est vera: Homo est Deus.

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(2) Ut videre est æquivalenter vers. 21, ubi dicitur: Hæc fuit vitæ humanæ deceptio quoniam aut affectui aut regibus deservientes homines incommunicabile nomen lapidibus et lignis imposuerunt; et mox, vers. 22: Non suffecerat eos errasse circa Dei scientiam, elc.

Du moment où nous avons établi la vérité de la nature divine et de li nature humaine dans le Christ, et de plus leur union en une personn ou hypostase, nous pouvons dire véritablement et rigoureusement l'homme est Dieu, tout comme nous avons dit, Dieu est homme. E effet, le mot homme sert à exprimer une hypostase quelconque de l nature humaine; il peut donc s'appliquer dans le même sens à la per sonne du Fils de Dieu, puisqu'elle est l'hypostase de la nature humaine. Or il est manifeste que le nom de Dieu convient véritablement et propre ment à la personne du Fils, comme nous l'avons prouvé dans la pre mière partie. Et de là résulte la vérité de cette proposition, l'homme est Dieu.

Je réponds aux arguments: 1o Les idolâtres donnoient le nom de la divinité au bois et à la pierre, mais en considérant ces objets dans leur propre nature, dans laquelle ils voyoient quelque chose de divin. Pour nous, nous ne donnons pas le nom de Dieu à l'humanité du Christ considérée en elle-même; nous le donnons au Christ à raison du suppôt éternel, qui par l'incarnation est devenu le suppôt de la nature humaine, ainsi que nous l'avons expliqué.

2o Le nom de Père sert de prédicat à celui de Dieu, en tant que ce dernier exprime le suppôt ou la personne du Père. Mais ainsi compris il ne peut évidemment servir de prédicat à la personne du Fils, par la raison que la personne du Fils n'est pas la personne du Père. On voit par là comment le nom de Père ne peut être donné pour prédicat à celui d'homme, bien que l'homme soit appelé Dieu, en tant qu'il rentre dans le suppôt ou la personne du Fils.

3o Sans doute la nature humaine dans le Christ est une chose nouvelle; mais le suppôt de cette nature ne l'est pas, puisqu'il est éternel. Et comme le nom de Dieu n'est pas affirmé de l'homme à raison de la nature hu

Respondeo dicendum, quòd suppositâ veritate | Christo homini secundùm humanam naturam, utriusque naturæ, divinæ scilicet et humanæ, sed secundùm suppositum æternum, quod per et unione in persona et hypostasi, hæc est vera unionem est etiam suppositum humanæ naturæ, et propria Homo est Deus, sicut et ista: ut dictum est. Deus est homo. Hoc enim nomen homo potest supponere pro qualibet hypostasi humanæ natura; et ita potest supponere pro persona Filii Dei, quam dicimus esse hyostasim humanæ naturæ. Manifestum est autem quòd de persona Filii Dei, verè et propriè prædicatur hoc nomen Deus, ut in I. part. habitum est (ubi supra). Unde relinquitur quòd hæc sit vera et propria: Homo est Deus.

Ad primum ergo dicendum, quòd idololatræ attribuebant nomen deitatis lapidibus et lignis, secundùm quòd in sua natura considerantur, quia putabant in illis aliquid numinis esse. Nos autem non attribuimus nomen Deitatis

Ad secundum dicendum, quòd hoc nomen Pater prædicatur de hoc nomine Deus, secundum quod hoc nomen Deus supponit pro persona Patris. Sic autem non prædicatur de persona Filii; quia persona Filii non est persona Patris. Et per consequens non oportet quòd hoc nomen Pater prædicetur de hoc nomine homo, de quo prædicatur hoc nomen Deus, in quantum ly homo supponit pro persona Filii.

Ad tertium dicendum, quòd licèt humana natura in Christo sit quiddam recens; tamen suppositum humanæ naturæ non est recens, sed æternum. Et quia hoc nomen Deus non

maine, mais bien à raison de son suppôt éternel, on ne peut nullement prétendre que nous admettons un Dieu nouveau. Ce reproche seroit juste si nous employions le mot homme pour exprimer un suppôt créé, comme le font nécessairement ceux qui admettent deux suppôts dans le Christ.

ARTICLE III.

Le Christ peut-il être appelé l'homme du Seigneur?

Пl paroît que c'est là un nom qu'on peut donner au Christ. 1° Saint Augustin dit, Quæst. LXXXIII, 36: « Il faut apprendre aux hommes à espérer les biens qui furent dans cet homme du Seigneur. » C'est ainsi qu'il désigne le Christ. Donc c'est là un nom qu'on peut lui donner.

2o Le domaine ou l'autorité de Seigneur convient au Christ à raison de sa nature divine, tout comme l'humanité lui convient à raison de sa nature humaine. Or il est dit que Dieu tient de l'homme, est un Dieu humanisé, comme on le voit dans saint Jean Damascène, De Orth. fide, III, 11, où il est ajouté « que cette humanisation désigne l'union que Dieu a faite avec l'homme. » Donc on peut pour la même raison appeler cet homme l'homme du Seigneur.

3o Etre appelé l'homme du Seigneur ou un homme divin, e'est la même chose, puisque nous disons indifféremment Dieu ou le Seigneur. Or saint Denis, De Eccl. hier., cap. 4, appelle le Christ « le très-divin Jésus. >> Donc également peut-on l'appeler l'homme du Seigneur.

Mais nous voyons le contraire dans saint Augustin lui-même, Retract., I, 16: « Je ne vois pas comment on pourroit appeler Jésus-Christ l'homme du Seigneur, puisqu'il est lui-même le Seigneur. >>

(CONCLUSION. Comme les noms Dieu et Seigneur s'appliquent essentiellement à la personne du Fils de Dieu, tandis que l'homme du Seigneur

prædicatur de homine, ratione humans naturæ,, pertinet ad humanam naturam. Sed Deus dicised ratione suppositi, non sequitur quòd ponamus Deum recentem. Sequeretur autem si poneremus quod homo supponit suppositum creatum, secundum quòd opportet dicere eos qui in Christo ponunt duo supposita.

ARTICULUS III.

Utrùm Christus possit dici homo dominicus. Ad tertium sic proceditur. Videtur quòd Christus possit dici homo dominicus. Dicit enim Augustinus in lib. LXXXIII ( qu. 36): « Monendum est ut illa bona expectent, quæ fuerunt in illo homine dominico. » Loquitur autem de Christo. Ergo videtur quòd Christus sit homo dominicus.

2. Præterea, sicut dominium convenit Christo ratione divinæ naturæ, ita etiam humanitas

tur humanutus, ut patet per Damascenum in III. lib. (cap. 11 ), ubi dicit quòd « humanatio eam qua ad hominem, copulationem demonstrat. » Ergo pari ratione potest dici denominativè quòd homo ille sit Dominicus.

3. Præterea, sicut Dominicus denominativè dicitur à Domino, ita divinus denominativė dicitur à Deo. Sed Dionysius De Eccles. hierarch. (cap. 4), Christum nominat divinissimum Jesum. Ergo pari ratione potest dici quòd Christus sit homo Dominicus.

Sed contra est, quod Augustinus dicit in lib. I. Retract. (cap. 16): « Non video utrum rectè dicatur homo dominicus Jesus Christus, cùm sit utique dominus. » (CONCLUSIO. Cum de persona Filii Dei prædicetur Deus et Dominus essentialiter, Dominicus verò denominativè a Domino dica

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