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roître, nous soyons accablés par la nécessité. » D'où il résulte clairement que lorsqu'on est appelé de la vie contemplative à la vie active, on doit voir en cela un accroissement plutôt qu'un retranchement.

ARTICLE II.

La vie active a-t-elle plus de mérite que la vie contemplative?

Il paroît que la vie active a plus de mérite que la vie contemplative. 1o Le mérite a rapport à la récompense; et la récompense est due au travail, comme le dit l'Apôtre, I Corinth., III, 8: « Chacun recevra la récompense qui lui revient d'après son travail. » Or c'est à la vie active que le travail est attribué, tandis que le repos l'est à la vie contemplative; car saint Grégoire dit, dans l'homélie qui a été si fréquemment citée : « Quiconque se convertit au Seigneur doit nécessairement en premier lieu accepter les sueurs du travail, c'est-à-dire épouser Lia, puis il ira jusqu'à la contemplation du principe, en s'unissant avec Rachel. » Donc la vie active a plus de mérite que la vie contemplative.

2o La vie contemplative est comme un essai de la félicité suprême; d'où vient que, sur cette parole du Sauveur au sujet du disciple bienaimé : « ainsi, je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne,» saint Augustin dit, Tract., CXXIV : « Voici comment on peut expliquer cela: Que l'action parfaite me suive, déjà formée qu'elle est à l'exemple de ma passion; que la contemplation encore imparfaite demeure jusqu'à ce que je vienne, et alors elle sera perfectionnée; » ce à quoi revient cette parole que nous avons lue dans saint Grégoire : « La vie contemplative commence ici-bas, pour être perfectionnée dans la céleste patrie. »

subtrahatur illa suavitas, et opprimat ista necessitas. » Et sic patet quòd cùm aliquis à contemplativa vita ad activam vocatur; non hoc fit per modum subtractionis, sed per modum additionis.

ARTICULUS II.

contemplativa.

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Ezech. (Homil. XIV): « Omnis qui ad Deum convertitur, priùs necesse est ut desudet in labore; id est, Liam accipiat, ut post, ad videndum principium, in Rachel amplexibus requiescat. » Ergo vita activa est majoris meriti quàm contemplativa.

Utrùm vita activa sit majoris meriti quàm inchoatio futuræ felicitatis; unde super illud 2. Præterea, vita contemplativa est quædam Joan., ult.: « Sic eum volo manere donec veAd secundum sic proceditur (1). Videtur quòd niam,» dicit Augustinus (Tract. CXXIV): vita activa sit majoris meriti quàm contempla-« Hoc apertiùs dici potest: Perfecta me sequativa. Meritum enim dicitur respectu mercedis. tur actio, informata meæ passionis exemplo; Merces autem debetur labori, secundùm illud inchoata verò contemplatio maneat donec venio, 1. ad Cor., III (2): « Unusquisque propriam perficienda cùm venero; » et Gregorius dicit mercedem accipiet secundùm suum laborem.» super Ezech. (ubi suprà), quòd « contempla Sed vitæ activæ attribuitur labor, contemplativa vita hic incipitur ut in cœlesti patria pertivæ verò quies; dicit enim Gregorius superficiatur. » Sed in illa futura vita non erit status

(1) De his etiam in III, Sent., dist. 35, qu. 1, art. 4, quæstiunc. 2.

(2) De illis dictum nominatim vers. 8, qui pro aliorum salute procuranda laborant; sed ad omnes indifferenter qui merentur extendi potest, ut et ibi extendit Haymo, ac insinuat Prima

Or la vie future n'est pas un état de mérite, mais bien de récompense. Donc la vie contemplative paroît être moins méritoire que la vie active; elle tient plus que celle-ci de la nature de la récompense.

3o Voici ce que dit encore saint Grégoire : « Aucun sacrifice n'est plus agréable à Dieu que le zèle des ames. » Or un tel zèle a pour effet de nous appliquer aux devoirs de la vie active. Donc il paroît que celle-ci n'a pas moins de mérite que la vie contemplative.

Mais le même saint docteur dit expressément, Moral., VI, 18: « Les mérites de la vie active sont grands, mais ceux de la vie contemplative le sont encore davantage (1). »

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(CONCLUSION. De sa nature la vie contemplative a plus de mérite que la vie active; il peut néanmoins arriver qu'un homme livré aux occupations extérieures mérite plus devant Dieu qu'un autre adonné à la contemplation.)

La racine du mérite est la charité, avons-nous dit, I, II, quest. CXIV, art. 4. Or, comme la charité consiste, ainsi que nous l'avons dit encore, dans l'amour de Dieu et celui du prochain, le premier de ces amours est de soi plus méritoire que le second, ce que du reste nous avons également démontré plus haut, quest. XXVII, art. 8. Par conséquent, ce qui rentre directement dans l'amour de Dieu, est plus méritoire en soi que ce qui rentre dans l'amour, même surnaturel, du prochain. Mais la vie contemplative appartient d'une manière directe et immédiate à la charité envers Dieu; d'où cette parole que nous avons déjà lue dans saint Augustin:

(1) Il y a dans ce texte de saint Grégoire deux propositions bien distinctes. La proposition principale, celle qui va directement au but actuel de notre saint auteur, affirme de la manière la plus catégorique et la plus claire, la supériorité de la vie contemplative sur la vie active; et la proposition secondaire, qui pose le premier terme de la comparaison et sert comme de point de départ à la conclusion, affirme d'une manière non moins formelle, la bonté, le mérite absolu de la vie active. C'est ce que nous avions déjà vu dans saint Augustin. Mais il importe, dans de semblables occasions, de remarquer l'accord parfait qui règne entre les Pères sur une doctrine trop souvent attaquée par l'hérésie.

merendi, sed recipiendi pro meritis. Ergo vita | contemplativa minùs videtur habere de ratione meriti, quàm vita activa; sed plus habet de ratione præmii.

3. Præterea, Gregorius dicit super Ezech. (Homil. XII), quòd « nullum sacrificium est Deo magis acceptum quàm zelus animarum. » Sed per zelum animarum aliquis se convertit ad studia vitæ activæ. Ergo videtur quòd vita contemplativa non sit majoris meriti quàm activa. Sed contra est, quod Gregorius dicit in VI. Moral. (cap. 18): «Magna sunt activæ vitæ merita, sed contemplativæ potiora. »

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reatur, aliquid externum agendo, quàm alius contemplando.)

Respondeo dicendum, quòd radix merendi est charitas, sicut suprà habitum est (1, 2, ¦ qu. 114, art. 4). Cùm autem charitas consistat in dilectione Dei et proximi, sicut suprà habitum est (qu. 25, art. 1), Deum diligere secundùm se est magis meritorium quàm diligere proximum, ut ex suprà dictis patet (qu. 27, art. 8). Et ideo illud quod directiùs pertinet ad dilectionem Dei, magis est meritorium ex suo genere quàm id quod directè pertinet ad dilectionem proximi propter Deum. Vita autem contemplativa directè et immediatè pertinet ad dilectionem Dei; dicit enim Augustinus, XIX. De Civit. Dei (cap. 19), quòd « otium sanctum

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« L'amour de la vérité (divine) cherche le saint repos» (de la vie contemplative); et nous avons dit plus haut que cet amour étoit l'exercice essentiel de la vie contemplative. La vie active se rapporte plus directement à l'amour du prochain; « elle se répand en des devoirs nombreux,>> comme il est dit dans l'Evangile, Luc., X. Voilà pourquoi la vie contemplative est de sa nature plus méritoire que la vie active. Saint Grégoire le dit encore, Super Ezech., homil. III: « La vie contemplative l'emporte par le mérite sur la vie active; car celle-ci se fatigue dans les œuvres de la vie présente (par la nécessité où nous sommes de venir en aide au prochain), tandis que celle-là reçoit au fond du cœur un avant-goût du repos de la vie future. » Il peut néanmoins arriver qu'un homme acquière plus de mérite dans les œuvres de la vie active, qu'un autre n'en acquerra dans celles de la vie contemplative; ce qui a lieu, par exemple, quand par la force même de l'amour divin, pour accomplir la volonté de Dieu et procurer sa gloire, on accepte d'être privé pour un temps des douceurs de la contemplation, comme l'Apôtre le dit de lui-même, Rom., IX, 3: « Je désirois être moi-même séparé du Christ pour le bien de mes frères. » Saint Chrysostôme expliquant ce passage, s'exprime ainsi, De compunct., I: « Son ame avoit été tellement inondée de l'amour du Christ, qu'il se montroit prêt à sacrifier ce qui lui étoit le plus cher au monde, son union avec le Christ, sachant d'ailleurs combien par là il plaisoit à ce divin Maître (1). »

Je réponds aux arguments: 1° Sans doute, le travail extérieur augmente notre récompense accidentelle; mais l'accroissement du mérite à

(1) Au point de vue surnaturel et chrétien, tous les actes des vertus morales sans exception tirent leur mérite de la charité qui les anime et les vivifie. C'est là, comme on le sait et comme nous l'avons vu si souvent dans le docteur angélique, l'un des principes fondamentaux de la morale évangélique. Or, c'est à la cause qu'il faut remonter pour apprécier la valeur de

(scilicet contemplativæ vitæ) quærit charitas veritatis,» scilicet divinæ; cui potissimè vita contemplativa insistit, sicut dictum est (qu. 181, art. 4, ad 2). Vita autem activa directiùs ordinatur ad dilectionem proximi, quia « satagit circa frequens ministerium, » ut dicitur Luc., X. Et ideo ex suo genere contemplativa vita est majoris meriti quàm activa. Et hoc est quod Gregorius in III. Homil. super Ezech. dicit (1): « Contemplativa major est merito quàm activa, quia hæc in usu præsentis operis laborat,» in quo scilicet necesse est proximis subvenire; illa verò « sapore intimo venturam jam requiem degustat,» scilicet in contemplatione Dei. Potest tamen contingere quòd aliquis in operibus vitæ activæ plus mereatur quàm

alius in operibus vitæ contemplative; putà si propter abundantiam divini amoris, ut ejus voluntas impleatur, propter ipsius gloriam, interdum sustinet à dulcedine divinæ contemplationis ad tempus separari, sicut Apostolus dicebat, ad Rom., IX: « Optabam ego ipse anathema esse à Christo pro fratribus meis. » Quod exponens Chrysostomus in lib. I. De compunctione, dicit: « Ita totam mentem ejus demerserat amor Christi, ut etiam hoc quod ei præ cæteris omnibus amabilius erat, esse cum Christo, rursus idipsum, quia ita placeret Christo, contemneret. »

Ad primum ergo dicendum, quòd labor exterior operatur ad augmentum præmii accidentalis; sed augmentum meriti respectu præmii essen

(1) Explicans illud Ezech., I: Manus hominis sub pennis eorum (nempe quatuor mysticorum animalium quæ ipsi ostensa sunt), ubi subjungit verbis hic notatis: Quid itaque pre manus nisi activa, et quid per pennas nisi contemplativa vita signatur?

l'égard de la récompense essentielle consiste principalement dans la charité. Un signe de cette vertu, c'est sans doute le travail extérieur accepté pour l'amour du Christ; mais un signe beaucoup plus expressif encore, c'est de laisser de côté toutes les choses de la vie présente, pour se livrer avec bonheur à la contemplation des choses divines.

2° Quand l'homme entre en possession de la félicité céleste, il arrive à l'état parfait; et il n'y a plus lieu pour lui d'acquérir de nouveaux mérites; et si ce pouvoir lui étoit laissé, il ne seroit que mieux en état d'en acquérir, à raison de la charité plus grande qu'il possède. Durant le cours de la vie présente. la contemplation est toujours mêlée de quelque imperfection; il y a dès-lors toujours lieu à de nouveaux progrès. Cette contemplation n'ôte donc pas le pouvoir de mériter, elle l'agrandit, au contraire, par l'exercice de plus en plus parfait de la charité.

3o On fait un sacrifice spirituel à Dieu quand on lui consacre une chose quelconque. Mais de tous les biens de l'homme, celui que Dieu accepte le plus volontiers en sacrifice, c'est le bien de l'ame. Or ce que nous devous offrir de la sorte à Dieu, c'est d'abord notre ame elle-même, ce qui nous est insinué par cette parole du Livre saint, Eccli., XXX, 24: «Ayez pitié de votre ame en vous rendant agréable à Dieu; » puis les ames des autres, selon cette recommandation, Apoc., ult. 17: « Que celui qui entend, dise: venez. » Or plus on unit étroitement une ame à Dieu, la sienne ou celle d'un autre, plus le sacrifice est agréable à la suprême Majesté. D'où il suit qu'en appliquant son ame ou celle d'un autre à la contemplation, on se rend plus agréable à Dieu que lorsqu'on la dévoue à l'action. Cette parole, par conséquent, «nul sacrifice n'est plus agréable à Dieu que le zèle pour le salut des ames, » ne signifie pas que le l'effet; et, de plus, la cause est toujours supérieure à l'effet, soit en dignité, soit en puissance, comme nous l'avons encore vu bien souvent. La cause du mérite n'étant donc autre que la charité, et la charité agissant par elle-même dans la vie contemplative, tandis qu'elle ne se trouve dans la vie active que par une sorte de participation, il falloit bien nécessairement en conclure que la première de ces vies l'emporte en mérite sur la seconde.

tialis consistit principaliter in charitate, cujus quoddam signum est labor exterior toleratus propter Christam; sed multò expressiùs ejus signum est, quòd aliquis prætermissis omnibus quæ ad hanc vitam pertinent, soli divinæ contemplationi vacare delectetur.

Ad secundum dicendum, quòd in statu felicitatis futuræ homo pervenit ad perfectum. Et ideo non relinquitur locus proficiendi per meritum; si tamen relinqueretur, esset efficacius meritum propter majorem charitatem. Sed contemplatio præsentis vite cum quadam imperfectione est, et adhuc habet quo proficiat. Et ideo non tollit rationem merendi, sed augmentum meriti facit propter majus exercitium charitatis divinæ.

Ad tertium dicendum, quòd sacrificium spiritualiter Deo offertur, cùm aliquid ei exhibetur. Inter omnia autem bona hominis, Deus maximè acceptat bonum humanæ animæ, ut hoc sibi in sacrificium offeratur. Offerre autem debet aliquis Deo primò quidem animam suam, secundùm illud Eccles., XXX: « Miserere animæ tuæ, placens Deo; » secundò autem animas aliorum, secundùm illud Apocal., ult.: « Qui audit dicat: Veni. » Quantò autem homo animam suam vel alterius propinquiùs Deo conjungit, tantò sacrificium est Deo magis acceptum. Unde magis acceptum est Deo, quòd aliquis animam suam et aliorum applicet contemplationi quàm actioni. Per hoc ergo quod dicitur, quòd « nullum sacrificium est Deo magis acceptum, quàm ze

mérite de la vie active doive être préféré à celui de la vie contemplative; on veut dire seulement par là que si l'on offre à Dieu son ame ou celle de son prochain, on lui fait un don plus méritoire que ne seroit celui de tous les biens extérieurs.

ARTICLE III.

La vie active empêche-t-elle l'exercice de la vie contemplative?

Il paroît que la vie active empêche l'exercice de la vie contemplative. 1° Pour la vie contemplative l'ame a besoin de repos et de liberté, selon cette parole, Psalm. XLV, 2: « Rendez-vous libres et voyez que je suis votre Dieu.» La vie active, au contraire, est pleine de sollicitudes, selon ce que dit le Seigneur lui-même, Luc., X, 41: « Marthe, Marthe, vous êtes inquiète et vous mettez en peine de beaucoup de choses. » Donc la vie active est un obstacle à la vie contemplative.

2o Une claire vision est encore nécessaire à la vie contemplative. Or la vie active empêche une telle clarté; car saint Grégoire dit dans son commentaire d'Ezechiel: « Lia est chassieuse et féconde, parce que la vie active, tout occupée qu'elle est de ses œuvres, n'a pas une vision aussi claire de Dieu. » Donc la vie active est un obstacle à la vie contemplative. 3o Les contraires se repoussent. Or la vie active et la vie contemplative paroissent impliquer des états contraires l'un à l'autre, puisque la vie active se répand sur un grand nombre de choses, tandis que la vie contemplative s'applique à un seul objet; ce qui montre bien qu'elles sont divisées par opposition. Donc il paroît que la première est un obstacle à la seconde.

Mais saint Grégoire, Moral., VI, 17, dit ainsi le contraire: « Ceux qui veulent s'élever aux hauteurs de la contemplation doivent auparavant s'être exercés dans le champ de l'action. »

lus animarum, » non præfertur meritum vitæ activæ merito vitæ contemplative; sed ostenditur magis esse meritorium, si quis offerat Deo animam suam et aliorum, quàm quæcumque alia exteriora dona.

ARTICULUS III. Utrùm vita contemplativa impediatur per vitam activam.

Ad tertium sic proceditur. Videtur quòd vita contemplativa impediatur per vitam activam. Ad vitam enim contemplativam necessaria est quædam vacatio mentis, secundùm illud Psal. XLV: «Vacate et videte quoniam ego sum Deus. » Sed vita activa habet inquietudinem, secundùm illud Luc., X: « Martha, Martha, sollicita es, et turbaris erga plurima. » Ergo vita activa contemplativam impedit.

2. Præterea, ad vitam contemplativam requiritur claritas visionis. Sed vita activa impedit visionis claritatem; dicit enim Gregorius super Ezech., quòd « Lia lippa est et fœcunda, quia activa vita dum occupatur in opere, minùs videt.» Ergo vita activa contemplativam impedit.

3. Præterea, unum contrarium impeditur per aliud. Sed vita activa et contemplativa videntur contrarietatem habere ad invicem; quia vita activa occupatur circa plurima, vita autem contemplativa insistit ad contemplandum unum; unde et ex opposito dividuntur. Ergo videtur quòd vita contemplativa impediatur per acti

vam.

Sed contra est, quod Gregorius dicit in VI. Moral. (cap. 27 vel 17): « Qui contemplationis arcem tenere desiderant, priùs se in campo operis per exercitium probent.

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