Obrazy na stronie
PDF
ePub

ture différente. Si donc il n'y eût pas eu dans l'ame du Christ une autre science que la science divine, elle n'eût rien connu; et, par conséquent, le Christ l'eût prise inutilement, puisque tout être existe en vue de son opération, comme nous venons de le dire.

2o Si l'on prend deux lumières du même ordre, la plus brillante éclipse celle qui l'est moins; par exemple, la lumière du soleil obscurcit la lumière d'un flambeau, par la raison qu'elles sont toutes les deux du même ordre, c'est-à-dire qu'elles éclairent. Si, au contraire, on prend deux lumières de deux ordres différents, de telle sorte que la plus brillante répande la clarté et que la moins vive la reçoive, la moins vive ne s'obscurcit point en présence de la plus brillante, mais elle acquiert, au contraire, plus d'éclat : c'est ce qui a lieu pour la lumière répandue dans l'air, que la lumière du soleil ne fait qu'accroître. De même, la lumière de la science créée n'est point obscurcie dans l'ame du Christ par la lumière de la science divine, qui « est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, » comme l'Evangile l'enseigne, Joan., I, 9.

3o Si l'on considère les termes de l'union, il y a dans le Christ une science qui appartient ensemble à la nature divine et à la nature humaine; c'est-à-dire qu'à raison de l'union, en vertu de laquelle Dieu et l'homme n'ont qu'une seule hypostase, on attribue à l'homme ce qui est de Dieu, et à Dieu ce qui est de l'homme, ainsi que nous l'avons vu, quest. III, art. 1. Mais on ne peut pas supposer dans le Christ une science. particulière attachée à l'union; car la fin de cette union est l'être personnel, et la science ne convient à la personne qu'à raison d'une nature.

Agathon dans sa lettre au sixième concile général, le second de Constantinople, lettre à laquelle souscrivirent unanimement et solennellement les Pères de ce concile. Le saint pontife s'appuie, comme le fait ici le docteur angélique, sur cette pensée, que le Christ a pris la nature humaine tout entière. Ce qui ne seroit plus vrai, si l'ame du Sauveur n'avoit pas eu l'intellect ou si cet intellect eût été privé de son exercice.

alterius naturæ. Si igitur nou fuisset in anima | quæ est « lux vera illuminans omnem hominem Christi aliqua alia scientia præter divinam, nihil venientem in hunc mundum, » ut dicitur cognovisset; et ita fuisset frustra assumpta, Joan., I. cùm omnis res sit propter suam operationem.

Ad tertium dicendum, quòd ex parte unitoAd secundum dicendum, quòd si duo lumina rum ponitur scientia in Christo, et quantum accipiantur ejusdem ordinis, minus offuscatur ad naturam divinam, et quantum ad humanam, per majus; sicut lumen solis offuscat lumen ita quòd propter unionem, secundùm quam est candelæ, quorum utrumque accipitur in ordine eadem hypostasis Dei et hominis, id quod est illuminantis. Si verò accipiantur duo lumina, Dei, attribuitur homini, et id quod est hominis, ita quòd majus sit in ordine illuminantis, et attribuitur Deo, ut suprà dictum est. Sed ex minus in ordine illuminati, minus lumen non parte ipsius unionis non potest poni in Christo offuscatur per majus, sed magis augetur, sicut aliqua scientia; nam unio illa est ad esse perlumen aeris per lumen solis. Et hoc modo lu-sonale, scientia autem non convenit personæ men scientiæ non offuscatur, sed magis clarescit nisi ratione alicujus naturæ in anima Christi per lumen scientiæ divinæ,

ARTICLE II.

Le Christ avoit-il la science qu'ont les bienheureux, c'est-à-dire ceux qui jouissent de la claire vision?

Il paroit que le Christ n'avoit pas la science des bienheureux arrivé à la claire vision. 1° La science que possèdent les bienheureux est un participation à la lumière divine, selon cette parole du Psalmiste, Ps. XXXV, 10 : « Nous verrons la lumière dans votre lumière. » Or le Christ n'avoit pas la lumière divine par participation, mais il avoit en lui k divinité même, qui y résidoit substantiellement, conformément à ce que dit saint Paul, Coloss., II, 9: « L'entière plénitude de la divinité habite corporellement dans le Christ. » Donc le Christ n'avoit pas la science des bienheureux.

2o C'est la science des bienheureux qui fait leur bonheur, comme le prouve ce passage de l'Evangile, Joann., XVII, 3: « La vie éternelle consiste à vous connoître, vous qui êtes seul vrai Dieu, et Jésus-Christ, que vous avez envoyé. » Or le Christ homme étoit bienheureux par là même qu'il étoit uni à Dieu dans l'unité de personne; car on lit dans les Psaumes, LXIV, 5 : « Heureux celui que vous avez choisi et pris. » Il ne faut donc pas supposer qu'il ait eu la science des bienheureux.

3o Deux sortes de science conviennent à l'homme : l'une qui est dans sa nature, l'autre qui est au-dessus de sa nature. Et la science des bienheureux, qui consiste dans la vision divine, n'est pas dans la nature, mais au-dessus de la nature de l'homme. Or, le Christ possédoit une autre science surnaturelle bien supérieure à celle-là, savoir la science divine. Il ne devoit donc pas avoir la science des bienheureux.

Mais il faut dire le contraire; car la science des bienheureux consiste à connoître Dieu. Or, le Christ, même en tant qu'homme, a pleinement

ARTICULUS II.

| vita æterna, ut cognoscant te solum verum Deum, et quem misisti Jesum Christum. » Sed homo

Utrùm Christus habuerit scientiam quam ha- ille fuit beatus ex hoc ipso quòd fuit Deo unitus

bent beati vel comprehensores.

Ad secundum sic proceditur (1). Videtur quòd in Christo non fuerit scientia beatorum vel comprehensorum. Scientia enim beatorum est per participationem divini luminis, secundùm illud Ps. XXXV: « In lumine tuo videbimus lumen.» Sed Christus non habuit lumen divinum tanquam participatum, sed ipsam divinitatem in se habuit substantialiter manentem, secundum illud Coloss., II: « In Christo inhabitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter. » Ergo in Christo non fuit scientia beatorum.

2. Præterea, scientia beatorum eos beatos facit, secundùm illud Joan., XVII: « Hæc est

in persona, secundùm illud Psalm. LXIV: « Beatus quem elegisti et assumpsisti. » Non ergo oportet ponere in ipso scientiam beatorum.

3. Præterea, scientia duplex homini competit, una secundùm suam naturam, alia supra naturam. Scientia autem beatorum, quæ in divina visione consistit, non est secundùm naturam hominis, sed supra ejus naturam; in Christo autem fuit alia supernaturalis scientia multò altior, scilicet scientia divina. Non ergo oportuit in Christo esse scientiam beatorum.

Sed contra; scientia beatorum in Dei cognitione consistit. Sed ipse plenè cognovit Deum, etiam secundùm quòd homo, secundùm illud

(1) De his etiam art. seq.; ut et Opusc., III, cap. 223.

connu Dieu, comme le prouve cette parole, Joan., VIII, 55 : « Je le connois, et je garde sa parole. » Il avoit donc la science des bienheureux.

(CONCLUSION. Puisque c'est l'humanité du Christ qui fait parvenir les hommes à la fin de la béatitude, la connoissance des bienheureux, qui consiste dans la vision de Dieu, convenoit nécessairement et suréminemment au Christ homme.)

L'être en puissance est amené à l'acte par celui qui existe en acte; car un corps qui échauffe d'autres corps doit être chaud lui-même. Or l'homme est en puissance pour la science des bienheureux, qui consiste dans la vision de Dieu, et il est destiné à posséder cette science, puisqu'elle est sa fin; car, en tant que fait à l'image de Dieu, l'homme est une créature raisonnable capable de cette connoissance bienheureuse. Or c'est l'humanité du Christ qui fait parvenir les hommes à cette fin de la béatitude, comme l'Apôtre l'enseigne en ces termes, Hebr., II, 10: « Il convenoit que celui pour qui et par qui toutes choses existent, et qui avoit fait arriver à la gloire un grand nombre de ses enfants, perfectionnât par les souffrances l'auteur de leur salut. » La connoissance bienheureuse qu' consiste dans la vision de Dieu, convenoit donc par là même nécessairement et suréminemment au Christ homme; car la cause doit toujours être supérieure à l'effet (1).

Je réponds aux arguments: 1° La divinité s'est unie à l'humanité quant à la personne et non quant à l'essence ou nature. Or, l'unité de la personne laisse subsister la distinction des natures. L'ame du Christ, qui est une partie de la nature humaine, a donc été élevée par une lu

(1) C'est donc comme cause, ou comme principe, ainsi que s'exprime saint Thomas, que le Christ doit posséder, et posséder en acte, dès le premier instant de sa conception, la science des bienheureux ou la vision béatifique. Il est le principe de la gloire, pour tous ceux qui doivent la posséder, comme il est le principe de la grace; et de même que la grace qu'il communique n'est pas celle de l'union, mais bien la grace habituelle, la gloire à laquelle il fait participer les anges et les hommes, ne sauroit être celle qu'il possède comme Dieu, mais bien celle dont -il jouit en tant qu'homme. Notre divin Sauveur, comme nous l'avons déjà vu, comme nous le

Joan., VIII: « Scio eum, et sermonem ejus servo. » Ergo in Christo fuit scientia beatorum. (CONCLUSIO.Cùm homines per Christi humanitatem ad beatitudinis finem perducantur, oportuit beatam cognitionem, quæ in Dei visione consistit, excellentissimè homini Christo convenire.)

Respondeo dicendum, quòd illud quod est in potentia reducitur in actum per id quod est actu; oportet enim esse calidum id per quod alia calefiunt. Homo autem est in potentia ad scientiam beatorum (quæ in Dei visione consistit), et ad eam ordinatur sicut ad finem; est enim creatura rationalis capax illius beatæ cognitionis, in quantum est ad imaginem Dei (1). Ad hunc

autem finem beatitudinis homines reducuntur per Christi humanitatem, secundùm illud Hebr., II: « Decebat eum propter quem omnia, et per quem omnia, qui multos filios in gloriam adduxerat, auctorem salutis eorum per passionem consummari. » Et ideo oportuit quòd cognitio beata in Dei visione consistens excellentissimè Christo homini conveniret, quia semper causam oportet esse potiorem causato.

Ad primum ergo dicendum, quòd divinitas unita est humanitati Christi secundùm personam, non secundùm essentiam vel naturam. Sed cum unitale personæ remanet distinctio naturarum. Et ideo anima Christi, quæ est pars humanæ naturæ, per aliquod lumen parti

(1) Ex Augustino, lib. XIV. De Trinit., cap. 4 et 8, præter alia loca passim.

mière qu'elle a reçue de la nature divine, au degré de perfection où se trouve la science des bienheureux, qui fait voir Dieu dans son essence. 2° Par le fait même de l'union, le Christ homme est heureux d'une béatitude incréée, tout comme il est Dieu en vertu de cette union. Mais outre h béatitude incréée, la nature humaine du Christ devoit jouir d'une béatitude créée, qui établit son ame dans la fin dernière de la nature humaine (1). 3o La vision ou la science des bienheureux est en un sens au-dessus de la nature de l'ame raisonnable, parce que celle-ci ne sauroit arriver à en jouir par sa propre puissance. Dans un autre sens, cette vision est conforme à la nature, parce qu'à raison de sa nature, c'est-à-dire en tant qu'elle est faite à l'image de Dieu, comme nous l'avons dit, elle est apte à en jouir.

ARTICLE III.

Le Christ avoit-il une science innée ou infuse?

Il paroît que le Christ n'avoit pas d'autre science innée ou infuse que la science des bienheureux. 1° Toute autre science est à la science des bienheureux ce que l'imparfait est au parfait. Or la jouissance de la connoissance parfaite exclut la connoissance imparfaite; ainsi, la claire vision du face à face exclut la vision énigmatique de la foi, comme l'Apôtre l'enseigne, I. Cor., XIII, 12. Puis donc qu'on a vu, art. préced., verrons encore plus tard, et d'une manière plus complète, étoit en même temps voyageur sur la terre et possesseur dans la patrie céleste. Il réunissoit les lumières diverses et les impressions souvent opposées de ces deux sortes de vie. Tel est l'enseignement invariable de la tradition.

(1) Selon la doctrine plus haut exposée, dans l'importante théorie du Bonheur, au commencement de la première partie de la seconde, la Beatitude céleste est un acte de notre intelect. La volonté y participe, sans doute, par la délectation; mais avant tout c'est par l'intellect que nous entrons en possession de notre fin suprême. Cette fin nous apparoît essentiellement comme une vision intellectuelle, la vision claire et directe de la souveraine Beauté, succédant aux pâles et vacillantes lueurs de la foi. C'est le dernier perfectionnement de la partie la plus élevée de notre ame; et ce perfectionnement n'a pu un seul instant faire défaut à l'ame du Christ.

cipatum à natura divina, perfecta est ad scien-, tum est. Sed scientia increata est omnibus motiam beatam, qua Deus per essentiam videtur. dis supra naturam animæ humanæ.

ARTICULUS III.

Utrùm Christus habuerit scientiam inditam vel infusam.

Ad secundum dicendum, quòd ex ipsa unione homo ille est beatus beatitudine increatâ, sicut ex uLione est Deus. Sed præter beatitudinem increatam oportuit in natura humana Christi esse quamdam beatitudinem creatam, per quam anima Ad tertium sic proceditur (1). Videtur quòd ejus in ultimo fine humanæ naturæ constitueretur. in Christo non sit alia scientia indita vel infusa Ad tertium dicendum, quòd visio seu scien- præter scientiam beatam. Omnis enim alia tia beata est quodammodo supra naturam animæ scientia comparatur ad scientiam beatam, sicut rationalis, in quantum scilicet propria virtute imperfectum ad perfectum. Sed præsente coad eam pervenire non potest. Alio verò modo gnitione perfectâ, excluditur cognitio imperest secundùm naturam ipsius, in quantum sci-fecta, sicut manifesta visio faciei excludit æniglicet secundùm naturam suam est capax ejus, maticam visionem fidei, ut patet I. ad Cor., prout est ad imaginem Dei facta, ut suprà dic-| XV. Cùm igitur in Christo fuerit scientia beata,

(1) De his etiam infrà, qu. 32, art. 1; et lib. III, Sent., dist. 14, art. 1, quæstiunc. 5; et qu. 20, de verit., art. 2 et 3; et Opusc., III, cap. 223,

[ocr errors]

que le Christ possédoit la science des bienheureux, il semble qu'il ne pouvoit pas avoir une autre science infuse.

2o La manière la moins parfaite de connoitre dispose à la plus parfaite; par exemple, l'opinion qui repose sur le syllogisme dialectique, dispose à la science fondée sur le syllogisme démonstratif (1). Or quand on possède la perfection il n'est plus besoin de la disposition, de même que le mouvement n'est plus nécessaire lorsque le mobile est arrivé au terme. Dès-lors donc que toute autre connoissance créée est avec la connoissance des bienheureux dans le même rapport que l'imparfait avec le parfait et la disposition avec le terme, il semble que le Christ ayant possédé la connoissance des bienheureux, il n'avoit besoin d'aucune autre connoissance.

3o De même que la matière corporelle est en puissance pour la forme sensible, ainsi l'intellect possible est en puissance pour la forme intelligible. Or la matière corporelle ne peut recevoir simultanément deux formes sensibles, l'une plus parfaite et l'autre moins parfaite. Pareillement donc l'ame ne sauroit recevoir simultanément deux sciences, l'une plus parfaite et l'autre moins parfaite; et ceci nous ramène à la conclusion précédente.

Mais l'Apôtre dit, au contraire, Coloss., II, 3: « Tous les trésors de la sagesse et de la science sont renfermés dans le Christ. »

(CONCLUSION. — Puisque l'ame du Christ étoit parfaite, il devoit nécessairement avoir, outre la science divine et incréée qu'il possédoit, une science innée ou infuse dans son ame, afin de connoître par elle les êtres, tels qu'ils sont dans leur propre nature, au moyen d'espèces ou formes intelligibles proportionnées à l'ame humaine; car cela est essentiel pour la perfection de l'ame du Christ.)

(1) Nous avons déjà vu en d'autres circonstances, la distinction que l'auteur établit entre l'opinion et la science, le syllogisme dialectique et le syllogisme démonstratif. Aristote l'expose catégoriquement en plusieurs endroits de ses ouvrages, en particulier Prior., I, 1, et Topic., I, 1 et 2.

[merged small][ocr errors]

lem. Sed materia corporalis non potest simul recipere duas formas sensibiles, unam perfectiorem, et aliam minùs perfectam. Ergo neque anima potest simul recipere duplicem scientiam, unam perfectiorem, et aliam minùs perfectam; et sic idem quod priùs.

Sed contra est, quod dicitur Coloss., II, quòd « in Christo sunt omnes thesauri sapientiæ et scientiæ absconditi. »

2. Præterea, imperfectior modus cognitionis disponit ad perfectiorem, sicut opinio, quæ est per syllogismum dialecticum, disponit ad scientiam, quæ est per syllogismum demonstrativum. Habitâ autem perfectione non est ulteriùs necessaria dispositio, sicut habito termino non est necessarius motus. Cùm ergo cognitio quæcumque alia creata comparetur ad cognitionem (CONCLUSIO. Cùm anima Christi perfecta beatam, sicut imperfectum ad' perfectum, et fuerit, præter divinam et increatam scientiam sicut dispositio ad terminum, videtur quòd cùm quæ fuit in Christo, necessarium fuit esse Christus habuerit cognitionem beatam, non scientiam inditam vel infusam animæ ejus, fuerit ei necessarium habere aliam cognitionem. qua res ipsi notæ fierent ut sunt in propria 3. Præterea, sicut materia corporalis est in natura, per species intelligibiles humanæ menti potentia ad formam sensibilem, ita intellectus proportionatas; hoc enim ad perfectionem animæ possibilis est in potentia ad formam intelligibi-Christi pertinet.)

« PoprzedniaDalej »