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deux hypostases distinctes les paroles relatives au Christ contenues dans les Evangiles et dans les écrits des Apôtres, ou ce que les saints ont dit de lui, ou ce qu'il a dit de lui-même, en appliquant une partie à l'homme considéré en particulier séparément du Verbe engendré de Dieu, et l'autre partie, comme convenant à Dieu, au seul Verbe engendré de Dieu le Père, qu'il soit anathème. » C'est donc évidemment une hérésie condamnée autrefois par l'Eglise, de dire qu'il y a dans le Christ deux hypostases au deux suppôts, ou bien que l'union ne s'est pas faite en une hypostase ou un suppôt. Aussi voit-on dans le même concile can. 2: « Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe engendré de Dieu le Père s'est uni à une chair quant à la subsistance, et qu'il est un seul et même Christ avec sa chair, c'est-à-dire que le même est Dieu et homme, qu'il soit anathème (1). »

Je réponds aux arguments : 1o De même qu'une différence accidentelle change le sujet, une différence essentielle en fait une autre chose. Or il est évident que, chez les êtres créés, le changement qui provient d'une différence accidentelle peut affecter la même hypostase ou le même suppôt, parce qu'un être peut, en restant numériquement identique, devenir le sujet de divers accidents; mais il n'arrive jamais à un être créé de subsister avec son identité numérique dans des essences ou natures diverses. Or un seul et même Christ subsiste en deux natures. Par conséquent, de même que, dans les créatures, le changement n'indique nullement la diversité de suppôts, mais seulement une diversité de formes accidentelles; ainsi quand on dit du Christ qu'il est une chose et une autre, cela n'implique pas une diversité de suppôt ou d'hypostase, mais dignité extérieure, comme nous avons vu ailleurs qu'on pouvoit l'entendre, au lieu de l'accepter dans sa signification radicale et métaphysique.

(1) Il falloit pousser jusque-là l'exactitude du langage, la précision de la formule théologique, pour essayer d'arrêter dans ses dangereuses investigations le génie de l'erreur, pour prémunir les ames droites et sincères contre des surprises fatales ou de perfides entraînements. Avant que l'autorité suprême de l'Eglise eut déterminé le sens des mots, on avoit même vu

vel subsistentiis eas quæ sunt in Evangelicis et Apostolicis Scripturis, partitur voces, aut de Christo à sanctis dictas, aut ab ipso de se, et quasdam quidem velut homini præter illud ex Deo Verbum specialiter intellecto applicat, quasdam verò velut Deo decibiles, soli ex Deo Patre Verbo, anathema sit. » Sic ergo patet esse hæresim olim ab Ecclesia damnatam, dicere quòd in Christo sunt duæ hypostases, vel duo supposita, sive quòd unio non sit facta in hypostasi vel supposito. Unde in eadem Synodo legitur Can. III: « Si quis non confitetur carni secundum subsistentiam unitum ex Deo Patre Verbum unumque esse Christum cum sua carne, eumdem scilicet Deum et hominem, anathema sit. »

Ad primum ergo dicendum, quòd sicut accidentalis differentia facit alterum, ita differentia essentialis facit aliud. Manifestum est autem quòd alteritas quæ provenit ex differentia accidentali, potest ad eamdem hypostasim vel suppositum pertinere in rebus creatis, eo quòd idem numero potest diversis accidentibus subesse; non autem contingit in rebus creatis, quòd idem numero subsistere possit diversis essentiis vel naturis. Sed unus et idem Christus subsistit in duabus naturis. Unde, sicut quod dicitur alterum et alterum in creaturis, non significat diversitatem suppositi, sed solum diversitatem formarum accidentalium, ita quod dicitur Christus aliud et aliud, non importat diversitatem suppositi vel hypostasis, sed di

la diversité des natures. C'est ce qui fait dire à saint Grégoire de Nazianze, Epist. I. ad Cledonium: « Le Sauveur subsiste dans une chose et une autre, sans être cependant l'un et l'autre. Je dis dans une chose et une autre, contrairement à ce qui a lieu dans la Trinité; car, en parlant de ce mystère, nous disons l'un et l'autre, pour ne pas confondre les subsistances, et non pas une chose et une autre. »>

2o Le mot hypostase exprime une substance particulière, non pas celle qui existe d'une manière quelconque, mais celle qui a son être complet. Quand elle vient à s'unir, comme la main ou le pied, à une autre plus complète, on ne l'appelle plus une hypostase. De même, quoique, dans le Christ, la nature humaine soit une substance particulière, cependant, parce qu'elle s'unit à autre chose pour former un être complet, savoir le Christ tout entier, en tant qu'il est Dieu et homme, on ne peut pas l'appeler une hypostase ou un suppôt; mais on donne cette dénomination à l'être complet qu'elle concourt à constituer.

3o Lorsqu'il s'agit des créatures, on ne classe pas un être particulier dans un genre ou dans une espèce à raison de ce qui entre dans son individualité, mais à raison de sa nature, qui se détermine par la forme; au lieu que, dans les êtres composés, c'est plutôt la matière qui détermine l'individualité. Ainsi donc, il faut dire que le Christ appartient à l'espèce humaine à raison de la nature qu'il a prise, et non à raison de l'hypostase elle-même.

de grands docteurs hésiter sur l'emploi qu'ils devoient en faire. Quelques-uns avoient erré sans le vouloir, comme cela s'étoit déjà vu dans les longues et ardentes querelles de l'arianisme. Mais la vérité devoit triompher des successeurs d'Arius, comme elle avoit triomphe de ce puissant hérésiarque. La formule catholique fut désormais consacrée : Le Verbe divin s'est hypostatiquement uni la nature humaine.

versitatem naturarum. Unde Gregorius Nazianze- | nus dicit in Epist. ad Cledonium, sive Orat. LI: « aliud et aliud sunt ea ex quibus Salvator est, non autem alius et alius. Dico vero aliud et aliud, è contrario quam in Trinitate habet; ibi etiam alius et alius dicimus, ut non subsistentias confundamus, non autem aliud et aliud. »

cularis, quia tamen venit in unionem cujusdam completi, scilicet totius Christi, prout est Deus et homo, non potest dici hypostasis, vel suppositum; sed illud completum ad quod concurrit, dicitur esse hypostasis vel suppositum.

Ad tertium dicendum, quòd in rebus creatis res aliqua singularis non ponitur in genere, vel in specie, ratione ejus quod pertinet ad Ad secundum dicendum, quòd hypostasis ejus individuationem, sed ratione naturæ quæ significat substantiam particularem, non quo- secundum formam determinatur, cum indivicumque modo, sed prout est in suo comple-duatio magis sit.secundum materiam in rebus mento. Secundum verò quod venit in unionem compositis. Sic ergo dicendum est, quòd Chrisalicujus magis completi, non dicitur hyposta- tus est in specie humana, ratione naturæ assis, sicut manus vel pes. Et similiter humana sumptæ, non ratione ipsius hypostasis. natura in Christo, quamvis sit substantia parti

ARTICLE IV.

La personne ou l'hypostase du Christ est-elle composée après l'incarnation?

II paroît que la personne du Christ n'est pas composée : 1o Il résulte de ce qui précède, art. 2, que la personne du Christ n'est autre que la personne ou l'hypostase du Verbe. Or on voit par ce qui a été dit plus haut, p. I, qu. III, art. 3 et 7, que, dans le Verbe, la personne n'est pas autre chose que la nature. Puis donc que la nature du Verbe est simple, comme on l'a démontré, ibid., il est impossible que la personne du Christ soit composée.

2° Toute composition paroit résulter de parties unies entre elles. Or on ne peut pas considérer la nature divine comme une partie, parce que toute partie est de sa nature imparfaite. La personne du Christ ne peut donc pas être composée de deux natures.

30 Il semble qu'un composé de plusieurs choses leur est homogène; ainsi, plusieurs corps composent un corps. Si donc il y a dans le Christ un composé des deux natures, il s'ensuivra que ce composé ne sera pas une personne, mais une nature; et, par conséquent, l'union se sera faite dans le Christ en une nature, contrairement à ce qu'on a démontré, art. 2.

Mais saint Jean Damascène dit au contraire, Orthod. fide, III, 3, 4 et : « Nous reconnoissons en Notre-Seigneur Jésus-Christ deux natures et une seule hypostase composée de ces deux natures (1). »

(1) Dans la sainte Trinité, la personne est parfaitement simple; elle n'affecte qu'une seule

ARTICULUS IV.

Utrùm persona vel hypostasis Christi post incarnationem sit composita.

Ad quartum sic proceditur (1). Videtur quòd persona Christi non sit composita. Persona enim Christi non est aliud quam persona vel hypostasis Verbi, ut ex dictis patet. Sed in Verbo non est aliud persona et natura, ut patet ex dictis in prima parte (2). Cùm ergo natura Verbi sit simplex (ut in primo ostensum est) impossibile est quòd persona Christi sit composita.

bere rationem partis; quia omnis pars habet rationem imperfecti. Ergo impossibile est quòd persona Christi sit composita ex duabus na

turis.

3. Præterea, quod componitur ex aliquibus videtur esse homogeneum (3) eis, sicut ex corporibus non componitur nisi corpus. Si ergo ext duabus naturis aliquid sit in Christo compositum, consequens erit quòd illud non erit pensona, sed natura: et sic in Christo erit facta unio in natura; quod est contra prædicta..

Sed contra est, quod Damascenus dicit in III. lib. Fide orth., cap. 4« In domino Jesu Christo duas naturas agnoscimus, unam autem ha-hypostasim ex utraque compositam (4). »

2. Præterea, omnis compositio videtur esse ex partibus. Sed divina natura non potest

(1) Idem III, dist. 6, qu. 2, art. 3.

(2) Non sub nomine Verbi ut sic, sed sub nomine Dei, qu. 3, art. 3, sicut et quod subditur ex eadem iterum quæst. 3, art. 7.

(3) Vel pertinens ad idem genus, ut significat græcum ducyevés, proindeque directè prædicatum de illis, etc.

(4) Sic etiam cap. I. De div. Nomin., dicitur Jesus ex divina natura juncta humanitati compositus, ut significat græcum Guvεtion.

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(CONCLUSION. Quoique la personne du Christ soit simple en elle-même, on doit cependant la considérer comme composée, en tant qu'elle subsiste en deux natures.)

On peut considérer de deux manières la personne ou l'hypostase du Christ: 1o En elle-même; et sous ce rapport elle est absolument simple, aussi bien que la nature du Verbe; 20 comme une personne ou une hypostase à laquelle il appartient de subsister dans une nature. Ainsi envisagée, la personne du Christ subsiste en deux natures. Par conséquent, bien qu'il n'y ait en lui qu'un seul être subsistant, la subsistance repose néanmoins sur un double fondement, et l'on dit pour cette raison que sa personne est composée, en tant qu'elle subsiste en deux choses distinctes. Je réponds aux arguments: 1o La solution du premier ressort clairement de cette explication.

2° On n'affirme pas que la personne est composée de deux natures prises comme parties; mais la composition existe plutôt quant au nombre. On peut dire que toute chose dans laquelle deux autres se réunissent en est composée.

3o Il n'est pas vrai que dans toute composition le composé est homogène à ses éléments, mais seulement s'il s'agit des parties d'un tout continu; car le continu n'est composé que de continus; au lieu que l'animal, par exemple, se compose d'une ame et d'un corps, qui ne sont ni l'un ni l'autre un animal.

nature. Dans l'Incarnation, au contraire, il faut dire que la personne est composée, parce qu'elle embrasse et réunit deux natures distinctes.

(CONCLUSIO.-Tametsi persona Christi ex | posita, in quantum unum duobus subsistit. se sit simplex, ut subsistens tamen in duabus naturis, composita esse censenda est.)

Et per hoc patet responsio ad primum. Ad secundum dicendum, quòd illa compositio personæ ex naturis, non dicitur esse ratione partium, sed potiùs ratione numeri; sicut omne illud, in quo duo conveniunt, potest dici ex eis compositum.

Respondeo dicendum, quòd persona sive hypostasis Christi dupliciter potest considerari: uno modo, secundum illud quod est in se; et sic est omnino simplex, sicut et natura Verbi; alio modo, secundum rationem personæ vel hy- Ad tertium dicendum, quòd non in omni compostasis, ad quam pertinet subsistere in aliqua positione hoc verificatur, quòd illud quod componatura; et secundum hoc persona Christi sub- nitur sit homogeneum componentibus, sed solum sistit in duabus naturis. Unde licet sit ibi in partibus continui; nam continuum non comunum subsistens, est tamen ibi alia et alia ponitur nisi ex continuis, animal verò componitur ratio subsistendi; et sic dicitur persona com-ex anima et corpore, quorum neutrum est animal

ARTICLE V.

L'ame et le corps ont-ils été unis de quelque manière dans le Christ?

Il paroît que l'ame et le corps n'ont pas été unis dans le Christ. 1° L'u nion de l'ame et du corps produit en nous la personne ou l'hypostase humaine. Si donc l'ame et le corps ont été unis dans le Christ, il en ré sulte que leur union a constitué une hypostase. Or ce n'est pas l'hypostase du Verbe de Dieu, puisqu'elle est éternelle. Il y a donc dans le Christ une personne ou une hypostase distincte de l'hypostase du Verbe, contrairement à ce qui a été prouvé, art. 2.

2o C'est l'union de l'ame et du corps qui constitue la nature de l'espèce humaine. Or saint Jean Damascène dit, Orthod. fid., III, 3, qu'on ne peut pas trouver une espèce commune en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Donc l'ame et le corps ne se sont pas unis en lui.

3o L'ame ne s'unit au corps que pour lui donner la vie. Or le Verbe de Dieu, source et principe de la vie, pouvoit vivifier lui-même le corps du Christ. Donc l'ame et le corps ne se sont pas unis dans le Christ.

Mais il faut dire, au contraire, que le corps n'est animé qu'en vertu de son union avec l'ame. Or nous voyons le corps du Christ animé, selon ces paroles que chante l'Eglise (1): « Prenant un corps animé, il a daigné naître d'une Vierge. » Donc l'ame et le corps se sont unis dans le Christ.

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(CONCLUSION. Dès lors que le Christ est de la même espèce que les autres hommes, son ame a été véritablement unie à son corps dans l'Incarnation, et la doctrine contraire est hérétique. )

(1) Antienne des laudes de la Circoncision dans le Bréviaire romain.

ARTICULUS V.

Utrùm sit facta aliqua unio animæ et corporis in Christo.

Ad quintum sic proceditur (1). Videtur quòd in Christo non fuerit unio animæ et corporis. Ex unione enim animæ et corporis, in nobis causatur persona vel hypostasis hominis. Si ergo anima et corpus fuerunt in Christo unita, sequitur quòd fuerit ex unione eorum aliqua | hypostasis constituta, non autem hypostasis Verbi Dei, quæ est æterna. Ergo in Christo erit aliqua persona vel hypostasis præter hypostasim Verbi: quod est contra prædicta.

2. Præterea, ex unione animæ et corporis constituitur natura humanæ speciei. Damascenus autem dicit in III. lib., cap. 3, quòd « in

(1) Infrà, qu. 18, art. 1; et III, Sent., dist.

Domino Jesu Christo non est communem speciem accipere. » Ergo in eo non est facta animæ et corporis unio.

3. Præterea, anima non conjungitur corpori, nisi ut vivificet ipsum. Sed corpus Christi poterat vivificari ab ipso Verbo Dei, quod est fons et principium vitæ. Ergo in Christc non fuit unio animæ et corporis.

Sed contra est, quod corpus non dicitur animatum nisi ex unione animæ. Sed corpus Christi dicitur animatum, secundum illud, quod Ecclecia cantat: «Animatum corpus sumens, de Virgine nasci dignatus est. » Ergo in Christo fuit unio animæ et corporis.

(CONCLUSIO. Cùm Christus fuerit ejusdem speciei cum aliis hominibus, in ipso opere incarnationis fuit verè anima corpori unita; et contrarium dicere hæreticum est.)

2, qu. 1, art. 3, quæstiunc. 3; dist. 6, qu. 3,

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