Obrazy na stronie
PDF
ePub

possession d'un bien commun amoindrit-elle la perfection d'une religion? 8o La religion des solitaires est-elle préférable à la religion de ceux qui vivent en communauté?

ARTICLE I.

N'y a-t-il qu'une religion?

Il paroît qu'il n'y a qu'une religion possible. 1o Dans une chose caractérisée par la totalité et la perfection, il ne sauroit y avoir diversité; c'est ce qui fait qu'il n'y a qu'un seul souverain bien, comme nous l'avons établi dans la première partie de cet ouvrage, quest. VI, art. 2, 3 et 4. Or, comme s'exprime saint Grégoire dans son commentaire sur Ezéchiel, « Quand un homme a voué à Dieu tous ses biens, sa vie tout entière et toutes ses pensées, il y a là un véritable holocauste; » holocauste sans lequel il n'y a pas de religion véritable. Donc il paroit qu'il ne sauroit y avoir plusieurs religions et qu'il n'y en a qu'une.

2o Les choses qui ont une essence commune ne peuvent être diversifiées que par les accidents. Or il ne sauroit y avoir de religion sans les trois vœux essentiels qui la constituent, comme il a été dit plus haut, quest. CLXXXVI, art. 6 et 7. Donc il paroit que les religions ne peuvent pas différer d'espèce; elles ne diffèrent que par les accidents.

3o L'état de perfection est commun aux religieux et aux évêques, comme il a été également dit, quest. CLXXXIV, art. 5 et 7. Or l'épiscopat n'admet point diverses espèces, il est le même partout où il est ; et de là dont les apôtres furent les instituteurs et les modèles? On ne cherche plus ce qu'il y a de plus utile pour se vêtir, mais ce qu'il y a de plus fin et de plus délicat; on ne songe plus à se prémunir contre le froid, mais à nourrir l'orgueil et la mollesse; la règle prescrit en vain des vêtements simples et grossiers; l'ostentation et la vanité veulent de brillantes parures. Nonseulement nous avons perdu la vigueur de l'antique Religion; mais nous n'en gardons même plus les dehors et les apparences. Notre habit, signe autrefois d'une humilité sincère, est devenu maintenant un ornement frivole et présomptueux. Mais la Religion n'est pas dans l'habit, direz-vous, c'est dans le cœur qu'elle reside. Quoi! me donnerez-vous pour preuve de cette religion du cœur le soin que vous mettez à repousser tout ce qui est grossier, à vous procurer, n'importe à quel prix, tout ce qui brille?... >>

aliquid in communi diminuat de perfectione religionis. 8 Utrùm religio solitariorum sit præferenda religioni in societate viventium. ARTICULUS I.

Utrum sit tantum una religio.

Ad primum sic proceditur. Videtur quòd non sit nisi una tantùm religio. In eo enim quod totaliter et perfectè habetur, diversitas esse non potest; propter quod non potest esse nisi unum primum summum bonum, ut in I. habitum est (scu I. part., qu. 6, art. 2, 3, 4). Sed, sicut Gregorius dicit super Ezech., « cùm quis omne quod habet, omne quod vivit, omne quod sapit, omnipotenti Deo voverit, holocaustum est; »

sine quo religio esse non dicitur. Ergo videtur quòd religiones non sint multæ, sed una tantùm.

2. Præterea, ea quæ in essentialibus conve→ niunt, non diversificantur nisi per accidens. Sed sine tribus votis essentialibus religionis non est aliqua religio, ut suprà habitum est (qu. 186, art. 6 et 7). Ergo videtur quòd ipsæ religiones specie non diversificentur, sed solùm per accidens.

3. Præterea, status perfectionis convenit et religiosis et episcopis, ut suprà habitum est (qu. 184, art. 5 et 7). Sed episcopatus non diversificantur specie, sed est unus ubicumque fuerit; unde Ilieronymus dicit ad Evagrium

ce que dit saint Jérôme à Evagrius : « Où que ce soit que se trouve un évêque, à Rome, à Eugubium, à Constantinople, à Rhégio, c'est la même dignité, le même sacerdoce. » Donc, pour le même motif, il n'y a non plus qu'une religion.

4o Il faut éloigner de l'Eglise tout ce qui peut y introduire la confusion. Or de la diversité des religions peut provenir une certaine confusion dans le peuple chrétien, comme il est dit quelque part dans les Décrétales. Donc il paroît qu'il ne doit pas y avoir plusieurs religions diverses.

Mais le contraire résulte de ce que l'Auteur sacré, Psalm. XLIV, rattache à la grandeur de notre Reine « la variété de ses ornements. »

(CONCLUSION. — Il n'y a pas qu'une religion, il y en a plusieurs, diversifiées entre elles par les exercices spirituels ou les œuvres de charité qu'elles embrassent.)

Dans les deux questions précédentes, nous avons clairement établi que l'état religieux est un exercice ayant pour but de nous faire acquérir la perfection de la cuarité. Or, dans la charité il y a diverses œuvres auxquelles un homme peut s'appliquer; et il y a aussi divers genres d'exercices. Ainsi donc les religions peuvent être diversifiées entre elles sous un double rapport: ou bien, par la diversité des objets qu'elles se proposent, l'une ayant pour but, par exemple, d'exercer l'hospitalité envers les pèlerins, l'autre de visiter et de racheter les captifs; ou bien par la diversité des exercices auxquels elles se livrent, l'une s'appliquant surtout à la mortification corporelle par l'abstinence et le jeûne, l'autre au travail manuel, à souffrir l'intempérie des saisons, ou à d'autres choses semblables. Mais comme « la fin est ce qu'il y a de principal en chaque chose, » la diversité qui se prend du côté de la fin dans les reli

Episcopum (1) (Epist. LXXXV): « Ubicumque fuerit episcopus, sive Romæ, sive Eugubii, sive Constantinopoli, sive Rhegii, ejusdem meriti, ejusdem est et sacerdotii. » Ergo pari ratione una sola est religio.

4. Præterea, ab Ecclesia tollendum est omne id quod confusionem inducere potest. Sed ex diversitate religionum videtur quædam confusio posse induci in populo christiano, ut quædam Decretalis dicit. Ergo videtur quòd non debeant esse diversæ religiones.

Sed contra est, quòd in Psalm. XLIV scribitur ad ornatum reginæ pertinere, quòd sit «< circumamicta varietate. »> (CONCLUSIO. Non una tantùm, sed variæ sunt religiones, diversis spiritualibus exercitiis et charitatis operibus distinctæ.)

Respondeo dicendum, quòd sicut ex suprà

dictis patet (qu. 186, art. 7, et qu. 187, art. 2), status religionis est quoddam exercitium, quo aliquis exercetur ad perfectionem charitatis. Sunt autem diversa charitatis opera, quibus homo vacare potest; sunt etiam diversi modi exercitiorum. Et ideo religiones distingui possunt dupliciter: uno modo, secundùm diversitatem eorum ad quæ ordinantur, sicut si una religio ordinetur ad peregrinos hospitio suscipiendos, et alia ad visitandos vel redimendos captivos; alio modo potest esse diversitas religionum secundùm diversitatem exercitiorum, putà quòd in una religione castigatur corpus per abstinentias ciborum, in alia per exercitium operum manualium, per nuditatem, aut per aliquid aliud hujusmodi. Sed quia « finis est potissimum in unoquoque,» major est religionum diversitas quæ attenditur secundùm diversos

(1) Refertur in Decretis, dist. 93 (non sicut priùs 94), cap. 24, sub eadem inscriptione ad Evagrium Episcopum, sed inscriptiò Hieronymi siç simpliciter habet Evagrio, nec Episcopi nomen videtur ei convenire.

gions est plus réelle et plus profonde que celle qui est marquée seulement par la diversité des exercices (1).

Je réponds aux arguments: 1° Une chose commune à toutes les religions, c'est qu'on doit s'y consacrer entièrement au service de Dieu; de ce côté, aucune diversité entre elles; on ne peut pas dire qu'ici on se réserve une chose, et là une autre. Mais la diversité existe dans les objets sur lesquels porte le service que l'homme voue à Dieu, et dans les différents moyens qui peuvent l'y disposer.

2o Les trois vœux essentiels à toute religion sont comme les points principaux auxquels on ramène tout le reste, ainsi que nous l'avons dit, quest. CLXXXVI, art. 7. Mais on peut se disposer de diverses manières à l'observation de chacun de ces vœux; ainsi, pour observer le vœu de continence, on adoptera la solitude, la mortification, la vie commune, et autres moyens semblables. Bien donc que les vœux essentiels soient de nécessité commune, cela n'empêche pas la diversité des religions, diversité qui repose soit sur celle des moyens ou des dispositions, soit sur celle de la fin, comme il a été démontré plus haut.

3o En ce qui concerne la perfection, l'état de l'Evêque est caractérisé par un principe actif, tandis que le religieux est dans un état de passivité, avons-nous dit quest. CLXXXIV, art. 7. Or dans l'ordre même de la nature, plus un agent est élevé, plus il est un, et les êtres qui reçoivent son action, plus divers. La raison veut, par conséquent, que l'état épiscopal soit un, et les religions multiples.

(1) Une seule religion ne pourroit embrasser toutes les œuvres nécessaires à l'Eglise, comme un seul et même individu ne sauroit remplir, selon l'admirable doctrine de saint Paul, tous les genres de ministères. Il a donc fallu que les diverses œuvres, pour être mieux accomplies, pour l'être même d'une manière convenable, fussent réparties entre divers ordres religieux. C'est ainsi que de leur variété résulte, non-seulement la beauté, mais encore la force éternelle de l'Eglise. Les ordres religieux peuvent être considérés comme ces milices permanentes, toujours exercées, toujours prêtes contre les ennemis intérieurs ou extérieurs de la patrie, quoique tous les citoyens doivent concourir à sa défense, comme tous les chrétiens

fines, ad quos religiones ordinantur, quàm quæ nere potest; putà, ad votum continentiæ serattenditur secundùm diversa exercitia.

Ad primum ergo dicendum, quòd hoc est commune in omni religione, quòd aliquis totaliter se debet præbere ad serviendum Deo; unde ex hac parte non est diversitas inter religiones, ut scilicet in una religione aliquis retineat aliquid sui, et in alia aliud. Est autem diversitas secundùm diversa in quibus homo Deo servire potest, et secundùm quòd ad hoc homo se potest diversimodè disponere.

Ad secundum dicendum, quòd tria essentialia vota religionis pertinent ad exercitium religionis, sicut quædam principalia ad quæ omnia alia reducuntur, ut suprà dictum est (qu. 186, art. 7, ad 2). Ad observandum autem unumquodque eorum, diversimodè aliquis se dispo

vandum se disponit aliquis per loci solitudinem, per abstinentiam, per mutuam societatem, et per multa alia hujusmodi. Et secundum hoc patet quòd communitas essentialium votorum compatitur diversitatem religionis, tum propter diversas dispositiones, tum etiam propter diversos fines, ut ex suprà dictis patet (qu. 186, art. 7, ad 2).

Ad tertium dicendum, quòd in his quæ ad perfectionem pertinent, episcopus se habet per modum agentis, religiosi autem per modum patientis, ut suprà dictum est (qu. 184, art. 7). Agens autem etiam in naturalibus quantò est superius, tantò est magis unum; ea verò quæ patiuntur, sunt diversa. Unde rationabiliter est unus episcopalis status, religiones verò diversa.

4° La confusion est l'opposé de la dictinction et de l'ordre. La multitude des religions entraîneroit donc la confusion s'il y avoit des religions diverses pour un seul et même objet envisagé d'une seule et même manière, sans nécessité par là même et sans utilité. Aussi, pour que cela n'ait pas lieu, a-t-il été sagement établi qu'aucune religion nouvelle ne seroit jamais introduite sans l'autorisation du souverain Pontife (1).

ARTICLE II.

Peut-on instituer une religion ayant pour but les œuvres de la vie active?

Il paroit qu'on ne doit pas instituer une religion ayant pour objet les œuvres de la vie active. 1° Toute religion rentre dans l'état de perfection, d'après ce qui a été dit quest. CLXXXIV, art. 5. Or la perfection de l'état religieux consiste dans la contemplation des choses divines; car saint Denis dit des moines on thérapeutes, Hierarch. Eccles., cap. 6: « Ils tirent leur nom du service divin auquel ils se sont exclusivement consacrés, et aussi de cette vie indivisible et spéciale qui les conduit par la contemplation assidue des choses invisibles à une sorte de transformation divine, à une profonde union avec les aimables perfections de Dieu. » Donc il paroît qu'aucune religion ne sauroit être établie pour embrasser les œuvres de la vie active.

2o Ce qui est dit des moines s'applique aux chanoines réguliers, selon ce qui est dit Extra. De Postul., cap. Ex parte, et De Statu Monach., cap. quod Dei, puisqu'il est dit là que « les réguliers ne doivent pas sont les soldats de Jésus-Christ. Les besoins ou les dangers de la société chrétienne varient encore suivant l'esprit des temps et le caractère des époques. Un ordre religieux surgit juste au moment où son intervention étoit nécessaire. Il existe toujours d'admirables rapports entre les ordres successivement fondés dans la suite des siècles, et les modifications que ces siècles eux-mêmes avoient amenées dans les idées, les mœurs ou les événements humains. De telle sorte qu'on ne sauroit méconnoître dans ces diverses institutions l'action directe et la profonde pensée de la divine Providence.

(1) Comme les meilleures choses sont elles-mêmes sujettes à des excès, dans un temps où

Ad quartum dicendum, quòd confusio oppo- | nitur distinctioni et ordini. Sic ergo ex multitudine religionum induceretur confusio, si ad idem et eodem modo diversæ religiones essent, absque utilitate et necessitate. Unde, ut hoc non fiat, salubriter institutum est ne nova religio nisi auctoritate summi Pontificis institua

tur.

ARTICULUS II.

Utrùm aliqua religio institui debeat ad opera vitæ activa.

Ad secundum sic proceditur. Videtur quòd nulla religio institui debeat ad opera vitæ activæ. Omnis enim religio pertinet ad perfectionis

statum, nt ex suprà dictis patet (qu. 184, art. 5). Sed perfectio religiosi statùs consistit in contemplatione divinorum; dicit enim Dionysius, VI. Eccles. hierarch., quòd « nominantur ex Dei puro servitio et famulatu, et indivisibili et singulari vitâ uniente eos invisibilium sanctis convolutionibus (id est contemplationibus) ad deiformem unitatem et amabilem Dei perfectionem. » Ergo videtur quòd nulla religio insti tui possit ad opera vitæ activæ.

2. Præterea, idem judicium videtur esse de monachis et canonicis regularibus, ut habetur Extra de postulando, cap. Ex parte; et De statu monachorum, cap. Quod Dei timorem, dicitur quòd « à sanctorum monachorum

être distingués du saint état des moines; » ce qui paroît devoir s'appliquer à tous les autres religieux. Or la religion des moines a pour objet la vie contemplative; d'où vient que saint Jérôme dit à Paulin, Epist., XIII : « Si, comme vous le dites, vous désirez être moine, c'est-à-dire être seul, que faites-vous dans les villes? » Et la même chose est dite Extra De renontiat., et De regular. Donc il paroît que toute religion doit avoir pour objet la vie contemplative, et aucune la vie active.

3o La vie active ne regarde que le siècle présent. Or, tous les religieux sont tenus d'abandonner le siècle; et de là ces paroles de saint Grégoire super Ezech. homil. XX: « Celui qui quitte le siècle présent et fait le bien qu'il peut, est comme s'il avoit fui l'Egypte, pour sacrifier à Dieu dans le désert. » Done il paroît qu'aucune religion ne sauroit se rapporter à la vie active.

Mais l'Apôtre nous insinue ainsi le contraire, Jac., I, 27: « La reli gion pure et sans tache aux yeux de Dieu, notre Père, c'est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leurs tribulations. » Or c'est là une œuvre de la vie active. Donc rien n'empêche qu'une religion ait pour objet de telles œuvres.

(CONCLUSION. Comme l'état religieux a pour fin la perfection de la charité, il convient qu'il y ait des religions établies pour les œuvres de la vie active, qui se rapportent à l'amour du prochain, et qu'il y en ait pour les exercices de la vie contemplative, qui se rapportent plus spécialement à l'amour de Dieu.)

Comme nous venons de le rappeler dans le précédent article, l'état religieux tend à la perfection de la charité, et celle-ci embrasse l'amour de les ordres religieux sembloient se multiplier d'une manière inutile ou dangereuse, Innocent III promulgua ce décret au quatrième concile de Latran, can. 13. Les expressions de ce canon sont même tellement absolues qu'elles sembloient interdire à l'avenir l'établissement d'un autre ordre religieux quelconque. Mais le sens de cette sage disposition fut interprété par la conduite de ce grand pontife lui-même et de plusieurs de ses successeurs.

videtur quòd nulla religio possit ordinari ad vitam activam.

Sed contra est, quod dicitur Jac., I: « Religio munda et immaculata apud Deum et Patrem hæc est, visitare pupillos et viduas in tribulatione eorum. » Sed hoc pertinet ad vitam activam. Ergo convenienter religio potest ordinari

consortio non putantur sejuncti; » et eadem
ratio videtur esse de omnibus aliis religiosis.
Sed monachorum religio est instituta ad vitam
contemplativam; unde Hieronymus dicit ad
Paulinum (Epist. XIII): «Si cupis esse quod
diceris, monachus, id est solus, quid facis in
urbibus?» et idem habetur Extra de renun-
tiatione, cap. Nisi cùm pridem, et De re-ad vitam activam.
guloribus, cap. Licet quibusdam. Ergo vi-
detur quòd omnis religio ordinetur ad vitam
contemplativam, et nulla ad activam.

3. Præterea, vita activa ad præsens sæculum pertinet. Sed omnes religiosi sæculum deserere dicuntur; unde Gregorius dicit super Ezech. (Homil. XX): « Qui præsens sæculum deserit, el agit bona quæ valet, quasi jam Egypto derelicta, sacrificium præbet in eremo. » Ergo

(CONCLUSIO. Cùm religionis status ad charitatis perfectionem sit ordinatus, rectè quædam religiones ad opera vitæ activæ, quæ ad dilectionem proximi pertinent, et aliæ ad opera vitæ contemplativæ, quæ ad Dei dilectionem spectant, sunt institutæ.)

Respondeo dicendum, quòd sicut suprà dictum est (art. 1), religionis status ordinatur ad perfectionem charitatis, quæ se extendit ad di

« PoprzedniaDalej »