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Je réponds aux arguments: 1o Disons avec saint Grégoire, Pastor., I, 8: « L'Apôtre a prononcé cette parole dans un temps où celui qui étoit placé à la tête des peuples étoit le premier conduit aux supplices et à la mort. » Et dans de telles circonstances, on ne pouvoit rien désirer dans l'épiscopat, si ce n'est la bonne œuvre qu'il implique; ce qui fait dire à saint Augustin, De Civ. Dei, XIX, 19 : « En disant cette parole: Celui qui désire l'épiscopat désire une bonne œuvre, l'Apôtre a voulu nous expliquer ce que l'épiscopat est en réalité, une œuvre, et non précisément un honneur. Ce mot est d'origine grecque, épi veut dire sur, scopus désigne l'attention ou l'intention. Ainsi donc le mot grec moxonεiv, nous pouvons le rendre par surveiller; ce qui nous donne clairement à entendre que celui-là n'est pas véritablement évêque qui aime à présider, mais bien celui qui se rend utile. » Et le même saint docteur avoit dit auparavant : « Dans l'activité que nous devons déployer en cette vie, il ne faut désirer ni l'honneur ni la puissance, parce que tout est vain sous le soleil; il ne faut désirer que l'œuvre même qui s'accomplit au moyen de cette puissance et de cet honneur. » Il faut même remarquer avec saint Grégoire, dans le livre cité plus haut, que « l'Apôtre en louant le désir, mais le désir seul de la bonne œuvre, fait aussitôt peser une sorte de terreur sur l'objet même de son éloge, en ajoutant: Il faut qu'un évèque soit irréprochable. C'est comme s'il disoit : Je vous approuve dans votre recherche, mais à une condition, c'est que vous sachiez auparavant ce que vous recherchez. »

2° Il n'en est pas de l'état religieux comme de celui des évêques, et tels qu'un saint Athanase, un saint Cyprien, un saint Ambroise, un saint Isidore et tant d'autres, avoient eu recours à la fuite, aux prières, aux larmes pour échapper à une telle dignité, et n'avoient cédé, pour ainsi dire, qu'à la violence. Quels exemples et quel enseignement! Les derniers siècles et notre époque elle-même les ont vu plus d'une fois se renouveler, comme une généreuse protestation contre les funestes tendances du présent et un noble souvenir du passé. Il faut relire, à ce sujet, l'éloge que saint Cyprien fait du pape saint Corneille sur sa modestie, son humilité, son abnégation profonde. Epist, IV, 52.

Ad primum ergo dicendum, quòd sicut Gre-scopum qui præesse dilexerit, non prodesse; » gorius dicit in Pastor. (part. I, cap. 8), « illo ut enim parum ante præmittit : « In actione tempore hoc dixit Apostolus, quo ille qui ple- non amandus est honor in hac vita, sive potenbibus præerat, primus ad martyrii tormenta tia, quoniam omnia vana sunt sub sole (1); sed ducebatur; » et sic nihil aliud erat quod in epi- opus ipsum quod per eumdem honorem vel poscopatu appeti posset nisi bonum opus. Unde tentiam fit. » Et tamen, ut Gregorius dicit in Augustinus dicit, XIX. De Civit. Dei (cap. 19), Pastor. (part. I, cap. 8): « Apostolus laudans quod « Apostolus dicens Qui episcopatum desiderium (scilicet boni operis ), in pavorem desiderat, bonum opus desiderat, exponere vertit protinus quod laudavit (cùm subjungit) : voluit quid sit episcopatus, quia nomen operis Oportet autem episcopum irreprehensibilem esse est, non honoris. Græcum est enim; epi quippe (quasi dicat): Laudo quod quæritis, sed priùs super, scopus verò intentio est. Ergo episco- discite quid quæratis. >> pein græcè, si velimus, latinè superintendere, possumus dicere, ut intelligat non se esse epi

Ad secundum dicendum, quòd non est eadem ratio de statu religionis et de statu episcopali,

(1) Alludendo ad illud Salomonis, Eccles., I, vers. 14: Vidi cuncta quæ fiunt sub sole, el ecce universa razilas.

la pour deux raisons d'abord, parce que la perfection de la vie est préalablement exigée pour entrer dans l'épiscopat, comme cela résulte clairement de ce que le Seigneur demanda trois fois à saint Pierre s'il l'aimoit plus que les autres, avant de lui confier la charge pastorale; tandis que l'état religieux n'exige pas la perfection, étant lui-même la voie pour y parvenir; aussi le Seigneur ne dit-il pas, Matth., XIX : « Si vous êtes parfait, allez, vendez tout ce que vous avez; » mais bien : « Si vous voulez être parfait... » Saint Denis, De hierarch. eccles., cap. V, donne ainsi la raison de cette différence qui existe entre ces deux étals : c'est comme principe actif que la perfection doit se trouver dans l'évêque, puisque c'est à lui à perfectionner; elle n'appartient au moine que d'une manière passive, comme à celui qui doit simplement être parfait. Or celui qui doit conduire les autres à la perfection doit évidemment la posséder déjà lui-même, ce qui n'est nullement nécessaire à celui qui doit seulement y être conduit. Mais il y a de la présomption à se croire déjà parfait, tandis qu'il n'y en a point à tendre vers la perfection. En second lieu, celui qui entre dans l'état de religion se met au-dessous des autres pour être guidé dans la carrière de la spiritualité; et c'est là une chose assurément permise à tout le monde. Voilà pourquoi saint Augustin dit, De Civit. Dei, XIX, 19: « Le désir de connoître la vérité n'est interdit à personne; c'est là l'objet d'un louable repos. » Celui, au contraire, qui est élevé à l'épiscopat n'est constitué en dignité que pour avoir soin des autres. Et nul ne doit s'arroger un tel honneur, ni assumer de lui-même une telle charge, selon cette parole de l'Apôtre, Hebr., V, 4 : « Nul ne se revêt d'une dignité, si ce n'est celui qui est appelé de Dieu. » Et de là ce que dit l'auteur du commentaire inachevé sur saint Matthieu, Homil., XXXV : « Désirer la primauté dans l'Eglise n'est ni une chose juste, ni une chose utile. Quel est, en effet, l'homme sage qui se jette de luimême dans une telle servitude et s'expose au danger d'avoir à répondre

propter duo primò quidem, quia ad statum episcopalem præexigitur vitæ perfectio, ut patet per hoc quod Dominus à Petro quæsivit, si plus eum cæteris diligeret, antequam ei committeret pastorale officium; sed ad statum religionis non præexigitur perfectio, sed est via in perfectionem; unde et Dominus, Matth., XIX, non dixit : « Si es perfectus, vade, vende omnia quæ habes, » sed : « Si vis perfectus esse. » Et hujus differentiæ ratio est, quia, secundum Dionysium (V. cap. Eccles. hierarc.), perfectio pertinet activè ad episcopum sicut ad perfectorem, ad monachum autem passivè, sicut ad perfectum. Requiritur autem quòd sit perfectus aliquis ad hoc quòd possit alios ad perfectionem adducere; quod non præexigitur ab eo qui debet ad perfectionem adduci. Est autem

præsumptuosum quòd aliquis perfectum se reputet, non autem quòd aliquis ad perfectionem tendat. Secundò, quia ille qui statum religionis assumit, se aliis subjicit ad spiritualia capienda, et hoc cuilibet licet; unde Augustinus, XIX. De Civit. Dei (cap. 19), dicit : « A studio cognoscendæ veritatis nemo prohibetur; quod ad laudabile otium pertinet. » Sed ille qui transit ad statum episcopalem, sublimatur ad hoc quòd aliis provideat. Et hanc sublimationem nullus debet sibi assumere, secundùm illud ad Hebr., V: « Nec quisquam sumit sibi honorem, sed qui vocatur à Deo. » Et Chrysostomus dicit super Matth.: « Primatum Ecclesia concupiscere neque justum est, neque utile. Quis enim sapiens vult ultrò se subjicere servituti et periculo tali, ut det rationem pro omni

de toute une église? Celui-là seul peut agir ainsi qui ne craint pas les ju gements de Dieu, ou ne voit que les avantages temporels d'une dignité ecclésiastique, et n'aspire qu'à la transformer en puissance séculière. »

3o La dispensation des biens spirituels, ou, comme il a été dit, du froment spirituel, ne doit précisément être faite au gré de personne, mais bien d'après la volonté et les ordres de Dieu, d'abord, et secondairement d'après le jugement des supérieurs ecclésiastiques, dans la bouche desquels l'Apôtre met cette parole, I Cor., IV, 1: «Que l'homme nous regarde comme les ministres du Christ et les dispensateurs des divins mystères. » Celui-là donc n'est pas censé cacher le froment spirituel, à qui la dispensation n'en est pas confiée par sa charge ou l'ordre de ses supérieurs, et qui dès-lors s'abstient de corriger ou de gouverner les autres. On n'est coupable d'une telle omission, on ne tient le froment spirituel caché que lorsqu'on en a reçu la dispensation et qu'on néglige ce devoir, ou bien quand on refuse obstinément d'accepter la charge à laquelle on est appelé. C'est ce qui fait dire à saint Augustin, à l'endroit que nous venons d'indiquer: « L'amour de la vérité aspire à un saint repos; mais la charité accepte la nécessité d'un juste travail. Si nul ne nous impose cette charge, persistons dans l'étude et la contemplation de la vérité; et si on nous l'impose, que la charité nous fasse une nécessité de la recevoir.» 4° Nous répondrons avec saint Grégoire, Pastor., I, 7: « Isaïe voulut sans doute être envoyé; mais il avoit vu auparavant ses lèvres purifiées par le charbon de l'autel ; ce qui nous montre que nul ne doit aborder le saint ministère sans une entière pureté. Or, comme il est extrêmement difficile de savoir si l'on est pur, ce qu'il y a de plus prudent, c'est de décliner le ministère de la prédication. >>

Ecclesia, nisi fortè qui non timet Dei judicium, abutens primatu ecclesiastico sæculariter, ut scilicet convertat ipsum in sæcularem. >>

Ad tertium dicendum, quòd dispensatio spiritualium frumentorum non est facienda secundùm arbitrium cujuslibet, sed principaliter quidem secundùm arbitrium et dispositionem Dei, secundario autem secundùm arbitrium superiorum prælatorum, ex quorum persona dicitur 1. ad Cor., IV: « Sic nos existimet homo, ut ministros Christi et dispensatores mysteriorum Dei. » Et ideo non intelligitur ille abscondere frumenta spiritualia, cui non compelit ex officio, nec ei à superiori injungitur, si ab aliorum correctione aut gubernatione desistat. Sed solùm tunc intelligitur abscondere, dispensationem negligat, cùm ei ex ofticio

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incumbit, vel si officium, cùm ei injungitur, pertinaciter recipere renuat. Unde Augustinus dicit, XIX. De Civit. Dei (cap. 19): «Olium sanctum quærit charitas veritatis; negotium justum suscipit necessitas charitatis. Quam sarcinam si nullus imponit, percipiendæ atque intuendæ vacandum est veritati; si autem imponitur, suscipienda est propter charitatis necessitatem. »>

Ad quartum dicendum, quòd sicut Gregorius dicit in Pastor. (part. I, cap. 7), « Isaias, qui mitti voluit, ante per altaris calculum se purgatum vidit, ne non purgatus adire quisque sacra ministeria audeat. Quia ergo valdè difficile est purgatum se quemlibet posse cognoscere, præ dicationis officium tutius declinatur.»

ARTICLE II.

Est-il permis de refuser absolument l'épiscopat qu'on nous impose?

Il paroît qu'il est permis de refuser absolument l'épiccopat, quelques instances qu'on fasse pour nous le faire accepter. 1° Saint Grégoire dit dans le livre et le chapitre même que nous venons de citer : « Désirant se rendre utile à ses frères par une vie active, Isaïe aspire au ministère de la prédication; aimant mieux s'attacher à l'amour du Créateur dans les continuels exercices de la vie contemplative, Jérémie ne veut pas se laisser imposer ce même ministère. » Or ce n'est pas un péché de ne pas vouloir abandonner un état plus parfait pour entrer dans un autre qui l'est moins. Par conséquent, l'amour de Dieu l'emportant sur l'amour du prochain, et la vie contemplative sur la vie active, comme il a été démontré plus haut, quest. XXVI, art. 2, et quest. CLXXXII, art. 1, il paroit que celui-là ne pèche pas, qui refuse l'épiscopat d'une manière absolue.

2° Saint Grégoire dit encore, et toujours au même endroit : « Il est bien difficile de savoir si l'on est pur; celui qui ne l'est pas ne doit pas néanmoins s'ingérer dans le saint ministère. » Si quelqu'un ne sent donc pas qu'il soit entièrement purifié, il ne doit pas accepter la charge épiscopale, quelles que soient les instances qu'on lui fait.

3o Saint Jérôme dit de saint Marc, dans son prologue sur cet évangéliste : « On rapporte qu'il se trancha le pouce après sa conversion à la foi, pour être dans l'impossibilité d'entrer dans le sacerdoce. » Il en est de même qui font vœu de ne jamais accepter l'épiscopat. Or mettre obstacle

ARTICULUS II.

Utrùm liceat episcopatum injunctum omnino

recusare.

Ad secundum sic proceditur. Videtur quòd liceat episcopatum injunctum omnino recusare. Ut enim Gregorius dicit in Pastor. (part. 1, c. 7), « per activam vitam prodesse proximis cupiens Isaias, officium prædicationis appetit; per contemplativam verò Hieremias amori conditoris sedulo inhærere desiderans, ne mitti ad prædicandum debeat, contradicit. » Nullus autem peccat si meliora nolit deserere, ut minùs bonis inhæreat. Cùm ergo amor Dei præemineat dilectioni proximi, et vita contemplativa præ

feratur vitæ activæ, ut ex suprà dictis patet (1), videtur quòd non peccat ille qui omnino episcopatum recusat.

2. Præterea, sicut Gregorius dicit (ubi suprà), « valdè difficile est ut aliquis purgatum se possit cognoscere; nec debet aliquis non purgatus sacra ministeria adire.» Si ergo aliquis non sentiat se esse purgatum, quantumcumque sibi episcopale injungatur officium, non debet illud suscipere.

3. Præterea, de B. Marco Hieronymus dicit in Prologo super Marc. (2), quòd «amputasse sibi post fidem pollicem dicitur, ut sacerdotio reprobus haberetur. » Et similiter aliqui votum emittunt, ut nunquam episcopatum accipiant.

(1) Quoad priorem quidem appendicem ex quæst. 26, art. 2; quoad posteriorem verò ex qu. 182, art. 1.

(2) Sic equidem Prologus qui sub nomine Hieronymi Glossæ ordinariæ præfixus est; subjungens tamen quòd facto illo non obstante tantum consentiens fidei prædestinata potuit electio, ut nec sic in opere verbi perderet quod priùs meruerat in genere; nam Alexandriæ Episcopus fuit.

à une chose ou la refuser absolument ne peuvent guère être distingués l'un de l'autre. Donc il paroît qu'on peut sans péché refuser absolument l'épiscopat.

Mais saint Augustin dit ainsi le contraire dans une lettre à Eudoxius, Epist. LXXXI: « Si notre sainte mère l'Eglise réclame votre concours, ne vous hâtez pas d'accepter ses honneurs, de peur que vous n'obéissiez à l'orgueil; ne les repoussez pas par le secret amour d'un agréable repos. >> Puis le saint docteur ajoute: «Ne préférez pas votre repos aux besoins de l'Eglise; car si les bons refusent de lui venir en aide dans le travail de son enfantement spirituel, comment ses enfants pourront-ils venir à la vie? »

(CONCLUSION. De même que c'est un mal d'ambitionner la dignité épiscopale, c'est également un péché de la refuser avec obstination, quand elle nous est offerte par le pouvoir légitime, puisque c'est là une chose contraire à la charité et à l'humilité.)

Quand il s'agit d'entrer dans l'épiscopat, il y a deux choses à considérer: d'abord, ce que l'homme peut désirer par lui-même, puis ce qu'il doit faire par déférence à la volonté d'autrui. Par sa propre volonté l'homme doit surtout s'appliquer à son salut; et il ne doit s'occuper du salut des autres que d'après la disposition d'un pouvoir étranger et supérieur, comme cela résulte clairement de ce qui a été dit. Ainsi donc, de même qu'il y a désordre dans la volonté, quand on se porte de son propre mouvement à être placé à la tête de ses semblables; de même il y a désordre dans la volonté quand on résiste d'une manière définitive à l'injonction du pouvoir légitime, voulant nous imposer une telle charge; et cela pour deux raisons la première, c'est que cela est contraire à la charité que nous devons au prochain, puisque nous devons, selon les temps et les lieux, nous exposer pour son bien; et de là cette parole de saint Augustin

Sed ejusdem rationis est ponere impedimentum | episcopatûs duo sunt consideranda: primò quiad aliquid, et omnino recusare illud. Ergo videtur quòd absque peccato possit aliquis omnino episcopatum recusare.

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dem, quid deceat hominem appetere secundùm propriam voluntatem; secundò, quid hominem deceat facere ad voluntatem alterius. Quantum ergo ad propriam voluntatem, convenit homini principaliter insistere propriæ saluti; sed quòd aliorum saluti intendat, hoc convenit homini ex dispositione alterius potestatem habentis, ut ex suprà dictis patet. Unde, sicut ad inordinationem voluntatis pertinet quòd aliquis proprio motu feratur in hoc quòd aliorum gubernationi præficiatur, ita etiam ad inordinationem voluntatis pertinet quòd aliquis omnino contra superioris injunctionem, prædictum gubernationis officium finaliter recuset, propter duo: primò quidem, quia hoc repugnat charitati proximorum, quorum utilitati se aliquis debet exponere pro loco et tempore; unde Augustinus, XIX.

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