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Essai sur l'indifférence en matière de religion, avec cette épigraphe: Impius, cùm in profundum venerit, contemnit (1). Seconde édition.

QUATRIÈME ET DERNIER ARTICLE.

Forcés, à regret, d'interrompre l'analyse de cet ouvrage, et même de remettre successivement, depuis deux mois, l'article que nous avions annoncé, nous pourrions craindre, s'il s'agissoit d'un livre ordinaire, que l'on n'eût oublié, et notre article précédent, et le sujet auquel il se rapportoit. Mais l'Essai est à l'abri d'un pareil inconvénient. La réputation de cet ouvrage s'accroît de plus en plus; il charme toujours davantage ceux qui l'ont déjà lu; il étonne ceux mêmes qui en avoient ouï parler avec plus d'éloge. Il fortifie ceux qui chanceloient, éclaire coux qui doutoient, ramène ceux qui s'étoient écartés, terrasse les plus décidés dans leur incrédulité. On a inséré dans un journal une lettre d'un baron L. A. M., qui avoue être devenu chrétien par la lecture de ce livre; et nous savons que l'Essai a produit le même effet sur plusieurs autres personnes. Comme c'étoit là le désir le plus ardent de l'auteur, ce sera aussi l'avantage dont il se félicitera le plus dans le succès de son ouvrage. Il n'aspiroit qu'à faire connoître et aimer la religion,

(1) Volume in-8°.; prix, 6 fr. et 7 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal. Tome XVI. L'Ami de la Religion et du Roi. T

et les applaudissémens ne le flattent qu'autant qu'ils sont la preuve d'un retour sincère vers elle.

Nous en étions restés, dans notre article précédent, au chapitre x, où l'auteur, pour mieux montrer l'importance de la religion par rapport à la société, avoit d'abord exposé le vide et le néant des doctrines philosophiques. Il arrive, dans le chap. x1, à la thèse qu'il s'étoit proposé d'établir directement; savoir, que la religion seule conservé les peuples, et les rend heureux en les établissant dans un état conforme à la nature de la société. Les philosophes mêmes, dit-il, ont reconnu cette vérité. Elle a été proclamée par l'école de Socrate, et avouée, de nos jours, par Hume et Rousseau. La religion est en effet le fondement unique et nécessaire de tout ordre social, puisque l'ordre ne peut venir que de Dieu, et ne peut être que le résultat des rapports qu'il a établis. La philosophie fonde le pouvoir sur la force, qui n'est qu'une source de désordres; la religion met l'ordre “ dans la société, parce que seulé elle donne la raison du pouvoir et des devoirs. L'orgueil, qui réclame la souveraineté de l'homme, rabaisse l'homme en le faisant obéir à l'homme seul; la religion nous élève en nous montrant Dieu dans celui qui nous commande. Elle concilie la dignité de l'homme avec sa dépendance, et ce n'est pas en vain que l'Evangile est appelé par un apôtre une loi parfaite de liberté. La refigion lie le pouvoir aux sujets, et les sujets entre eux. C'est le christianisme qui a civilisé l'Europe, et partout où il a pénétré, il a semé des bienfaits. Tandis que la philosophie, armée de la science et de la force, et disposant eu souveraine de vingt-cinq millions d'hommes et de leurs biens, n'a pu réaliser, dans un

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pays riche et chez une nation déjà formée, que l'indigence, l'anarchie et toutes sortes de crimes et de maux, la religion proscrite maintenoit encore un reste d'ordre. Que de prodiges elle a opérés dans le Nouveau-Monde? Elle avoit établi dans le Paraguay le régime le plus fort et le plus doux. Elle a fini par abolir partout l'esclavage, que les philosophes les plus célèbres de l'antiquité avoient consacré par leurs lois et par leurs exemples. Elle ne déclame point contre la guerre, comme ces philanthropes modernes qui en ont fait le texte bannal de leurs plaintes exagérées. Ceux-ci ont prononcé que toute guerre étoit injuste, et, malgré leurs axiomes, nous avons vu sous eux plus de guerres, et des guerres plus atroces, qu'il n'y en avoit depuis des siècles dans les Etats chrétiens; la religion prêche la paix sans jactance; elle tend à ôter les causes de désordre; elle fait de l'humanité la première loi des combats: ne pouvant retenir le glaive, elle en émousse la pointe, et verse du baume sur les blessures qu'il a faites. Les dévastations et les mas sacres étoient autrefois censés de l'essence du droit de la guerre; aujourd'hui, ils en sont regardés comme la violation.

La religion a également donné des notions plus saines sur le droit politique et sur le droit des gens. La loi n'est plus l'expression de la volonté du plus fort; tout pouvoir vient de Dieu, et qui résiste au pouvoir, résiste à Dieu. Les législations antiques opprimoient le foible, les nôtres nous apprennent qu'il faut le protéger. La raison, pendant vingt siècles, a fondé la société sur l'esclavage, et ne s'est pas mêmé douté qu'il fût possible d'abolir la servitude; l'humamité est redevable de ce bienfait au christianisme, La

religion seule a proclamé l'indissolubilité du lien conjugal, tandis que de nos jours encore, même après la lumière du christianisme, l'incrédulité dominante avoit ramené parmi nous le scandale du divorce. La religion a pris les enfans sous sa protection; les enfans, qui, chez presque tous les peuples anciens aujourd'hui encore dans l'Inde et à la Chine, étoient abandonnés ou immolés sans pitié. Les lois se bornent à proscrire les délits et ne commandent aucune vertu; la religion s'est réservé à elle seule celte sublime partie de la législation, qui règle tout dans T'homme, jusqu'à ses désirs les plus secrets et ses affections les plus fugitives. Où est l'homme sans entrailles que n'attendrit pas la beauté de la morale évangélique? Quelle pureté et quelle profondeur dans ses préceptes! Quelle perfection dans ses conseils! Quelle douceur aimable, et quelle onction pénétrante daus la simplicité de ses maximes! Comme elles vont droit à l'ame, et comme elles remuent toute la conscience! On peut violer cette loi divine sans doute; niais en contester l'excellence, qui l'oseroit, à moins d'avoir perdu tout sentiment du beau et du bon? Dans la bouche des philosophes, le mot de devoir est vide de sens; ils ne peuvent s'accorder à en donner une notion nette; ils ne réservent aucun prix à la vertu. La religion offre à la vertu un divin modèle et une récompense divine, et je conçois facilement cette économie admirable où tout se tient, Dieu et l'homme, le temps et l'éternité, le présent et l'avenir. La philosophie n'a que des freins bien foibles à opposer au vice; elle nous parle de l'intérêt général : quel motif pour celui qui meurt de faim! Aussi d'Alembert avouoit qu'il étoit difficile d'expliquer comment le

vol étoit défendu au pauvre. Cet endroit est un de ceux où l'auteur fait le mieux sentir l'insuffisance et le vague de doctrines philosophiques, et leur oppose avec plus d'avantage l'autorité d'une morale qui a sa sanction dans le ciel.

que

Pendant trente siècles, continue-t-il, l'homme n'avoit pas songé à venir au secours de ses frères souffrans; on ne trouve pas chez les anciens l'ombre 'd'une institution en faveur des malheureux; comptez, au contraire, les œuvres de miséricorde que la religion a inspirées et propagées. Ses anuales ne sont pleines des bienfaits qu'elle a répandus sur l'indigence et F'infortune. Que d'asiles, d'établissemens, d'institutions, d'associations dus à la charité! Point de genre de douleur qui n'ait son lieu de soulagement. Dans toutes nos provinces il existe encore des vestiges de ces maladreries fondées par nos pères, dans les campagnes, pour recueillir ceux qui étoient atteints d'un mal contagieux, tandis que dans les villes, les évêques avoient établi des Hôtels-Dieu, près de leurs palais, pour être plus à portée de les visiter; car il est remarquable que ces asiles de charité sont presque tous placés à côté des cathédrales. Aujourd'hui même, au milieu de la décadence de la foi, combien d'anciennes œuvres se soutiennent avec honneur, combien d'autres non moins belles s'élèvent! Combien ne voyons-nous pas, au milieu de nous, d'associations de saintes filles qui se vouent à l'enseignement de l'enfance, au soulagement du pauvre, au soin de l'orphelin, à l'assistance du malade! Elles embrassent tous les genres de bie; et, partageant leur temps entre Dieu et leur prochain, elles ne quittent la prière que pour aller dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les greniers,

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