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INTRODUCTION.

I. Dieu est admirable dans ses saints, nous dit l'Écriture. La piété chrétienne, excitée par cette parole, a toujours témoigné hautement qu'elle admirait les saints, sachant bien que son admiration remontait jusqu'à Dieu. Lorsqu'un enfant vient au monde, l'Église, en versant sur son front l'eau du baptême, l'appelle d'un nom qui signifie sa régénération spirituelle. Comme, dès l'instant de son entrée dans la vie terrestre, le nouveau-né reçoit le nom de ses parents, ses protecteurs ici-bas, ses modèles naturels, ainsi, dès l'instant de son entrée dans la vie céleste, le nouvel enfant de Dieu reçoit le nom d'un saint, son protecteur du haut des cieux, son modèle surnaturel. L'indissoluble lien de la communion des saints unit les élus qui triomphent, après avoir combattu, aux chrétiens qui combattent afin de triompher un jour. Pénétrés de cette vérité consolante, et désireux d'entrer dans l'esprit de l'Église, les peuples chrétiens se sont toujours efforcés de mêler le plus possible le nom, la

gloire, la protection des saints aux événements ordinaires de cette vie. C'est par la fête d'un saint que les laboureurs désignent l'époque des semences et l'époque des moissons. C'est à la fête d'un saint qu'ils rattachent ces moments remarquables dans l'année, où les jours et les nuits, après avoir rempli un même nombre d'heures, commencent à se mesurer par des durées inégales. Parcourons nos campagnes : les hameaux, les bourgs, les villages portent, presque partout, le nom d'un saint, appellations préférables à celles de nos grandes villes, dont les noms ne rappellent que des souvenirs qui s'arrêtent à la terre. C'est aussi par le nom d'un saint que nous désignons nos temples et nos autels. L'Église elle-même nous a inspiré cette dévotion envers les saints. Pour rendre nos frères qui sont au ciel sans cesse présents à notre vénération et à notre amour, elle a institué des fêtes nombreuses qui louent Dieu dans ses saints. Nous célébrons tour à tour les apôtres et les évangélistes, les martyrs et les confesseurs, les docteurs et les pontifes, les vierges et les saintes femmes. Chaque jour de l'année, pour les chrétiens, est un heureux anniversaire qui leur rappelle qu'à pareil jour un saint naquit à la vie éternelle. Comme le nombre des jours de l'année est loin de correspondre à la multitude innombrable des élus, le cours de nos fêtes ramène chaque année la solennité de la Toussaint, pour nous donner le bonheur de nous unir à tous ceux de nos

frères qui sont au ciel et qui nous attendent en intercédant pour nous. Qu'est-ce donc que les saints, pour que nous les honorions avec tant d'enthousiasme? Qu'est-ce donc que le phénomène de la sainteté dans le catholicisme?

II. Il faut reconnaître dans l'Église deux sortes de sainteté. Il y a d'abord une sainteté commune, nécessaire à tout chrétien pour être sauvé, et qui résulte de la fidèle observation des commandements de Dieu. Nul n'entrera dans le royaume des cieux s'il n'a acquis cette sainteté à un degré plus ou moins élevé. Il y a de plus une sainteté extraordinaire, qui est la gloire propre, le privilége incommunicable de l'Église catholique, une preuve de sa divinité, un témoignage continuel de l'union de Jésus-Christ avec sa mystique Épouse. L'Église n'a pas eu seulement des docteurs pour enseigner sa doctrine, des martyrs pour mériter au monde la miséricorde et le pardon, elle a eu des saints qui, de siècle en siècle, ont été de magnifiques modèles des vertus chrétiennes, et ont perpétué dans le monde la sainteté de Jésus-Christ même. Qu'est-ce que cette sainteté merveilleuse qui ne se produit que dans l'Église catholique ? C'est une vertu arrivée par une grâce spéciale à un degré miraculeux, et se manifestant au dehors par des œuvres miraculeuses. La sainteté se relève par un double prodige au dehors, par des actes qui ne peuvent être accomplis qu'avec l'assistance de Dieu et comme par ses ordres; au de

dans de l'âme, par une perfection de vertu qui dépasse les limites de la prudence humaine.

Tout chrétien, lorsqu'il est en grâce avec Dieu participe à la vie de Jésus-Christ: voilà pourquoi le Sauveur disait, en parlant à ses premiers disciples réunis autour de lui, et en leur personne à tous les disciples que les générations futures devaient lui donner: Je suis le corps et vous êtes les membres; je suis la vigne et vous êtes les rameaux, Ego sum vitis, vos palmites. Mais il est des saints en qui Jésus-Christ semble s'être incarné de nouveau, tant ils vivent de sa vie, tant ils reproduisent ses vertus. Des signes trèsexpressifs ont manifesté quelquefois l'union intime du Fils de Dieu avec ces créatures élues entre mille, et préparées par des grâces inusitées à la gloire d'une conformité aussi parfaite. Ces signes, Dieu les permet pour nous donner une idée des rapports mystérieux établis entre ses saints et lui. Ainsi, lorsque saint François d'Assise, sur le Mont Alverne, reçut les stigmates de la passion, ainsi lorsque sainte Catherine fut acceptée par Jésus-Christ comme sa fiancée. Cette ineffable union des saints avec Dieu ne peut pas être stérile. Dieu ne la produit que dans un dessein de miséricorde. Il veut que les saints apparaissent avec évidence au milieu des hommes comme des continuateurs de sa mission; aussi les fait-il connaître par des œuvres divines à l'extérieur et par une vertu divine à l'intérieur.

III. Jésus-Christ avait dit à ses apôtres qu'ils opéreraient des miracles plus grands que ceux qu'il avait opérés lui-même. Cette promesse a été remplie. Le don des miracles n'a jamais fait défaut à l'Église. Chaque siècle a eu ses thaumaturges. Les hérétiques et les incrédules interrogent la doctrine catholique et lui demandent si elle est l'œuvre de Dieu, si elle contient les paroles de la vie éternelle. L'Église peut leur répondre comme autrefois le Sauveur aux disciples de Jean-Baptiste Dites à ceux qui vous ont envoyé ce que vous avez vu. « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent. » Les saints font, pour ainsi dire, malgré eux, ces grandes choses; une vertu divine les pousse à prononcer une parole, à faire un signe, et soudain la nature leur obéit, les maladies s'évanouissent, les tempêtes s'apaisent, les bêtes féroces deviennent dociles. La mort n'enlève pas aux saints cette puissance, elle l'augmente, au contraire. Leur sépulcre devient souvent plus glorieux que leur vie, le miracle jaillit de leurs ossements et rend leur poussière vénérable.

Ne nous arrêtons pas davantage à l'éclat des œuvres extérieures. La sainteté ne se révèle pas seulement par le prodige du dehors; son trait le plus caractéristique est le prodige intérieur, c'est-à-dire une vertu parvenue à un degré de perfection qui dépasse toutes les forces humaines aidées seulement des secours ordinaires de la grâce. Cela doit être, puisque la principale mission que les saints reçoivent de Dieu est de continuer par

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