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vie, sans lequel elle ne saurait être, ni par conséquent se perpétuer.

Je crois que CE QUI EST Contient le résumé de ce qui fut, dont il est le tombeau, et le germe de ce qui sera, dont il est le berceau, et que l'union progressive de ce résumé et de ce germe, c'està-dire de notre vie passée et de notre vie future, constitue la vie présente, nommée plus spéciale

ment LA VIE.

Je crois que toutes les religions antérieures au christianisme ont été fondées sur la tradition, sur la vie du passé, sur l'inspiration des ancêtres, en un mot, sur le PÈRE.

Je crois que le christianisme, au contraire, a puisé sa force dans la prophétie, dans la vie future, dans l'aspiration vers l'homme nouveau, vers le FILS.

Je crois qu'il s'agit aujourd'hui de réunir ces deux sources de vie dans le sentiment vrai de la vie présente, qui doit être l'union de la vie passée et de la vie future, le nœud de la tradition et de la prophétie, l'esprit de paix et de tolérance venant réconcilier les enfants avec leurs ancêtres, le LIEN du PÈRE et du FILS, que les chrétiens ont nommé le SAINT-ESPRIT, et qui est l'a

mour de chaque être pour son prochain et de tous les êtres pour Dieu.

Je ne me dissimule pas combien il est délicat et difficile d'exposer des solutions nouvelles de ces immenses problèmes, en présence de celles qui, après avoir régné durant des siècles sur les esprits et sur les cœurs, sont cependant ébranlées de toutes parts. C'est ce qui m'a fait prendre la forme intime et libre de l'exposition épistolaire, ainsi que je l'ai déjà fait pour le même sujet, il y a trente ans1. L'exemple des premiers temps du christianisme est, sous ce rapport, une leçon imposante.

Je serais bien heureux si je trouvais dans mes lecteurs l'indulgente tolérance que n'ont pas toujours rencontrée, chez les païens, les premières épîtres chrétiennes; bien plus heureux encore si j'excitais des convictions semblables. Je n'ose me livrer à ce double espoir, qu'en me sentant fort de la sincère loyauté de mes intentions, de la persitance croissante de ma foi, de mon profond amour de l'humanité et de Dieu.

1. Lettre à Charles Duveyrier sur la Vie éternelle, publiée en 1832, et imprimée de nouveau dans la Science de l'homme (1858. Victor Masson).

LA

VIE ÉTERNELLE

PASSÉE - PRÉSENTE - FUTURE

MON CHER AMI,

Vous croyez non-seulement à la vie future, mais à la vie réellement éternelle, c'est-à-dire passée, PRÉSENTE et future; en d'autres termes, vous croyez que CE QUI EST fut et sera; vous le croyez pour Dieu, pour l'homme, pour la na

ture.

Vous croyez, en outre, que votre vie personnelle participe de la vie universellle, et qu'à ce titre elle est définie par son milieu, mais aussi indéfinie dans ses rapports avec ce milieu; vous croyez qu'elle est interne et externe, isolable et

sociable, une et multiple, et que c'est même l'union de ces deux formes de la vie, de celle qui est en vous avec celle qui est hors de vous, qui constitue essentiellement VOTRE VIE.

Or, vous tenez absolument à la perpétuation de votre personnalité, et vous avez bien raison. Vous entendez, sans doute, par le mot perpétuité, le passé ausi bien que l'avenir, et par le mot personnalité, vous n'excluez pas, je pense, le côté social, collectif, multiple de votre vie.

L'unité et le nombre sont faits pour nous; mais n'oublions pas le nombre quand nous rêvons à l'unité, nous tomberions dans l'égoïsme. Songeons au prochain comme à nous-même, au non-moi, comme au moi, si nous voulons vraiment vivre et perpétuer notre vie.

Avant d'examiner ce que pourra être, dans l'avenir, après notre mort, la perpétuation de notre individualité, je voudrais chercher avec vous à nous rendre compte de la façon dont cette perpétuation de notre personnalité s'est effectuée dans le passé, avant notre naissance.

Peut-être me direz-vous que cela vous intéresse peu ou beaucoup moins que l'autre côté de la question. Je vous répondrai qu'alors vous préférez vos élèves à vos maîtres, vos enfants à

votre mère, l'ambition à la reconnaissance, l'imagination à l'érudition. Certes, cela n'est pas un crime, mais c'est précisément parce que, du côté du passé, ne sont pas vos plus chaudes amours, que vous pourrez apporter plus de calme, de raison, de réflexion, dans l'examen de cet aspect de la question, relativement indifférent, tandis que l'autre côté, objet de vos attractions passionnées, pourrait vous aveugler et vous brûler.

Supposons donc que, dans le passé, la manifestation de la vie universelle, qui est votre vie, ait existé dans un lieu et dans un temps déterminés, qui étaient son milieu, son non-moi, avec et dans lequel se développait cette vie. En même temps que cette manifestation de la vie universelle se serait modifiée, transformée, son milieu lui-même se serait modifié et transformé; car la vie est un échange perpétuel entre le moi et le non-moi, se modifiant l'un par l'autre.

Supposons, en outre, que les transformations corrélatives de cette vie et de son milieu les aient amenés, elle et lui, à être, en 1861, vous et votre milieu actuel.

Il est évident que vous pouvez ne pas avoir conscience de votre identité avec elle, sans que cela l'empêche, elle, de se sentir perpétuée en

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