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pêche pas d'être une sensation très-réelle, qui peut être pour moi la cause déterminante d'actes très-positifs, pour lesquels je n'ai pas même besoin qu'on mette dans ma bouche cette mer.. veilleuse hostie qui fait sentir au chrétien que

son Dieu vit en lui.

<< Mangez, ceci est ma chair; buvez, ceci est mon sang ! » Quelle admirable révélation de la communion de la vie universelle ! Pourquoi, jusqu'ici, n'a-t-elle pas été comprise? Parce qu'elle a été enseignée comme un fait exceptionnel, extraordinaire, divin, et comme le symbole de la communion de l'homme avec Dieu, abstraction faite de sa communion avec ses frères, avec la nature entière, avec le pain et le vin universels. On ne l'a pas comprise, précisément parce qu'on en a fait la pâture de la personnalité; parce que, par elle on a enfermé l'homme seul à seul avec Dieu, tandis qu'il ne peut s'élever vers Lui, se rapprocher de lui (sans jamais L'atteindre) que par sa communion avec cette autre moitié de luimême, sans laquelle il est privé de vie : le PRO

CHAIN.

Non, ce n'était pas un symbole unique, c'était le fait universel de vie ; c'était le type général, commun, de tout être c'était la formule révéla

trice du mystère de toute existence; c'était l'enseignement de l'amour du prochain comme de soi-même, passion qui seule conduit à l'amour de Dieu; car l'amour de Dieu sans l'amour du prochain n'est que l'idolâtrie de soi-même.

<< Mangez, ceci est ma chair; buvez, ceci est mon sang ! » Pendant dix-huit siècles, des milliards d'hommes l'ont cru, des peuples entiers le croient encore; ils ont cru, ils croient que par le sacrement de l'Eucharistie, sous les espèces du pain et du vin, Jésus-Christ entre en eux, vit en eux ! Et, en effet, leur vie en est modifiée; ils se croient, ils se sentent, ils sont réellement plus remplis de craintes ou d'espérances dans la justice divine, plus amants de Dieu, plus fidèles observateurs de sa volonté.

Est-ce que cette croyance génératrice est autre ou plus facile à accepter que celle que je professe et que je vous expose? Du petit au grand, si je la comprends, si je la sens pour JésusChrist dans la vie du chrétien, je la sens aussi pour les Saints invoqués, pour la Vierge priée, pour le prêtre qui bénit le mariage et remet les péchés, ou délivre au mourant le viatique, en lui faisant baiser Jésus sur sa croix.

Bien plus, je la vois dans le musulman, seul,

au désert, sous le simoun, proférant pour dernier soupir Ou Mohammed Rassoul Allah! Je la vois dans le soldat amputé, criant : « Vive l'Empereur!» dans le héros mourant pour son pays, en criant : « Vive la France ! » dans le poëte s'épuisant, donnant toute sa vie à son œuvre ; dans la mère qui voit souffrir son enfant.

Est-ce que nous n'avons pas tous bu le lait de nos mères et dévoré le fruit des labeurs de nos pères, le pain arrosé de leurs sueurs et souvent de leurs larmes ? Ceci est la chair, ceci est le sang qu'ils nous ont donnés, par qui ils sont entrés en nous, dont ils ont fait notre vie. C'est cela que Jésus voulait enseigner au monde, et qu'à cette époque le monde n'était pas en état de porter; aussi ne lui donna-t-il, comme à un enfant, qu'une figure mystérieuse et symbolique de la réalité.

X. — Génération de l'être, des idées et des corps. Digression sur le dix-huitième siècle. Différence entre l'esprit RÉVOLUTIONNAIRE et l'esprit ÉVOLU

TIONNAIRE.

Mon cher ami, puisqu'il s'agit entre nous de la vie, il ne nous suffit pas de parler de l'enfance et de la vieillesse et même de la virilité. Abor

dons-en religieusement le fait suprême, la génération, symbole sacré de la communion des êtres, dans le sein de l'être éternel et universel.

Je veux parler non-seulement de la génération de l'être, mais aussi de la génération des idées et des corps qui manifestent son existence, qui le personnifient, le limitent, et qui le distinguent du milieu avec lequel il est, et avec qui, sans cesse et par tous les points, il COMMUNIE.

Qu'est-ce que la genèse universelle, dans le temps et dans l'espace, dans le monde des idées et dans celui des corps, si ce n'est le fruit de la communion d'amour, d'affinité, d'attraction, entre deux êtres, deux idées, deux corps, de sexe différent, qui s'embrassent, se pénètrent, s'électrisent, et dégagent de leur double vie l'étincelle de vie nouvelle qui apparaît pour donner à son tour la vie?

Tous les êtres, toutes les idées, tous les corps, ne sont pas autre chose: ils sont les fruits de deux êtres, de deux idées, de deux corps de même espèce, et ils ont eux-mêmes puissance de s'associer, de s'unir, et d'engendrer dans leur espèce.

Vous sentez que je n'ai pas la prétention de dévoiler un mystère, de dire le pourquoi, le com

ment, la cause de la génération; je constate le fait, je décris le phénomène, je dis ce que chacun peut vérifier; mais je demande qu'on en tire les conséquences, et qu'on ne raisonne et n'agisse pas, quant à la vie, comme peut faire l'enfant qui croit être né sous un chou.

Mange ma chair et bois mon sang, disent à son enfant les entrailles et le sein de la mère. Et cela est vrai, comme la divine et humaine parole de Jésus. L'enfant qui ne le croit pas, qui ne le sent pas, ne sait pas ce que c'est que la vie, quand bien même il viendrait de communier avec foi et d'une façon tout orthodoxe à la sainte table du christianisme.

<< Ils ont mangé ma chair, ils ont bu mon sang, et depuis quinze jours je n'ai mangé que du pain, je n'ai bu que de l'eau,» s'écriait SaintSimon, sur sa croix, retournant dans son âme. brisée la douloureuse parole de Jésus, et soupirant « Mes enfants pourquoi m'avez-vous abandonné? » Tous deux, un moment, se sont crus isolés, Jésus du passé, Saint-Simon de l'avenir. Or, Dieu se retire de l'homme isolé : Voe soli! Tous deux ont donc, un moment, failli dans leur foi, pour nous enseigner à ne pas y faillir, à sentir constamment notre vie liée au

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