Obrazy na stronie
PDF
ePub

peut-être prié de ne point employer le chapitre vingtquatre à traiter la lumière zodiacale, parceque c'est une question qui semble assez étrangère aux découvertes qui dépendent de l'attraction; de plus, je ne voudrais pas, dans un livre qui exclut toutes les hypothèses, en avancer une aussi hardie que celle d'une infinité de petites planètes, dont on compose cette atmosphère solaire. On assure, dans ce vingt-quatrième chapitre, que nous avons obligation de cette idée au célèbre Fatio: j'ai sous les yeux le tome VIII de l'académie, où le grand M. Cassini rapporte les idées de Fatio; il est question, ce me semble, d'atomes, et non de planètes; mais, quoi qu'il en soit, ce chapitre est digne d'être lu de tous les savants.

Sur les comètes.

9° On a parlé des comètes dans ce même chapitre, qui traite de la lumière zodiacale. Les comètes appartiennent essentiellement à la Philosophie de Newton; ce que j'avais préparé est absolument conforme à ce que dit le continuateur: j'aurais voulu seulement une figure, et je n'aurais point dit avec lui qu'il y a des matières animées dans les comètes, comme M. Huygens a prouvé qu'il y en a dans les planètes; car je ne vois pas que M. Huygens ait donné plus de preuves de cette imagination riante et sensée, que n'en ont donné le cardinal Cusa, Kepler, Brunus, et tant d'autres, et surtout M. de Fontenelle. Autre chose est rendre une opinion vraisemblable, autre chose est la prouver. Nous pouvons soupçonner que des planètes,

semblables à la nôtre, sont peuplées d'animaux; mais nous n'avons pas sur cela d'autre degré de probabilité, exactement parlant, qu'en aurait un homme qui aurait des puces, et qui conclurait que tous ceux qu'il voit passer dans la rue ont des puces aussi bien que lui il se peut très bien faire que ces passants aient des puces, mais il n'est point du tout prouvé qu'ils en

:

aient.

Sur l'attraction de tous les corps.

Je devais finir l'Essai sur les Éléments de Newton par faire voir que l'attraction agit sensiblement sur la matière, et devient une qualité palpable, bien loin, d'être une qualité occulte. Je me bornerai ici à un seul exemple. Il n'y a personne qui ne voie tous les jours de l'eau monter, soit entre deux glaces de miroir presque collées l'une auprès de l'autre, soit dans des tuyaux de verre fort étroits, ouverts par les deux bouts. Il est démontré que ce n'est ni l'air ni un fluide quelconque, pressant sur cette eau, qui la puisse faire monter ainsi: cette expérience se fait fort bien dans la machine pneumatique purgée d'air; qu'on plonge d'ailleurs ces tuyaux dans du mercure, jamais le mercure n'y montera. Pourquoi l'eau s'y introduit-elle donc? pourquoi, malgré toutes les lois des fluides et des mécaniques l'eau monte-t-elle dans un tube capillaire de quarante pieds, et monterait-elle dans un de mille pieds, si ce n'est qu'en effet cette eau est réellement attirée par ceverre et gravite vers lui au point de contact? Il y a sur cela beaucoup de choses à dire et d'expériences à faire; mais il faut partout reconnaître l'attraction,

quel qu'en soit le principe, comme autrefois on était forcé d'admettre la réfraction sans en savoir la cause, comme on admet l'adhésion, l'élasticité, la fluidité, la direction de l'aimant, et même son espèce d'attraction sensible, sans qu'on sache les raisons de toutes ces propriétés de la matière. Toute la différence entre ces qualités et celles de l'attraction, c'est que la nature présente les unes à nos yeux, et que Newton a découvert l'autre à notre esprit.

Sur Descartes et Malebranche.

10° Il est juste de satisfaire ici la délicatesse de quelques personnes qui sont choquées de ce que j'ose dire sans détour que Descartes et Malebranche se sont très souvent trompés: oui, il est démontré qu'ils se sont trompés; on respecte leur personne, on admire leur très grand génie; mais le premier respect doit être pour la vérité. Il n'y a aucun philosophe qui ose soutenir les éléments, les lois du mouvement, les tourbillons, l'homme de Descartes; et ceux qui veulent encore, malgré les lois mathématiques, conserver des tourbillons, sont obligés d'en imaginer d'autres qui ne sont pas sujets à de moindres difficultés. Descartes et Malebranche ont combattu Aristote sans ménagement et avec raison; mais ils auraient eu grand tort de le mépriser. C'était un génie qui avait, au-dessus des Descartes, des Malebranche et des Newton, l'avantage de joindre à une science immense et à la philosophie de son temps, la plus profonde connaissance de l'éloquence et de la poésie. Cependant on dit tous les

jours, et on doit dire que sa physique est un tissu d'erreurs et d'absurdités. Pourquoi donc, en estimant Descartes comme le meilleur géomètre de son temps, comme le créateur de la dioptrique, ne pas avouer qu'il s'est trompé, et sur la dioptrique même, et dans tout le reste de ses systèmes?

11° Je conclurai cette Préface en priant les libraires de faire un errata plus exact, ou plutôt quelques car

tons.

Ils peuvent aisément consulter sur cela le mathématicien éclairé auquel ils se sont adressés pendant ma maladie. Ce qu'il a ajouté à mon ouvrage peut servir même à des savants, et ce qui est de moi pourra instruire les commençants, pour qui seuls il m'appartient de travailler.

FIN DES ÉCLAIRCISSEMENTS, ETC.

[ocr errors]

FRAGMENT

D'UN MÉMOIRE ENVOYÉ A DIVERS JOURNAUX'.

1738.

On vient de m'avertir qu'on fait une application aussi mal fondée qu'injurieuse de ces mots par lesquels j'avais commencé ces Essais sur les éléments de Newton: Ce n'est point ici une marquise ni une philosophe imaginaire. Je suis si éloigné d'avoir eu en vue l'auteur de la Pluralité des mondes2, que je déelare ici publiquement que je regarde son livre comme un des meilleurs qu'on ait jamais faits, et l'auteur comme un des hommes les plus estimables qui aient jamais été. Je ne suis pas accoutumé à trahir mes sen

1 Dans une lettre à Moussinot, du 9 mai 1738, on voit que Voltaire avait envoyé à divers journaux un Mémoire, qu'il m'a été impossible de trouver. Le fragment que je donne ici a été imprimé dans le Journal des savants, de juin 1738. Il se pourrait que ce fût la fin du mémoire imprimé dans le même journal, en octobre, et qu'on trouvera ci-après. B.

[ocr errors]

2 Ceci est en contradiction avec ce que madame Du Châtelet écrivait à Maupertuis, le 9 mai 1738 : « Il y a un trait dans le commencement sur les marquises imaginaires, qui ne plaira pas à M. de Fontenelle, ni à M. Algarotti; il (Voltaire) l'avait ôté dans l'édition de France; je ne sais comment il s'est glissé dans celle de Hollande: je crois qu'il ne vous déplaira pas; «< car je sais que vous n'aimez pas les affiquets dont ces messieurs surchargent la vérité. » On sait que la prétendue marquise de G..., chez laquelle ont lieu les Entretiens sur la pluralité des mondes, était madame de La Mésangère, de Rouen. Le parc décrit par Fontenelle était celui de cette dame qui était brune; mais comme elle ne voulait pas qu'on la reconnût, Fontenelle fit sa marquise blonde. B.

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »