LE MERCREDI DE LA SEMAINE SAINTE. On dit deux principales Oraisons à la Messe de ce jour. Celle qu'on dit avant la premiere Epître. I puiffant, que 1 Aites, s'il vous plaît, Dieu toutnous soyons délivrez des maux que nous fouffrons sans ceffe à cause de nos pechez, par la Passion de votre Fils unique, qui étant Dieu vit & regne, &c. L'EPITRE. Leçon tirée du Prophete Ifaïe. Chap. 62. Oici ce que dit le Seigneur : dites V à la fille de Sion: voici votre Sauveur qui vient, & qui porte sa récompense avec lui. Qui eft celui qui vient de l'Idumée, & qui fort de Bofra avec ses vêtemens teints de sang. Il est beau fous cet habit, & il fait paroître dans sa démarche la grandeur de sa force. C'est moi qui annonce la justice; & qui ai le pouvoir de sauver le monde. D'où vient que votre robe est rouge, & que vos vêtemens ressemblent bien aux habits de ceux qui foulent la vendange dans le pressoir? c'est que j'ai été seul dans le pressoir, sans que de toutes les Nations personne m'ait affifté. Je les ai foulez sous mes pieds dans ma colere. Leur sang a réjailli fur mes vêtemens, & ils en ont été tout fouillez. Car voici le jour auquel j'ai resolu d'exercer ma vengeance, & le tems de racheter mon peuple est venu. J'ai regardé de tous côtez, siquelqu'un viendroit pour m'aider, & je n'ai vû personne. J'ai cherché du secours & je n'en ai point trouvé. Ainfi mon bras feul m'a sauvé, & mon indignation m'a fourni des armes. J'ai terrassé les peuples dans ma fureur; je les ai enyvrez dans ma colere. Et j'ai anéanti leur puissance. Je n'oublierai jamais les miféricordes du Seigneur; je loüerai le Seigneur notre Dieu pour tous les bienfaits que nous avons reçus de lui. i L'Oraison qu'on dit devant la seconde Epitre. : Dieu, qui avez voulu que votre Fils fouffrit pour nous le fupplice de la croix, afin de nous délivrer de la puissance de notre ennemi: accordez-nous comme étant vos serviteurs la grace de participer à sa résurrection. Par le même Jesus-Chrift notre Seigneur, &c. L'EPITRE. Leçon tirée du Prophete Ifaïe. Chap. 53. N ces jours-là Isaïe dit: Seigneur, E qui a ajouté foi à ce qu'on nous ouï dire? & à qui le bras du Seigneur s'est-il fait connoître? il s'élevera devant le Seigneur comme un arbrisseau, & comme un rejetton qui fort d'une terre séche. Il est sans éclat. Nous l'avons vû, il n'avoit rien qui attirat nos regards. Nous l'avons méconnu. Nous l'avons vû méprisé, & traité comme le dernier des hommes. Un homme de douleurs qui a éprouvé toutes fortes de miseres, son visage étoit méprisé, & nous ne l'avons point reconnu. Il a porté véritablement nos langueurs, & il s'est chargé lui-même de nos douleurs. Nous l'avons pris pour un lépreux, , pour un homme frappé de Dieu, & humilié. Et cependant c'est pour nos iniquitez qu'il a été percé de playes; il a été brisé pour nos crimes. Le châtiment qui nous devoit donner la paix, est tombé fur lui; & nous avons été gueris par ses meurtrissures. Nous étions tous comme des brebis égarées. Chacun s'étoit détourné pour suivre sa propre voye; & le Seigneur l'a charge lui seul de l'iniquité de nous tous. Il a été offert, parce que lui-même l'a voulu; & il n'a pas ouvert la bouche: il sera mené comme une brebis à la mort, & il ne dira pas un mot, comme un agnean eft muct devant celui qui le tond. Il est mort au milieu des douleurs, après avoir été injustement condamné. Qui racontera sa generation ? car il a été retranché de la terre des vivans. Je l'ai frappe, dit Dieu, à cause des péchez de mon peuple. Et il donnera les impies pour le prix de sa sepulture; & les riches pour la récompense de sa mort. Parce qu'il n'a point commis de peché; & que le menfonge n'a point été dans sa bouche. Mais le Seigneur l'a voulu brifer dans fon infirmité. S'il donne sa vie pour le peché, il verra une longue & heureuse posterité. Et la volonté du Seigneur fera accomplie heureusement par lui. Il verra le fruit des peines que fon ame aura fouffertes, & il en sera rassasié. Il est mon ferviteur fidéle & juste, qui justifiera un si grand nombre par sa doctrine, & il portera fur lui, leurs iniquitez. C'est pourquoi je lui donnerai pour partage un grand nombre de gens, & il diftribuera les dépoüilles des forts , parce qu'il s'est livré à la mort, & qu'il a été mis au rang des scelerats; qu'il a porté le peche de plusieurs, & qu'il a prié pour les vioJateurs de la Loi. L'EPANGILE, La Passion de Notre Seigneur Jesus-Christ selon Saint Luc. Chap. 22. N E appelee ce tems-là: la Fête des Azymes, la Pâque, étoit proche, les Princes des Prêtres cherchoient avec les Scribes comment ils feroient mourir Jesus: mais ils craignoient le peuple. Cependant Satan entra dans Judas furnommé l'Iscariote, l'un des Douze, qui s'en alla aussi-tôt conferer avec les Princes des Prêtres & les Magistrats, des moyens de le leur livrer. Ils en eurent de la joye, & ils s'obligerent à lui donner de l'argent. Il s'engagea de son côté ; & il cherchoit P'occafion de le livrer, sans que le peuple fit du bruit. Or, le jour des Azy 1 |