ils fortirent donc de la ville, & allerenc à lui. Cependant les Disciples le prioient, & disoient : Maître, mangez. Mais il leur dit, j'ai une nourriture à prendre que vous ne sçavez pas. Et les Disciples disoient entre eux: quelqu'un lui a-t-il apporté à manger? Jesus leur dit : ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, & de consommer fon Ouvrage. Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la moisson: pour moi je vous dis: levez les yeux, & voyez comme les Campagnes sont déja allez blanches pour être moissonnées. Celui qui moisionne reçoit son salaire, & fait la recolte pour la vie éternelle : afin que celui qui seme se réjouiffe, comme celui qui moissonne. Car le Proverbe est vrai en cette occafion: l'un seme & l'autre moissonne. Je vous ai envoyé moissonner où vous n'avez pas travaillé; d'autres ont travaillé, & vous avez joüi de leur travail. Or il y eut plusieurs Samaritains de cette ville qui crurent en lui, fur ce que difoit la femme qui rendoit ce témoignage: il m'a dit tout ce que j'ai jamais fait. Les Samaritains étant donc venus à lui, le prierent de faire quelque fejour dans leur ville, & il y séjourna deux jours: & beaucoup plus de gens crurent en lui pour avoir oui ses difcours. Ils disoient même à la femme: ce n'est plus fur ce que vous dites, que nous croyons. Car nous l'avons entendu nous-mêmes, & nous scavons que c'est lui qui eft veritablement le Sauveur du monde. 1°. PRATIQUES DE PIETE'. Cprix et la grace, on peut dire que la moindre est sans prix, estimez-. la autant qu'on doit : demandez - la tous les jours au Seigneur avec ferveur; recevez-là avec reconnoissance, & ne craignez rien tant que de manquer de fidélitez à celles que vous recevez. Quoique les saintes inspirations foient toujours falutaires, ne faites sien d'extraordinaire, quelque parfait qu'il vous paroisse, sans le conseil de Votre Directeur. Dieu demande toujours cette fage dépendance. Rien n'est plus nuisible à notre perfection, & à la véritable pieté que le propre esprit qui eft fi fufceptible d'illution. 2o. Quoique nos infidélitez nous privent de beaucoup de graces, quelque infidéles à la grace que nous foyons, nous avons toujours celle de prier, & de demander à Dien de nouvelles graces, qui nous dédommagent en partie de celles que nous avons perdues par notre faute. Faites chaque jour la priere suivante. Faites, Seigneur, que votre grace nous prévienne, & qu'elle nous accompagne toujours; & qu'elle nous fasse passer nos jours dans un excercice continuel de picté & de bonnes œuvres. Par notre Seigneur, &c. Peu de gens qui pensent à demander pardon à Dieu d'avoir tant de fois resisté à la grace, & d'avoir fait par là une perte irréparable. Soyez-en marri, ayez-en une vive douleur, & une contrition sincere, & priez Dieu de vous pardonner tant d'infidélitez, & tant d'omissions. LE SAMEDI DE LA TROISIEME SEMAINE DE CAREME. L'Oraison qu'on dit à la Messe de ce jour. Aites ô Dieu tout-puissant, que F ceux qui s'abstiennent des viandes pour mortifier leurs corps; s'abstien nent aussi des pechez en faisant de bonnes œuvres. Par notre Seigneur, &c. L'EPITRE. Leçon tirée du Prophets E N ces jours-là, il y avoit à Babylone un homme nommé Joakim. II épousa une femme nommée Susanne fille de Helcias, qui étoit parfaitement belle, & qui craignoit Dieu. Car fon pere, & fa mere étant justes, avoient inftruit leur fille felon la loi de Moïse.. Or Joakim étoit fortriche, il avoit un jardin, plein d'arbres fruitiers près de fa maison. Les Juifs s'assembloient chez lui, parce qu'il étoit le plus considérable de tous. On avoit établi pour Juges cette année-lå deux Vieillards, dont le Seigneur a parlé lorsqu'il a dit: que l'iniquité est sortie de Babylone, par des Vieillards qui étoient Juges, & qui sembloient conduire le peuple. Ces Vieillards alloient d'ordinaire à la maifon de Joakim, & tous ceux qui avoient des affaires, venoient les y trouver. Sur le midi lorsque le peuple s'en étoit alté, Susanne entroit, & se promenoit dans le jardin de son mari. Ces Vieillards l'y voyoient entrer, & promener tous les jours; & ils conçurent une ardente passion pour elle. Leur efprit fut perverti, & ils détournerent les yeux pour ne point voir le Ciel, & pour ne ie point souvenir des justes jugemens de Dieu. Comme ils observoient avec foin le tems où ils pourroient trouver Sufanne feule: il arriva un jour qu'elle entra dans le jardin, comme les jours précedens, n'étant accompagnée que de deux filles, & qu'elle voulut se baigner, parce qu'il faisoit chaud. Il n'y avoit alors personne que les deux Vieillards qui étoient cachez, & qui la regardoient. Susanne dit à ses filles: apportez-moi de l'huile, des parfums, & des pommades, & fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. Auflitôt que les filles furent forties, les deux Vieillards accoururent à Sufanne, & lui dirent: les portes du jardin font fermées, personne ne nous voit, & nous avons une forte paflion pour vous; rendez-vous donc à notre defir, & faites ce que nous voulons; que si vous ne le voulez pas, nous porterons témoignage contre vous, & nous dirons qu'un jeune homme s'est trouvé avec vous, & que c'est pour cela que vous |